CONAN le Ep. 23. Pierre le Venerable de fon costé le remit en grace avec le S. Siege, le retint Gros III. à Clugni, & lui donna le premier rang dans fa maison. Ce fut-là qu'Abailard paffa les dernieres années de fa vie dans le repos qu'il n'avoit pû trouver jufqu'alors. AN. 1142. Pierre le Venerable donne de grands éloges à fa vertu, loüant fur tout fon huXXXVII. milité profonde, fa modeftie, fon amour pour la retraite & le filence. Il l'envoïa bailard à Clu- fur la fin de fa vie, pour quelques infirmitez, au Prieuré de S. Marcel à Châgni, & fa mort. lons fur Saone, où l'air eft plus pur & plus agreable qu'à Clugni. Abailard y mourut le 21. d'Avril de l'an 1142. le 63. de fon âge. Son corps fut enterré dans le mefme lieu, mais Pierre le Venerable le fit enfuite enlever de là pour l'envoïer au Paraclet. Heloise le reçut avec tous les fentimens de douleur & de tendreffe 17.Maii An.1163. que l'on peut s'imaginer. Elle mourut vingt ans aprés & voulut estre enterrée dans le mefme tombeau où elle avoit fait mettre Abailard. Elle avoit recommandé son fils Pierre Astralabe à l'Abbé de Clugni & l'avoit prié de lui procurer quel. que Prebende, & l'Abbé lui avoit promis d'emploïer fon credit pour cela; mais on ne peut pas affurer fi ce fut lui qui lui procura le Canonicat de Nantes, dont on le trouve en poffeffion vers l'an 1150. Chron. Turon. Pr. 295. XXXVIII. Telles ont efté les avantures d'Abailard, qui a efté fucceffivement, Clerc, marié, Ses Ouvrages. Moine, Preftre, Abbé de Ruys, & Moine de Clugni. Outre les ouvrages que l'on a imprimez, il a fait encore un Recueil de paffages de l'Efcriture, des Peres & des Conciles, fur toutes les matieres de la Theologie, pour & contre. Ce Livre s'appelle Sic, & Non, c'est-à-dire, le Ouy &le Non ; & l'on pretend que c'est-là que le Maistre des Sentences a pris la meilleure partie de fes preuves. Il y a encore au Mont faint Michel un Commentaire d'Abailard fur les premiers Chapitres de la Genefe. XXXIX. A N. 1144. Les Archevesques de Tours fe plaignoient en ce tems-là de ce que le faint Siege Affaire de Dol. avoit accordé le Pallium à Baldric Evefque de Dol, & à fon fucceffeur. Le Pape Lucius aprés avoir examiné les titres des uns & des autres, declara l'an 1144. Ep. Inn. 111. que les Evefques de Dol devoient estre soumis aux Archevefques de Tours; & pour faire la chofe plus folemnellement, il inveftit avec un bafton de bois couvert d'une lame de plomb, Hugues Archevefque de Tours, de l'autorité de Metropolitain fur les Evefques de Dol, de Treguer, & de S. Brieuc, qui reconnoiffoient encore celui de Dol pour leur Metropolitain. Il est bon de rapporter ici ce qui s'eftoit paffé entr'eux depuis l'an 1090. ou environ. Voïez les Sceaux. num. XLVIII. AN. 1094. de Pieces publié quarto, fous ce titre Veteum fcriptorum nova collectio. Il Quelque-tems aprés que Rolland Evefque de Dol eut obtenu le Pallium du Pape Urbain II. l'Archevefque de Tours fit voir au Pape de quelle maniere Rolland l'avoit furpris. Le Pape fans rompre ce qu'il avoit fait, fe contenta d'ordonner qu'aVoiez le Recueil prés lui, les Evefques de Dol n'auroient plus le Pallium. Aprés avoir entendu par D. Edmond dans le Concile de Clermont qu'il tint enfuite, les raisons des deux parties, il Martenne, in declara que l'Eglife de Dol devoit reconnoiftre Tours pour fa