Images de page
PDF
ePub
[merged small][graphic][subsumed][merged small]

Nos lecteurs connaissent le talent fait d'observation si précise et de si fine ironie de notre compatriofe, M. Jules Renard. Poil de Carotte, Histoires naturelles, etc., ont popularisé son nom. Jules Renard publie aujourd'hui chez Ollendorff (rue Richelieu, 28 bis, - 2 fr.) une charmante comédie Le Plaisir de rompre, chaudement applaudie au Cercle des Escholiers. Nous nous reprocherions comme une superfluité de dire qu'il y a là beaucoup, beaucoup d'esprit.

[ocr errors]

Jhô Pâle, dont nous annonçions récemment les Croquis parisiens, donne chez Garnier frères (rue des Saints-Pères, 6, 7 fr. 50) un beau volume qu'il intitule. A coups de gaule et qu'il dédie « aux seuls Gaulois, à ceux qui aiment encore les gaudrioles et les propos salés et poivrés de nos pères. Salés et poivrés, ces proposci le sont, et à bonne dose. C'est une série de contes que l'auteur fait dire par les dix-neuf membres du Syndicat des gosiers morrandiaux, en une petite ville nivernaise, que tout lecteur reconnaîtra. Et le rire s'échappe en fusées de ces gaudrioles, issues de la veine même de nos vieux conteurs. Grosse et franche gaieté que nos pères appréciaient plus que nous autres. Inutile d'ajouter que ce livre est fait pour les seuls Gaulois. >

a

Le petit Collégien (Marceau, imprimeur-éditeur à Châlon-sur-Saône) nous offre en une jolie plaquette de vingt-cinq pages, et sous forme d'un conte qui est une histoire. de curieuses et attachantes notes autobiographiques écrites par la plume alerte de notre excellent collaborateur F. Fertiault. C'est par erreur qu'au dernier numéro, nous avons attribué à celui-ci l'introduction des Pensées de Mme Julie Fertiault; cette introduction est de l'auteur même du recueil.

La République française (15 février), sous ce titre Une œuvre utile: Résur rection de la chanson ancestrale, consacre un long article à la récolte faite par Achille Millien des chants populaires du Nivernais, dont les airs, ont été notés par le musicien J.-G. Pénavaire, bien apprécié de nos lecteurs. Nous ne pouvons en extraire que ces quelques lignes :

M. Achille Millien, le poète dont s'honore le Nivernais, si universellement connu, à qui, maintes fois, l'Académie française et d'autres académies étrangères ont accordé de si flatteuses distinctions, fidèle à sa terre natale, dédaigneux de la gloire bruyante, qui sans doute l'eut auréolé à Paris, s'cst attelé à ce travail, pendant

des ans et des ans, afin de glorifier selon ses forces son pays et ses aïeux, labeur colossal et charmant qu'il mena à bien, non sans fatigue cependant, dans ce cadre pastoral qui inspira son all gresse de poète terrien :

Qu'il fait bon vivre avec les oiseaux et les roses! etc.

Mais Millien n'était pas seul le poète avait besoin d'être secondé par un autre artiste, un poète de l'archet, celui-là, Pénavaire, professeur et compositeur de musique très apprécié à Paris, etc..... »

Nous sommes heureux du succès qu'obtient le recueil poétique de notre collaborateur M Lucien Jeny : Mes Bien-Aimées. La critique fait le plus favorable accueil à cette ceuvre sincère, émue, fortifiante. Nous ne pouvons reproduire ici les appré ciations des journaux: l'Autorité, le National, la Réforme, le Radical, la Revue générale, de Bruxelles, le Journal des Arts, le Journal de l'Indre, le Progrès de la Côte d'Or, la Tribune, de Lausanne, la Revue idéaliste, etc. Elles se résument en ces quelques lignes que nous en détachons :

« A ceux qui ont gardé la force de s'émouvoir, à ceux qu'une larme ne fait pas sourire, nous disons avec d'autant plus de conviction: Lisez ces pages, vous les trouverez délicieuses; car, suivant la belle expression de Schumann: « Le sang du coeur est là ! o

