Étude littéraire sur Méry

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Page 47 - J'ai sur mes devanciers un avantage considérable pour peindre ce paysage ; je ne l'ai pas vu. Si je l'avais vu, je ne le peindrais pas. Voici donc mon tableau, dont je garantis la ressemblance...
Page xxvii - ... coiffure, par le vêtement, par l'attitude et l'expression, elles arrivent à rappeler les tableaux. Les enfants qu'elles conçoivent dans cette préoccupation se rapprochent encore plus du type cherché ; et c'est ainsi qu'un artiste célèbre se trouve avoir changé la physionomie de son sujet. Les statues de Phidias ont créé le type grec, les madones de Raphaël ont fait les Italiennes du xvi...
Page 83 - Un cri de désespoir, un cri surhumain et corrosif comme un tam-tam, un cri impossible à noter, et qui semblait sortir de la poitrine d'un colosse de bronze animé dans un rêve, remplit ces solitudes et leur donna soudainement un caractère inexprimable de désolation. L'Indien avait poussé ce cri : il venait de voir se consommer la trahison dans la fuite des Péons ses domestiques ; il se trouvait seul avec ses trois coups de feu dans la main, devant une meute de tigres qui tombaient des montagnes...
Page xxvii - Si les peintres font la nature , les écrivains font les mœurs ; ce qu'on appelle le monde est une pure abstraction : un auteur compose un livre où il imagine une société à sa guise, trace des portraits et des caractères qui n'existent pas; les copistes arrivent bientôt, et les héros de roman sont traduits en chair et en os. Les Love•lace, les Saint-Preux, les Werther, etc...
Page xxvii - La pensée est un marteau intérieur qui repousse les formes à la manière des orfèvres , et leur donne les creux et les saillies de ses préoccupations. Dans ma première jeunesse, j'étais mince et maigre comme un page de tableau gothique allemand , mais je ne rêvais que muscles d'acier, poitrines de bronze, athlètes, boxeurs, hercules du Nord et du Midi tordant des barres de fer, soulevant des poids énormes, cavaliers portant...
Page xxvii - ... qui n'existent pas ; les copistes arrivent bientôt, et les héros de roman sont traduits en chair et en os. Les Lovelace , les Saint-Preux, les Werther, etc., etc., créés par Richardson, Rousseau et Goethe, ont servi de patron à presque tous les jeunes gens à la fin du dernier siècle et du commencement de celui-ci. Nous ne parlons pas des héroïnes, car les femmes sont plus impressionnables encore que les hommes, et leur vie sédentaire les livre sans défense aux séductions de, la lecture....
Page 77 - Mounoussamy détacha trois éclaireurs habitués à flairer le tigre, comme les chiens le cerf; et la première faim assouvie, on plaça des sentinelles, comme en pays ennemi, et chaque chasseur, s'abritant dans une fraîche alcôve de verdure, usa de la permission qui lui était donnée de se reposer ou de dormir en attendant le cri indien du réveil. Le soleil avait fait un peu moins des deux tiers de sa course, lorsque les chasseurs remontèrent à cheval. C'était l'heure que les Indiens jugent...
Page 82 - ... secours auraient-ils pu donner en se replaçant sur l'autre rive , lorsque de nouveaux et de plus terribles rugissements, multipliés par les échos, leur annonçaient que les gorges de Ravana semblaient vomir toute la population féline du Bengale? Nos deux voyageurs, excités par une poignante curiosité, grimpèrent sur un arbre qui dominait ces solitudes , et Klerbbs, arrivé le premier au dernier échelon de l'observatoire végétal, dit à Gabriel, en lui montrant un horrible troupeau de...
Page 69 - ... chevaux. C'était en ce moment un spectacle magnifique. Quarante cavaliers, muets comme des statues équestres, traversaient une prairie vierge, tout émaillée de fleurs agrestes que la Flore indienne ne mentionne pas. En tête se pavanait gracieusement le mari d'Héva, qui ressemblait à Wichnou visitant ses pagodes ; les douze Péons l'escortaient, tous coiffés du turban rouge, la lèvre chargée d'une moustache noire, la carabine au dos, la peau de tigre flottante sur le cheval. Les voyageurs...
Page 68 - ... son poitrail. L'Indien et le cheval semblaient ne composer qu'un seul être, lorsqu'ils passèrent devant la troupe des chasseurs. Le cavalier emportait son cheval à la pointe de ses genoux, et laissant flotter la bride rouge comme un ornement inutile, il agitait d'une main sa carabine, et de l'autre il jetait des pièces d'or aux mendiants, nommés Vingadassan, qui apaisent par leurs prières les sha/îiîs, divinités terribles, redoutées des chasseurs indiens.

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