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nuscrits autographes de l'auteur, la plupart inédits. París, Buisson, an xi (1803), 4 vol. in-18 ou 2 vol. in-8°. - Il y a des exempl. portant la date de 1810 et le nom du libraire Arth. Bertrand. Cette éd., donnée par Fayolle et la plus complète de toutes, est précédée d'un Essai sur la vie et les ouvrages de Bernard par l'éditeur.

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ICONOGRAPHIE. I. P. J. BERNARD (dit Gentil), né à Grenoble en 1710..... Nattier pinxit, R. Delvaux ft. Assis, à mi-corps, appuyé sur une table, tourné à G. - H. 120 mill., L. 71 mill. - Ce portrait passe généralement pour faux et supposé. Il est la copie de celui de M. de Gauffecourt, de Genève, peint par Nonotte et gr. par J. Daullé en 1754. (V. le | Manuel de l'amateur d'estampes, par Leblanc. Paris, Janet, 1854, in-8°, t. II, p. 97, No 30.) — II. BERNARD (dit Gentil). En buste, sur des nuages, dirigé à D.In-8°.-III. Chasselat del., Bonvoisin sc. in-18. - IV. Desenne del., Guyard sc., in-18.-V. Lith. in-4° dans l'Album du Dauph., t. III. C'est la copie du no 11. BERNON (JEAN-GABRIEL), dit MONTÉLEGIER, maréchal de camp, naquit à Romans le 22 janvier 1736 d'une honnête famille de négociants. Entré au service comme simple mousquetaire, le 22 mai 1753, il devint capitaine au régiment de Bourgogne (cavalerie) le 3 mars 1759, fut réformé en 1763, reprit du service avec son grade de capitaine le 28 avril 1765. Il passa le 8 avril 1779 en qualité de lieutenant colonel dans le 4 régiment de chevau-légers, puis dans celui de Royal-Piémont. Il prit sa retraite le 1er mars 1791 avec le grade de maréchal de camp et émigra peu de temps après. Rentré en France en 1795, il se retira en Dauphiné et mourut à Montéléger le 11 oct. 1833.

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campagne de Leipsick la 1re brigade de
dragons venus d'Espagne. Le 8 janvier
1814, Bonaparte le nomma comm. de
de la Lég.-d'Honneur et l'employa dans
les premières opérations de la campa-
gne de France; mais, blessé peu après
à la bataille de Brienne, M. de Monté-
légier fut obligé de se retirer à Paris. Au
mois d'avril, il eut l'honneur, dit-on,
d'être le premier officier général qui,
après avoir arboré la cocarde blanche,
se porta à Livry au-devant de MONSIEUR
(depuis Charles X). En récompense de
cet empressement, Louis XVIII le nom-
ma chev. de St-Louis (8 juillet 1814) et
le duc de Berry le choisit pour son aide
de camp. Le 20 mars 1815, il suivit
le roi à Gand. fut ensuite employé dans
la garde royale et obtint, en 1823, le
commandement militaire de la Corse.
Il est mort à Bastia le 2 novemb. 1825
au milieu des préparatifs d'un bal et
d'une fête destinés à célébrer la Saint-
Charles. Malgré son court passage aux
affaires de cette île, il avait fait assez
pour donner une haute idée de tout le
bien qu'on devait attendre de son ad-
ministration éclairée; aussi fut-il sin-
cèrement et unanimement regretté.
Afin de lui rendre un solennel homma-
ge, les autorités de Bastia arrêtèrent que
ses restes seraient déposés dans la prin-
cipale église de cette ville, en face de
ceux de M. de Marbeuf, le plus aimé
et le plus honoré de leurs gouverneurs.

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PORTRAIT. Lith. de Brunet (à Lyon), d'après Jacomin. Dirigé à G. Avec notice biogr. et ses armes. In-fol.

