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fouille ou

FERLAMPIER, voleur du dernier étage (« terme des argousins », Vidocq); le Dictionnaire d'argot de 1829 enregistre ferlampier, condamné habile à couper ses fers; ferlampier, mauvais sujet. FEUILLE, bourse 1 (Viel Testament, 1458: Dont ma feulle sera gaudie; Villon, 166 Ruez des feuilles cinq ou six; 215: Jehan mon ami qui les feuilles desnoue), et fouille (Passion, 1486: Les gros fonceront à la foulle; Vie, 1596 fouillouze), à côté de feullouze (Coquill., 1455 : une bourse est une feullouze), et de fouillouze (Bouchet, III, 131 la fouillouze, c'est la gibbecière). C'est le primitif de l'anc. fr. fueillette, fût de vin, répondant au fourb. foglia, bourse, en rapport avec l'italien foglietta, fût, de la même origine. Feuille ou fouille représente ainsi un type folia, et feuillouse ou fouillouse, son dérivé foliosa (cf. fr. feuillette, fût, en rapport avec l'anc. fr. foille, tonneau), termes métaphoriques tirés de la notion feuille et dont le patois savoyard a gardé le sens intermédiaire: folye, feuillée, tonnelle ou petite construction temporaire faite avec des branches garnies de leurs feuilles. C'est ainsi que le fût feuille ou feuillette) a d'abord été une tonnelle en feuillage et la bourse (feuille ou feuillouse) a d'abord désigné la doublure intérieure d'une

1. Et non pas : « pièce de monnaie » (Longnon).

bourse, assimilée à un feuillet (l'anc. fr. fueil réunit ces deux sens). Le terme argotique, employé par Rabelais 1, a pénétré dans quelques patois (Picardie fouillouze, trésor, bourse, Normandie poche de vêtement 2, Poitou poche, escarcelle, Gâtine: fouillouse, petit sac, bourse [« As-tu la fouillouse garnie?]) et dans certains parlers spéciaux (mourmé folieusa, bourse, terratsu folieta, id.).

FLOU, rien (Jargon, 1628, p. 39: le rupin ne lui ficha que le flou; 1690: frou), et floutière, id. (Jargon, 1628; 1728 : floustière et froustière), à côté de flouquière, id. (Anc. Théâtre fr. IX, 63 : Qui fera toujours flouquière et puis c'est tout), rapproché de l'anc. fr. flux ! interjection pour donner à entendre que l'on n'accorde pas ce qu'un autre dit (Oudin, 1640); cf. fr. pop. flut, flute ! non! (terme de mépris).

FOGNE, guerre (Vie, 1596 foigne), et fognard, soldat (Ibid. foignard); — fogne, fange, fognard, fangeux le soldat est celui qui marche dans la boue (cf. en fr. patrouille, et fourb. burasco, soldat, de burasca, tempête).

1. Gargantua, I, 38 : « Car il arrapoit... l'aultre par la besace, l'aultre par la fouillouse, l'aultre par l'escharpe »; Pantagruel, III, 41: « Plus d'aubert n'estoit en fouillouse pour solliciter et poursuivre. >>

2. D'où: Aller à fouillouse, locution très fréquemment employée pour exprimer, soit l'action de tirer de l'argent de sa poche, soit l'obligation où l'on est d'acquitter une dette (Moisy).

FONCER, payer (Passion, 1478 : Et d'estoffe pour le deffray qui en fonce? Jargon, 1628), même évolution de sens que son synonyme ficher (= enfoncer); cf. Oudin, 1640 foncer à l'appointement, donner de l'argent.

FOURLINEUR, Voleur à la tire (Vidocq), tiré de l'anc. fr. forlinier, dégénérer, propr. sortir de la ligne droite.

FOURLOURER, assassiner (Vidocq), rapproché de l'anc. fr. frelore, frelorier, vaurien (Colgrave). Le sens de fourlour, malade (Vidocq), résulte de l'association d'idées argotique: malade prisonnier (= criminel); v. castu.

