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Ils portent ordinairement un bissac à leur côté avec une bouteille pour mettre le vin. Ils s'entendent bien à prendre la poule. Il s'en trouve une grande quantité aux États, et donnent deux écus par an au grand Coësré.

LES FRANCS-MITOUX.

Les Francs-Mitoux sont ceux qui sont malades ou qui feignent de l'être. Ils vont appuyés sur un bâton, le front bandé et faisant les trembleurs. Ils ne donnent que cinq sols au grand Coësré.

LES CAPONS.

Les Capons sont les échevins ou maîtres de la tricherie; ils sont presque tous coupeurs de bourses et voleurs; ils ne sortent guère des villes; ils mendient dans les auberges, et ils regardent souvent afin de voir s'ils trouveront à découvert quelque chose qu'ils puissent voler. Ils ne donnent rien aux États parce qu'ils ne mendient

pas.

LES COURTAUDS DE BOUTANCHE.

Courtauds de Boutanche sont des compagnons d'Estat dont les uns ne maquillent que durant l'hyver, quand le gris bouesse, l'esté étant venu disent fy du maquillage, qu'il est mion de ponifle qui a un maître; voici les cassantes, les verdouzes, les calvins, qui sont chenastres. Les autres ne maquillent point en tout, ainsy trollent dessus leurs courbes quelques outils dont on se sert en leur mestier, afin que la colle en soit plus franche. Les autres quand ils sont en quelque vergne à battander, et qu'on leur dit qu'ils aillent maquiller, ils rouscaillent qu'il n'y a point de boutanche de leur Estat en la vergne, car ils disent estre d'un autre mestier qu'ils ne sont, et qu'ils savent qu'il n'y a point en la vergne. La plus grande part d'iceux sont haïs des autres Argotiers, pour ce qu'ils sont frollaux et frollent sur la balle des frères quand ils sont en quelque boutanche à maquiller.

LES CONVERTIS.

Les Convertis sont ceux quy changent de

LES COURTAUDS DE BOUTANCHE.

Les Courtauds de Boutanche sont des compagnons d'état : les uns ne travaillent que l'hiver, lorsque le froid est rude; lorsque l'été est venu ils font fi du travail, et disent : « Il n'y a que les fils de putains qui ont un maître; voici les noix, les pommes, les raisins qui sont bons ». Les autres ne travaillent point du tout, mais ils portent sur leurs épaules quelques outils dont on se sert dans leur métier, afin que leurs mensonges paraissent plus vraisemblables. Quand les autres sont à mendier dans quelque ville, et qu'on leur dit d'aller travailler, ils répondent qu'il n'y a point de boutique de leur état dans la ville, car ils disent être d'un autre métier que celui qu'ils exercent, et qu'ils savent ne point exister dans la ville. La plupart des Courtauds de Boutanche sont haïs des autres Argotiers parce qu'ils sont traîtres et médisent de leurs frères lorsqu'ils sont à travailler dans quelque boutique.

LES CONVERTIS.

Les Convertis sont ceux qui changent de re

religion. Je n'entends parler ici de ceux quy véritablement pour le repos de leur conscience se convertissent sans fraude ni dissimulation; je veux donc rouscailler de ceux qui feignent se convertir pour la truche. Quand ils sont en quelque vergne où il y a quelque excellent prédicateur, ils bient le trouver et luy rouscailler ainsi : « Mon père je suis de la religion, et tous mes parens aussi; j'ay ouy quelques unes de vos prédications quy m'ont touché ; je voudrais que vous m'eussiez un peu éclaircy. » Alors il se passe deux ou trois luysants en conference, puis il fait faire profession de foy en public, puis sept ou huit luisants durant, il se tient aux lourdes des entifles et rouscaille ainsi : << Messieurs et Dames, n'oubliez pas cet apostolique romain. » Le Haure sait combien ils grefflent en leur comble, car il n'est pas mion de chenastre mère quy ne leur fiche la thune; puis ils sont soigneux de tirer une lucque en certificat de celui qui les a receus, ou après ils s'enquestrent où demeure quelque marpaut pieux, et rupins, et marchandier dévost, qu'ils bient trouver dans leur creux, déclarant leurs nécessités. Alors ces chenastres personnes rifodées de l'amour du Haure, et très-joyeuses

ligion. Je n'entends point parler de ceux qui véritablement, et pour le repos de leur conscience, se convertissent sans fraude ni dissimulation; je ne veux donc parler que de ceux qui feignent de se convertir et pour mendier seulement. Quand ils sont dans quelque ville où il se trouvé un excellent prédicateur, ils vont le trouver et lui parlent ainsi : « Mon père, je suis de la religion, et tous mes parens aussi, j'ai entendu quelques-unes de vos prédications et elles m'ont touché; je voudrais bien que vous prissiez la peine d'éclaircir un peu les doutes de ma conscience. Alors deux ou trois jours se passent en conférence, puis le converti fait profession de foi en public, et durant sept ou huit jours, il se tient à la porte des églises et parle ainsi : « Messieurs et Dames, n'oubliez pas cet apostolique romain. » Dieu sait combien il tombe d'argent dans leur chapeau, car il n'est pas fils de bonne mère qui ne leur fasse l'aumône; ensuite ils ont soin de tirer un certificat de celui qui les a reçus, et cela fait, ils s'informent de la demeure de quelqu'homme pieux, gentilhomme ou marchand, dévot, qu'ils vont trouver dans leur maison, et auquel ils font connaître leurs be

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