» L'Académie française, toujours à l'affût des beaux et bons livres, vigoureusement conçus et écrits avec goût et avec art, n'oubliera pas les Bien-Aimées de M. Lucien Jeny, un des volumes de poésie les plus personnels, les plus émouvants et les plus remarquables que nous ayons eus depuis longtemps. »>

[ocr errors]

"

Notre numéro de Noël continue à être dans la presse l'objet de flatteuses appréciations L'Univers : « Pages charmantes... où des illustrations fort artistiques se marient très bien au texte... La Revue du Siècle : « Vingt-deux illustrations, signées d'artistes de premier rang, parmi lesquels Urbain Bourgeois, Le BlancBellevaux, Monteignier, Mohler, etc., enrichissent ce numéro, si remarquable par ses belles pages de littérature. » La Revue de Saintonge et d'Aunis : « Vers et prose, Noëls anciens et modernes, airs notés, vingt-deux illustrations inédites, tout se réunit pour faire de cette publication un petit résumé de l'art sous ses différentes formes. Si l'on s'étonne, je dirai que le directeur de la Revue est M. Achille Millien. » Etc.

[ocr errors]

Nous recevons le premier numéro de la Revue des agriculteurs français, recueil mensuel de notices sur les agriculteurs et publicistes agricoles. C'est un Nivernais, M. F. Caquet qui en est le directeur. Bureaux, rue de La Rochefoucauld, 60, Paris.

Nous lisons des vers d'Achille Millien dans la Feuille de la Famille (13 février), qui emprunte à notre numéro de janvier la poésie: Fleur de violette; dans la France libre illustrée 6 février): Michel; dans la Revue des beaux-arts et des lettres (15 février): la Pierre de la Fée; dans l'Art méridional (1er mars); dans la Nouvelle revue internationale (1er mars): En Mer, traduction du poète portugais Joaquin de Araujo, etc.

[ocr errors]

La France libre (5 février), par la plume de M. Henri Lardanchet, un écrivain très distingué en prose et en vers, fait un élogieux compte rendu du recueil : Chez nous, d'Achille Millien et a distingue, comme il le mérite, le talent vigoureux du poète Nivernais. Nous trouvons les mêmes éloges dans le Radical (22 février) qui cite Chez nous, un recueil de gracieuses poésies. » - La Nouvelle Revue (1er mars): M. Achille Millien est un poète extrêmement fécond, dont les vers lyriques, idylliques, élégiaques, depuis 1860 jusqu'à 1896, empliraient un rayon de bibliothèque; c'est aussi un folkloriste expert et passionné, versé dans les vieilles coutumes, grand connaisseur de légendes, grand collecteur de chants populaires; et c'est justement le caractère de ses poèmes, que l'imagination de l'artiste et la docte curiosité de l'érudit s'y concertent dans un parfait accord.... Achille Millien peut se dire le chantre par excellence du Morvan et du Nivernais. Le Peuple français (3 mars) : « C'est un nouveau volume de beaux et bons vers.. Malheur à qui ouvre ce livre dès la première page, il est pris.. Tout est gracieux, fin, délicat jusqu'au bout... » — Enfin, la Revue des beaux-arts et des lettres 1er mars, consacre à notre directeur son étude de critique littéraire : « Parmi nos « Rustiques », Achille Millien occupe une place enviable. J'aime ce bon poète non seulement parce que j'aime sa chanson, mais aussi parce qu'il eût le courage de rester sagement fidèle au pays natal, à sa campagne nivernaise... Son œuvre tout entière est saine et franche... L'article est de M. Jules Mazé; ce critique apprécié, donne régulièrement des études littéraires dans la Revue des beaux-arts et des lettres, qui a maintenant pour rédacteur en chef un poète très personnel, doublé d'un érudit, M. G. de Colvé des Jardins, dont nous aurons à parler.

NOTES ET ÉCHOS

[ocr errors]

.. 25 janvier. Concert de la Société des compositeurs de musique, à la salle Pleyel. Nous voyons au programme, très applaudi: Les Pauvres diables, d'Achille Millien, chœur mixte par D. Balleyguier.

.. Notre éminent compatriote et collaborateur, le peintre Urbain Bourgeois, a eu la douleur, le 13 février, de perdre son père, âgé de quatre-vingt-six ans, M. Paul Bourgeois, artiste peintre, qui habitait Nevers, il y a cinquante-cinq ans. Nous exprimons ici nos sentiments empressés de condoléance.

