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chair, tabernacle qui n'a point été fait de main d'homme, c'est-à-dire qui n'a point été formé par une voie ordinaire, est entré une fois pour toutes dans le vrai saint des saints, non avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant conquis une rédemption éternelle. C'est par là qu'il est devenu le médiateur de la nouvelle alliance. Oui, Jésus-Christ est entré, non dans ce sanctuaire fait de main, et qui n'était que la figure du véritable, mais dans le ciel même, afin de se présenter maintenant devant Dieu et y intercéder sans cesse pour nous (1).

Le sabbat. L'année sabbatique.

Outre les sabbats de chaque semaine et les autres jours de fête, Dieu établit encore des années de fête : l'une s'appelait l'année sabbatique, l'autre, l'année du Jubilé.

L'année du sabbat avait une double ressemblance avec le jour du sabbat. Comme celui-ci était le septième jour de la semaine, celle-là était aussi de sept ans en sept ans. Et, comme au jour du sabbat, aucune œuvre servile n'avait lieu, afin que même le bœuf et l'âne, ainsi que le fils de l'esclave et l'étranger pussent se reposer, de même on lit, touchant la septième année : Quand vous serez entrés dans la terre que je vous donnerai, cette terre fêtera un repos en l'honneur de l'Eternel. Tu semeras six ans ton champ, et tu tailleras six ans ta vigne, et recueilleras ses fruits; mais, en la septième année, la terre célébrera un repos solennel, un repos en l'honneur de Jéhova. Tu ne semeras point ton champ et ne tailleras point ta vigne ; tu ne moissonneras point ce qui renaîtra de la récolte dernière, et tu ne vendangeras point les raisins venus sans ton travail; car c'est une année de fête pour la terre. Tout ce que ce repos de la terre produira vous sera en nourriture, à toi, à ton serviteur, à ta servante, à ton mercenaire et, à l'étranger qui séjourne chez toi; de plus, à tes troupeaux et aux bêtes des champs. Tous les fruits doivent être laissés à manger (2).

L'année sabbatique était encore l'année de la rémission. « Elle sera célébrée de cette manière : ce qu'un créancier aura prêté à son prochain, il lui en fera la remise ; il n'obligera point à le rembourser, ni son prochain, ni son frère, aussitôt qu'on aura publié l'année de la rémission en l'honneur de l'Eternel. Pour l'étranger, qui n'est point de ta religion, tu pourras l'obliger à payer ce qu'il te doit ; mais, pour ton frère, tu lui en feras la remise. Il ne devrait pas même y avoir d'indigent chez toi, tant l'Eternel te bénira dans la terre qu'il va te donner, si toutefois tu es docile à sa voix et que tu observes ses commandements (3). »

Lors donc que,

dans la terre que l'Eternel, ton Dieu, va te donner, un

(1) Heb., 9, 11-24. — (2) Lev., 25, 1-7. — (3) Deut., 15, 1-5.

de tes frères, habitant avec toi quelque ville, tombe dans l'indigence, tu n'endurciras pas ton cœur, et tu. ne fermeras pas ta main à ton frère indigent; mais ouvre-lui ta main et prête-lui tout ce dont tu verras qu'il aura besoin. Garde-toi de te laisser surprendre à cette pensée impie, et de dire en ton cœur La septième année, l'année de la rémission approche; et que ton œil ne soit mauvais envers ton frère qui est pauvre, sans vouloir lui prêter ce qu'il te demande, de peur qu'il ne crie contre toi à l'Eternel, et que cela ne te soit imputé à péché. Mais tu lui donneras, et ton cœur ne sera pas mauvais en lui donnant; car, pour cela, l'Eternel, ton Dieu, te bénira dans toutes tes œuvres et dans tout ce qu'entreprendra ta main. Il ne manquera pas de pauvres dans la terre de ton habitation. C'est pourquoi je t'ordonne d'ouvrir ta main à ton frère pauvre et indigent, qui demeure avec toi dans ton pays (1).

