Les nourritures terrestres

Couverture
Sociéte du Mercure de France, 1897 - 210 pages
 

Pages sélectionnées

Expressions et termes fréquents

Fréquemment cités

Page 32 - Nathanaël, que chaque attente, en toi, ne soit même pas un désir — mais simplement une disposition à l'accueil. — Attends tout ce qui vient à toi — mais ne désire que ce qui vient à toi.
Page 60 - Oh ! si tu savais, si tu savais, terre excessivement vieille et si jeune, le goût amer et doux, le goût délicieux qu'a la vie si brève de l'homme...
Page 25 - Ah! comme j'ai donc respiré l'air froid de la nuit — ah! croisées! et, tant les pâles rayons coulaient de la lune, à cause des brouillards, comme des sources — on semblait boire.
Page 82 - ... pénétration toujours plus simple de la nature. Je possédais le don précieux de n'être pas trop entravé par moi-même. Le souvenir du passé n'avait de force sur moi que ce qu'il en fallait pour donner à ma vie l'unité : c'était comme le fil mystérieux qui reliait Thésée à son amour passé mais ne l'empêchait pas de marcher à travers les plus nouveaux paysages. Encore ce fil dût-il être rompu... Palingénésies merveilleuses! Je savourais souvent, dans mes courses du matin, le...
Page 83 - La porte de la maison s'entrouvait un instant sur un accueil de lumière, de chaleur et de rire, et puis se refermait pour la nuit. Rien de toutes les choses vagabondes n'y pouvait plus rentrer, du vent grelottant du dehors. — Familles, je vous hais ! foyers clos ; portes refermées ; possessions jalouses du bonheur.
Page 27 - Que pouvait-il advenir qui ne naîtrait pas de nous-mêmes? Et que se pouvait-il de nous que nous ne connussions déjà ? La naissance d'Abel, mes fiançailles, la mort d'Eric, le bouleversement de ma vie, loin de finir cette apathie, semblèrent m'y replonger...
Page 11 - Ne te méprends pas, Nathanaël, au titre brutal qu'il m'a plu de donner à ce livre ; j'eusse pu l'appeler Ménalque, mais Ménalque n'a jamais, non plus que toi-même, existé. Le seul nom d'homme est le mien propre, dont ce livre eût pu se couvrir...
Page 139 - Commandements de Dieu, vous avez endolori mon âme. Commandements de Dieu, serez-vous dix ou vingt ? Jusqu'où rétrécirez-vous vos limites ? Enseignerez-vous qu'il ya toujours plus de choses défendues? — De nouveaux châtiments promis à la soif de tout ce que j'aurai trouvé beau sur la terre? Commandements de Dieu, vous avez rendu malade mon âme. Vous avez entouré de murs les seules eaux pour me désaltérer.
Page 80 - Heureux, pensais-je, qui ne s'attache à rien sur la terre et promène une éternelle ferveur à travers les constantes mobilités. Je haïssais les foyers, les familles, tous lieux où l'homme pense trouver un repos; et les affections continues, et les fidélités amoureuses, et les attachements aux idées — tout ce qui compromet la justice...
Page 149 - ... s'est déversée ; murs blancs > ' ^ comme le métal, à midi (la lumière s'y thésaurise) ; dans la nuit vous sembliez la redire, la raconter très faiblement. — Cités, vous m'avez semblé transparentes ! vues de la colline, de là-bas, dans la grande ombre de la nuit enveloppante, vous luisiez, pareilles à ces creuses lampes d'albâtre, images d'un cœur religieux — pour la clarté qui les emplit, comme poreuses, et dont la lueur suppure autour, comme du lait.

Informations bibliographiques