Images de page
PDF
ePub

mystères était affecté à Esculape, comme nous aurons lieu de l'observer dans notre explication des mystères d'Eleusis.

Les sectaires de la religion chrétienne, connus sous le nom de Gnostiques et d'Ophites, ont fait de ces idées théologiques des anciens païens, la base de leur système religieux sur les sept Dieux, ou sept chefs principaux, qu'ils attachaient à chaque sphère, et au-dessus desquels ils plaçaient un huitième chef, Barbelus, père et maître de toutes choses', un autre Christ, né de lui-même. Ils donnaient au chef suprême de ce monde visible, la forme du serpent.

2

Les Ophites avaient aussi leur Dieu Ialdabaoth qui engendra sept fils qui formèrent les sept cieux, et qui forma tout ce qui était au-dessus de lui, afin que les sept fils placés au-dessous n'en eussent jamais connaissance. Il forma de la matière une figure à forme de serpent, qui fut son huitième fils. C'est ce serpent qui trompa Ève. Nous verrons bientôt, dans l'explication de la Genèse et de la religion des Chrétiens, que le serpent d'Eve est celui qui est entre les mains d'Ophiucus ou de l'Esculape céleste; ce qui jette un nouveau jour sur cette cosmogonie. Les Ophites adoraient ce serpent comme un roi qui leur était tombé du ciel. C'est le serpent des mystères de Bacchus. Les Ophites le nourrissaient dans la ciste sacrée. Nous aurons lieu d'y revenir, dans notre Traité des mystères. Nous ne

1 Epiph. adv. heræs., c. a5. 2 Ibid., c. 37.

rappelons ici ces fictions mystagogiques, que pour jeter quelque lumière sur la fable des sept cabires, frères d'Esmun ou d'Esculape, leur huitième frère, adoré à Berythe en Phénicie, ville bâtie par Chrone, Dieu du temps, et qui souvent, comme Esculape, s'appuie sur le serpent.

II Ꭹ a beaucoup d'apparence que les Ophites, ainsi que les adorateurs de Bacchus, dans les Orphiques, révéraient le serpentaire qui figure sous le nom d'Ophion dans la théologie Phénicienne". Nonnus, dans ses Dionysiaques, parle d'un ancien roi de Phénicie, appelé Ophion, dont les actions se liaient à celles de Saturne, et étaient gravées sur d'antiques tables de la fatalité. C'est lui, Ophion, qui avait gravé les tables des sept planètes, sur lesquelles étaient tracées les destinées de Berythe, ou de la ville qui adorait Esmun, amant d'Astronoë3, et qu'avait fondée Chrone, père du temps*. Elle florissait par sa justice et ses connaissances en jurisprudence, caractère qui convient à la ville d'Esmun, fils de Sydyc-le-Juste .. On la faisait aussi ancienne que le monde. C'était là qu'avait abordé, au sortir des eaux, l'amante d'Adonis, ou Vénus'. Béroë, qui fut ensuite appelée Berythe, avait eu pour nourrice Astrée, nom fort approchant d'Astronoë, amante d'Esmun ou de l'Esculape de Berythe. Nous terminerons ici ce que nous avions à dire

1 Euseb., præp, l. 1, c. 10..

5

2 Nonnus, l. 12, v. 43.3 Ibid., 1.41; v. 352, 362, 30g.-4 Nonnus, v. 10, 145, 174, 391.5 Ibid. 68.- 6 Ibid., 84, 364. · 7 Ibid. 117, ibid. 214.

[ocr errors]

sur l'Esmun des Phéniciens, objet des désirs amoureux de la mère des Dieux, et sur sa mutilation, laquelle a pour base la même idée cosmogonique qui a donné lieu à de semblables fictions sur le Dieu-soleil, dans d'autres fables où le soleil éprouve le même malheur, sous d'autres noms. tels que ceux de Chrone, d'Atys, d'Adonis, d'Osiris, etc,

Nous passerons à l'article d'Harpocrate dont nous avons déjà parlé dans notre Traité d'Isis; aussi nous restreindrons à de choses ce que nous aurons

peu

ici à dire.

RÈS LE SO

CHAPITRE XV.

