gieux: on chercha, mais sans succès, à l'enlever à la maison de Dijon; il ne répondit à des instances réitérées qu'en consentant à trois voyages, dont un à Lyon et deux à Paris. Sa courte apparition dans ces deux villes lui donna de nouveaux droits à l'estime des savants : ses su son interlocuteur. Celui-ci demande la cause de ces regards scrutateurs qui le fatiguent. « Je regarde, répondit le sévère religieux, la bête qu'on nomme athée, et que je n'avais jamais vue. » Oudin avait beaucoup travaillé sur l'Écriture; mais le temps lui manqua pour retoucher ses manuscrits. Il n'a fait jouir le public que de la partie qu'il avait le plus soignée: Epistola beati Pauli ad Romanos explicata, Paris, 1743, in-12. C'est un commentaire grammatical, qui laisse peu de chose à desirer sur les difficultés du texte. Les autres productions du P. Oudin se rapportent à la poésie, à la critique, à la littérature celtique, et enfin au grand travail bibliographique qui remplit une partie considérable de sa vie. I. Ses poésies latines se composent de petites pièces écrites avec une élégante pureté. On distingue surtout son poème sur les Songes, celui du Feu, et l'éloge funèbre de La Monnoye. L'auteur les a reproduits avec d'au périeurs le pressèrent d'accepter quelque place éminente de leur ordre; il persista dans ses refus, et revint au calme de sa vie studieuse. Malgré la faiblesse de son tempérament, qu'il attribuait à sa naissance précoce, sa santé se maintint, grâce à ses habitudes rigoureusement réglées. Enfin il succomba, le 28 avril 1752, à une hydropisie de poitrine. Sa mort fut accompagnée de grands sentiments de piété. Jeté dans un siècle où des esprits hardis qui comptaient des adeptes secrets dans le sein même des communautés religieuses, s'attachaient à briser le joug de toutes les croyances, le P. Oudin ne sentit pas un seul moment la sienne ébranlée. Adoptant avec la confiance d'un cœur simple, les doctrines ré-tres morceaux de son choix dans les vélées, il ne souffrait pas sur ces hautes questions les discussions auxquelles se complaît la légèreté. Un jeune incrédule, dont le P. Tournemine avait entrepris la conversion, vint le visiter un jour, et n'eut rien de plus pressé que d'entamer une argumentation sur la base des dogmes religieux. Comme le Père paraissait donner peu d'attention à des ob jections présentées avec plus d'assurance que de solidité, le libre penseur fit une pirouette; et voulant piquer son antagoniste: « Mon Père. lui dit-il, je suis bien aise de vous apprendre que je suis athée. » A ces mots, le P. Oudin mêle à sa contenance grave un air dédaigneux, et considère avec une longue surprise Poëmata didascalica, dont il fut réellement l'éditeur, quoiqu'il eût emprunté le nom de d'Olivet pour ne point blesser l'amour-propre de quelques-uns de ses confrères, qu'il ne jugeait pas dignes d'une place dans son recueil. Il voulut aussi marcher sur les traces de Santeul, et publia, dès 1705, Sancto Francisco-Xaverio hymni novem et officium, Dijon, in-12 (ces hymnes ont été traduites en vers français par M. Baudot, maire de Dijon ). Le P. Oudin donna, quinze ans après, des hymnes à l'usage de l'église d'Autun, Dijon, 1720, in-12. Ce changement dans la liturgie excita beaucoup de réclamations; ce qui empêcha le P. Oudin de s'occuper de la réforme de plu sieurs autres breviaires. Des compositions d'un genre bien différent, des drames représentés par les élèves du collége de Dijon, faisaient partie de son portefeuille; et il en existe des copies manuscrites à la bibliothèque du Roi. Ce sont des tragédies qui, par le sujet, mais non par l'exécution, se rapprochent de Polyeucte; et des comédies, dont l'une intitulée Aleator ou le Joueur, mérite l'attention: il est curieux de s'enquérir du parti qu'un cénobite, un homme de college, a pu tirer d'un sujet traité avec tant de succès sur les théâtres de Paris et de Londres. On aurait pu comparer aussi la traduction qu'il avait faite de l'Iliade, pour former le goût de ses élèves, aux versions qu'ont données, du père de l'épopée, les abbés Cunigh, de Raguse, et Alègre de la Vera-Cruz; mais son manuscrit a été