Metropole. Aprés Rolland, Baldric Abbé de Bourgüeil, natif de Meun fur Loire, ayant esté ordonné Evefque de Dol par Girard Evefque d'Angoulefme Legat du S. Siege, Pascal P. 66. &fiv. II. lui donna le Pallium, & le traita d'Archevefque dans les Lettres de la Legation de l'Evefque d'Angoulefme. Aprés la mort de Baldric, Geffroi lui fucceda l'an 1131. l'on trouve dans la lettre d'Innocent III. dont il fera parlé ailleurs, que Geffroi porta le Pallium, mais il n'eft point marqué de quel Pape il l'avoit reçû. Y a cependant quelque apparence que c'eftoit d'Innocent II. L'affaire de la Metropole fut encore agitée de nouveau fous ce mefme Pape, qui donna ordre à Geffroi Evefque de Chartres de la terminer. L'Evefque de Dol, aprés plufieurs voïages inutiles à Saumur, à Vannes, au Mans, à Paris & à Poitiers pour ce fujet, aïant fupplié le Pape de la terminer lui-mefme, le Pape, pour le fatisfaire, manda l'Archevefque de Tours; mais le Pape Innocent estant mort, sans avoir pû finir cette affaire, auffi-bien que Celeftin qui vint aprés lui, Lucius leur fucceffeur prononça, comme nous avons dit, en faveur de l'Archevefque de Tours. Ce qu'il fit favoir auffi-toft à Geffroi Boterel Comte de Lamballe, & à Henri fon frere Comte de Treguer & de S. Brieuc, les priant de ne trouver pas mauvais que le S. Siege rendift juftice à qui il appartenoit, & de permettre que les Evefques de Dol, de Treguer, & de S. Brieuc reconnuffent l'Archevefque de Tours pour leur Metropolitain. Il écrivit de mefme aux Evefques de Treguer & de S. Brieuc pour leur faire favoir le jugement qu'il avoit rendu en faveur de l'Eglife de Tours, & pour dre du ferment de fidelité qu'ils avoient fait à l'Evefque de Dol. Il eut cependant les abfou cette confideration pour l'Evefque Geffroi, de ne lui pas ofter l'ufage du Pallium. CÓN AN I nocent III. Gros III. X L. A N. 1146. Pr. 1645. L'accommodement des trois freres de Penthievre dont il a efté parlé dans le Chr. mf. Ruys. Pr. 297. XLI. Affemblée de Pr. 297. Aprés la mort d'Alain le Noir, Conan Duc de Bretagne prit la qualité de Comte XLII. A N. 1147. A N. 1148. Tit. de Savigné, & ch. de Nantes, 34. XLIII. Depuis ce temps-là on ne trouve plus que deux actions de Conan, dont la der- Cart. S. Nic. EUDON Duc." HOEL Duc. Division en Pr. 297. Chr. mf. & Kem Aprés la mort d'Alain le Noir, Berte fa veuve ayant époufé Eudon Vicomte de Cependant Hoël commença par une action d'une affez grande confequence. Le XLV. bone t'abus de la Regale. Pr. 298. Cr. mf, EUDON II. HOEL II. AN. 1148. XLVI. Secte d'Eon de l'Eftoile. de lui qu'un combat où il fut vaincu, fa fille qu'il a fait Religieufe, & quelques donations en faveur de l'Eglife, qui n'ont pas empefché que l'on n'ait dit de lui qu'il n'avoit rien fait de bon. Au commencement de la mefme année, ou peut-eftre mefme quelque-temps auparavant, Alberic Evefque d'Oftie & Legat du S. Siege s'eftoit trouvé à Nantes Ep. Hugonis Ro- avec Hugues Archevefque de Rouen. Il y avoit fait la tranflation des Reliques tom. ad Alberi- des Saints Martyrs Donatien & Rogatien. Mais il eft à croire que ce n'eftoit pas La fin des Oeuvres l'unique deffein qui l'avoit attiré en Bretagne. La Secte d'Eon de l'Eftoile y faifoit d'étranges degafts. Il peut bien eftre que le Pape avoit envoïé le Legat à Nantes pour s'informer des defordres de ces fanatiques, & pour en faire fon raport au Concile qui fe devoit tenir à Reims pendant le Carefme. cum Legatum, à de Guibert. Pr. 690. Will. Neubrig. ch. 54. 