Images de page
PDF
ePub

» rois, quoique qu'on parle beaucoup » de vous ici, on ne laisse pas de parler » diversement de votre conduite. Les » uns difent que vous êtes trop in» folent, & que vous faites trop l'en» tendu à l'égard des Ennemis ; & les » autres affurent que vous ne vous faites pas affez valoir auprès de ceux qui vous veulent du bien, & qui » vous en peuvent faire, quoiqu'il n'y ait pas grand mal à tout cela

رو

» Examinons un peu vos actions, de

[ocr errors]

puis que vous êtes dans le fervice,

» pour voir fi on vous accufe avec

[ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors]
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

192

LIBERTE'.

A Liberté de l'homme eft un

LP

problême, fur lequel de grands

exercez, aussi-bien

Poëtes fe font exercez,

que

les Théologiens. Qui croiroit qu'on trouve dans Pierre Corneille une differtation affez étendue fur cette matiere épineufe? C'est dans fa Tragédie d'Edipe.

Il est vrai que le sujet comporte une telle digreffion; mais il faut avouer auffi que ces morceaux font prefque toujours froidement reçus au Théâtre, qui exige un chaleur d'action & de paffion prefque continuelle. La controverse ne réuffit pas baucoup dans la Tragédie; & ce que Corneille fait dire à fon Edipe, trouvera peut-être ici mieux fa place

aux

aux yeux d'un lecteur de fang froid, qu'il ne la trouve au Théatre, où le Spectateur veut être ému. Quoi qu'il en foit, voici ce morceau qui eft plein. de très-grandes beautés.

Quoi la néceffité des vertus & des vices
D'un aftre impérieux doit fuivre les caprices;
Et l'homme fur lui-même a fi peu de crédit,
Qu'il devient fcélérat quand Delphes l'a prédit?
L'ame eft donc toute efclave? Une Loi fouveraine
Vers le bien ou le mal inceffamment l'entraîne
Et nous ne recevons ni crainte ni defir
De cette liberté qui n'a rien à choisir.
Attachés fans relâche à cet ordre fublime,
Vertueux fans mérite, & vicieux fans crime,

[ocr errors]

Qu'on maffacre les Dieux, qu'on brife les Autels
C'eft la faute des Dieux & non pas des mortels
De toute la vertu fur la terre épanduë,

Tout le prix à ces Dieux, toute la gloire est due,
Ils agiffent en nous, quand nous pensons agir.
Alors qu'on délibére, on ne fait qu'obeïr.
Et notre volonté, n'aime, hait, cherche, évite
Que fuivant que d'en-haut leur bras la précipite,

Cette tirade a des traits vigoureux & hardis, qui s'impriment aisément

N

dans la mémoire, parce qu'il n'y a prefque point d'épithètes oifeufes. Mais, comme je l'ai déja dit, de telles beautés font plus propres à la controverfe, qu'à la Tragédie. Il est bon fur-tout d'obferver, que plus ce morceau eft raisonné, plus il faudroit qu'il fût exact. Edipe eft un trèsmauvais Philofophe, quand il dit,

Et nous ne recevons ni crainte ni defir
De cette liberté, &c.

Le libre-arbitre n'a aflurément rien de commun avec le defir & la crainte. Perfonne n'a jamais dit, que la Liberté fût le principe de nos defirs. Il faut auffi remarquer qu'il n'eft pas: dans la pureté du ftile de dire, l'homme a peu de crédit fur foi. On a du pouvoir fur foi. On a du crédit auprès de quelqu'un. Ordre fublime ne vaut rien. Sublime veut dire élévation, &

« PrécédentContinuer »