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FRANC, épithète ajoutée à diverses dignités ou autres (Vie, 1596: franc ripault, Roy; franc cagou, lieutenant du Roy; franc foignard, capitaine; le franc mitou, Dieu; les franches volantes, les anges), d'après l'analogie de l'anc. fr. franc archer, franc manant, franc sergent, etc. 1. Dans le patois poitevin, franc, au sens de robuste, sc dit d'un homme ou d'une bête de somme, et au sens de hardi, résolu, en parlant d'un enfant.

FREMION, marché (Jargon, 1628; 1700: frimion), propr. fourmillement (anc. fr. fourmillon, bruissement, fremion, petite fourmi), de même que fremillante, assemblée (Jargon, 1836) et frémion,

1. Cf. Jargon, 1836 franc, bas, franche, basse, franchir, baisser.

violon (Ibid.); cf. picard fremioner, fourmiller (de fremion, fourmi), et argot roum. clocoteala, marché, propr. bouillonnement.

FRETILLE, paille (Bouchet, III, 125: de la paille, de la fretille, et disent, il a couché sur la fretille ; Vie, 1596; Jargon, 1628), rapproché de l'anc. fr. fretil, terre en friche (Bresse freti, chaume, terre en chaume, et freton, Yonne fertasse, filasse, mauvaises étoupes). Le terme argotique a pénétré dans plusieurs patois : bourguignon fretille, paille (La Monnoie), et picard couquer à la fretille, coucher dans les champs, en plein air (Jouancoux). Dans le patois haut-breton (Ille-et-Vilaine), le mot a acquis l'acception figurée de « rien »: Vous reste-t-il du pain? Il ne m'en reste pas une fertille (Orain).

FROLLER, médire de quelqu'un (Jargon, 1628), et frolleux, traître (Ibid.); -froller, frotter: le sens argotique résulte de la locution froller sur la balle (des colporteurs), litt. frotter le dos de quelqu'un.

FUSTILLER, tricher au jeu (Coquill., 1455 : fustiller, c'est changer les dez), tiré de l'anc. fr. fuster, fouiller, piller, ravager, comme son synonyme picard fustiquer, tricher au jeu, propr. fustiger, battre de verges, par une métaphore analogue aux termes français fûté et roué.

GAFFRE, sergent (Coquill., 1455 ilz appellent les sergens les gaffres), à côté de gaffe, gardien,

sentinelle (Vidocq), même mot que gaffe, perche garnie d'un crochet (Ducange, 1455: un baston nommé gaffe ayant un croc de fer au bout), par une image facile à saisir (cf. argot mod. marchand de lacets, gendarme) : provençal gafo, recors (: gaffe), et esp. corchete, sbire (= crochet); de même, germ. harpia, agent de police (= crampon).

GAUDILLE, épée (Jargon, 1728), propr. Joyeuse, (cf. anc. fr. gaudie, joie), nom de l'épée dans les romans de chevalerie (v. p. 91).

GOURD, bon (Villon, 11: Brouez-moy sur ses gours passans; Bouchet, III, 130: quand le vin est bon, il est gourd), gros, riche (Passion, 1486: Est-il gourd? Jargon, 1628 : gourdement, beaucoup), et métier de voleur (Vie, 1596, p. 5 il n'estoit coesme, n'ayant parvenu à ce degré, ains estoit simple blesche, et sortoit de pechonnerie, toutefois entervoit le gourt), d'où les composés passeligourd (Ibid., p. 9 : J'atrime au passeligourd du tout, c'est-à-dire je desroberay bien; 1633, Comédie des Proverbes, sc. IV, acte 3: Nous avons attrimé au passeligourt et fait une bonne grivelée) et tripeligourd (Vie, 1596, p. 10: J'atrime au tripeligourd, je desroberay trois fois très bien), à savoir triple gourt ou truc 1. En anc. fr. gourt

1. C'est à tort que Fr.-Michel traduit trepeligour par « vagabond» le terme désigne le truc et non pas celui qui le met en action.

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