55. Chr. mf. Eon de l'Etoile eftoit un Gentilhomme du païs de Loudeac, dont l'efprit groffier & ftupide gafté par la recherche des fecrets de la magie, s'eftoit fait un fyfteme de religion, dont l'extravagance euft fait plus de compaffion que de peine à l'Eglife, fi cet homme fou & ridicule n'euft joint le brigandage à l'extravagance de fes Otho, Frifign.lt. dogmes. Un Auteur qui a écrit prefque dans le mefme tems, l'accuse de magie, & d'avoir toûjours eu à fon gré, par le miniftere des demons, or, argent, vestemens precieux, chevaux, oiseaux, viandes delicates, enfin tout ce qui peut contenter un homme ambitieux & fenfuel. Mais on n'adjoute pas beaucoup de foi prefentement aux accufations de fortilege & de magie, & s'il eft vrai que rien ne manquoit à l'extravagant Eon, ni à ceux de fa fuite, c'eft qu'ils vivoient de bri. gandage, & qu'il pilloit avec eux les Eglifes & les Monafterès, & puis fe retiroit dans les forests, où il prenoit plaifir à fe parer des dépouilles du fanctuaire aux yeux des fiens & des étrangers. Leur retraite ordinaire eftoit dans les forests de Brecilien. Le Diocese de S. Malo fut principalement infefté de ces heretiques, ou pour mieux dire de ces fous obftinez & furieux. Eon, pour avoir peut-eftre entendu dire quelquefois dans les exorcifmes: Per eum qui venturus eft; par celui qui doit venir, s'eftoit imaginé que c'eftoit lui dont on parloit, confondant eum avec Eon, à caufe de la prononciation qui eftoit semblable. Sur ce fondement il se persuada qu'il eftoit le maistre des vivans & des morts, & qu'il les jugeroit tous un jour. Ne concevant plus rien que de grand, aprés un fondement fi magnifique, il donna à chacun de ses fectateurs des noms d'anges & de puiffances fpirituelles, appellant l'un la Sagesse, l'autre le Jugement; ainfi du refte. XLVII. Eon de l'Eftoile Reims. XLVIII. Ses Difciples brúlez. ne Aprés avoir parcouru pendant quelques années diverfes provinces, & toûjours Concile de échapé à ceux qui l'avoient voulu arrefter, il fut pris par l'Archevefque de Reims avec les plus chers de fes difciples, & prefenté au Concile. Il avoit en main un bafton fourchu. Quand on lui eut demandé ce que fignifioit cette forme extraor dinaire de baston, il répondit : ces deux pointes qui regardent le Ciel fignifient que Dieu, maiftre des deux tiers du monde, m'a cedé le troifiéme ; & fi je tournois ces deux pointes en bas, les deux tiers du monde feroient à moi, & je n'en laifferois qu'un tiers à Dieu. Les plus ferieux ne purent s'empefcher de rire, on le fit retirer, pour pas perdre le tems à entendre des extravagances. Ses difciples ne lui cedoient point en enteftement ; on ne put jamais leur ofter de la tefte leurs impertinentes refveries. Peut-eftre ne les euft-on traitez qu'en infenfez, s'ils n'euffent esté coupables d'une infinité de facrileges. La Cour prit connoiffance de leur affaire & les condamna au feu. Le feul Eon fut condamné à une prifon perpetuelle, à la priere de l'Archevefque de Reims. On l'enferma, pour executer la fentence, mais il mourut peu de tems aprés. On vit dans la mort de fes difciples, que le menfonge a quelquefois fes martyrs, comme la verité. Pas un d'eux ne donna des marques