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seulement. A quoy le roy respondit quil ne vouloit point de treves, et que ils en allassent chercher autre part, car de luy nen auroient ils point pource quil estoit besoing quil avitaillast ceulx qui estoient dedans Novarre *, entre les quels estoit monseigneur dOrleans, et que il lui cousteroit son royaulme ou il lauroit de brief. Et la reponse du roy ouye par les dicts ambassadeurs afin davoir ce quils demandoient ils saccorderent voulentiers que vivres leurs fussent portes. Parquoy incontinent le roy envoya grant foison de vivres, comme pain, vin, viandes, chairs beufs, lards, bleds, avoines, foings et toutes autres choses generalement qui leur faisoient besoing par sauf conduit. Apres les quelles choses faictes le roy fist monstrer son camp aux dicts ambassadeurs, par ce que le seigneur Ludovic ne vouloit jamais souffrir que lon veit le sien, ne que personne estrange entrast dedans de paour que lon ne sceut son ordre, estat et facon de faire, mais le roy ne fist pas ainsi, car les dicts ambassadeurs furent conduits et menes de bout en bout, et de long en long tout a leur bon plaisir, les quels se esmerveillerent moult du bon ordre, de lexcellence et de la puissance du roy de France, et ce fait pour leur monstrer lhumanite et

* La ville estoit si affamé que l'on estoit a la nécessité de manger les chevaux : et encore le soldat n'avoit pas son soul. Le seigneur Duc fit battre monnoye de cuivre, et jura au soldat que luy hors, de le leur faire valoir argent la guerre parachevée. La vigilance, courtoisie, bonté, familiarité entremeslée d'une royale majesté de ce prince, gaignoit tellement le cueur des hommes, que les plus cruels et terribles estoient vaincus de son humanité : et se rengeoient, esmus dicelle, a toute raison. (Belleforest, p. 402.)

bonte des Francois ils furent menes et conduits a Verse,. au quel lieu le roy les fist festoyer singulierement. Et eurent ceste charge monseigneur le mareschal de Gye et le maistre dhostel messire Regnault dOzeilles qui leur firent en faveur du roy tout ce qui estoit possible de faire. Et furent menes aux Trois Rois du dict Verse, au quel lieu pour ce que cestoit le mercredy des quatre temps et que on ne mangeoit point de chair on leur fist apporter pain et vin de toutes sortes, ypocras, espices, confitures et autres novalites singulieres, tellement que les dicts ambassadeurs se tindrent grandement contens de lhonneur que le roy leur faisoit faire.

Le jeudi xvii de septembre le roy vint a Verse, car il luy fut conseille pour ce que lhabondance des eaues de la pluie qui avoit este avoit suffoque tout le camp. Et le lendemain ceulx de Venise furent festoyes de par le roy moult honorablement dautre facon quils navoient este le jour precedent, et apres disner ils allerent au conseil chez monseigneur dArgenton, monseigneur de Gye, monseigneur le maistre messire Regnault dOzeilles. Et apres response faicte ils sen retournerent en leur camp acompaignes du dict seigneur Regnault, maistre Florimont Robertet, monseigneur dArgenton pour rapporter la response des dicts Venitiens et du seigneur Ludovic qui estoient en son camp.

la

Vendredy xvII jour de septembre le roy estant a Verse luy vindrent nouvelles que le pont de la riviere de Verse estoit rompu pour la grant caue, dont il fut bien marry, car il nestoit possible de passer pour aller de Verse au camp, ne mettre vivres dedans,

pour ce que

la

riviere estoit si grant. Parquoy incontinent le roy manda querir des bateaulx en la riviere du Pau pour faire ung pont passant ce qui fut fait. Car a toute diligence ou besongne si tres bien que sur les dicts bateaulx et grant foison de tonneaulx lon fist ung pont ou lon pouvoit aller facilement et sans dangier de Verse au dict camp. Le roy souppa ce jour aupres du pont pour y veoir ouvrer ceulx qui le faisoient. Ce jour vindrent plusieurs bandes de Suysses et Alemans qui furent bien recueillis.