Dans l'année du sabbat, l'esclave israélite recouvrait sa liberté. « Lorsque ton frère hébreu ou la sœur de la même origine t'auront été vendus, ils te serviront six ans et tu les renverras libres en la septième année. Et tu ne laisseras pas aller les mains vides celui à qui tu auras donné la liberté; mais tu lui donneras, pour subsister, un secours de tes troupeaux, de ta grange et de ton pressoir, suivant que l'Eternel, ton Dieu, t'aura béni. Souvienstoi que tu as été esclave en Egypte, et que l'Eternel t'a délivré : c'est pour cela que je t'ordonne ceci maintenant. Que si le serviteur te dit : Je ne veux pas sortir de chez toi, parce que je t'aime ainsi que ta maison; à cause qu'il se sera trouvé bien chez toi, tu le conduiras devant les dieux (les juges), et tu lui perceras l'oreille d'une alène, et il te servira pour jamais (c'est-àdire jusqu'à l'année de la liberté universelle) (2). Tu feras de même à ta servante (quant aux secours à lui donner). Enfin, tu ne regarderas pas comme une chose dure de renvoyer ton serviteur de chez toi, parce qu'il t'a servi pendant six ans, deux fois autant qu'un mercenaire (celui-ci n'étant tenu de servir qu'à certaines heures, tandis que l'esclave l'y est à toute heure); l'Eternel, ton Dieu, te bénira pour cela dans tout ce que tu feras (3). »

Plus solennelle encore et plus importante était l'année du Jubilé, qui toujours se célébrait après sept fois sept ans. A la suite de l'ordonnance sur l'année sabbatique, on lit dans les paroles du Seigneur à Moïse: Tu compteras sept années sabbatiques, c'est-à-dire sept fois sept ans, et ces sept années de sabbat feront quarante neuf ans. Alors tu sonneras la trompette le dixième jour du septième mois. En un mot, le jour même de l'expiation, vous ferez entendre la trompette dans tout votre pays. Vous sanctifierez ainsi la cinquantième année, et vous proclamerez dans le pays la liberté pour tous ses habitants. Ce vous sera le Jubilé. Chacun retournera en sa possession, chacun en sa famille. La cinquantième année vous sera toujours le

(1) Deut., 7, 11. — (2) Exod., 20, 6. - (3) Deut., 15, 12-18.

Jubilé. Vous ne semerez point, vous ne moissonnerez point ce qu'un champ reproduira de lui même; vous ne vendangerez point ce qui vient dans la vigne sans travail; car l'année du Jubilé vous sera sainte. Vous pourrez manger les fruits spontanés du champ. Dans cette année du Jubilé, chacun retournera en ses possessions. Lors donc que tu vendras quelque chose à ton prochain, ou que tu acheteras de lui, qu'aucun de vous ne supplante son frère. Tu acheteras de lui selon le nombre des années du Jubilé; il te vendra selon le nombre des moissons. Plus il y aura d'années après le Jubilé, plus le prix augmentera, et moins il y aura d'années, et moindre sera le prix de l'achat; car on ne te vend que le nombre des récoltes. Ne vous supplantez donc pas l'un l'autre; mais que chacun craigne son Dieu car l'Eternel, votre Dieu, c'est moi. Exécutez mes lois, gardez mes jugements et les accomplissez; alors vous pourrez habiter sans crainte dans cette terre ; alors cette terre vous donnera ses fruits, vous mangerez jusqu'à satiété, ne redoutant aucune violence de personne. Vous direz peut-être : Que mangerons-nous en la septième année? car voilà que nous ne devons ni semer, ni cueillir nos moissons. Moi, je vous ai décrété ma bénédiction en la sixième année, de telle sorte qu'elle vous produira des fruits pour trois ans. Vous semerez en la huitième année, et vous mangerez de l'ancienne récolte jusqu'à la neuvième : en un mot, vous mangerez de l'ancienne jusqu'à ce que soit venue la nouvelle. La terre aussi ne sera pas vendue à perpétuité; car elle est à moi, et vous êtes des étrangers et des locataires à mon égard (1).

