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» même un grand avantage; ils t'obéiront en tout temps, devant toi et en arrière, parce qu'ils sau»ront bien que si tu n'as pas l'œil sur eux,

» voit et les punira de te désobéir.

Dieu les

• 2o Leur faire aussitôt que possible connaître et » pratiquer notre sainte religion.

Dieu veut en effet que notre amour pour lui » soit un amour éclairé. Il veut que nous observions > tous les préceptes dont il nous a fait une obliga>>tion;et tes enfans ne le pourraient pas s'ils restaient » dans l'ignorance de la religion. Tous ces préceptes » d'ailleurs, sont merveilleusement propres à nous » rendre heureux dans cette vie et dans l'autre. Tu » feras donc en sorte, quand ils en auront l'âge, de les faire assister à toutes les instructions de M. le » curé, et de les aider à se bien préparer à leur pre» mière communion.

» 3° Leur donner bon exemple.

» Ne rien faire, ne rien dire par conséquent de» vant eux, de tout ce qu'il ne leur serait pas avan» geux à eux-mêmes de faire ou de dire. Je te l'ai dit >> bien souvent: les enfans sont, faute d'intelligen» ce, forcés de nous imiter; que nous allions au » ciel ou en enfer, ils nous suivent partout où nous » allons.

» 4o Les préserver des mauvaises compagnies

>> Il vaut beaucoup mieux ne leur laisser voir per» sonne, que de leur permettre la société des en» fans de leur âge qui sont corrompus, qui pour>>raient les corrompre et rendre nuls tous tes ef» forts pour les bien élever. J'ajouterai à cette occa. >>sion que s'il venait chez toi quelques-uns de ces » hommes qui ont sans cesse à la bouche le mot » pour rire, des paroles à double sens, ou bien ou» vertement indécentes, tu devrais, ou ne les pas

» recevoir, ou faire aussitôt sortir tes enfans, de » crainte que ces mauvais propos ne leur fassent » perdre leur innocence.

» 5° Les punir lorsqu'ils l'ont merité, mais ne ja» mais le faire avec colere.

O Lorsqu'on s'irrite, qu'on se passionne, les en» fans se persuadent que la punition n'est qu'une > vengeance, et au lieu de les corriger, on ne fait » que les aigrir. Evite de les frapper. Un soufflet est » presque aussitôt oublié qu'il est reçu; et les en» fans que l'on mène à la baguette deviennent rare» ment de bons sujets. Fais plutôt usage de la dou» ceur, parle-leur raison, et surtout tâche qu'ils » t'obéissent par esprit de religion; de la sorte, tu » feras d'eux tout ce que tu voudras.

» 6° Que ce soit le père ou la mère qui gronde et » qui punisse, il ne faut jamais les défendre et cher » cher à les excuser.

» Les enfans s'autorisent tout de suite de ce qu'on » prend leur défense; ils profitent de la faiblesse » qu'on a pour eux, ils en profitent pour mal faire. » Le désaccord entre père et mère à leur occasion » a les plus funestes résultats, tant pour la paix du ménage, qui en est souvent altérée que pour le › moral des enfans. Ces discussions, sans leur faire » aimer davantage celui des deux qui les défend, » leur fait perdre pour l'autre le respect et l'a>mour qu'ils lui doivent.

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»7° Quand il le peuvent, les pères et meres doivent » donner à leurs enfans une instruction en harmonie » avec leur état.

> C'est-à-dire leur faire apprendre à lire, à écrire, à compter. Cette obligation est-très rigoureuse. Quand je serai de retour chez moi, je t'écrirai » pour te faire connaître comment on doit la rem

» plir, et combien l'instruction est avantageuse pour >> ceux qui la reçoivent.

» Tous ces conseils doivent être mis en pratique le » plus tôt possible. Rien de plus facile que de bien » élever les enfans, quand on commence à s'en oc»cuper dès leur bas âge; rien de plus difficile quand » on attend pour cela qu'ils aient grandi.

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A la suite de tout ceci on lisait :

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« Nota Bene. Si tu élèves bien tes enfans, je leur » laisserai tout ce que je possède. Si tules élèves mal, je ne leur laisserai rien, car la fortune ne pour»rait que favoriser leurs passions. Ils en feraient » un mauvais usage, et je ne veux pas que ce que » j'ai acquis à la sueur de mon front aille nourrir » le vice.

<< Ton oncle, J. SIMON. »

CONSEILS AUX OUVRIERS.

