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Isménien, sous le nom de fête des lauriers, avait beaucoup de rapports à la théologie des neuf sœurs ou des vierges Muses, compagnes d'Apollon. Le laurier était l'arbre d'Apollon, comme nous l'avons déjà dit, et les neuf sphères, les neuf Muses qui, par leurs chants harmonieux, célébraient sa gloire, comme le dit Porphyre1.

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De là l'origine des fêtes musicales, instituées en honneur d'Apollon à Delphes 2. Les Athéniens en attribuaient chez eux l'établissement au fameux Erichtonius ou au cocher céleste qui, par son lever héliaque, annonçait le printemps. Par la même raison, on lui attribuait l'invention de la lyre et les sciences médicales qui résultent de la connaissance du système de la fatalité (n) : car on sait qu'il existait une pareille science, comme on le voit dans Origène qui nous donne le nom des trente-six génies ou décans qui étaient invoqués pour obtenir la guérison des différentes maladies. La fatalité étant le résultat de l'action des sphères, il était naturel de faire Apollon le Dieu chef de tous les oracles ou des décrets de la fatalité, comme on le faisait Dieu de l'harmonie universelle qui émanait également des sphères auxquelles Apollon imprimait le mouvement. De là vint qu'on lui mit entre les mains la lyre heptacorde, symbole naturel de l'harmonie des sphères, comme l'observe judicieusement Servius et comme nous l'avons dit plus

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1 Euseb. præp., l. 3, c. 11, p. 112.- .2 August., 1. 18, c. 12. 5 Diod., l. 5, c. 74, p. 390-4 Origen. contr. Celsum, l........ 5 Serv. Comment. in Virg. eclog. 5, v. 66.

haut de là vint aussi la double épithète de Musagète et de Moiragète, ou chef des Muses et des parques. Car on sait que les parques sont liées au système de la fatalité et des sphères et au mouvement combiné des corps célestes, comme on le voit dans Platon 2 que nous citerons plus haut dans notre traité des mystères sur la théorie des ames et de leurs voyages.

Nous n'entrerons pas dans l'explication détaillée de toutes les fables partielles, dans lesquelles Apollon ou le soleil joue un rôle. Il nous suffit de prouver, de bien saisir le caractère de cette divinité, et de déterminer son existence théologique. Nous laissons à d'autres les petits détails, qui sont une suite nécessaire du principe, et dont la solution dépend de ses rapports avec la marche progressive de la lumière dans la révolution diurne et annuelle, ou avec le jour et l'année, avec les saisons et les heures, et surtout avec le système harmonique du monde, et avec les figures mystiques qui sèment la route du soleil à travers les constellations. C'est là qu'on trouvera l'origine de différens attributs et de différentes fictions, qui appartiennent à Apollon. Il nous suffit d'avoir prouvé qu'Apollon n'est autre chose que le soleil, considéré comme père de la lumière et du jour, régnant aux cieux et rayonnant de gloire à l'époque de son passage à l'équinoxe de printemps, au moment où toute la Nature

1 Pausan. Phocic., p. 341.2 Platon. de republ,, l. 10,

p. 616.

reprend son ordre et son harmonie et toutes les grâces de la beauté et de la jeunesse.

CHAPITRE XI.

ORUS OU L'APOLLON ÉGYPTIEN.

OSIRIS ou le soleil avait pour fils en Egypte la lumière ou Orus, Dieu du jour et du printemps, dont les Grecs firent leur bel Apollon. Comme nous avons déjà parlé d'Horus dans notre article Isis, et ́ que nous en parlerons encore dans notre traité des mystères de la religion des Chrétiens, nous aurons ici peu de chose à en dire. Nous observerons seulement que son identité avec l'Apollon grec ou avec le Dieu du jour et de la lumière printanière a été reconnue par les plus anciens auteurs', et en particulier par Hérodote, qui a, autant qu'il était en lui, cherché à faire des rapprochemens entre la nature des divinités Grecques et celle des divinités Egyptiennes. Horus, fils d'Osiris, que les Grecs nomment Apollon, dit cet auteur; et ailleurs : Apollon prend le nom d'Horus chez les Egyptiens. Horus-Apollon, grammairien d'Egypte, comme nous l'avons déjà dit, assure qu'en Egypte le soleil s'ap