BERRIAT (HONORÉ-HUGUES), s.-intend. milit., maire de Grenoble, naquit dans cette ville le 8 avril 1778. Après avoir étudié le droit à l'école centrale de l'Isère, il entra en 1804 dans l'administration milit., où il servit longtemps BERNON (GABRIEL-GASPARD-ACHIL- avec la plus grande distinction. Il fut LE-ADOLPHE), dit MONTÉLÉGIER, fils successivement capitaine quartierdu précédent, maréchal de camp, na- maître dans le 4 régiment d'infantequit à Romans, le 6 janvier 1780. Il rie; - en 1813, s.-inspecteur aux revues entra au service comme simple soldat dans l'armée d'Italie et, en 1814, dans dès l'âge de 17 ans et fit, dans un régi- la garde impériale; - en 1815, chef de ment de hussards, la campagne d'Egyp- bureau au personnel de l'intendance au te, où son intrépidité sur les champs me de la guerre; - en 1816, s.-intende bataille, notamment à Redisi et aux dant milit. de 2e et de 1re classe.- En Pyramides, ne tardèrent pas à le faire 1834, après son admission à la retraite, remarquer. Il fut fait lieutenant en 1798 M. Berriat devint maire de Grenoble, et capitaine en 1800. En 1810, il était et, au bout de plusieurs années de décolonel de Dragons et baron de l'em- vouement et de sacrifices, son adininispire, et servit avec la plus grande dis-tration fit changer cette ville d'aspect. tinction en Estramadure sous les ordres du maréchal Soult. Créé maréchal de camp en 1813, il commanda pendant la

Des quais magnifiques et des ponts furent construits, les rues, éclairées par le gaz, se couvrirent d'un pavé préféra

ble à celui de Paris, des écoles, des salles d'asile s'élevèrent, la mendicité y fut éteinte, etc., etc. Le cadre étroit de ce livre ne me permet pas de mentionner tous les établissements et les institutions dus au zèle infatigable de cet administrateur, mais je rappellerai deux honorables récompenses qui lui furent décernées : une ordonnance roy. du 30 avril 1840 le nomma comm. de la Lég.d'Honneur et, en 1845, la population entière de Grenoble lui vota une médaille d'or comme l'expression de sa reconnaissance. Après la cessation de ses fonctions municipales, il continua à s'occuper des intérêts d'une cité qui lui devait tant, et il conçut alors un immense projet, celui de créer des thermes où seraient amenées les eaux minérales de La Motte, éloignées de 32 kil. Cette idée, d'abord accueillie avec un enthousiasme unanime, fut ensuite vivement combattue comme devant entraîner à des dépenses trop considérables pour un résultat peut-être négatif. Néanmoins, M. Berriat en a poursuivi l'exécution avec la plus ardente persévérance et tous les amis de l'humanité ont fait des vœux pour qu'il réussît. C'est au milieu de pensées et d'occupations de ce genre que cet homme honorable est mort à Grenoble le 10 juin 1854.

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litaire, criminelle et administrative, pour l'exécution desquels son intervention est ordonnée..... Grenoble, Baratier, 1835, in-12 de xij et 211 pp. Supplement... Grenoble, le même, 1845, in-12, 36 pp. - « Cet ouvrage a, pour ainsi dire, été <reproduit par M. Cochet de Savigny sous le titre de Dictionnaire de la gendarmerie ( Quérard, Litt. fr. contemp.)

M. Berriat a publié plus de 100 opuscules relatifs à des établissements de bienfaisance, des projets d'utilité publique pour la ville de Grenoble, etc., etc. Je ne puis indiquer ici que les principaux :

VII. Institution d'un asile pour les jeunes filles de la classe pauvre. Grenoble, Baratier, 1839, in-8°, 36 pp.-VIII. Extinction de la mendicité à Grenoble, 1837. Plusieurs broch. in-8°. · IX. Sur le Museum d'Hist. nat., 1845-48. Plusieurs broch. in-8°. X. Du rétablissement d'une école d'artillerie dans Grenoble et quelques observations sur la création d'une grande école du même genre dans Lyon. (Grenoble, impr. de Baratier.) s. d. (1841), in-8°, 33 pp. - Ce mémoire doit être accompagné de la notice suivante : Notice historique sur l'agrandissement de Grenoble, suivie d'observations sur les charges qu'il impose à la ville et sur ses suites probables. (Grenoble, impr. de Baratier.) s. d. (1841), in-8o, 15 pp. —XI. Rétablissement d'une école d'artillerie dans Grenoble... (Grenoble, impr. d'Allier.) s. d. (1843), in-8°, 9 pp. XII. * Conduite des eaux de la Motte-St-Martin jusque dans Grenoble, et considérations sur l'éta