Il n'est pas un individu qui ne soit intéressé à pratiquer l'économie dès qu'il en a le moyen, et qui ne puisse, en la pratiquant, produire des biens très-grands, soit pour lui-même, soit pour les autres. Il n'est pas, d'ailleurs, une seule occasion où cette vertu ne soit de mise; elle peut et doit s'exercer chaque jour de la vie; elle est une vertu de tous les momens, comme elle est de tous les rangs, de tous les états, de tous les âges, de tous les sexes.

Comparez un simple artisan, né sans fortune, mais qui sait employer son temps et son argent, avec un riche qui ne sait pas proportionner ses dépenses à ses revenus, ou qui n'a jamais compris que le temps ait une valeur : pendant que celui-ci attirera sur lui-même et sur ses enfaus d'inévitables

calamités, l'intelligence avec laquelle celui-là aura employé tous ses moyens lui procurera une foule d'avantages et assurera le bien-être de sa famille.

Le travail est un moyen plus sûr d'arriver au bonheur ou à la fortune que la poursuite des honneurs et des places. Dans le pays où chacun est assuré de jour du fruit de son labeur, la gêne ou la misère est principalement, produite par l'inconduite, car, avec de l'activité et de l'économie, on y vivra toujours à l'aise. Ce n'est jamais le travail qui manque aux travailleurs; ce sont, au contraire, les travailleurs qui manquent au travail.

Remarquez que, pour les gens d'industrie, le temps est de la richesse, et qu'on peut prodiguer ou économiser celte richesse comme toute autre. La journée a vingt-quatre heures pour l'habitant d'un petit village aussi bien que pour celui de la première ville du monde; mais ces vingt-quatre heures sont diversement dépensées. L'aisance et la misère dépendent de la manière dont chacun les dépense.

L'habitude et l'application vous rendront le travail plus facile; vous ferez mieux en moins de temps. Vous serez par conséquent mieux payé, et vous aurez le moyen de faire des épargnes un peu plus considérables. Si, convaincu que le temps est pour l'homme oisif une cause toujours agissante de pauvreté, vous venez à bout de faire dans une demijournée ce que vous ne parvenez à faire aujourd'hui que dans un jour, évidemment vous amasserez le double d'économies; vous pourrez en faire trois fois plus, si votre travail est meilleur. Portez donc toute l'énergie de votre caractère dans l'exercice de votre métier; songez que le temps ne vous fera pas grâce d'une seconde; il ne s'arrêtera pas pour vous attendre; il marche pendant que l'homme délibère.

Traitez-le comme il vous traite; ne laissez pas écouler une heure sans en tirer tout le profit qu'elle pourra vous donner: car, lorsqu'elle sera passée, vous ne pourrez courir après elle pour la rattraper.

L'habitude, qui vous rendra le travail léger, vous rendra aussi l'économie facile. Peu de chose suffit à l'homme pour conserver ses forces et se maintenir en santé. L'estomac est un mendiant, qui devient d'autant plus importun qu'on lui accorde davantage. Tout ce que vous lui donneriez au-delà du . nécessaire ne servirait qu'à vous faire son esclave, et, s'il parvenait à se rendre maître de vous, il vous asservirait à tous les hommes qui auraient quelque moyen de le satisfaire. Après vous avoir donné la bassesse et les autres vices, il finirait par vous donner une vieillesse honteuse et misérable. Soyez donc sobre, si vous voulez être libre ; car celui qui ne sait pas soumettre ses passions à sa raison est toujours esclave de la raison ou des passions des autres. Soyez sobre, si vous voulez être actif et vigoureux; car les maladies produites par l'intempérance sont plus nombreuses que celles qu'enfante le besoin. Soyez sobre, si vous voulez être intelligent; car l'esprit ne saurait voir clair à travers les vapeurs qui s'élèvent de l'estomac. Soyez sobre, si vous vou. lez être content de vous-même et des autres; car les mauvaises digestions rendent l'esprit chagrin et l'humeur sombre. Soyez sobre surtout, si vous voulez élever une famille, et n'oubliez jamais que chacune des superfluités que vous vous donnez est prise sur ce qui doit satisfaire un jour les besoins les plus pressans de vos enfans ou de votre femme.

Mais il est, pour la jeunesse, une passion plus dangereuse que l'intempérance; c'est la vanité. Pour se donner des apparences de l'aisance ou de

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