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veaux ôtages à Alger et renouvelèrent leurs protestations de fidélité, Cette expédition de peu d'importance est le seul fait d'armes dont Alger et ses environs aient été le théâtre.

En revanche, l'occupation plus récente à Oran et à Bone et presque encore contestée, amena continuellement des combats, dans lesquels les Français environnés de populations ennemies, eurent sans cesse à prévenir ou à repousser des attaques.

Depuis la conquête d'Oran, les Garabats, dont les tribus, qui sont les plus nombreuses et les plus belliqueuses de la province, habitaient la vallée du Scèg, à douze lieues d'Oran, avaient lutté de tout leur pouvoir contre la domination française: ils s'étaient rapprochés de six lieues pour être plus à portée de nuire. Le général Desmichels, comman dant la division d'Oran; résolut de se débarrasser de ces dangereux voisins. Il dirigea contre eux 2000 hommes de toutes armes dans la nuit du 7 au 8 mai, et combina si habilement ses mesures qu'il parvint à surprendre et à enlever quatre camps. Les Garabats se dispersèrent d'abord presque sans résister; mais lorsque le général Desmichels, ayant atteint le but de son expédition, se remit en marche vers Oran, il fut vivement poursuivi : les Arabes multiplièrent leurs attaques avec énergie et ne les discontinuèrent qu'après qu'une charge désespérée d'un millier de leurs cavaliers eut échoué. Plus de trois cents ennemis tués, leurs camps détruits, leurs femmes et leurs enfans prisonniers, leurs troupeaux enlevés, tels furent les résultats de ce rapide coup de main, dont le succès ne fut acheté que par des pertes minimes..

Ce mouvement agressif des Garabats, qu'ils payèrent si cher, n'était que l'avant-coureur d'une action générale contre la division d'Oran. Le 25 mai plusieurs tribus, obéissant au nouveau bey de la province, à l'actif Abdel-Kader qui était devenu chef de la ville de Mascara à la fin de l'année 1832, vinrent, au nombre de 9000 cavaliers et 1000 fantassins, établir deux camps à trois lieues d'Oran. Ainsi menacé,

le général Desmichels fit jeter, le. 26, en avant de la place les fondations d'un blockhaus destiné à couvrir les fortifications non encore achevées. Le 27 au matin, les Arabes se portèrent en deux colonnes contre la villeet contre le blockhaus. Un combat acharné s'engagea. Pendant long-temps, leur cavalerie ne cessa de charger et d'être repoussée par le feu parfaitement nourri et dirigé des tirailleurs et de l'artillerie; ce ne fut cependant qu'à trois heures de l'aprèsmidi, et lorsqu'il avait eu plus de 800 hommes blessés ou tués, que l'ennemi se décida à la retraite, sans avoir pu même interrompre les travaux du blockhaus. Quelques nouvelles attaques tentées les jours suivans n'ayant pas eu plus de succès, les Arabes découragés levèrent précipitamment leurs camps dans la nuit du 31 mai au 1 juin, et disparurent. Ces glorieuses journées n'avaient coûté à la garnison que deux morts et une trentaine de blessés. Elle ne tarda pas à recueillir les fruits de son intrépidité. Les tribus amies, resserrèrent leur alliance et multiplièrent leurs relations pacifiques; plusieurs tribus ennemies firent acte de soumission, et les Garabats eux-mêmes, auxquels le général en chef avait renvoyé leurs femmes et leurs enfans, entrèrent en négociation.

Cet état de choses et l'achèvement des fortifications de la place permirent au général Desmichels d'entreprendre une expédition préparée depuis long-temps conformément aux instructions du ministre de la guerre. Entre Alger et Oran, à douze lieues de cette dernière ville, est situé le port d'Arzew: c'était par ce port que les Kabaïles recevaient des munitions et des armes et qu'ils écoulaient leurs produits, qu'ils ne voulaient pas vendre aux Français. Un autre motif avait encore appelé l'attention sur le port d'Arzew; son occupation devait faciliter l'attaque de l'importante ville de Mostaganem,

placée dans le voisinage. La prise drzew fut donc résolue;

elle s'opéra sans résistance : le 5 juin, le général Desmichels l'ayant fait investir par terre et par mer, y entra le jour

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même: il s'y établit, s'y fortifia et en assura la possession aux Français sans que les tribus voisines eussent essayé sérieusement de s'y opposer; quelques unes même entamèrent immé diatement des relations amicales avec la garnison.

L'occupation d'Arzew n'était, comme nous venons de le dire, qu'un pas vers la conquête de Mostaganem. Cette ville était tenue au nom des Français par une garnison turque, mais ces Turcs semblaient suspects et disposés à livrer la place à Abdel-Kader. Le général Desmichels agit de manière à prévenir cette trahison. Ayant fait secrètement les préparatifs de l'expédition, il s'embarqua avec 1400 hommes sur une flottille que guidait la frégate la Victoire, commandée par M. de Perceval. Son projet était de débarquer sur la plage même de Mostaganem, mais les vents n'étant pas favorables il pritterre le 27 juillet à cinq heures de marche de la ville. Il l'occupa le lendemain, après avoir triomphé d'une vive résistance que lui opposèrent des Arabes embusqués derrière les murs et dans les jardins d'un village. La garnison turque prise au dépourvu protesta de son dévouement et fut admise à faire le service de la place concurremment avec les Français. Tout en prenant les plus sages mesures afin de ne pas blesser la population de la ville, qui n'avait pas encore vu l'uniforme, français, le général ne négligeait rien pour se fortifier à la hâte dans sa position: il n'avait pas de temps à perdre. Dès le 29, l'ennemi se présenta avec résolution; interrompues le 30, les attaques recommencèrent le 31 avec la plus grande énergie, et bien qu'ils fussent repoussés dans toutes leurs tentatives avec des pertes considérables, les Arabes les renouvelèrent encore le 1er août. Ces combats acharnés n'étaient cependant que les préludes d'affaires plus sérieuses, et le courage de la faible garnison qu'avait laissée le général Desmichels en retournant le 2 août à Oran, allait être mis aux plus rudes épreuves. Irrité de se voir en lever une ville qu'il considérait depuis long-temps comme lui, Abdel-Kader avait fait un appel à toutes les tribus et les

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avait lancées en masse sur Mostaganem. Du 3 au 9 août, les Arabes, revenant toujours à l'attaque quoique toujours inutilement, ne cessèrent de se précipiter avec rage contre les fortifications encore incomplètes; mais enfin lassées par la constance inébranlable et par l'intrépidité héroïque des Français qui, craignant de manquer de munitions, avaient combattu autant que possible à l'arme Blanche; les tribus se retirèrent, après avoir essuyé des pertes énormes. Cette série de victoires, auxquelles la marine avait puissamment contribué, rendit définitive la possession de la ville de Mostaganem entre les mains des Français.

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Ces brillans faits d'armes, qui par l'occupation de points importans entre Alger et Oran ont assuré la conquête de toutes les côtes occidentales de la régence, ne sont pas les seuls que la division d'Oran ait exécutés. Au moment même. où la garnison de Mostaganem se couvrait de gloire, le général · Desmichels, pour opérer une diversion et pour punir les Smélichs qui contrairement à la foi jurée avaient répondu les premiers à l'appel d'Abdel-Kader, détachait le colonel l'Etang contre leurs camps. L'expédition réussit à souhait, mais au retour les-Arabes, exáspérés de la destruction de leurs tentes, de l'enlèvement de leurs femmes, de leurs enfans et de leurs troupeaux, chargèrent avec fureur. Accablée de soif et de fatigue, harcelée par 'des ennemis infiniment supérieurs en nombre, la petite colonne malgré son calme et son courage semblait presque compromise, lorsque le général Desmichels, sorti d'Oran au bruit du canon, vint la dégager et mettre les Arabes en déroute.

Le mauvais succès de toutes ces démonstrations et le châtiment infaillible qui les suivait étaient des leçons dont la plupart des tribus profitaient, et chaque victoire remportée par les Français amenait de nombreux actes de soumission. Cependant d'autres tribus s'associaient encore aux sentimens hostiles de l'infatigable Abdel-Kader, et la division d'Oran eut à combattre pendant tout le cours de l'année. Leiro oc

tobre, le général Desmischels ayant conduit les membres de la commission d'enquête sur les bords du lac de Sebgha, y avait été attaqué par Abdel-Kader à la tête de 4000 cavaliers, et le 2 décembre, 6000 hommes sous les ordres de ce même chef, avaient encore chargé une colonne française quf revenait à Oran après une expédition contre les DouairesZéméla. Le bey arabe avait été complétement défait dans ces deux rencontres, dont la dernière ne se termina qu'après huit heures de combat.

Tels sont les événemens qui se passaient à l'ouest d'Alger; les provinces de l'est étaient le théâtre de scènes pareilles, et comme la division d'Oran, la division de Bone trouvait de fréquentes occasions de gloire qu'elle ne laissait pas échapper. Ici elle avait dans le bey de Constantine un autre Abdel-Kader, et les tribus ennemies opprimaient et pillaient aussi les tribus soumises, dont les Français se constituaient les protecteurs et les vengeurs.

Les tentes des Oulet-d'Atia, plantées à cinq lieues 'de Bone, recélaient les produits des brigandages et des rapines de plusieurs tribus, et semblaient le quartier-général des maraudeurs. Le 21 avril le général d'Uzer, commandant de Bone, marcha contre elles, les surprit, les enleva, et; ayant réussi malgré les longs efforts des Arabes à ramener dans la ville les troupeaux nombreux dont il s'était emparé, il les partagea entre les tribus qui avaient été dépouillées, et renvoya le surplus aux Oulet-d'Atia. Cet acte de vigueur et de justice valut à la faible garnison de Bone quelques mois de repos, qu'interrompit seulement une vaine démonstration ordonnée par le bey de Constantine; mais au mois de tembre le général d'Uzer fut obligé de diriger contre des tribus belliqueuses, campées sur les bords de la Mafray, une expédition pareille à celle qu'il avait faite contre les Oulct-.. d'Atia. Menée avec non moins d'habileté et exécutée avec le même courage, elle n'eut pas moins de succès que la première. Cependant l'occupation du port de Bougie, situé entre

sep

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