Cette grande année, cette année de grâce et de jubilation, qui, dans l'ancienne alliance, proclamait la rémission de toutes les dettes, la fin de la servitude, la rentrée de chacun dans son héritage et dans sa famille; cette année du Jubilé, qui commençait le jour même de la grande expiation, figurait une expiation plus réelle, la réconciliation de l'homme avec Dieu, par la mort de Jésus-Christ: expiation ineffable à laquelle aussi commence la grande année de la rémission, qui, d'esclaves nous a fait libres, a éteint nos dettes, et nous a rendu nos droits à l'éternel héritage.

Après la piété envers Dieu, ce que la loi recommande le plus, c'est la piété envers les pères et mères. Les ordonnances pour son culte, Dieu les résume en deux mots : Soyez saints, parce que je suis saint : moi, l'Eternel, votre Dieu; puis aussitôt, passant au quatrième commandement, il ajoute : Que chacun révère son père et sa mère : moi, l'Eternel, votre Dieu (2). Ce commandement, le premier de la seconde table, est le seul auquel il eût attaché en particulier une récompense temporelle: Tu honoreras ton père et ta mère, afin que tu vives long-temps sur la terre que je te donnerai. Quiconque frappait, quiconque maudissait son père ou sa mère, était puni

(1) Lev., 25, 8-23.-(2) Ibid., 19, 2 et 3.

de mort. Cependant le père n'avait point, comme plus tard chez les premiers Romains, le droit barbare de tuer ses enfants. Lorsqu'un fils insolent et rebelle méprisait toutes les remontrances, le père et la mère devaient le conduire aux anciens de la cité, l'accuser l'un et l'autre en présence de tout le peuple, qui le lapidait sur la sentence des anciens. O combien devait être coupable le fils condamné à cette peine sur la déposition d'un père et d'une mère!

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Le respect pour ses parents emporte le respect pour la vieillesse. Dicu lui-même a dit : Tu te leveras devant une tête blanche et tu honoreras la face du vieillard: ce sera une marque que tu crains ton Dieu moi, l'Eternel (1). L'esprit de ce commandement se retrouve chez tous les anciens peuples. Le premier corps de l'état, chez les Grecs et les Romains, s'appelait sénateurs ou vieillards. Mais où la piété filiale est le plus en honneur, c'est à la Chine: le respect pour les ancêtres est sa constitution même. C'est à ce principe qu'elle doit le souvenir des traditions primitives et la longue durée de son empire. Le Seigneur suprême, de qui est toute paternité, au ciel et sur la terre, accomplit à son égard la promesse du commandement : Tu honoreras ton père et ta mère, afin que tu vives long-temps sur la terre que je te donnerai.

Sous le nom de père et mère, l'on comprend généralement tous les supérieurs. Ce qu'on appelle autorité légitime, émane originairement du père, et forme à son tour une espèce de paternité. Dans la Divinité, le Père produit le Fils, le Père et le Fils produisent le Saint-Esprit : société adorable de trois personnes, où la distinction et l'unité, la subordination et l'égalité sont dans un éternel accord; société parfaite que fonde la puissance, qu'édifie la sagesse, que consomme l'amour; société incréée dont les sociétés créées sont une ombre. Dans l'humanité que Dieu a faite à son image, le premier père produit en un sens la première mère, qui est tirée de son côté; puis les deux produisent tout le genre humain. Ainsi, dans la société humaine comme dans la société divine, tout dérive originairement du Père; c'est de son nom que vient le nom de patrie. C'est du père de Jésus-Christ que se nomme toute patrie au ciel et sur la terre, dit saint Paul (2). Les anges et les hommes fidèles ne forment en Jésus-Christ qu'une patrie, qu'une famille, parce qu'ils n'ont en Jésus-Christ et avec Jésus-Christ qu'un même père, père de Jésus-Christ par génération éternelle, père des hommes et des anges par création et par adoption. Sur la terre, tous les hommes ne font avec le premier homme qu'une patrie, qu'une famille, parce qu'ils n'ont en lui qu'un seul et même père. Tous les Israélites ne forment qu'une famille, qu'une patrie, parce qu'ils n'ont que le même père en Israël ou Jacob. Les Lévites ne forment qu'une patrie ou tribu, parce qu'ils n'ont que le même père en Lévi.