de repentir; & celui qui s'appelloit le Jugement, en eftoit fi dépourvût, qu'il ne ceffa, jufqu'au dernier foupir, de menacer les juges & les bourreaux, de commander à la terre de s'ouvrir pour les engloutir tout vivans. On fit endurer le mefme fuplice à plufieurs autres de ces fanatiques dans le Diocese de faint Malo; executions que l'on doit attribuer au zele de Jean, furnommé de la Grille, qui en eftoit Evefque. Rob. du Mont. AN. 1149. & Hoël avoit une fille du nom de laquelle on ne fait que la premiere lettre O. Il la confacra le 13. du mois d'Aouft de l'année fuivante à Dieu, & lui donna pour Fondation des fa fubfiftance, & pour celles qui voudroient l'accompagner dans fa retraite, fa maifon des Coets fur le bord de la Loire au deffous de Nantes. L'Eglife des Coets eftoit déja de la dépendance de l'Abbaïe de S. Sulpice dés avant l'an 1146. Hoël Coets. Pr. 299. voulut que le nouveau Monaftere qu'il establiffoit dans cette maison fust auffi mem- EUDON II. bre de la mesme Abbaïe. Brice Evefque de Nantes, Salomon Evefque de Leon, HoL 11. & les Seigneurs d'Orgeres, de Rezé, de Goulaines, & de Machecou furent les AN. 1149. témoins du facrifice de fa fille. Abbas de faint Pr. 298. L'Abbaïe de S. Sulpice, comme on l'a dit ailleurs, avoit esté fondée par les L. foins de Raoul de la Fuftaie Moine de S. Jouin & compagnon de Robert d'Arbriffel, dont il avoit imité l'Inftitut dans l'eftabliffement de fon Abbaïe. D'autres Solitaires comme lui avoient leur habitation auprès du Monaftere des Religieufes, leur adminiftroient les Sacremens, & recevoient d'elles toutes les neceffitez de la vie. Ils eftoient en affez grand nombre pour faire Communauté; & cet establissement a duré pour le moins jusqu'à la fin du xiv. fiecle, que l'on trouve encore de ces Moines à S. Sulpice fous le nom de Condonats. Robert d'Arbriffel n'eftoit pas le premier inventeur de cette Inftitution. D'autres avant lui l'avoient cruë neceffaire à l'infirmité du fexe. Le Monaftere de LocMaria de Quimper fondé par Alain Cagnart, & dont fa fille Hodierne fut Abbeffe, eftoit gouverné pour le temporel & les dehors par un Abbé & des Moines. Il n'y a point de doute qu'ils ne fuffent foumis aux Abbeffes, du moins pour leur rendre compte du revenu, puifque c'eftoit aux Abbeffes que les donations fe faifoient. Ce Monaftere fut donné dans la fuite à faint Sulpice par Conan, Ermengarde fa mere & Matilde fon Espouse, pendant que Raoul eftoit encore en vie. + LI. Pr. 299. LII. Dépendances Pr. 2991 Ce ne fur pas la feule donation que ce zelé directeur eut foin de procurer à fes Religieufes; il leur avoit fait donner la Fontaine S. Martin dans le Maine par de S. Sulpice. Foulques Comte d'Anjou & fa femme Eremburge, & le Prieuré de la Fougereufe en Poitou par Guillaume Evefque de Poitiers. Elles avoient encore de grandes dépendances dans les Dioceses de Nantes, de Rennes, de Vannes, de Quimper, & de S. Malo. Le Monaftere avoit efté basti avant l'an 1117. la premiere Abbeffe dont l'on fache le nom s'appelloit Marie. Elle eftoit fille d'Eftienne de Blois Roi d'Angleterre. Elle gouverna la Maison jufqu'en 1156. mais on ne fait pas quand elle en prit le gouvernement. A l'exemple de S. Sulpice, on eftablit auffi des Solitaires aux Coets pour diriger les Religieuses. Il eftoit jufte que les dépendances reffemblaffent au