Il se fit un silence, et la terre affaissée S'arrêta comme fait la barque sans rameurs Sur les flots orageux, dan la nuit balancée. Une voix descendit, venant de ces hauteurs Où s'engendrent, sans fin, les mondes dans l'espace; «< Retournez en mon nom, Reines, je suis la Grâce. « L'homme sera toujours un nageur incertain « Dans les ondes du temps qui se mesure et passe. « Vous toucherez son front, ô filles du Destin! « Son bras ouvrira l'eau, qu'elle soit haute ou basse, « Voulant trouver sa place et deviner sa fin. Et le Afin Sur la « Il sera plus heureux, se croyant maître et libre «Et luttant contre vous dans un combat mauvais « Où moi seule, d'en haut, je tiendrai l'équilibre. « De moi naîtra son souffle et sa force à jamais. « Son mérite est le mien, sa loi perpétuelle : « Faire ce que je veux pour venir OÙ JE SAIS. » Et le chœur descendit vers sa proie éternelle. Afin d'y ressaisir sa domination Sur la race timide, incomplète et rebelle. On entendit venir la sombre Légion Et retomber les pieds des femmes inflexibles, Comme sur nos caveaux tombe un cercueil de plomb. Chacune prit chaque homme en ses mains invisibles; Mais, plus forte à présent, dans ce sombre duel, Notre âme en deuil combat ces Esprits impassibles. Nous soulevons parfois leur doigt faux et cruel. La volonté transporte à des hauteurs sublimes Notre front éclairé par un rayon du ciel. Cependant sur nos caps, sur nos rocs, sur nos cimes, Leur doigt rude et fatal se pose devant nous, Et, d'un coup, nous renverse au fond des noirs abîmes. Oh! dans quel désespoir nous sommes encor tous! Vous avez élargi le COLLIER qui nous lie, Mais qui done tient la chaine? Ah! Dieu juste, est-ce vous? Arbitre libre et fier des actes de sa vie, Si notre cœur s'entr'ouvre au parfum des vertus, S'il s'embrase à l'amour, s'il s'élève au génie, Que l'ombre des Destins, Seigneur, n'oppose plus A nos belles ardeurs une immuable entrave. A nos efforts sans fin des coups inattendus! O sujet d'épouvante à troubler le plus brave! |