HARPOCRATE OU LE DIEU-JOUR PRES LE SOLSTICE

H

D'HIVER.

از

[ocr errors]

Ce qu'Orus est à Osiris, Harpocrate l'est à Sa– rapis, et l'un et l'autre sont réputés enfans d'Isis. Les anciens Egyptiens considérèrent la lumière qui produit le jour dans deux époques principales, comme ils avaient fait à l'égard du soleil qui nous distribue la lumière et la chaleur savoir dans la durée et l'éclat qu'elle donne au jour durant les “omn a six signes supérieurs, et dans l'état d'affaiblissement et de brièveté qu'a le jour pendant les six signes inférieurs. Dans le premier cas, c'est Orus, ou le bel Apollon, qui a son siège le plus élevé au

lion céleste, dont les images soutiennent le trône sur lequel il est placé. Dans le second, c'est Harpocrate, placé dans les eaux du verseau, et soutenu sur le lotus, plante palustre, qui naît sur les bords du Nil, ou du fleuve que le verseau fait sortir de son lit par le mouvement de ses pieds. Le jour alors est au plus bas, et dans cet état d'enfance dont Harpocrate est l'image. Il est d'un faible éclat, et sa marche semble entravée dans les liens qui resserrent l'enfant nouveau-né, Le doigt

qu'Harpocrate tient posé sur sa bouche annonce que sa langue n'est pas encore déliée, et qu'il ne peut articuler des sons. C'est dans ce sens qu'il fut censé être le Dieu du silence. Aussi les Egyptiens représentaient le silence par l'enfance jusqu'à trois ans, et ils le figuraient par un nombre mystique, égal à celui de trois années, évaluées en jours à raison de trois cent soixante-cinq jours par an. Ils prétendaient, dit Hor-Apollon, que l'enfant qui, dans l'espace de mille quatre-vingt-quinze jours, ou de trois ans, ne parle pas, est censé muet. Ainsí l'enfance représenta le silence; et réciproquement, l'embarras dans les organes du langage désigna l'enfancé. Les latins eux-mêmes ont désigné dans leur langue l'état de l'homme nouveau-né, par un mot qui indique qu'il ne parle pas bien encore. Telle est la signification d'infans, qu'ils ont appliqué par extension à l'orateur qui s'exprime mal. L'état d'imperfection de l'homme nouveau-né, tel qu'on

1 Hor.-Apoll., l. 1, c. 172 Ibid., c. 28 1 set

1

peignait Harpocrate, était figuré par un animal qui se forme dans le limon du Nil; cet animal c'était la grenouille '; ici c'est un enfant sur le lotus, ou sur la plante qui croît dans le limon du fleuve : le but est le même. Il n'y a de différence que dans les symboles. L'un est tiré du règne animal, l'autre du règne végétal. Du reste, tous deux concourent à exprimer la même idée. En effet, Plutarque, en parlant de la grenouille et de l'hydre2 sculptées aux pieds d'un palmier de bronze, consacré comme offrande à Apollon, fait dire à Sérapion, qui explique ces emblèmes, que l'artiste avait voulu annoncer par là que le soleil naît et s'alimente des eaux et des exhalaisons humides. Plutarque, parlant ailleurs du lotus sur lequel on place Harpocrate, regarde cette plante comme un emblême destiné à rendre la même idée. Les Egyptiens, dit-il, ne pensent pas que le soleil enfant soit sorti du lotus; mais c'est ainsi qu'ils représentent le lever du soleil pour indiquer que ce Dieu naît de l'élément humide. Aussi Plutarque, ou plutôt Serapion qu'il fait parler, ajoute-t-il que ce qui porta l'artiste corinthien à sculpter cette grenouille symbolique, c'est qu'il avait vu, sans doute, les Egyptiens représenter le soleil naissant ou levant par un enfant posé sur le lotus. Les Indiens représentent également Vichnou enfant, posé sur une fleur ou sur la feuille du tamarin.

3

[ocr errors]

1 Hor-Apoll., I. 1, c. 25.-2 Plut. de Pyth. oracul., p. 400. 3 De Iside, p. 355. 4 Ibid., p. 400.

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »