BASQUE, valet de Céliméne. UN GARDE de la maréchaussée de France. DUBOIS, valet d'Alceste. La scène est à Paris, dans la maison de Céliméne. LE MISANTHROPE. ACTE PREMIER. SCÈNE I. PHILINTE, ALCESTE. PHILINTE. Qu'est-ce donc? qu'avez-vous? ALCESTE, assis. Laissez-moi, je vous prie. PHILINTE. Mais encor, dites-moi, quelle bizarrerie... ALCESTE. Laissez-moi là, vous dis-je, et courez vous cacher. PHILINTE. Mais on entend les gens, au moins, sans se fâcher. Moi, je veux me fâcher, et ne veux point entendre. PHILINTE. Dans vos brusques chagrins je ne puis vous comprendre; ་་ Et, quoique amis, enfin, je suis tout des premiers... Moi, votre ami! rayez cela de vos papiers. J'ai fait jusques ici profession de l'être; Mais, après ce qu'en vous je viens de voir paroître, PHILINTE. Je suis donc bien coupable, Alceste, à votre compte? ALCESTE.· Allez, vous devriez mourir de pure honte; Et tout homme d'honneur s'en doit scandaliser. Vous chargez la fureur de vos embrassements: Et quand je vous demande après quel est cet homme, À peine pouvez-vous dire comme il se.nomme; Votre chaleur pour lui tombe en vous séparant, PHILINTE. Je ne vois pas, pour moi, que le cas soit pendable; Que je me fasse un peu grace sur votre arrêt, ALCESTE. Que la plaisanterie est de mauvaise grace! PHILINTE. Mais, sérieusement, que voulez-vous qu'on fasse? ALCESTE. Je veux qu'on soit sincère, et qu'en homme d'honneur On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur. PHILINTE. Lorsqu'un homme vous vient embrasser avec joie, ALCESTE. Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode Et traitent du même air l'honnête homme et le fat. |