BIBLIOGRAPHIE.-I. Table analytique des lois militaires. Paris, Magimel, 1808, pet. in-8°.-II. Législation militaire, ou recueil méthodique et raisonné des lois, décrets, arrêtés, réglements et instructions actuellement en vigueur sur toutes les branches de l'art militaire. Alexandrie et Paris, Magimel, 1812, 5 vol. in-8°.=Sup-blissement thermal civil et militaire dont plément... Perpignan, Tastu, 1817, 2 vol. cette ville pourrait être dotée. Grenoble, in-8°. III* Album militaire ou précis impr. d'Allier, 1843, in-8°, 31 pp. des dispositions actuellement en vigueur, XIII. Conduite des eaux de la Motte dans sur la plupart des branches de l'art mili- | Grenoble. Exposé fait par M. Berriat, antaire; suivi de tarifs, devis... par H. B. cien maire. Grenoble, impr. de Baratier, S. I. Grenoble, Baratier, 1825, pet. in-8° 1843, in-8°, 22 pp.-XIV. Établissement oblong. - Ce pet. vol. est un chef-d'œeu- thermal. Exposé de M. Thomas... Grenovre sous le rapport de la typogr. et de ble, impr. Allier, 1844, in-8°, 28 pp.(1). la précision. Il renferme la matière de plusieurs vol. in-8°. IV. Lettre au roi sur la nomination aux emplois, aux fonctions, grades, magistratures civiles et militaires et sur les récompenses publiques. Paris, Delaunay, Langlois, 1831, | in-8° de iv et 32 pp. V. Coup d'œil historique sur les anciens corps du commissariat des guerres et de l'inspection aux revues... Grenoble, Baratier, 1832, in-8°, 80 pp. - VI. Album de la gendarmerie, ou législation particulière à cette arme et résumé des actes de législation civile et mi

XV. Chemin de fer. - Ligne de Lyon à Avignon. - Observations sur le rapport de la Commission chargée d'examiner le projet de loi sur cette construction. Impr. Gratiot.) In-8°, 16 pp. (Paris, 14 juillet 1847.) — XVI. Organisation de la com

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(1) La collection de tous les opuscules relatifs à ce projet est considérable. J'en connais 129 (brochures, placards, feuilles volantes, etc.), imprimés de 1844 à 1854, à Grenoble, chcz Allier, Maisonville et autres. Ils n'émanent pas tous de M. Berriat; il y a des rapports, des réfutations, des couplets satiriques, etc. - Ce sera un jour, pour quelque bibliographe dauphinois, un piquant sujet d'histoire littéraire.

mune... Dispositions qui peuvent être appliquées à toutes les villes de France... Grenoble, impr. Barnel, 1849, in-8", 16 pp. XVII. Plan d'organisation de la ville de Grenoble. Impr. Redon, 1854, in-8°, 12 pp.

BERRIAT-SAINT-PRIX (JACQUES) jurisconsulte, frère du précédent, naquit à Grenoble le 22 septemb. 1769.Il appartenait à ce qu'on appelait alors une famille de robe: son père était procureur au bailliage de Grésivaudan, et un de ses oncles maternels, Joseph Trousset, devint plus tard conseiller à la cour d'appel de Grenoble.- Destiné par toutes les traditions de sa famille à embrasser la carrière du barreau, il suivit le cours de droit professé par M. Pal (1) et se rendit ensuite à l'Université d'Orange pour y prendre_ses grades (oct. 1787) (2). De retour à Grenoble, il entreprit de grandes et sérieuses études pour se préparer à l'exer cice de sa profession (3), mais les événements politiques dont le Dauphiné fut le théâtre en 1788, vinrent pendant quelque temps l'en distraire. Ces événements impressionnèrent vivement le jeune légiste : il embrassa avec chaleur les principes qui en découlaient, et dut à ces généreux sentiments d'être élu deputé des gardes nation de l'Isère à la fédération de 1790 (4). Peu de mois après, il se faisait inscrire au tableau des défenseurs officieux et obtenait presque en même temps l'emploi de chef de bureau du clergé et des contributions à l'administration du district de Grenoble, et celui d'archiviste du département. · En 1792, la grande coalition européenne qui menaçait la France l'arracha de nouveau à ses études. Tous les citoyens en état de porter les armes furent appelés sous les drapeaux, et M. Berriat-Saint-Prix dut, lui aussi, entrer dans la carrière militaire. Il servit d'abord comme capitaine dans l'une des compagnies franches levées lors de l'invasion piémontaise en 1793; puis, en

(1) PAL (Benolt), né à Grenoble en 1755, avocat distingué, donnait alors des leçons particulières de législation. Il fut ensuite professeur à l'école de droit de Grenoble des 1805, recteur à l'Académie de

cette ville et destitué à la 2e Restauration.

