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Bone et Alger, était désirée par les Français pour les mêmes considérations qui les avaient décidés à tenter la conquête de Mostaganem. Mais la résistance du chef de nos ennemis dans l'est, le bey de Constantine, qui se verrait ainsi attaqué au cœur même de ses possessions, semblant devoir être plus vive encore que celle du bey de Mascara sous les murs de Mostaganem, l'expédition contre Bone exigeait un certain appa reil, auquel les ressources de l'armée d'Afrique ne pouvaient suffire, et les dispositions en avaient été faites dans les ports de France.

Le 22 septembre Toalon vit sortir une flottille, sous les ordres du capitaine Parseval-Deschênes, composée d'une frégate', de quelques corvettes, de plusieurs bricks, d'une quinzaine de bâtimens de transport, et portant dix-huit cents hommes commandés par le général Trézel. Arrivée le 29 devant la plage de Bougie, elle fut reçue à coups de canon: le feu supérieur des bâtimens eat bientôt éteint celui de l'ennemi, et le débarquement s'effectua. Favorisés par un terrain singulièrement approprié à leur tactique, embusqués dans des bois, dans des jardins, dans des ravins, sur des hauteurs dont la ville était parsemée, les Arabes résistèrent avec une valeur opiniâtre. Sept jours d'efforts acharnés suffirent à peine pour les chasser de la place qu'on eut à conquérir pied à pied, maison par maison, jardin par jardin. Il fallut tout le courage et toute la constance de nos soldats et de nos marins réunis, pour triompher des obstacles que leur opposaient les hommes et les choses. Enfin le 6 octobre, Bougie était purgée de tous les ennemis, et, mise sur un bon pied de défense, elle n'avait plus guère à craindre de les y voir rentrer. Campés cependant sur les hautes montagnes qui dominent la ville, ils ne cessaient de menacer et d'inquiéter par leur présence; on résolut qu'ils en seraient chassés. Le 12, ces positions presque inaccessibles, où l'ennemi se croyait hors de toute atteinte, furent abordées et enlevées à la baïonnette ; les Arabes frappés de stupeur s'enfuirent

dans une épouvante telle qu'ils brûlèrent un de leurs principaux camps, situé bien loin de là au milieu des terres. Remis néanmoins de leur consternation et stimulés par le bey de Constantine, ils reparurent le 1o novembre devant Bougie; mais la ville, dont les fortifications étaient déjà presque entièrement achevées, pouvait alors en quelque sorte se défendre d'elle-même contre de pareils ennemis; aussi leur fureur vint-elle se briser contre les blockaus et les murailles. Cette attaque fut la dernière, et au mois de décembre, les Arabes des plaines, loin de contester aux Français la possession de la ville, commençaient à entrer avec eux en relations d'amitié et de commerce; les montagnards seuls faisaient encore de rares et lointaines démonstrations d'hostilité.

Cette conquête, achetée malheureusement par des pertes assez considérables, devait, indépendamment du vif éclat qu'elle a jeté sur nos armes, avoir des résultats d'une haute importance. Elle assurait, la possession du littoral de l'est comme la prise de Mostaganem assurait celle des côtes de l'ouest, et promettait de contribuer puissamment à la pacification de la province de Bone. En effet, depuis l'occupation de Bougie, la division de Bone n'eut plus à prendre les armes et le général d'Uzer put se consacrer tout entier à des travaux de colonisation et à des oeuvres de civilisation, En.résumé, grâce à la fermeté, au courage, à la justice de nos troupes et de leurs chefs, la domination fançaise sur le territoire algérien s'est matériellement étendue et moralement consolidée pendant l'année 1833.

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Triomphantes au nord de l'Afrique, les armes françaises recueillaient aussi quelque gloire sur les côtes occidentales de la même contrée. Des hostilités avaient éclaté au Sénégal entre les Français et les Maures Trazas et les negres Yoloffs. Cette guerre donna lieu à une brillante et rapide expédition, · dirigée au mois de décembre contre les ennemis.

A Cayenne une altercation entre un blanc et un homme de couleur libre avait été suivie de quelques désordres et de

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quelques provocations entre les jeunes blancs et la jeunesse de couleur, mais l'agitation s'était promptement calmée sans amener de conflits.