1 Diod. Sicil., 1. 1, p. 22. Macrob. Sat., l. 1, c. 21. Ælian. de Animal., lib. 10, c. 14. Plut. de Iside, p. 375.- 2 Herod., 1. 2, c. 144.- 3 Hor.-Apollon. Hieroglyp., l. 1, c. 17.

pelle Horus, modérateur des saisons. Macrobe' atteste également qu'Apollon, qui est le même Dieu que le soleil, s'appelait chez les Egyptiens Horus, dispensateur des heures et des saisons. Nous n'accumulerons point ici les témoignages pour établir une vérité théologique, qui n'est contestée par personne; et nous verrons dans l'Horus Egyptien le Dieu-lumière, le Dieu-jour, au moment de son plus bel empire, au printemps, lorsque la sérénité et l'ordre se rétablissent dans le monde sublunaire', qui se met alors en accord avec l'harmonie des cieux, dont Apollon est le régulateur et le chef. C'est Horus fils d'Osiris, ou l'émanation brillante et bienfaisante du feu éther qui bouillonne dans le soleil, ou dans Osiris, principe de lumière et de fécondité universelle, qui lutte contre le principe des ténèbres et du mal, Typhon, ennemi d'Osiris et d'Orus son fils. L'astre le plus voisin du signe du printemps et sur lequel était placé le soleil printanier, Orion s'appela donc à juste titre l'astre d'Orus, dénomination que lui donne Plutarque, et qui effectivement lui appartient comme on l'a vu dans le troisième chant du poème de Nonnus, Orion était né d'un taureau, et ce taureau est le taureau céleste, à la suite duquel se lève Orion. Orus était fils d'Osiris qui, comme nous l'avons vu, empruntait les cornes qui paraient sa tête, du signe céleste du taureau, et qui était souvent peint sous

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Macrob. Saturn., l. 1, c. 17. — 2 Plut. de Iside, p. 366.— 3 Ibid., p. 371.

l'emblème d'un boeuf doré; ce taureau était le même que celui qui formait à Bacchus ses attributs tauriformes. Or, Bacchus était la même divinité chez les Grecs qu'Osiris chez les Egyptiens. Voilà pourquoi certaines traditions ont donné à Apollon' et à Diane, pour père et pour mère, Bacchus et Isis: ce qui est exactement vrai, si Osiris est le même Dieu que Bacchus, ce que nous avons prouvé ; et si Orus est la même divinité qu'Apollon, que le soleil printanier, ou l'état de la lumière et du jour, depuis le signe équinoxial du taureau jusqu'au signe solsticial du lion, époque à laquelle la lumière atteignait son maximum, autrement où Horus se plaçait sur le sommet de son trône. Car les Egyptiens peignaient des figures de lion sous le trône du soleil ou d'Horus; d'abord, parce que la figure céleste du lion est le domicile du soleil, et qu'Orus est le soleil. C'est par la même raison que nous voyons ce lion uni au Dieu-soleil Mithra, et qu'il est couché sous le fameux monument de cette religion, dont nous donnerons ailleurs l'explication, comme il était placé sous le trône d'Horus. Secondement parce que le point le plus élevé de la course du soleil ou celui de son repos solsticial était alors le lion, dans ces siècles éloignés. Voilà l'origine des attributs du lion donnés à Orus, à Mithra et à Hercule, qui tous trois ne sont qu'une même divinité, le soleil, mais considérée sous des rapports variés, chez des peuples différens. Il paraît néan

1 Herod. Euterp.

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