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1794, dans le 10° bataillon de volontaires de l'Isère en qualité de quartiermaître. Mais cette vie agitée, peu en harmonie avec ses goûts, ayant heureusement cessé, il put reprendre ses paisibles études. Il fut l'un des élèves désignés par son département pour aller suivre à Paris les cours de la 1re école normale. Il devint ensuite administrateur du district de Grenoble, et enfin, un arrêté de l'adm. du départem. (6 août 1796) le nomma professeur de législation à l'école centrale de l'Isère. - A cette époque, les esprits moins préoccupés des événements politiques, commençaient à revenir au culte des lettres. Profitant de cette heureuse réaction, il contribua puissamment à reconstituer sous le nom de Lycée l'ancienne Académie Delphinale (floréal an IV), dont il fut assurément le membre le plus savant et le plus laborieux. Ce fut dans une de ses séances qu'il lut son premier ouvrage, Mémoire sur la fi| lature à froid de la soie (20 sept. 1796).

Il professa publiquement la législation (5), concurremment avec un cours volontaire et gratuit d'économie politique (6) jusqu'en 1802, époque de la suppression de l'école centrale. Rendu alors à la vie privée, il continua son utile enseignement dans des leçons partic., et quand le décret du 1er nov. 1805 eut organisé l'école de droit de Grenoble, il fut appelé à y occuper la chaire de procédure. Cette nomination était une faible récompense de son mérite et de ses services, et cependant elle faillit lui manquer par suite de sa répugnance pour les sollicitations. En effet, pendant qu'il continuait à Grenoble son cours particulier, des candidats plus habiles à se faire valoir intriguaient à Paris, obtenaient les meilleures chaires et lui, dont les leçons n'avaient pas été interrompues depuis 8 ans, à qui revenait de droit la 1r chaire de législation, fut relégué à la dernière, celle de procédure. Plus de 40 ans après, il parlait encore de cette injustice avec une sorte d'amertume.

Le 8 mars 1815, M. Berriat-SaintPrix se rendit avec le corps académique auprès de Bonaparte revenant de l'ile d'Elbe et de passage à Grenoble. Il eut l'honneur d'être remarqué par le

(2) Il nous a laissé un plaisant recit de la façon grotesque et expéditive avec laquelle on y fabriquait alors un avocat. Voy. son Discours sur l'enseigne-héros, qui lui adressa la parole et l'inment du droit (ci-après, No I), pp. 61 et suiv.

(3) C'est à cette epoque qu'il traduisit en français pour son usage particulier les Paratitla de Cujas, ci-après, § VII, No I.

(4) M. Couder l'a représenté en uniforme de garde national dans son tableau de la Féderation exposé au musée de Versailles.

terrogea sur diverses dispositions du

(5) Les 2 premiers vol. de ce Cours ont été imprimés. Voy. ci-après, no III.

(6) Le discours d'ouverture a été imprimé. Voy. ci-après, n° XLII.

Code de procédure susceptibles d'être modifiées (1). Mais cette démarche des professeurs de Grenoble devait les rendre suspects; lors de la 2e restauration, plusieurs d'entre eux furent inquiétés et le modeste professeur de procédure d'abord suspendu en novembre 1815, reçut, en mai 1816, l'ordre de se retirer å Montpellier On lui reprochait, en outre, d'avoir été, en juin 1815, vice-président de la fédération dauphinoise. Cependant, des amis dévoués lui obtinrent l'autorisation de ne pas sortir du département de l'Isère, et après quelques mois de cette sorte d'exil et une année de suspension, il put reprendre son enseignement.