perdu, à l'exception de quelques vers qui, par la simplicité de l'expression, retracent au moins une des couleurs de l'original. Le P. Oudin, comme tous les latinistes modernes, n'osa point exercer son imagination dans sa langue maternelle. Peut-être est-il permis de croire qu'il n'y eût point réussi, si l'on se rappelle le jugement trop favorable qu'il portait sur la Pucelle de Chapelain. Non - seulement le plan, mais les détails, lui paraissaient dignes d'éloge; et pour réhabiliter ce poème, il n'eût fallu, selon lui, que le rendre en beaux vers latins. Le caractère de la critique du P. Oudin était pourtant la sévérité. Son Commentaire sur Virgile, s'il l'avait conservé, aurait suffi pour prouver combien son goût était difficile. II. Nous rappellerons, parmi ses judicicuses remarques sur les classiques latins, sa dissertation sur le Culex, insérée dans le tome vII des Mémoires du P. Desmolets; les observations répandues dans le Cicéron de d'Olivet, et désignées comme l'œuvre d'un anonyme; P. Syri et aliorum veterum sententiæ, adjunctis brevibus notis, Dijon, 1734, in-8°.; enfin des discussions intéressantes sur quelques passages d'Horace, publiées en 1808, par le docteur Prunelle, avec des remarques analogues, de Breitinger et du président Bouhier. III. Le P. Oudin cultivait avec succès la numismatique; et il aimait à descendre des antiquités grecques et latines aux antiquités gauloises. Là, son imagination se retrouvait à l'aise dans le vaste champ des conjectures. Dans son Essai sur les Ambrons (4a volume des pièces d'histoire et de littérature de Granet), il suit les traces d'un peuple qui figure un moment avec éclat parmi les Celtes (entre l'Ain, le Rhône et les contrées des Séquanais), et qui paraît ensuite s'effacer. Sa dissertation sur la formule sépulcrale sub ascia, comprise dans le recueil de divers écrits, par Lebeuf, 11o. volume, n'a pas fait fortune parmi les érudits; mais il s'est montré plus heureusement ingénieux dans ses Etymologies celtiques, reproduites dans les nouvelles éditions du Dictionnaire de Ménage, et dans les OŒuvres posthumes de Gédoyn. Il avait groupé un plus grand nombre de recherches dans un Glossaire celtique, devenu inutile par les travaux de Bullet et d'autres savants. IV. Toutes ces productions n'étaient que les distractions d'une tâche importante, imposée au P. Oudin par ses supérieurs, et qui absorba la plus grande partie de ses loisirs. Il s'agissait d'élever un monument à la gloire de l'ordre, en conduisant à sa fin une bibliothèque et la latine des écrivains de la société de Jésus. Ribadeneira, les P. Labbe, Alegambe et Sotwell, avaient préparé des matériaux utiles à leurs successeurs: Bonanni, Tournemine, Kervillars et Hongnant, avaient repris l'entreprise; mais elle était restée paralysée dans leurs mains. Oudin en fut chargé en 1 1733, poursuivit avec toute l'activité dont un seul homme était capable: 1928 articles sortirent de sa plume, de manière que les quatre premières lettres de ce vaste répertoire étaient achevées, ainsi que les notices les plus importantes qui devaient suivre, au nombre d'environ 700. Ce travail fut envoyé à Rome, où il reçut l'approbation générale: sculement on y reprit des inexactitudes et des omissions qu'il avait été impossible d'éviter, dans le fond d'une province, loin des riches dépôts de la capitale du monde chrétien (1). L'auteur avait gardé une extrême circonspection, louant avec sobriété, blaimant avec plus de réserve encore. Trop resserré dans le cadre qui lui était prescrit, il se proposait de donner en français des notices plus étendues sur les jésuites les plus célèbres. On peut prendre une idée de la manière dont il les eût rédigées, par celles qu'il a fournies au Recueil de Niceron, sur Pétau, Inchofer, Vieyra, Fronton-du-Duc, Scotti, de Billy et Jean Garnier, et par les articles Daniel et Hardouin, (1) Le P. Courtois, chargé de continuer ce travail, et de parcourir à cet effet les bibliothèques des différents colléges de l'ordre, mourut vers 1768, sans avoir rien publié, (V. COURTOIS, X. 121); et ses manuscrits furent perdus. Le P. Zaccaria parvint néanmoins à en