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du bourg de la Cropte. C'était le lieu du sacrifice. Les deux brigands se jettent sur les trois confesseurs, les percent de mille percent de mille coups de bayonnettes, et s'en retournent triomphant, après ce sanglant exploit. Ils s'étaient fait un trophée des dépouilles de leurs victimes, et ils ne rougirent pas de porter publiquement, l'un la montre de M. Bachelier, l'autre celle de M. Larivière père. Mais une providence spéciale sembla veiller sur les jours du jeune-. homme. Après l'avoir dépouillé, les assasins l'avaient laissé pour mort entre le cadavre de son père et celui de l'ecclésiastique; l'infortuné respirait encore. Après le départ des deux monstres, il se lève, jette les yeux autour de lui, verse quelques larmes sur les restes des Martyrs, et quitte en frémissant ce lieu d'horreur. M. Larivière a survécu jusqu'à présent à cette horrible catastrophe et aux nombreuses blessures qu'il y reçut : il en porte les marques glorieuses sur son visage.

Vers le mois d'avril 1795, la guerre des chouans dans les départemens de la Sarthe et de la Mayenne, causa de vives inquiétudes aux républicains. Il fut alors conclu une suspension d'armes dont les principales conditions furent

la liberté des prêtres détenus et l'exercice public de leurs fonctions. Malgré cette espèce de trève, plusieurs ecclésiastiques périrent de la main des impies, entre autres M. Fai ou Defay, dont la mort est ainsi rapportée par un respectable curé de ce diocèse.

« On donna, je ne sais en quelle année, aux ecclésiastiques, la liberté de se retirer dans le lieu de leur naissance. Les habitans de Jouéen-Charnie, envoyèrent un laboureur de leur paroisse, nommé Lelong (il vit encore et demeure à Chemiré), chercher M. Defai. En passant à Chassillé, ils furent arrêtés par les républicains qui s'étaient retranchés dans l'église paroissiale dont ils avaient fait une espèce de fort. Ils conduisirent le prêtre dans cette citadelle, et dirent à Lelong de revenir le lendemain le chercher. Il y revint; mais ils lui dirent qu'il s'était échappé pendant la nuit. On chercha son corps dans la rivière jusqu'au moulin de Coulaines, sans le trouver. Lelong avait mené son chien avec lui, lorsqu'il était allé à la recherche. En revenant du moulin de Coulaines, le chien trouva le corps de M. Defai, dans un hallier d'épines. Qui l'a tué?.. »

Les autorités feignirent de se mettre à la

poursuite des assassins; mais on ne découvrit rien, bien entendu.

Le même ecclésiastique nous fournit les détails suivans sur la mort d'un prêtre vendéen, fusillé à Amné.

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Voici les renseignemens que j'ai pu me procurer au sujet de l'assasinat commis à Amné, sur un prêtre qui suivait l'armée de la Vendée. Il se cacha pendant deux ou trois jours dans le bois de la Fauvelière, et fut rêté par un homme (nous taisons son nom qui est exprimé dans la lettre) de la forêt des Biques, qui, après l'avoir dépouillé, le conduisit à la municipalité d'Amné. On le fit garder toute la nuit dans la maison d'un cordonnier. Le lendemain, des volontaires le voulurent fusiller devant la porte de l'église. Quelques personnes les prièrent d'aller ailleurs. Ils le fusillèrent à la sortie du bourg, dans le chemin de Longne, et laissèrent son corps étendu sur la route: on dit que le nommé *** affranchisseur, le porta dans le champ de Maucler, et l'ouvrit pour en avoir la graisse!!! Il est enterré dans ce champ.

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Ce malheureux prêtre n'est pas le seul martyr vendéen dont notre province ait été

le tombeau. On ne saurait croire combien d'ecclésiastiques attachés à l'armée catholique furent immolés dans nos contrées. Nous espérons parvenir un jour à en découvrir le nombre (1); qu'il nous soit permis en attendant, de citer ceux que nous avons pu découvrir jusqu'ici ils appartiennent bien au pays qui reçut leur dernier soupir et qui possède les restes précieux de leur humanité.

Dans le cimetière de Bernay, périrent ensemble sous le feu d'une fusillade meurtrière, un curé vendéen, sa mère, ses deux sœurs, dont une religieuse, et son domestique. (2) Ainsi la mort ne put séparer ceux que la nature et l'infortune avaient unis.

A Mayenne, quarante prêtres, religieux, religieuses, et laïques, appartenant presque tous à la glorieuse Vendée, furent immolés sur la grande route de Laval, vers la fin de l'année 1793. Rien n'était touchant comme le

(1) Nous supplions nos zélés confrères de toutes les parties du diocèse de nous aider dans ce travail, en répondant aux questions que nous avons eu l'honneur de leur adresser.

(2) Nous désirons vivement que quelque personne obligeante nous adresse le récit de leurs derniers momens.

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spectacle de leurs derniers momens. Ces vaillans martyrs, tandis qu'on les fusillait, ne cessèrent de chanter de saints cantiques et de bénir leurs bourreaux. Le vénérable M. Lecottier, confesseur de la foi, mort, curé de Mayenne, à la suite d'une maladie cruelle que l'on attribua aux souffrances de son exil, a fait élever, sur le lieu même de leur supplice, un très-beau calvaire, auquel il a donné le nom de Croix des Martyrs, pour perpétuer le souvenir de cet événement. O vous tous qui voyagez sur cette terre de déchirante mémoire, inclinez-vous profondément à la vue de la Croix ! elle couvre de son ombre des dépouilles sacrées!!! (1)

A Milesse, petite paroisse du canton du Mans, après la terrible défaite de l'armée royale, cinquante-deux Vendéens, parmi lesquels il y avait quelques ecclésiastiques, furent assassinés à la porte de l'église par un rassemblement de furieux républicains qui se livrèrent contre leurs victimes aux derniers excès de barbarie. Les corps de ces infortunés furent jetés pêle-mêle dans une fosse immense que

(1) Voyez les pièces pièces justificatives, n.o 10.

l'on

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