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1691. cinq Actes. La Bibl. dit que le bruit que fit l'Efope de M. Bourfault, repréfenté en 1Janvier 1690. excita M. Le Noble à compofer une Piece du même genre pour le Théatre Italien, qui eut un grand fuccès, parce que -la morale en eft fine & les fables légèrement -écrites. Les Rech. ne font qu'annoncer cette Piéce, qui eft en Vers, à l'exception d'une -feule Scène. Gherardy a inféré cette Comédie toute entiere dans fon Recueil. C'eft la premiere qui ait paru fur ce Théatre avec une espèce de régularité. L'Auteur, hom-me d'efprit & connu dans la République des Lettres par plufieurs autres Ouvrages, a fçû, dans un fujet fimple, lier une intrigue vrai-femblable & tout à fait intéreffante. Efope, favori de Crefus, aime & eft aimé de Rodope, fameufe Courtifanne, qui, dégoutée du genre de vie qu'elle a mené jufques-là, confent à l'époufer par raison & par inclination. Efope de fon côté veut marier fa fille Colombine à fon ancien Ami le Docteur Balouard - auffi diforme que lui. Mais Rodope, qui a pris en amitié Colombine, lui promet de ne -point époufer Efope, s'il ne confent de lui donner Octave qu'elle aime. Après plufieurs Scènes fort comiques, qui naiffent toutes du fujet même, Rodope voyant, que malgré fes représentations, Efope eft toujours robftiné à marier fa fille avec le Docteur, entre

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dans le ftratagême que Colombine invente
pour rompre ce mariage.
Elle infinue inê-
me à Elope, que puifque la diformité & la
fcience du Docteur font les feules raifons qui
lui donnent la préférence, elle a un coufin
Médecin qui a pour le moins les mêmes avan-
tages. Colombine ornée d'une boffe & fous
la figure de ce Médecin, joue fi admirable-
ment ce Perfonnage qu'elle réuffit à duper fon
Pere, qui charmé de sa science, & forcé d'ail-
leurs par la condition que lui impofe Rodope,
ou de rompre fon mariage avec lui, ou de
donner fa Fille à ce prétendu Coufin, con-
fent à tout ce qu'on exige de lui. Colom-

bine maîtreffe de lon choix le donne à Octave:
Ce que dit Colombine dans la pre. Sc. du fe-
cond Acte au Docteur, qui veut abfolument
l'époufer malgré elle, eft fi excellemment
exprimé qu'on ne peut s'empêcher d'en rap-
porter ici le paffage:

Pour paffer un Contrat, il faut, comme je pense,
Le concours de deux volontés.

Vous m'aimez? dites vous, la chofe eft fort plau
fible.

Vous m'aimerez toujours ?Eh bien, foit, je le croi
Mais il faut que je puiffe auffi vous aimer, moi;
Et c'eft ce qui n'eft pas poffible,

Je vous le dis de bonne foi.

E

16911

1691.

1691.

Par de fecrettes fympathies,

Dont les puiffans liens fçavent nous attacher,
L'on voit tout en naiffant des ames afforties
Qui ne cherchent qu'à s'approcher;
Et d'autres par antipathie,

Ne peuvent ni s'unir ni fe laiffer toucher.
Accufez donc le Ciel, accufez la Nature,
Si vous ne pouvez être aimé ;

Et plaignez-vous d'avoir été formé
D'une antipathique figure.

Les douze Fables répandues dans cette Co
médie font très-plaifamment tournées, &
l'application des Maximes parfaitement juf-
te. La circonftance du Rhinoceros amené à
Paris fur la fin de l'année derniere 1748, au-
roit fait valoir doublement la premiere de ces
Fables, fous le titre de la Biche & du Rhino-
Cette Comédie eft terminée par un
Divertiffement qui a du rapport avec le Hé
ros de la Piéce & aux Circonftances du tems
où elle fut jouée. Toute l'Europe étant alors
armée contre la France. On pourroit revoir
encore cette Piéce avec plaifir, & la placer
par conféquent au Repertoire.

ceros.

32. LES DEUX ARLEQUINS, C. en trois Actes de M. le Noble. La Bibl. dit que Gherardy dans le Role d'Arlequin l'aîné, contrefaifoit fi bien le Sieur Baron, Comé

dien François, qui s'étoit retiré du Théatre 16911 cette année, que tout le monde ne l'y pou vant plus voir en original, alloit en admirer la copie au Théatre Italien, toutes les fois qu'Arlequin le devoit parodier. Les Rech. ne font qu'annoncer le Titre de cette Piéce. Ghe rardy l'a inférée dans fon Recueil. Elle eft comme la précedente en Vers, à l'exception de quelques Scènes Italiennes qui fe paffent en mouvement. Voici l'idée du fujet. Ge ronte, riche Vieillard eft amoureux d'Ifabelle; Celle-ci, d'une fortune médiocre, fait ref fource par le Jeu, & n'écoute pas favorable ment les propofitions de Gerente; mais, aidée des Confeils de Colombine fa Suivante, & ga gnée par les liberalités du Vieillard, elle confent à l'époufer. Voilà le fond de la Pié

ce.

L'Auteur a fçu y lier habilement un con cours comique de deux Arlequins, qui pros duit une varieté des plus agréable. Arles quin d'Italie, arrivé à Paris, fur la fauffe nouvelle de la mort de fon frere Arlequin l'aîné, Valet de Geronte, pour en recueillir la fuc ceffion, fait rencontre de Pierrot qui lui offre fa maifon pour y loger. Celui-ci reçoit à titre de Dépofitaire une bourfe de vingt Ducats. Ils arrivent ensemble près de la maifon d'Isabelle, où Marinette fa Servante, qui aime Arlequin l'aîné, le prenant pour lui, lui donne un foufflet auffi-bien qu'à Pierros

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1691. pour fe venger, dit-elle, de leurs mépris ;, premier qui pro quo que la reflemblance occafionne. Geronte ayant chargé fon Valet de porter à Ifabelle un petit Coffre plein de Bijoux; celle-ci fe fait fcrupule de les recevoir, parce que, dit-elle, qui prend s'engage, & remet à Colombine le Coffre pour le faire rendre au Vieillard; la Suivante par fuite de qui pro quo, remet le Coffre au cadet Arlelequin, qu'elle croit être Arlequin l'aîné, ce qui occafionne une difpute entre ce dernier & Colombine qui eft tout-à-fait divertiffante. Dans la Sc. qui fait Parodie à celle du Cid, Gherardy qui jouoit le Rolle d'Arlequin l'aîné, contrefaifoit fi parfaitement le Sieur Baron, retiré du Théatre François, que la Cour & la Ville lui accorderent le fuffrage le plus flatteur. La Sc. des deux Arlequins qui fe rencontrent fans fe voir, & par conféquent fans fe reconnoître, à caufe de l'obfcurité de la nuit, eft des plus comique. Arlequin le Cadet paroît enfuite, tenant le Coffre aux Bijoux & médite fon retour en Italie. Geronte, qui furvient, le prenant pour fon Valet, veut qu'il les lui rende, mais il n'en reçoit que des coups pour toute réponse. Le Commiffaire qui a été appellé, donne, par fa lenteur à venir, le tems à Arlequin Cadet de s'échapper. Arlequin Valet de Geronte, qui arrive pour parler à fon Maître, eft arrêté & fouillé par la

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