DU GOUT, OU MEDITATIONS DE GASTRONOMIE TRANSCENDANTE Ouvrage théorique, historique et à l'ordre du jour, Dédié aux Gastronomes Parisiens, PAR UN PROFESSEUR, BRILLAT-SAVARIN. Ce n'est point une présomptueuse Notice que nous avons l'intention de consacrer au souvenir de l'auteur de la Physiologie du goût; nous qui avons eu le bonheur de connaître cet homme de bien, ce philosophe sans le savoir, ce philantrope par instinct et par bonne nature, aimable entre les plus aimables, savant parmi les savants, nous voulons seulement énoncer quelques dires sur les phases de sa vie aventureuse et l'inébranlable fixité de son caractère. Brillat-Savarin fut du trèspetit nombre des hommes qui savent être eux, en dépit des circonstances, et dont la flexibilité apparente n'est que le symbole d'une haute raison qui plie sous le vent de la fortune, mais ne se laisse jamais abattre sous les coups du sort. Certes, il faut être doué d'un mérite fort supérieur pour pouvoir, comme le faisait Brillat-Savarin, se dédoubler en quelque sorte, sans rompre jamais son unité humaine, se montrer tour-à-tour homme du monde facile et magistrat consciencieux, nonchalant dans l'intimité des causeries de table et de salon, et en même temps laborieux et sévère dans le cabinet, sans que jamais le laisser-aller de l'homme du monde nuisît à la considération due au magistrat. Ces deux qualités, complexes et non disparates, se rehaussaient au contraire et formaient un contraste dont on cessait d'être surpris quand on connaissait bien Brillat-Savarin; ce contraste doit résulter pour le public de la lecture de la Physiologie du goût, s'il considère que l'auteur était depuis nombre d'années conseiller à la cour de cassation. Nous voudrions, dans ce peu de lignes, le faire revivre sous les deux espèces, si l'on peut ainsi dire, mais ce serait une tâche au dessus de nos forces. Le nom de baptême de Brillat-Savarin était Anthelme. Il était né à Belley le premier d'avril 1755, et mourut à Paris le deux d'avril 1826. Il vécut par conséquent |
