Mes vacances en Espagne. De l'histoire de la poésie. Des épopées françaises inédites du douzième siècle

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Pagnerre, 1857
 

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Fréquemment cités

Page 316 - Charlemagne, le Valentin de Roland ; tout ce qui accompagnait et suivait les disputes des seigneurs, défis, pourparlers, injures, prises d'armes, convocation du ban et de l'arrière-ban, machines de guerre, engins, assauts, pluies de flèches d'acier, famines, meurtres, tours démantelées; c'est-à-dire le spectacle entier de cette vie bruyante, silencieuse...
Page 317 - Le génie guerroyant de la France respire principalement dans ces valeureux poètes. Avec cela leur langue de fer les secondait à merveille , pauvre en moralités , singulièrement riche et à l'aise quand il s'agit d'armures , de hauberts rompus et démaillés, de sang vermeil, de vassaux navrés et de cervelles répandues.
Page 317 - ... héros ; car ils sont eux-mêmes les chevaliers errants de l'art et de la poésie. Malgré toutes les difficultés d'un idiome embarrassé, leurs fières fantaisies éclatent par de grands traits, comme la Durandal hors du fourreau; sans le secours de l'art, ils combattent, à proprement...
Page 316 - ... guerrière, où tous les extrêmes étaient rassemblés; en sorte que ces poèmes, qui semblaient extravaguer d'abord, finissent souvent par vous ramener à une vérité de détails et de sentiments plus réelle et plus saisissante que l'histoire. « Tous les sujets que pouvait fournir le moyen âge étaient ainsi traités par les trouvères ; mais, dans ce grand nombre de thèmes principaux, il y en avait un auquel ils...
Page 69 - ... un éclat et une puissance auxquels il était difficile de résister. « Sa voix vibrante est un choc continuel; il a les accents d'un cœur qui se déchire et qui s'ouvre ; il a aussi un certain ton rauque et africain qui n'est qu'à lui et va chercher l'âme jusqu'au fond des entrailles. La chaleur, la vie, le soleil de Murcie scintillent dans cette parole; elle vous perce d'une épée; dès le premier mot s'exhalent dans l'accent de Lopez toutes les passions amassées et contenues des hommes...
Page 271 - Ce soir-là, je renonçai pour jamais aux systèmes des glossateurs; je vis bien qu'il n'est qu'un seul vrai commentaire d'Homère , à savoir, son pays , son ciel , ces murailles de géants, et là-bas cette mer divine, et ces vagues du golfe qui continuent de se bercer au chant du vieux rhapsode, comme la danse des filles de Chio.
Page 362 - L'une d'elles, véritable aventurière, s'insinua plus avant au cœur de l'Allemagne. C'est la Bohême à laquelle appartiennent les chants dont nous allons parler. Égarée dans sa route, cherchant fortune à l'étranger avec ses sorcières, ses enchanteurs, -ses bateleurs, ses villes des morts, sa langue vive et résonnante, son origine équivoque; heureuse, joyeuse sous le ciel de Prague, au bord des flots de l'Elbe, cette petite nation isolée est elle-même dans l'histoire une folâtre Bohémienne...
Page 394 - Au contraire, les poëmes franks qui se groupent autour de Charlemagne, ont adopté le grand vers héroïque de dix ou de douze syllabes, le vers des Nibelungen, et des chansons latines. Avec leur rime uniforme qui retentit toujours la même pendant des chants entiers, comme la lance sur le haubert, c'est la lourde marche, le sourd frémissement des bataillons appesantis sous l'armure et le harnais de la chevalerie naissante. Ainsi, par la forme autant que par le fond, ces épopées prennent soin...
Page 320 - ... sur le pré en devisant comme de vieux amis. Voilà le seigneur féodal dans ses rapports avec Dieu. Tout cela n'est-il pas singulièrement grand, fier, énergique? Le tremblement de ces deux hommes invincibles devant le séraphin désarmé, n'est-ce pas là une invention dans le vrai goût de l'antiquité, non romaine, mais grecque, non byzantine, mais homérique? Or, il y en a un grand nombre de ce genre dans les trouvères.
Page 271 - ... de longues couleuvres qui dardaient leurs langues sur le bord des ravins. Je passai près d'une porte où était sculpté un lion; en descendant quelques pas je parvins à l'entrée d'un grand tombeau. Cette ville était Mycènes; cette porte était celle par où le roi des hommes, Agamemnon, avait dû passer pour aller à Troie; ce tombeau était celui de l'un des Atrides. En ce même moment, le vent de mer arrivait en murmurant, comme une cytliare ionienne, sous des touffes de jonquilles séchées.

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