recouvrer une partie, que le P. Arevalo racheta de ses héritiers, et céda, en 1800, au P. Caballero, ex-jésuite de l'ile Maiorque, fixé à Rome, qui depuis longtemps s'occupait en particulier d'un travail de ce genre, et qui l'a mis au jour sous titre: Bibliothecæ scriptorum societatis Jesu Supplementa, Rome, Bourlié, 1814 et 1816, in-40. de 307 et 128 p. ce dont il a enrichi les Eloges de quelques savants français, par Joly. Plusieurs notices, extraites de ses manuscrits latins, ont également été insérées par Goujet, dans le supplément de Moréri, en 1749. On doit encore au P. Oudin la vie de Bouhier, qui précède les dissertations de ce savant sur Hérodote. Il a trouvé luimême un biographe dans Michault, de Dijon, son admirateur, et l'héritier de plusieurs de ses manuscrits. (V. MICHAULT, XXVIII, 550.) Un Mémoire historique sur la barbe, dont le P. Oudin se proposait d'enrichir une nouvelle édition du Traité des perruques par Thiers, a été inséré dans le Mercure de mars et avril 1705. F-т. OUDINET (MARC - ANTOINE), numisinate, naquit à Reims, en 1643. Après avoir achevé ses huma nités dû avec un succès peu commun, particulièrement à la facilité de sa mémoire, qui lui permit, dit-on, d'apprendre toute l'Encide en une semaine, il vint à Paris étudier la philosophie et le droit, et se fit recevoir avocat au parlement. De retour dans sa ville natale, il suivit pendant quelque temps le barreau, sans négliger le travail du cabinet; mais il ne tarda pas de renoncer à la plaidoirie, afin d'avoir plus de loisir pour apprendre les lois qu'il s'était jusque-la contenté de citer. Ainsi, comme il le disait lui-même, en cessant de parler publiquement comme jurisconsulte, il commençait à le devenir en effet. Une chaire de professeur à l'université de Reims étant venue à vaquer, Oudinet y fut nommé; et il la remplissait avec distinction, lorsque Rainssant, son parent, garde des médailles du cabinet du Roi (V. P. RAINSSANT), lui proposa de venir partager avec lui les soins que demandait cette place. Oudinet, qui avait cultivé par goût la numismatique depuis sa première jeunesse, accepta cette offre, et succéda ensuite à Rainssant. Il s'acquit un honneur infini par l'ordre qu'il mit dans ce cabinet, et par le grand nombre de curiosités dont il l'enrichit. Louis XIV augmenta son traitement de cinq cents écus, et lui donna des marques particulières de sa bienveillance. Il fut admis, en 1701, à l'académie des inscriptions, à laquelle il s'empressa de communiquer les résultats de ses recherches: il mourut d'apoplexie, le 22 janvier 1712. Oudinet n'a laissé que quelques Mémoires, insérés dans le tome premier du Recueil de l'académie: Dissertation sur l'origine du mot Médaille; il le fait venir de metal. -Réflexions sur les médailles d' Athènes et de Lacédémone. Observations sur deux agathes du cabinet du Roi, représentant des sujets mythologiques, et regardées, pendant plusieurs siècles, comme des monuments chrétiens. - Dissertation sur trois Médaillesd'Hermon this, de Mendès et de Jotape. Cette pièce, dont on ne trouve qu'un court extrait dans le Recueil de l'académie, a été insérée en entier dans le tome IV de la Continuation des Mémoires de littérature par Desmolets, avec une lettre du P. Bougerel, contenant l'historique de cette Dissertation, et des additions de Terrin. Oudinet avait adressé à Bayle un Mémoire sur Bergier, l'auteur de l'Histoire des grands chemins; et l'illustre critique s'en est servi pour l'article qu'il lui a donné dans la deuxième édition de son Dictionnaire. On conserve d'Oudinet, à la bibliothèque du Roi, l'Histoire de l'origine et des progrès de cet établissement. Boze a pro son W-s. OUDRY (JEAN-BAPTISTE), pein. tre et graveur, naquit à Paris, en 1686, et fut élève de Largillière. Cet habile maître lui donna d'excellents principes sur la couleur, et l'exerça dans tous les genres de peinture. Oudry peignit d'abord l'histoire, le portrait, le paysage et les fleurs; mais inclination le portait à représenter les animaux. Dans le temps qu'il peignait le portrait, il fit celui du czar Pierre-le-Grand; et ce prince en fut si content, qu'il l'engagea à le