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Il n'en avait malheureusement pas été de même à la Martinique ; une cause pareille y avait produit des conséquences grayes. Au mois d'août, une tentative d'assassinat avait été faite, contre un blanc, à la suite d'une querelle qu'il avait eue avec des hommes libres de couleur. Les révélations d'un homme de couleur traduit en justice comme coupable de cet assassinat, en compromirent d'autres qui s'échappèrent et provoquèrent tous ceux de leur caste à se soulever contre les blancs. Une fermentation sourde régnait depuis long-temps parmi les hommes de couleur habitant le quartier de la Grande-Anse, et quelques quartiers voisins, aussi les efforts des mécontens pour les insurger eurent-ils un plein succès. Réunis en armes au nombre d'environ trois cents, ils ils se proclamèrent en révolte à la fin du mois de décembre, ravagerent plusieurs habitations et appelerent les noirs à conquérir leur liberté et à massacrer les blancs, Cette insurrection, qui prenait ainsi tout d'abord un caractère alarmant; tomba d'elle-même, lorsque ces premiers excès eurent été commis. Les hommes de couleur n'ayant point trouvé de sympathie dans la population noire, se dispersèrent spontanément, après trois jours de dévastations, ou se soumirent sans résistance à la force armée. La circonstance la plus remarquable de cette échauffourée, qui n'amena point d'effusion de sang et où quelques fortunes privées furent seules atteintes, est la conduite unanime des noirs. Non-seulement ils ne répondirent pas à l'appel insurrectionnel qui leur fut fait, mais ils s'opposèrent de tout leur pouvoir à la horde dévastatrice, dérobant leurs maîtres à sa fureur, cachant les meubles précieux, éteignant les incendies allumés, et s'efforçant de conserver saines et sauves les habitations que les blancs avaient abandonnées.

Ici s'arrête pour cette année notre tâche d'historien à

l'égard de la France. Au total, cette année, dans l'intérieur, s'est écoulée sans désordres graves : cependant la sécurité ne pouvait pas être.complète. Des causes de perturbation s'étaient révélées: leur existence, qui était une menace perpétuelle pour l'ordre de choses établi, avait dû éveiller la solicitude du gouvernement; nous le verrons, par différentes lois proposées en 1834, attaquer les positions que ses adversaires avaient prises dans les associations, dans les coalitions et au sein de la presse. Il y avait donc dans la tranquillité présente des germes de luttes futures.

Quant à la situation des affaires extérieures, quoique moins périlleuse, elle n'était pas non plus sans difficultés, surtout depuis que les affaires de l'Espagne avaient obligé la France à former un corps d'observation de vingt-cinq mille hommes sur sa frontière du midi.

C'était dans ces circonstances douteuses que l'année se terminait au moment où les Chambres, convoquées par une ordonnance royale pour le 23 décembre, venaient de commencer une session qui sera moins calme que la dernière.

DEUXIÈME PARTIE:

HISTOIRE ÉTRANGÈRE.

CHAPITRE PREMIER.

HOLLANDE ET BELGIQUE. Reprise des négociations à Londres entre la France et l'Angleterre d'une part, et la Hollande de l'autre. - Projet de convention préliminaire proposé par la France et l'Angleterre. — Contre-projet de la Hollande. Objections des deux puissances.—Nouveau projet.-Nouveau contre-projet.Il est repoussé. - Explications de la Hollande. Elle envoie un nouveau négociateur à Londres. Propositions présentées par lui. Objections des deux puissances. — Note du négociateur hollandais. Réponse à cette note. Budget de

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la Hollande pour 1833.-Discussion du budget de la guerre en Belgique. - Echec pour le ministère. Dissolution de la Chambre des représen tans. – Troubles dans plusieurs villes.—Suite des négociations à Londres. Convention du 21 mai. - Ouverture des Chambres en Belgique. Discussion de l'adresse dans la Chambre des représentans. Clôture de la session des États-généraux de Hollande. Reprise des négociations à Londres pour un traité de séparation définitif, Naissance d'un prince royal en Belgique. Loi sur l'extradition. Discussion du budget pour 1833. Débats sur l'instruction publique.—Suite des négociations Elles sont indéfiniment ajournées. Ouverture de la session des États-généraux de Hollande. Présentation dufbudget pour 1834. -Adresse des Etats en réponse au discours du roi. — Ouverture des Chambres de Belgique. — Présentation du budget de 1834. tion de Zonhoven. Discussion du budget en Hollande.

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La conférence de Londres état dissoute depuis le 1 octobre 1852; mais son œuvre, le traité du 15 novembre, subsistait et avait puisé une nouvelle vie dans la résolution prise par la France et l'Angleterre de recourir à la for pour l'exécuter, du moins en partie. Ces deux puissances avaient annoncé que la délivrance de la citadelle

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