chef. LIII. Henri de Fougeres Je fait Moine. L'action que Hoël avoit faite, de confacrer fa fille à Dieu, fut fuivie l'année d'aprés, d'un autre, dont le public voioit fouvent des exemples. Henri Seigneur de Fougeres, fils de Raoul, dans une grande maladie dont il mourut, fe fit Moine à Savigné, aprés y avoir confirmé les donations de plufieurs Seigneurs de fa dépen. dance, comme de Geffroi de la Foreft, de Raoul fils de Païen, de Roger le Voïer, de Hamelin de la Roelle, de Guillaume Canoart de Beaucé, de Hamelin de Louvigné, de Raoul de Bolouse, de Hervé de Linieres, & de Raoul des Marches. Juhel Cordon, Roger le Voïer, Thebaud de Champeaux, Juhel d'Ardenne, & Raoul de Fougeres fils du mefme Henri, furent témoins de fon renoncement. Olive fa femme lui avoit auparavant accordé la permiffion de fe faire Moine, en prefence de Raoul, Frangal, & Guillaume fes enfans, des Chanoines & de l'Abbé de Rillé, & de la plufpart des Seigneurs de la dépendance de Fougeres. Olive eftoit fille du Comte Eftienne. Elle époufa en fecondes nopces Guillaume de S. Jean qui_prit foin de l'éducation de Guillaume de Fougeres, troifiéme fils de Henri; & Guillaume fut furnommé l'Angevin, & le Duc Čonan IV. fils de Berte lui donna dans la suite la terre de Montmoron. Henri avoit de grands biens en Angleterre, comme il paroift par les donations qu'il a faites à l'Abbaïe de Rillé. AN. 1159. Pr. 204. Pr. 203. Pr. 10 LIV. Mariage de Henri de Pen AN. 1151. Pr. 300. Pr. 3041 Un autre Henri, Comte de Penthievre, dont il a efté parlé ci-deffus, épousa AN. 1152 EUDON. II. LV. l'Abbaie de Montfort. Pr, 300. 301. Ce n'eftoit que le foin de conferver fes droits qui portoit l'Abbé de S. Melaine HOEL II. à establir toutes ces conditions ; du refte il n'avoit point la vaine ambition de se Fondation de procurer de nouvelles dépendances, comme on le peut voir dans l'eftabliffement de l'Abbaïe de S. Jacques de Montfort. Guillaume Seigneur de Montfort obtint de lui la mesme année la permiffion de bastir une Abbaïe dans la Paroiffe de Bedé qui appartenoit à S. Melaine. L'Abbé ne fe retint aucun autre droit fur la nouvelle Abbaïe douze pieces d'argent de cens, monnoie de Rennes. Du refte que il declara qu'il n'y vouloit pretendre aucune autre jurisdiction. Le Seigneur de Montfort mit des Chanoines Reguliers dans cette Abbaïe. Bernard qui avoit efté fon Chapelain en fut le premier Abbé. Le premier jour de Mai Geffroi le plus jeune des enfans de Guillaume mit la premiere pierre, Raoul qui eftoit l'aisné mit la feconde, Guillaume pofa la troifiéme, & fa femme Amicia la quatrième. Quatre ans aprés Jean Evefque de S. Malo confacra le grand Autel le 16. jour d'Octobre, & l'année fuivante Guillaume prit l'habit dans l'Abbaïe dont il eftoit le Fondateur, & y mourut. Son pere eftoit fans doute ce Raoul de Montfort qui s'est rendu fi illustre au commencement de ce fiecle par fes belles actions dans les guerres de Normandie. Amicia fa femme eftoit fœur d'Eudon, que la moitié de la Bretagne reconnoiffoit pour Duc. Raoul fon fils aîné mourut l'an 1162. & Geffroi fon autre fils continua la ligne des Seigneurs de Montfort. Pr. 303. LVI. Fondation de Lantenac. Pr. 156. Pr. 304. LVII. Commencement Guillaume avoit plufieurs freres, c'est peut-eftre l'un d'eux nommé Alain qui prent la qualité de Vicomte de Montfort, qui affifta avec