En octobre 1819, lors de la création d'une deuxième section à la faculté de droit à Paris, il fut appelé à y occuper la chaire de procédure. Cette nomination était d'autant plus honorable pour notre compatriote que, ne l'ayant nullement sollicitée, il la devait à son mérite seul. Ce fut là le dernier changement opéré dans son existence. Il vécut dès lors tout entier à l'étude, et à la science et dans l'exercice paisible de ses honorables fonctions. Au mois de juin 1845, il ressentit les premieres atteintes de la maladie qui devait l'enlever. Malgré sa forte constitution les remèdes de l'art ayant été impuissants, il vit approcher son dernier moment avec cette placidité et ce calme philosophique propres aux caractères d'élite; jusqu'à la fin, il conserva toute sa présence d'esprit. L'avant-veille de sa mort, pour se distraire il se fit lire par ses enfants le Muet, comédie de Bruéys, et des scènes du Turcaret de Le Sage; puis il raconta une anecd. sur Preville. Quelques heures après, il s'assoupit pour ne plus se réveiller (4 oct. 1845). Il était âgé de

76 ans.

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ses forces le lui permirent. Le 1er octobre, sur son lit de mort, il voulut encore signer les états de traitement de la faculté dont il était doyen, afin que les gens de service pussent être payés! Cette religion du devoir, si rare de nos jours, a quelque chose d'antique, qu'on ne peut s'empêcher d'admirer.

Mais l'exactitude n'était qu'une de ses moindres qualités comme professeur. La lucidité de son enseignement rendait la procédure accessible aux intelligences les plus rebelles. Les anecdotes et les faits singuliers dont il parsemait ses leçons afin de soutenir l'attention ou d'expliquer certaines dispositions de la loi, enlevaient à une matière ingrate partie de sa sécheresse et de son aridité. On l'écoutait avec plaisir, toujours avec le plus grand fruit. Ses élèves l'aimaient; la profonde vénération qu'inspirait sa vie pure et sans reproches donnait à ses paroles une grande autorité sur leur esprit. Son immense érudition et la haute valeur de ses travaux historiques jetèrent même sur son cours un lustre tout particulier.

Comme savant, il appartient à cette école de laborieux investigateurs dont les bénédictins sont demeurés les plus purs représentants. Comme eux, il apportait dans toutes ses recherches la plus scrupuleuse exactitude, le soin le plus minutieux. Quelle que fût la gravité des autorités qu'il consultait, il voulait toujours les contrôler en remontant aux sources et s'assurer par lui-même de leur véracité. Il est ainsi parvenu à élucider une immense quantité de faits historiques obscurs ou controversés. L'histoire particulière de notre province, notamment, lui a fourni le sujet d'un certain nombre de savants mémoires où sont consignées des particularités que l'on rechercherait vainement ailleurs. Pour arriver à ces résultats, il n'épargnait ni soins ni veilles, et quelquefois les moyens employés par lui pour arriver à la découverte d'un fait étaient des plus ingénieux. J'en citerai un exemple tiré de sa notice sur Pacius à Beriga. Ce jurisconsulte était entré à l'Académie de Heidelberg en août 1585, mais tous les biographes ne donnaient que vaguement l'époque où il l'avait quittée. Or, M. Berriat-SaintPrix qui, en matière de recherches historiques ne se contentait jamais d'un à peu près, voulut au contraire la connaître d'une manière très précise. Il se mit en recherches et découvrit dans une

pièce de vers latins placée en tête d'un ouvrage de Pacius, un passage où on le suppliait de ne pas abandonner des collegues avec lesquels il avait vécu deux lustres. Ces deux lustres fixaient donc le départ du jurisconsulte au plus tôt au mois d'août 1595, mais comme en poé sie le mot lustre ne peut pas être pris à la lettre, cette indication avait besoin d'être confirmée. Voici la singulière preuve que trouva notre savant. Il avisa en tête de l'Enantiophanon du même Pacius une pièce en vers grecs, où l'on disait que le jour de son départ le soleil s'était voilé de regret. Tout autre que M. Berriat-Saint-Prix aurait simplement regardé cette phrase comme une figure de rhétorique, lui, au contraire y soupçonna une éclipse de soleil. Il compulsa aussitôt les tables du P. Pingré dans l'Art de vérifier les dates et trouva en effet, au 3 oct. 1595, l'indication d'une éclipse visible au nord-est de l'Europe. Cette date confirmant non seulement la 1re indication donnée par les 2 lustres, mais encore se rapportant parfaitement à diverses conjectures tirées des autres évènements de la vie de Pacius, cette date, dis-je, était donc celle de son départ d'Heidelberg. Plusieurs sociélés savantes voulurent le compter au nombre de leurs membres. Il fut admis dans celle des antiquaires de France le 9 juillet 1820 et à l'Académie des sciences morales et polit. (Institut) le 25 janvier 1840. Il prit une part très active aux travaux de ces deux corps savants en composant pour leurs séances la plupart de ces remarquables dissertations qui lui ont assuré une place si distinguée parmi ses plus illustres collègues, et l'ont placé à la tête des illustrations littéraires de notre province.-Le Gouvernement, moins juste appréciateur du mérite de ce savant modeste qui ne lui demanda jamais rien, se borna à le faire chevalier de la Lég.-d'Honneur après 40 ans de services administratifs et d'utiles travaux !

