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Laffe en fin de fervir au peuple de quintaine,
N'eftant paffe-volant, foldat, ny capitaine,
Depuis les plus chetifs jusques aux plus fendans
Qu'elle n'ait defconfit, & mis deffus les dents;
Laffe, di-je, & non foule, en fin s'eft retirée,
10 Et n'a plus autre objet que
autre objet que la voute Etherée.
Elle qui n'euft, avant que plorer fon délit,
Autre ciel pour objet, que le ciel de fon lict;
A changé de courage, & confitte en deftreffe,
Imite avec fes pleurs la faincte Péchereffe,
15 Donnant des fainctes loix à fon affection,
Elle a mis fon amour à la dévotion,
Son art elle s'habille, & fimple en contenance,
Son teint mortifié prefche la continence.
Clergeffe elle a fait jà la leçon aux prefcheurs :
20 Elle lit faint Bernard, la Guide des Pécheurs

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Les Meditations de la mere Therese,

Sçait que c'eft qu'hypoftafe, avecque fynderefe;
Jour & nuic elle va de convent en convent,
Vifite les faines lieux, fe conf. ffe fouvent.
25 A des cas réservez grandes intelligences;
Sçait du nom de Jefus toutes les Indulgences;
Que valent chapelets, grains benits enfilez,
Et l'ordre du cordon des Peres Récollez.

30

Loin du monde elle fait fa demeure & fon gifte:
Son œil tout pénitent ne pleure qu'eau beniste,
En fin c'est un exemple, en ce fiécle tortu,

D'amour, de charité, d'honneur, & de vertu.
Pour Béate par tout le Peuple la renomme,
Et la Gazette mesme a des ja dit à Rome,
35 La voyant aymer Dieu, & la chair maistriser,
Qu'on n'attend que fa mort pour la canonifer.
Moy mefme, qui ne croy de léger aux merveilles,
Qui reproche fouvent mes yeux & mes oreilles,
La voyant fi changée en un temps fi subit,
G

40 Je creu qu'elle l'eftoit d'ame comme d'habit ;
Que Dieu la retiroit d'une faute fi grande;
Et difois à par moy mal vit qui ne s'amende.

REMARQUES.

Ja

Vers 22. Sçait que c'est qu'hy- Vers 42. Et difois à par moi.) poftafe avec fynderefe.) Hypoftafe, Voyez la Note fur le Vers 113. terme de Theologie; Synderefe, de la Satire précedente. terme de dévotions

Ja def-ja tout dévot, contrit & pénitent,
J'eftois, à fon exemple, efmeu d'en faire autant
45 Quand, par arreft du Ciel qui hait l'hyprocrisie,
Au logis d'une fille, où j'ay ma fantasie,
Cefte vieille Chouette, à pas lents & pofez,
La parole modefte, & les yeux compofez,
Entra par reverence, & refferrant la bouche,
Jo Timide en fon refpect, fembloit Sainte Nitouche,
D'un Ave Maria luy donnant le bon-jour,
Et de propos communs, bien efloignez d'amour,
Entretenoit la Belle en qui j'ay la penfée
D'un doux imaginer fi doucement bleffée,

vers,

REMARQUES.

Vers 46. Au logis d'une fille, où j'ay ma fantafie.) Aprés ce dans la premiere édition de cette Satire, 1612. il y en avoit trois que l'Auteur retrancha dans l'édition de 16 13. Les voici.

N'ayant pas tout à fait mis fin à fes vieux tours,

La vieille me rendit tefmoin de

fes difcours.

Tapy dans un recoin, & couvert d'une porte.

J'entendy fon propos &c.

Dans l'édition de 1613. Regnier remplaça ces trois vers par dix

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5f Quay.

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Vers 47. Cefte vieille Chouette. J Voyez la note fur le vers so. de la Satire XII.

55 Qu'aymans & bien aymez, en nos doux paffe-temps,
Nous rendons en amour jaloux les plus contans.
Enfin, comme en caquet ce vieux fexe fourmille,
De propos en propos, & de fil en efguille;

Se laiffant emporter au flus de fes difcours,
60 Je pense qu'il falloit que le mal euft fon cours.
Feignant de m'en aller, d'aguet je me recule,
Pour voir à quelle fin tendoit fon préambule :
Moy, qui voyant fon port fi plein de faineteté,
Pour mourir, d'aucun mal ne me feuffe doubté.
5 Enfin me tapiffant au reçoin d'une porte,
J'entendy fon propos, qui fut de cette forte.

Ma fille, Dieu vous garde & vous vueille benir,
Si je vous veux du mal, qu'il me puiffe advenir,
Qu'euffiez vous tout le bien dont le Ciel vous eft chiche
70 L'ayant je n'en feroy plus pauvre ny plus riche

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REMARQUES.

Vers 65. Enfin me tapiffant.) Du verbe Tapir. Ovide, Amorum Lib. 1. Eleg. 8. v. 21.

Fors me fermoni teftem dedit. Illa | monebat

Talia. Me duplices occuluere fores.

Vers 67. Ma fille, Dieu vous garde, &c.) Moliere, Ecole des Femmes, Act. 2. Sc. 5. a imité le difcours de Macette. C'eft Agnès qui parle

Car

Le lendemain étant fur notre porte,

Une vieille m'aborde, en parlant
de la forte:
Mon Enfant, le bon Dieu &c.

Vers 69. Qu'euffiez vous tout le bien &c.) Ovide au même endroit, v. 27.

Tam felix effes, quàm formofif fima, vellem.

Non ego, te factâ divite, pauz per ero.

Car n'eftant plus du monde au bien je ne pretens,
Ou bien si j'en defire, en l'autre je l'attens,
D'autre chofe icy bas, le bon Dieu je ne prie :

A propos, fçavez-vous ? on dit qu'on vous marie,
75 Je fçay bien voftre cas : un homme grand, adroit,
Riche, & Dieu fçait s'il a tout ce qu'il vous faudroit.
Il vous ayme fi fort! auffi pourquoy, ma fille,
Ne vous aimeroit il? vous eftes fi gentille,

Si mignonne & fi belle, & d'un regard fi doux,
80 Que la beauté plus grande eft laide aupres de vous.
Mais tout ne refpond pas au traict de ce visage,
Plus vermeil qu'une rofe, & plus beau qu'un rivage.
Vous devriez, eftant belle, avoir de beaux habits,
Efclater de fatin, de perles, de rubis.

$5 Le grand regret que j'ay! non pas, à Dieu ne plaife,
Que j'en ay' de vous voir belle & bien à voftre aife:
Mais pour moy je voudroy que vous euffiez au moins
Ce qui peut en amour fatisfaire à vos foins

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Que cecy fuft de foye & non-pas d'eftamine. 90 Ma foy les beaux habits fervent bien à la mine,

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