... La Société des agriculteurs de France a décerné un prix de 200 fr. à M. le comte Joseph Imbart de la Tour, pour sa monographie d'une commune rurale.

[merged small][graphic][merged small][merged small]
[graphic][subsumed][subsumed][merged small][merged small][graphic][subsumed][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

comme un éclair d'argent dans les remous du courant, si limpide qu'à l'endroit où elle se jette dans sa suzeraine l'Arroux, on l'appelle la rivière claire, la petite rivière glisse en murmurant entre les branches des vernes sur son lit de cailloux.

Dans la forêt, les oiseaux chantent, la sève fait éclater les bourgeons; sur le vieux toit de chaume, le soleil d'avril dore les mousses et les lichens... C'est le dernier printemps que verra le vieux garde : c'est fini, il va mourir...

Un type comme il n'y en a plus, ce père Bazot... Après sept années de campagne en Afrique, aux premiers temps de la conquête, au lieu de chercher un emploi à la ville, comme on fait maintenant, il est simplement revenu, dans son village du Morvan, servir la famille où les siens vivent et meurent depuis plus d'un siècle. Comme son père, comme son aïeul, il est garde des bois qui dominent la rivière aux eaux bouillonnantes; comme eux, il est revenu vivre dans la petite maison du bord de l'eau, où il né... Et maintenant, il va y mourir....

Il est bien usé et bien vieux, le pauvre père Bazot soixante-quinze

ans aux dernières vendanges, comme on dit dans ce coin du Morvan qui, touchant au pays des vignes, fournit en septembre à la Bourgogne des théories de vendangeurs. Jusqu'à la fin, il a conservé ses fonctions de garde, plus honoraires que réelles, car il n'est guère ingambe. Mais, quand on a le bonheur d'avoir de vieux serviteurs, fidèles et dévoués, que l'on connaît depuis son enfance, on aurait le cœur de les renvoyer?.... Oh! non, certes.

Aussi, depuis que, son congé fini, il est revenu d'Afrique, le père Bazot n'a jamais quitté la petite maison au toit de chaume, où il a si longtemps vécu, où il est seul maintenant avec sa vieille ménagère, les enfants partis pour aller chercher fortune à la ville. Aux derniers beaux jours de l'automne, il pouvait encore s'asseoir sur le seuil, se chauffer au soleil en fumant sa « bouffarde » d'ancien voltigeur; depuis, avec l'hiver, il a perdu ce qui lui restait de force, maintenant il ne peut plus quitter son lit; c'est fini: il va mourir...

Et pourtant, il ne voudrait pas mourir encore..... Dans sa résignation de vieux paysan simple qui n'a pas peur de la mort, il lui reste un désir, un désir ardent, celui de revoir, avant de partir pour le grand voyage, le plus jeune de ses maîtres, celui qu'on appelait autrefois le petit Max, qui est bien loin, là-bas, là-bas, sur les côtes de la poudre d'or et de l'ivoire.

Il a toujours été le préféré du père Bazot, ce cadet. C'est que, des quatre garçons qu'a vus passer la maison du maitre, aucun n'a été plus passionné chasseur, plus enragé pécheur que le petit Max. Il a toujours aimé à courir la montagne, tète nue, piégeant les oiseaux, furetant les terriers, menant une vie vagabonde et sauvage au milieu des bûcherons et des gens qui vivent des bois: de vrais instincts de braconnier qui l'ont fait singulièrement estimer du père Bazot, braconnier lui-même dans l'âme. Et tous deux, le vieux garde et l'enfant, se sont liés d'une étroite affection, à affûter le lapin au coin des haies d'épines chargées de prunelles, à jeter le chavaneau dans la petite rivière aux eaux claires et bouillonnantes...

Et chaque jour, quand le maître, le frère aîné du petit Max, vient voir son vieux serviteur, c'est toujours la même question qui revient sur les lèvres du moribond:

« Et Monsieur Masc (le père Bazot n'a jamais pu prononcer Mar)? Va-t-il revenir? Que je voudrais le revoir! »

« PrécédentContinuer »