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LES

VRAIS MYSTÈRES

de Paris

PAR VIDOCO.

TOME IX.

BRUXELLES.

SOCIÉTÉ BELGE DE LIBRAIRIE

BAUMAN ET C.

(RECAP)

3296 .24

13-14 (vrais

V.3, pt.9-12

XXXII

UN COUP D'OEIL EN ARRIÈRE

Où me conduisez-vous? dit Silvia lorsque le cheval eut fait quelques pas.

- Oh! parbleu, chez moi, répondit le vicomte de Lussan, où vous resterez jusqu'à ce que je vous aie trouvé un logement convenable. »

Silvia ne répondit pas de suite; ce ne fut qu'après avoir réfléchi quelques instants, qu'elle dit au vicomte qu'elle préférait être menée dans un hôtel garni.

Mais vous ne pouvez vous présenter nulle part faite comme vous l'êtes en ce moment, s'écria de Lussan.

VIDOCQ.-T. IX.

1

-Je le sais bien, dit Silvia, mais il y a moyen de s'arranger. Vous allez d'abord me conduire dans un hôtel garni modeste, où vous arrêterez et payerez pour moi une petite chambre, un cabinet même, cela sera plus conforme à l'état présent de ma toilette; vous irez ensuite m'acheter tout ce qui m'est nécessaire, et lorsque je serai convenablement vêtue, vous me conduirez soit à l'hôtel de Londres, soit à celui des Princes, où je resterai jusqu'à ce que ma maison soit remontée.

Le vicomte de Lussan se conforma aux désirs de Silvia; et comme, à Paris, il est facile de se procurer tout ce qu'on désire lorsque l'on ne ménage pas l'argent, quelques jours après, la marquise de Roselly, complétement équipée, était installée dans un des plus luxueux appartements de l'hôtel des Princes, et recevait les hommages des princes russes, des lords anglais et des barons allemands, locataires ordinaires de cet hôtel.

Le lendemain matin, le vicomte de Lussan vint rendre visite à la marquise de Roselly; Silvia pria l'ami de Salvador de déjeuner avec elle, mais elle cut l'air de ne pas comprendre les questions détournées du vicomte de Lussan qui, nous

devons le dire, aurait été bien aise de savoir ce qui lui était arrivé depuis sa disparition et qui cependant fut forcé de se retirer aussi ignorant qu'il l'était lorsqu'il était venu.

Quelques lignes nous suffiront pour apprendre à nos lecteurs ce qui était arrivé à Silvia du moment où elle fut frappée par Beppo sur le Pont au Change, jusqu'à celui où nous sommes arrivés.

La blessure qui lui avait été faite était excessivement grave, et après l'avoir examinée, les médecins entre les mains desquels elle fut d'abord remise, déclarèrent qu'elle était mortelle et que rien ne pouvait la sauver; mais le docteur Mathéo, chef du service dans lequel elle avait été placée, et qui l'examina à son tour le lendemain matin, ne fut pas de cet avis, et ne craignit pas d'assurer qu'il était encore possible de la guérir; il prescrivit en conséquence tout ce que suivant lui il y avait à faire, et comme tous ceux qui étaient placés sous ses ordres respectaient autant sa science que son caractère, ses prescriptions furent si ponctuellement exécutées, qu'au bout de quelques jours l'état de la malade s'était sensiblement amélioré, et qu'enfin il fut notoire pour tout le monde qu'elle ne perdrait pas la vie.

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