Geffroi Evefque de S. Brieuc, Jean Evefque de S. Malo, Judicaël de Malestroit, & Joftho & Alain freres du Duc Eudon, à la fondation de l'Abbaïe de Lantenac de l'Ordre de S. Benoist, faite par le mefme Eudon, dans le tems apparemment qu'il eftoit comme paifible poffeffeur de la qualité de Duc de Bretagne. Ce tems ne dura pas beaucoup. de brouillerie Berte avoit eu un fils d'Eudon nommé Geffroi; mais les interefts de celui qu'elle entre Eudon & avoit eu d'Alain le Noir ne luy en eftant pas moins chers, elle s'offenfa de la conduite qu'Eudon tenoit à l'égard du jeune Conan, qu'il fembloit vouloir toûjours éloigner du gouvernement, & elle s'unit avec le Comte de Nantes, qui voulut Fondation de bien, pour ofter cet appui à Eudon, reconnoiftre en quelque forte l'autorité de Berte, comme il paroift par la donation qu'il fit de Ville-neuve à Buzé, qu'il fit confirmer à sa foeur l'an 1153. Berte. AN. 1153. Villeneuve. Voïez le Sceau, Aum LI. Pr. 305. Combat de Rezé AN. 154. Le Baud. On peut attribuer à ce changement la refolution que prit Eudon l'année fuivante de faire une plus rude guerre qu'auparavant au Comte de Nantes (c'est ainsi que le parti d'Eudon traitoit Hoël, de mefme que le parti de Hoël traitoit Eudon fimplement de Comte.) Il affembla donc toutes les troupes, marcha contre lui, & paffa la Loire le 16. Decembre à Rezé prés de l'embouchure de la Sevre, pour furprendre les Nantois qui ne l'attendoient que du cofté du Nort. Hoël averti de ce mouvement, prit des vaiffeaux, & vint la nuit mefme attaquer Eudon à Rezé. Chron. Meler. Eudon ne fut point furpris, il fut feulement contraint de fe défendre, au lieu d'attaquer; mais il le fit avec courage & tua un grand nombre de braves gens au Comte de Nantes. On nomme entre les autres, Olivier fils de Païen, Engrés, & Borrigan. Les Nantois de leur cofté n'attaquoient pas avec moins de vigueur, & ils firent encore fi bonne figure après leur défaite, que le Comte Eudon, malgré tout fon avantage, fe contenta d'un accord. Peut-eftre que le bruit qui couroit du retour de Conan, qui eftoit en Angleterre, y donna lieu. La plufpart des jeunes Seigneurs fe declaroient ouvertement pour lui, c'euft efté trop d'ennemis à la fois à combatre pour Eudon; c'eft pourquoi, afin de n'avoir rien à craindre du cofté des Nantois, il fit la paix avec eux. Pour ce qui eft de la divifion qui fe mettoit entre les jeunes Seigneurs & les anciens; il put la méprifer, aïant pour lui les derniers, qui mettoient de fon cofté les deux chofes que l'on eftime le plus dans la guerre, l'experience, & l'argent. On nomme parmi les Seigneurs de fon parti, Robert de Vitré, Raoul de Fougeres, Jean de Dol, Gui Gouïon, Nouri de Molac, André de Cholet, Gui de Mofterbeton, Raoul de la Bouexiere, Guillaume de Defercol, Jofcede Courbé, Alain la Choche, Hugues fils d'Olivier, Guillaume Poignard, Herbert de faint Aubin, & Pierre fils de Milesend. Chr. mf. Le Baud. Pr. 325. LX. CONAN IV. le Petit, fait Cependant Conan aïant repaffé la mer au mois de Septembre de l'an 1159. affiégea la Ville de Rennes, & s'en rendit le maistre. Son beau-pere prit la fuite, & Raoul de Endon prifon Fougeres changeant de parti, l'attaqua dans une rencontre & le fit prifonnier. Auffitoft toute la Bretagne reconnut Conan pour Souverain. L'on ne regarda plus Eudon nier, & eft resonnu Duc. |