BIO-BIBLIOGRAPHIE. - I. Notice sur la vie et les travaux de M. Berriat-SaintPriz... par M. Taillandier. Paris, impr. Duverger, 1846, in-8°, 36 pp. Elle doit être accompagnée d'un appendice contenant le récit de ses obsèques et les discours prononcés à cette occasion. II. Notice sur la vie et les ouvrages de M. Jacques Berriat-Saint-Prix... par M. Duchesne. Grenoble, impr. de Baratier, 1847, in-8, 36 pp. Elle a été lue à l'Académie Delphinale le 29 janvier 1847.

BIBLIOGRAPHIE.

§ I. Jurisprudence.

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I. Discours sur l'enseignement du droit en France, avant et depuis la création des écoles actuelles, prononcé le 5 nov. 1838, à la séance solennelle de rentrée de la faculté de droit de Paris. Paris, Langlois, 1838, in-8°, 80 pp. - II. Discours prononcé à la séance publique de la Faculté de droit de Paris, le 7 août 1845, pour la distribution des prix... Paris, impr. Vinchon, 1845, in-8°, 20 pp.-Ibis Précis d'un cours sur les préliminaires du droit. Grenoble, Allier, 1809, in-8°. - C'est une nouv. éd. revue et augmentée des notions préliminaires insérées dans le 1er vol. du Cours de Législation ci-après. III. Précis du cours de législation fait à l'école centrale de l'Isère. Grenoble, Allier, 1803-4, 2 vol. in-8°. - Le t. I contient des notions préliminaires sur le droit, une histoire du droit romain, etc.; le t. I, l'explication du 1er livre du Code civil, Des Personnes. - La nomination de l'auteur à une chaire de procédure (1805) l'empêcha de continuer cet ouvrage. Voy. ci-apr., § vii, no II. — IV. Recherches sur les divers modes de publication des lois depuis les Romains jusqu'à nos jours. Paris, Langlois, 1838, in-8° 30 pp. (Extrait de la Revue étrang. et fr. de législ. et d'écon. polit., 2o sér., t. I.) - Ces recherches, lues en 1808 à la séance pub. de rentrée de l'école de droit de Grenoble et insérées dans le Magasin encyclop. de 1809, t. v, ont été tirées à part: Paris, impr. de Sajou, 1809, in-8°, 36 pp. V. Recherches sur la législation et la tenue des actes de l'État civil depuis les anciens jusqu'à nos jours.(dans les Mém.de la Soc. roy. des antiq. de France, t. Ix). Tiré à part: Paris, Selligue, 1831, in-8o, 53 pp. =2e éd., Paris, Videcoq, 1842, in 80 de 36 pp., augmentée d'une notice sur les anciennes signatures en France et d'une autre sur les lois puisées dans les écrits de Platon. VI. Mémoire sur la révocation des donations pour survenance d'enfant. Paris, 1844, in-8° de 21 pp. (Extr. du Compte-rendu de l'Acad. des scienes mor. et polit.) VII. Mémoire sur la durée et la suspension de la prescription, lu à l'Académie des sciences morales et politiques (avril 1840). Paris, Langlois, 1841.in-8°, 75 pp.- Trad. en italien par MM. Spaccapietra et Viguoli sous ce titre Memorie sopra la durata e la sospenzione della prescrizione. Bari, 1844, in-8° de 93 pp. VIII. Coup d'œil comparatif sur les lois civiles de la France et

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