La vie littéraire, Volume 2

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Calmann Lévy, 1890

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Page 172 - Telle que je l'entends et que vous me la laissez faire, la critique est, comme la philosophie et l'histoire, une espèce de roman à l'usage des esprits avisés et curieux, et tout roman, à le bien prendre, est une autobiographie. Le bon critique est celui qui raconte les aventures de son âme au milieu des chefs-d'œuvre.
Page 207 - Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change, Le Poète suscite avec un glaive nu Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu Que la mort triomphait dans cette voix étrange! Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange Donner un sens plus pur aux mots de la tribu Proclamèrent très haut le sortilège bu Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange. Du sol et de la nue hostiles, ô grief! Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne...
Page 254 - Je roule avec dédain, sans voir et sans entendre, A côté des fourmis les populations ; Je ne distingue pas leur terrier de leur cendre, J'ignore en les portant les noms des nations. On me dit une mère, et je suis une tombe, Mon hiver prend vos morts comme son hécatombe, Mon printemps ne sent pas vos adorations.
Page 267 - L'antiquité, surtout dans les derniers siècles, est dominée par la croyance à une décadence continue ; les temps modernes, dès leur aurore, sont animés par la foi en un progrès indéfini ; le moyen âge n'a connu ni ce découragement ni cette espérance. Pour les hommes de ce temps, le monde avait toujours été tel qu'ils le voyaient (c'est pour cela que leurs peintures de l'antiquité nous paraissent grotesques), et le jugement dernier le trouverait tel encore.
Page 172 - Il n'ya pas plus de critique objective qu'il n'ya d'art objectif, et tous ceux qui se flattent de mettre autre chose qu'eux-mêmes dans leur œuvre sont dupes de la plus fallacieuse illusion. La vérité est qu'on ne sort jamais de soimême.
Page 207 - LE TOMBEAU D'EDGAR POE Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change, Le Poète suscite avec un glaive nu Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu Que la mort triomphait dans cette voix étrange! Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange Donner un sens plus pur aux mots de la tribu Proclamèrent très haut le sortilège bu Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange. Du...
Page 234 - Le philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use ses esprits à en démêler les vices et le ridicule : s'il donne quelque tour à ses pensées, c'est moins par une vanité...
Page 226 - C'est à lui qu'aboutissent le goût, l'idéal, la pensée du xvme siècle. Il résume le style Louis XVI et l'esprit encyclopédique. Il est la fin d'un monde. Voilà précisément pourquoi il est exquis, pourquoi il est parfait.
Page 52 - Mérimée était à vingt ans, tel il restait à quarante, quand il écrivait à madame du Parquet : Mes amis m'ont dit bien souvent que je ne prenais pas assez de soin pour montrer ce qu'il peut y avoir de bon dans ma nature; mais je ne me suis jamais soucié que de l'opinion de quelques personnes. Cette attitude ne trompa pas madame Senior, qui écrivit à son ami qu'il était naturellement un bon homme.
Page 313 - C'est un genre de critique pour lequel, vous le savez, je n'ai que trop de penchant. Presque toujours, quand j'ai dit ce que j'ai senti, je ne sais plus que dire et tout mon art est de griffonner sur les marges des livres. Un feuillet que je tourne est comme un flambeau qu'on m'apporte et autour duquel aussitôt vingt papillons 1.

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