Samedy xix de septembre le roy ouyt messe a Verse et disna et souppa au dict pont, ou il rencontra plusieurs autres bandes dAlemans qui venoient pour le servir, parquoy il les fist bien festoyer.

Dimanche xx jour de septembre le roy estant a Verse furent prolonges les treves jusques au xxv jour du dict moys, et le soir de rechief la, riviere creut si grant quelle rompit le pont et les bateaulx et emmena tout aval leaue. Toutefois arriere en moult grant diligence fut refait aussi bien ou mieulx que paravant.

Le lundy xxi du dict moys arriva une des plus grans bandes dAlemans qui nestoit encore point venue, la quelle faisoit moult beau veoir. Et le mardy le roy ne partit point de Verse pour entendre au conseil et adviser a ses affaires.

CHAPITRE XLIII.

Comment monseigneur dOrleans vint de Novarre a Verse vers le roy. Et la mutation des Francois contre les ennemys, et des treves.

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le

roy

E mercredy xxii du dict moys estant au dict Verse arriva par devers luy monseigneur dOrleans qui venoit de Novarre, le quel fut receu du roy moult honorablement et amyable ment, et le soir soupperent ensemble, et depuis ce jour monseigneur dOrleans mangea a son logis, mais le roy luy envoyoit et faisoit porter tout ce qui luy estoit necessaire, tant pain, vin, viandes, poullailes que autres choses qui luy appartenoit.

Jeudy XXIV de septembre avoit este acheve de faire le pont de bateaulx et de clayes pour passer de Verse au camp, et le alla veoir le roy apres disner.

Vendredy xxv de septembre faillirent les treves qui estoient entre le roy et Ludovic, parquoy le roy tint son conseil a scavoir sil seroit bon que on les prolongeast, et pour ce faire furent appelles au conseil monseigneur dOrleans, monseigneur de Bresse le jeune, monseigneur de Ligny, monseigneur de Vendosme et son frere, monseigneur de Nevers, monseignenr de Dunois, monseigneur de Foix, Francois monseigneur de Luxembourg, monseigneur le Prince, le marquis de Ferrare, monseigneur de la Trimouille, monseigneur de Piennes, le mareschal de Gye, monseigneur dArgenton, le seigneur

Jean Jacques, messire Troilo, messire Camille Ytalien, monseigneur le cardinal Petri Advincula, le cardinal de Sainct Malo, monseigneur dAngiers, monseigneur de Cornouaille, monseigneur de Rouen, monseigneur dAmbrun avecques plusieurs autres grans seigneurs tant cappitaines, gouverneurs et entreteneurs des affaires du roy et de toute son armee. Et fut par eulx advise que les dictcs treves seroient alongees et continuees tant que il plairoit au roy pour aucunes raisons a ce le mouvans. Et ce jour arriverent plusienrs gens de ceulx qui se estoient enclos en Novarre.

Samedy XXVIe jour de septembre sortirent de Novarre plusieurs des gens de monseigneur dOrleans comme hommes darmes, archiers, pietons, bagaiges, artillerie et autres choses. Ce jour environ six heures apres midy les gens du roy qui estoient alles au camp des Venitiens et du seigneur Ludovic sen revenoient, et les conduysoient le comte Galiache avecque sa bande. Et y estoient ceulx qui sensuyvent premierement monseigneur de Piennes, le mareschal de Gye, monseigneur dArgenton, messire Regnault dOzeilles et maistre Florimont Robertet, et quant le dict Galiache les eut conduyt jusques aupres du roy il sen retourna vers le camp des Venitiens avecque ses gens, le quel Galiache en sen retournant rencontra de ceulx de Novarre devant dicts qui amenoient aucunes pieces dartillerie et ses gens en prindrent par force et violence deux pieces. Parquoy incontinent que la nouvelle en vint au camp du roy il se meut ung merveilleux alarme, tellement que chascun se mist en armes pour les aller rescouvre, Et de fait les nouvelles en vin

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