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quoi la

cette bonne intelligence. Cependant Louys XIV. génereux en toute autre chote, & qui a affecté dans tous fes Manifeftes d'être fi grand zélateur de la Juftice, fans avoir aucun égard à une telle amitié, fans faire aucune confidération de Madame la Dauphine, qui rend immortelle la Maifon de Bourbon, par trois Princes qu'elle lui a déja donnez, fans regarder au merite d'une auffi illuftre Maifon que celle de Baviere; malgré toutes ces raifons il brife, il arrache, il enleve, il fait tous fes efforts, pour ôter à cette Maison l'Electorat de Cologne, & en priver Je Prince Jofeph Frere de Madame la Dauphine, pour le donner à un homme, dont la naiffance eft beaucoup au deffous de celle de ce Prince, qui eft regardé comme l'ennemi de l'Empire, peu ami de la Maifon de Baviere, odieux à tous les Allemands avec toutes les apparences de troubler le repos de toute la Chrêtienté, comme on le voit aujourd'hui.

,

La Maifon Séréniffime de Paviere paPour- roît fur ce Théatre, ce qu'elle n'auroit Maifon jamais fait, ni ne feroit fortie de Muviere nich, file Roy de France fût demeuré prétend à Paris. On peut bien voir quelle eft

de Ba

à l'Elcc

la

gne.

la moderation de cette Muifon Sérénifli- torar de me, puis que nonobftant que le feu Ele- Colo&teur fût leur proche parent, à peine fe font-ils montrez à Cologne dans leurs propres affaires, pour faire leurs oppofitions, ou pour donner leurs raifons, quand il s'agiffoit d'établir un Coadjuteur, afin de montrer qu'ils n'agiffoient pas par paffion, & de faire voir à toute la Terre, que la Maison de Baviere ne veut pas parvenir aux dignitez par la violence, mais par le mérite. Et comme elle n'a jamais eu deffein de faire aucune brêche aux libertez d'Allemagne, ni à fes droits publics, ni particuliers, elle ne voulut pas auffi le faire dans cette occafion, laiffant le Chapitre dans la liberté de faire fon Election comme il jugeroit à propos. Mais enfin voyant que la France s'échauffoit trop là-deffus, & que le Roy mettoit en ufige tous les moyens qui font ordinaires à un Roy puiffant, & abondant en tréfors, pour ôter cet Electorat à la Maifon de Baviére, qui en étoit en poffelfion depuis plus d'un Siècle, & pour donner à un homme d'une Maifon beaucoup au deffous de la leur, elle fevit obligée par l'honneur & par l'intérêt de l'Empire, de fe mettre en état d'emC5 pêcher

la

Cela lui

pêcher l'execution des deffeins de la France: fans quoi elle n'auroit pas feufement manqué à ce qu'elle devoit à fon Iropre fang, mais encore à ce qu'elle doit au falut commun de toute l'Allemagne, puis que le Roy de France vouloit contre les intérêts de cette Nation, un Electeur à Cologne qui fut prêt à foûtenir fes intérêts, à quelque prix que ce fût.

que

Laiffons-là les raifons & les Maximes eft dû. d'Etat des autres, puis que j'ai réfolu de représenter les raifons de chaque parti fans aucune paffion. Il n'y a point de Maifon qui mérite mieux l'Electorat que celle de Baviére. Difons même c'eft la feule, (pour ne pas parler des Maximes du Chapitre, ) qui femble mériter cette dignité à l'exclufion de toute autre. Je ne dis pas feulement au regard de fon mérite en général, par les fervices qu'elle a rendus à l'Empire, & à la Religion Catholique, car les plus habiles confeffent que fans la valeur, & les forces du Duc Maximilien, jointes à celles de Ferdinand II, les Catholiques auroient mal paffé leur temps; & fi le même Duc n'eût remporté la Victoire contre Fréderic V. & les Proteftans fes Alliez, Dieu fçait en quel

état

état feroit aujourd'huy la Religion Catholique en Allemagne. Mais je veux parler ici des obligations particuliéres que l'Electorat de Cologne a à la Maison de Baviére: Car tout le monde fait, qu'au temps de l'Electeur Trufches, cette Maison empêcha par fa valeur & par fes armes que cét Electorat ne tombât entre les mains des Proteftans, ce qui l'en mit en poffeffion la premiére fois, justement comme fi cét Ele&torat étoit devenu fon Patrimoine, acquis par tant de dépenfes dans une jufte guerre. Elle le mérite encore, pour l'avoir foûtenu pendant plus d'un Siécle avec tant d'honneur, dans un temps où la guerre inondoit toute l'Allemagne; l'ayant toûjours accrû tant au temporel, qu'au fpirituel. De là vient que tout ce qu'il a de plus magnifique, de plus éclatant & de plus folide, dans fa Cathedrale, dans fes Fortereffes, dans fes Palais, ou dans le bon ordre du Gouvernement, tout cela eft dû à la piété & au zéle de cette Maifon Séréniffime. Cependant la France fait tout ce qu'elle peut contre elle comme fi elle difoit Je ne veux pas que vous ayez cet Electorat je veux qu'il foit pour mon cher Fürtemberg, non pas C 6

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que

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que vous n'en Soyez digne, mais parce que mes intérets veulent qu'il foit à celui-ci, qui fait ce que je veux.

Mais à propos de Furftemberg qui eft on accu le fujet de la quatriéme Scene, on auroit ftemberg beaucoup de chofes à dire là-deflus, mais on n'en touchera que quelques-unes des plus effentielles. On ne doute pas qu'il n'ait des qualitéz fuflifantes, & qu'il ne foit très-capable de cette dignité, par fon mérite, par la longueur du temps qu'il eft dans la Prélature, & par la longue expérience même dans le Gouvernement de cette éminente dignité. Mais la porte, par laquelle il y veut entrer eft illégitime. Qu'on fe fouvienne de cette parole de l'Evangile, qui ne convient pas mal à ce fujet, qui non intrat per oftium fur eft & Latro, celui qui n'entre pas par la porte eft un Voleur, & un Brigand. Je reviens à dire que cette Eminence ne manque d'aucune qualité néceffaire à une telle dignité, mais les plus grands Partisans de la France quand ils voyent les malheurs que cette affaire a entraînez en Allemagne, ou pour mieux dire dans toute PEurope avoüent qu'on y a employé de méchans moyens & à contre temps; & comme il a voulu en

trer

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