suivre en Russie. Oudry refusa toutes les offres qu'on lui fit, quoique des plus avantageuses; et quand Pierre quitta Paris, l'artiste fut réduit à se cacher pour n'être pas contraint de l'accompagner. Un jour qu'il faisait le portrait d'un chasseur, il peiguit son chien avec un tel talent, que Largillière ne put s'empêcher de lui dire en riant: Tu ne seras jamais qu'un peintre de chiens. Cette plaisanterie décida de sa vocation; et il abandonna tous les autres genres de peinture pour s'attacher exclusivement à imiter les formes des animaux. Il avait été reçu de l'académie en 1717, pour un tableau représentant l'Abondance: néanmoins comme on ne pouvait être nommé professeur que sur un tableau d'histoire, il peignit une Nativité et un saint Gilles, pour l'église de SaintLeu, et ure Adoration des Mages, pour la salle du chapitre de l'abbaye de Saint-Martin-des-Champs. Mais sa réputation est encore plus solidement fondée sur ses tableaux d'animaux. Il savait, par la touche et par la couleur, donner à tous les objets leur véritable caractère. Entre le grand nombre de tableaux qu'il composa pour le roi, on en cite un capital, où il a représenté Louis XV à cheval, au milieu de douze seigneurs de sa cour, et de plusieurs officiers de la venerie: tous les portraits y sont fort ressemblants; les chevaux et les chiens sont eux-mêmes des portraits des chevaux des écuries du roi, et des chiens de sa meute; et ces derniers étaient si bien imités, que le prince les désignait tous par leurs noms. Oudry s'est représenté lui-même, en un coin du tableau, faisant un dessin de la chasse: ce tableau existe encore à la manufacture des Gobelins, quoique en un grand état de dégradation. Dans les dernières années de sa vie, Oudry fut nommé directeur de cette manufacture, et bientôt après, de celle de Beauvais, qu'il avait pour ainsi dire fondée. Il eut, en 1755, une première attaque d'apoplexie: espérant que l'air de Beauvais lui serait plus favorable, il se rendit dans cette ville; mais à peine arrivé, il y mourut, le 30 avril de la même année. Le Musée du Louvre possède deux tableaux de ce maître: I. La Chasse au loup; on voit l'animal, forcé par les chiens, se défendre en cherchant à fuir. II. La Chasse au sanglier. Ce tableau, placé parmi les productions de l'école flamande, où il sert - de pendant à un tableau de Sneyders, soutient fort bien la comparaison avec celui de ce dernier maître. Oudry a gravé d'après ses propres tableaux, avec beaucoup de goût et d'une touche très-spirituelle; et il doit être consulté par les graveurs qui auraient des morccaux de ce genre à traiter. Parmi ses gravures, les plus remarquables sont : I. Le loup forcé par les chiens, d'après le tableau du Musée. II. Vingi-six sujets OUEL ou OWEL-LE-BON, en gallois Hywel Dda, législateur du pays de Galles, fils du roi Cadell, parvint au trône de la principauté de Galles méridionale, en 907. Ce pays avait long-temps conservé son indépendance et ses institutions primitives, comme il conservait et garde encore son antique idiome. Cependant le régime féodal, après avoir pris racine en Angleterre, s'introduisit chez les Gallois, y amena la domination de l'aristocratie, et fit tomber en désuétude les lois favorables à la liberté publique. Ouel, souverain remarquable dans son siècle, conçut le projet de rétablir la législation sur des bases conformes à l'esprit national; mais, pour ne rien brusquer, il se prépara de longue main à cette entreprise. Accompagné de trois évêques gallois, il fit, en 926, le voyage de Rome, afin de consulter sur ses projets, des hommes profondément instruits. A son retour, il convoqua près de Tenby, dans le comté de Carmarthen, un conseil national, composé de clercs et de laïcs. Il y fut résolu quel'ancien code du roi DyvnwalMoëlmud, reconnu supérieur à toutes les autres lois, serait rétabli avec quelques modifications. En 930, Õuel entreprit de nouveau le voyage de Rome, afin de soumettre à la sanction du pape les lois adoptées par les représentants du peuple gallois, et de leur donner ainsi plus d'autorité. Cependant son code ne fut promulgué qu'en 940, lorsque, par la mort |