INSCRIPTIONS SANSCRITES DU CAMBODGE. l'empereur de la Chine cette ambassade de 616 dont Abel Rémusat a retrouvé le souvenir1. L'alphabet dans lequel sont écrites cette inscription et la suivante est de tous, sinon le plus archaïque, du moins celui qui reproduit le plus fidèlement un prototype hindou déterminé. Comme l'a fort bien vu M. Kern, à qui appartient l'honneur d'avoir fondé l'étude de l'épigraphie cambodgienne, il rappelle exactement celui des plus vieilles inscriptions du temple de Papanatha à Paṭṭadakal, dans le Dékhan occidental 2. La ressemblance est même telle, qu'elle s'expliquerait difficilement par l'hypothèse d'une dérivation plus ou moins lointaine, et qu'il faut conclure à une transmission directe. Le type de ces caractères a certainement été porté du Dékhan au Cambodge à une époque rapprochée de celle où nos inscriptions I et II ont été écrites. Le travail même, dirait-on, a ici quelque chose d'hindou. Il est exécuté d'une main sûre et hardie; mais il n'a rien de la parfaite régularité, du fini et de l'élégance qui distinguent la plupart des produits de l'épigraphie cambodgienne. L'ouvrier ne s'est donné la peine ni de bien préparer la surface de la pierre, ni de calibrer exactement ses lettres, en cela imitant ses confrères de l'Inde qui, tout en laissant de très beaux spécimens d'écriture lapidaire, ne paraissent guère s'être doutés qu'une inscription, même d'une certaine étendue, peut servir de motif décoratif. Le signe marquant la fin du çloka, ici une double barre verticale légèrement fléchie, n'est employé ou n'a subsisté qu'après A, 4-8, où on le trouvera reproduit dans la transcription. Par contre, un autre signe, une sorte de volute qui ne paraît destinée ici qu'à remplir l'espace laissé libre par une ligne plus courte que les autres, se rencontre fréquemment : A, 2, 3, 19, 21, 28 à la fin d'un çloka; 6, 14, 17, 18 après la demi-strophe; 7 et 22 à la fin d'un simple 1 Nouveaux Mélanges asiatiques, I, p. 77. 2 Voir les fac-similés dans Archeological Survey of Western India, III, pl. LXV, et Indian Antiquary, X, p. 170. D'après M. Burgess, le temple serait du v° siècle; M. Fleet estime que les inscriptions sont du vi, supposition ainsi confirmée à son tour par les données cambodgiennes. pāda. Dans la transcription, ce signe est figuré par un O. De plus, j'avertis ici, une fois pour toutes, que le groupe nd de la transcription, représente partout, non seulement dans cette inscription, mais aussi dans les inscriptions suivantes, un original nd. Dans les cas, au contraire, où le d n'est pas déterminé par la consonne précédente, bien que l'orthographe par la dentale soit également constante, la correction sera indiquée en note. mūrddhnā gangām babhara yaḥ patir āsīn mahībhṛitām tungo merur ivaparaḥ O m āsannai ravinā7 saha || r yyaçobhir iva yo dicaḥ 5 Lire matangajan. * Lire karāpīta-. + transcrit le jihvāmūlīya. 7 Lire raviņā. La ligne médiane du k est prolongée au-dessous de la ligne, de façon à le faire. ressembler à ku. • Lire nīkai-. INSCRIPTIONS SANSCRITES DU CAMBODGE INSCRIPTIONS SANSCRITES DU CAMBODGE. 11. yeneyad aidavancyānām1 yad eshām avadhir bhūme12. çaktyāpi pūrvvam vijitā prabhutve kshamayā yena 13. yasyākṛishṭā × prabhāvena rājaçriyam upādāya 14. pareṇākrānlā pūrvveya ajitvambhodhiparyyantā— 15. avapya shodaça 3 kalā— asamkhyā api yo labdhvā 16. nāsti sarvvaguna + kaçci-yenāsiddhikṛitam idam 17. tasya rājādhirājasya gāṇakāntyādibhir yyoga18. rāgan dadhati bhūpānāyasya padanakheshy eva19. caivam padaṁ gate rājñi muñcanti yugapad vāshpe 20. tamovighātavikshobha— 6 yas tu çantam anāvādha21. nave vayasi vṛittasya citrīyate kumārasya maryyādālanghanam kṛitam v ityādiçriyam uttamām m aptam yena kadācana yānānyābharaṇāni9 vā 5 Lire cūḍā°. Du groupe ñcũ, la voyelle seule est restée distincte. Au 5° caractère, ta, la pierre a éclaté sous le ciseau, et il s'est formé un trou. 26. prāṇair asāralaghubbisvaminorthe gurustheya27. lakshmyā gādhopagūḍhopi muninām caritan dhatte 28. suprakāçitaçauryyasya bhirutvam yasya vikhyata29. priṇayann apy udāsinā–5 pakshadvayam yo mitratva30. kalinā valinā dharmmo mahāstambham ivālamvya 31. açāçvatity anādṛitya yaça punyamayim eva 32. idam ugrapurädhīçapratishṭhāpitavān atra 33. dasagokshetrahemādi pramāṇam iba te santu 34. vāndhavā yajamānasya devasvan nopabhuñjira— 35. yad dattam asmai devāya ye narā hartum icchanti r1 bhartṛipinḍavivarddhitaiḥ +kretum aihata yo yacaḥ pūrvvābbyāsabhalena2 yaḥ kshamāsamaparāyanaḥ3 samgrāmatyāgayor api m akīrtter vṛijinād api ○ n upakurvvan dvishām api m anayad guṇasampadā bhagnaikacaranopi yam catushpad iva susthitaḥ 6 tanuçriyam ivātmanaḥ yas sthiram bahv amanyata s subhaktyā lingam aiçvaram çribhadreçvarasamjñakam devadravyam açeshataḥ yatayo devayājakāḥ putrās samvandhinopi ca n na pramāṇībhavanti ca yajamānena bhaktitaḥ te yantu nirayañ ciram INSCRIPTIONS SANSCRITES DU CAMBODGE. pratāpaç çaradāgame pushpaketor anangatām m açeshāñ jetum icchati TRADUCTION. A 1. La victoire est au (dieu) qui porte la lune à son diadème 9; qui, sur sa tête, reçut la Gangā, dont les flots, dans leur fuite oblique sous le regard courroucé d'Umă, lui formaient comme une guirlande de liane immaculée. 2. Le roi çri-Bhavavarman fut le maître des protecteurs de la terre, héros magnanime et invincible, sublime comme un autre Meru. 3. Né dans la race de Soma, comme (l'éclat de) Soma (brille) dans l'Océan, son courage, à lui, en quelque sorte flamboie dans la bataille des braves 10. |