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ESCARRIR ou ESCHARRIR, verbe neutre. Au propre, faiblir, diminuer, par extension se disperser, s'enfuir.

Escharicez, ne soiez durs.

Ball. I.

Brouez au large et vous esquarrissez.

Ball, VIII.

Brouez au large, escarricez.

Mist. du Vieux Test.

Que reste il? Prendre du meilleur

Et escarrir.

Ibid.

De paour qu'on le vint empoingner,

Il fut sage à lui d'escarrir.

COQUILLART, I, 49.

Sus! tost! escharricez la place.

Hist. du th. fr., t. Ier.

Telles choses ne sont pas ris,

Voilà mes amours escarris.

Loyer des faulses amours.

Le participe bas-latin excarpsus, de excarpere, excerpere, resserré, réduit, a donné au vieux français l'adjectif eschars, avare; prov. escars, escas; esp. escaso; ital. scarso; angl., scarce, rare. Une monnaie echarse est une monnaie à titre réduit. Un vent echars est proprement un vent rare, un vent faible, qui change subitement d'un rhumb à l'autre. «La halle est peu garnie, la denrée est rare; le poisson et les légumes sont écarts. Victor Hugo, l'Archipel de la Manche, p. 56. Évidemment, écarts est écrit là pour eschars, prononcé dur à la picarde. Trévoux, Littré, Lacombe et Borel traduisent exactement escarrir par disperser, écarter.

Que dis tu de ce pinart là

Qui tant pour son fils est eschars?

Mir. des Enf. ingratz.

En terme d'écolier, on appelle Escarre l'avance convenue d'un des adversaires sur l'autre au jeu de barres. Voyez cependant Escoirre ci-après.

Escarra, synon. d'escala, s'écaler, sortir de son écale, rom.-castr. S'égailler, breton.

Escarper, échapper.

Mix veul hastivement morir

Que longement cest mal soffrir.
Si je peusse ce escarper

Jalasce ou fustes mis en mer.

Ms. 79892, f. 52.

ESCHEC, subst. m. C'est le mot de la langue ordinaire, dans la nuance propre du jeu, où l'on annonce échec, pour dire gardez-vous.

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ESCHEQUER, v. a. et n. Éviter, s'enfuir, se retirer.

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« Nuyt et jour pensoit celuy capitaine Loys d'Ars commant il pourroit eschecquer ses ennemys. J. d'Authon, Ann. de Louis XII.

Le substantif eschec est employé deux fois dans la Chanson de Roland (v. 99 et 2478) au sens de butin, du haut allemand schach. Cette acception ne paraît applicable à aucun des exemples fournis par le Jargon.

ESCOIRRE ou ESQUERRE, subst. f. Ce sont les anciennes formes orthographiques d'équerre, mais la prononciation n'a pas varié.

Et tout à cop veis jouer de l'escoirre

Ung macquereau.

Et massement maquiller à l'esquerre.

Ball. IX.

On écrivait également escarre, esquire, esquierre, ecquerre.

Compas est le pas d'ensemble; la position normale des jambes d'un homme qui marche régulièrement représente les deux branches du compas, et cette analogie visuelle a créé le nom de l'instrument; lorsque l'homme veut accélérer sa marche et faire de longues enjambées, l'une des jambes se projette horizontalement en avant, et la position respective des deux membres ne représente plus le compas, mais l'équerre; de là jouer de l'équerre et maquiller à l'équerre, c'est-à-dire faire à l'équerre, pour s'enfuir à grandes enjambées ou travailler les jambes écartées».

Le premier sens joue sur escarrir (voyez ce mot) qui se rapporte à une autre étymologie.

L'ital. escara et escaro, du latin esca, pour garde-manger, fourni par N. Duez, donnerait pour traduction du second exemple travailler rudement le garde-manger. Stallus escoiro in sabbato, i obol. Cart. Saint-Vaast d'Arras.

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Escoire et escoir, cuir, chorium:

ESCORNER, v. a. C'est le mot de la langue ordinaire.

Car escornez vous estes a la roue...
Maint coquillart, escorné de sa sauve.

Ball. X.

Voici quelques exemples qui se rapprochent de ceux du

Jargon :

Amors m'a si escorné mon affaire.

THIBAUT, dans LA CURNE.

Triboullet fut ung fol, de la teste escorné,

Aussi saige à trente ans que le jour qu'il fut né.

J. MAROT, V. 155.

Un jour, je trouvay Panurge quelque peu escorné et
Ce grand personnage, se

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taciturne. Rab. I, 301.
voyant ainsi escorné par son client.

Pasquier, Rech., P. 749. Nous disons celuy là estre demeuré escorné ou avoir souffert une escorne, qui ne se peut revanger, et est demeuré sans defense, les cornes augmentant la hardiesse. Bouchet, II, 103.

Escorne, subst. f. « Je ne sçaurois m'imaginer qui nous a fait cette escorne. Com, des prov., p. 26.

Corne, subst. f. C'est le mot propre, pris par métonymie pour la tête.

Nous allons donner sur la corne

A quelque duppe...

Mist. de la Passion.

Cette figure même appartient à la langue littéraire :

Et eurent les Anglois sur corne...
Pour tailler aux Anglois sur corne.

MARTIAL D'AUV. Vig. de Charles VII.

* ESCROUER (S), verbe réfl. S'échapper, s'enfuir.

Pour ces raisons, il a, ains qu'il s'escroue.

Ball, X.

Le mot est d'exemple unique dans la forme verbale. On le trouve, au contraire, employé comme substantif, dans des sens divers, dont un seul se rapporte à mon sujet :

Les requerans y doivent obeir,

Sans refuser tout boire, et sans escroe.

EUST. DESCH., fo 241, c. 2.

C'est-à-dire sans refus ni échappatoire.

On peut lire dans le Dictionnaire de Littré, vo Ecrou,

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