(1) Lev., 19, 32. — (2) Eph., 3, 15.

Ainsi, Moïse engendrant les enfants d'Israël à l'état de peuple libre, en sera le père et le chef; et il le sera, comme le père naturel, par la grâce de Dieu. Toute l'autorité de gouvernement réside d'abord en lui comme en Abraham, Isaac ou Jacob divinement ressuscités. Cette autorité, si grande qu'elle soit, n'est que l'autorité de ces anciens pères, coulant plus abondante de sa source première qui est Dieu, selon les besoins plus grands de leur postérité. Moïse, ce merveilleux père d'Israël, ce fidèle lieutenant de Dieu, aura lui-même pour lieutenant et vicaire, dans le spirituel, Aaron et ses fils aidés des lévites, et, dans le temporel, l'assemblée des soixante-dix pères, vieillards ou sénateurs, auxquels seront subordonnés les juges des villes. Leur jugement est le jugement de Dieu (1); ils doivent y juger avec une indépendance semblable à celle de Dieu, sans craindre ni ménager personne. Eux-mêmes sont appelés des dieux. Il faut présenter devant les dieux, c'est-à-dire devant les magistrats, le serviteur qui aime mieux rester perpétuellement chez son maître (2). Tu n'insulteras pas les dieux, est-il dit encore (3). Enfin, Dieu a pris sa séance dans l'assemblée des dieux, et, assis au milieu, il juge les dieux. Oui, insiste-t-il, je l'ai dit : Vous êtes des dieux (et je ne m'en dédis pas). Et vous êtes tous les enfants du Très-Haut (par ce divin écoulement de la justice souveraine de Dieu sur vos personnes). Mais vous mourrez comme des hommes et fomberez (dans le sépulcre) comme tous les princes. Vous serez jugés comme eux (4).

Constitution judaïque. Egalité. Lois sur les meurtriers.

Dans cette constitution divine et paternelle, il n'y a ni patriciens ni plébéiens; tous sont également nobles, tous également enfants d'Israël, et sujets de Dieu seul. Tous sont égaux devant la loi; et cette loi n'est pas d'un homme, mais de Dieu. Et cette loi n'est pas le secret d'une caste nobiliaire comme chez les vieux Romains: c'est le patrimoine de tous et de chacun ; elle est entre les mains de tout le monde. Non-seulement il est permis, mais commandé, d'en faire une étude continuelle. Qui en aura le plus l'intelligence, fût-ce un manouvrier, il siégera parmi les juges, il entrera dans le sénat de la nation, il deviendra président du grand sanhédrin. Et les juges qui appliquent cette loi ne s'enferment pas dans les ténèbres; ils siégent en public à la porte des villes; les débats ont lieu, la sentence se prononce et s'exécute devant tout le peuple. Les avis sont-ils partagés ? Le remède est facile. Trois fois par an la nation s'assemble devant l'Eternel. Là, on interroge les prêtres dépositaires et interprètes de la loi, on interroge le pontife suprême qui, s'il en est besoin, interroge Dieu. Et la loi est interprétée par qui l'a donnée. En tout et partout, c'est Dieu seul le Roi d'Israël.

(1) Deut., 1, 17.—(2) Exod., 21, 6.—(3) Ibid., 22, 28. —(4) Ps. 81.

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