INSCRIPTIONS SANSCRITES CAMPA. propre de L'écriture du n° 5 est également très soignée, comme le sont du reste toutes les écritures postérieures. Elle est notablement différente, non seulement par l'aspect général, mais par la forme de plusieurs caractères, ce qui ne peut surprendre à un intervalle de trois quarts de siècle !. Le prolongement du k est supprimé, et cette fois, pour toujours. Pour toujours aussi le r, non seulement cesse d'être prolongé, mais redevient simple. Plus de trait double non plus pour l'u. Le s, par l'effet continu d'une tendance qui s'accusait déjà sur les inscriptions précédentes, a pris à peu près sa forme définitive composée de deux jambages indépendants et presque parallèles. C'est, avec la forme déjà signalée du t, une des caractéristiques de l'écriture Campā. Le l prend à peu près la forme qu'il a gardée au Cambodge, mais commence à se rompre quelquefois par le milieu : cette rupture est devenue de règle plus tard. Leņ n’a gardé de son double trait intérieur que la légère ondulation du bas, laquelle se réduira elle-même plus tard à un petit trait vertical : en revanche les deux traits extérieurs sont composés chacun d'une courbe double. Le sh s'est aussi désarticulé et, de plus, il s'est augmenté à droite d'un troisième trait vertical, qui d'ailleurs, dans notre n° 5, est encore quelquefois omis. Le bh s'est considérablement rétréci. Enfin, le v montre déjà une tendance à s'ouvrir à droite, qui n'a produit tout son effet que beaucoup plus tard 2. La plupart de ces observations sont applicables au n° 6, où il faut relever, en outre, la forme du ç. Ce n'est pas encore, tant s'en faut, la forme si caractéristique que la lettre a prise à Campā:: mais c'en est déjà une préparation. La lettre, avant de s'ouvrir par le haut, s'est d'abord fermée par le bas. C'est ce que nous observons dans notre n° 6, où le point médial devient un arc qui rejoint à peu près les deux extrémités de l'arc enveloppant. Pour la correction, toutes ces inscriptions se valent à peu près, et valent les précédentes. Signalons pourtant le barbarisme (garanti par 1 Vous rappelons que le n° XXIV est daté de 773 caka. - ' Voir Journal asiatique, . janvier 1888, p. 22. 3 Voir le n° XXXI. INSCRIPTIONS SANSCRITES DE CAMPA. le mètre) mimāinsa, dans le n° 5 (ligne 6). On retrouve dans le n° 4 (ligne 1-2) la forme makuta déjà signalée'. Le v remplace le b dans les mots amvaja, vimva, lamva, lignes 12 , 13 et 14 du n° 2; amvara, amvu, lignes 3, 6 et 10 du n° 5; kamvuja, lignes 8 et 9 du n° 6. On trouve n pour ņ dans la forme sarvvāny, no 3, et inversement ì pour n dans bhāginyāḥ, ligne 16 du n° 2. 1 I. (1). yenorvvisakalādbirājyam asamam la(2)bdhvă pură çrimatā çrīçambhor mmukhalingam ujvalanibham2 sa(3)rvvopabhogānvitam vikhyāto nripatir vvicitrasagaro dámnā sa rājā(5)dhikaḥ || II. deviçānanalingam anyapurajaiḥ pretātikashțăça(6)nai r bhbhīmābhair atikrishộarūkshapurushaiḥ kālograpāpātma(7) kaiḥ (8)r ddaityaughair iva sāyudhais surapuran dagdhan tad etais tadā || III. tan nā(9)çam sabhațas savirapurushaç çrīsatyavarmmā nộipa ç çrutvā tān udadhau (10) supotasahitaḥ pāpātmakān durjjanān tallinge nidhanan gate narapatiç ço(12)can bhaved“ vyākulaḥ || IV. devendrānumatādhirājyaparamaç çrīsatyavarmme(13)ti yaḥ koçam sānanam aditulyavibhavam saqribhanärivapuh r vvijñeyas sa nsipo vicitrasa(15)garo bhūmau tadanyo na cet || ( 5 fixer les idées : chage hastiripau. La diph· Lisez ujjvala tongue au paraît sûre, mais la consonne : Le présent avec pură, pour du même groupe est très douteuse. * • L'optatif pour le passé. Cf. p. 184. • Les cinq groupes, avec cha, doivent ? La finale ye parait sûre; probablement former deux noms de signes du zodiaque, quelque formule ayant le sens de punyal'un et l'autre au locatif. Supposons, pour vriddhaye, par exemple punyarddhaye. '. 1 3 le passé. * Lisez -dupo. 5 I. Le roi fortuné nommé Vicitrasagara, qui, souverain sans pareil de la terre entière, érigea autrefois sur le sol, dans le pays de Kauthāra, le mukhalinga? de CriÇambhu, brillant comme l'or? et délivrant le monde de tout ce qui est fait de lamas 3, - en y joignant toutes les choses à son usage, — ce roi était le plus grand des rois. à II. Ce linga du Maître de la déesse“, orné de la tête du dieu, quand l'année de l'ère çaka eût atteint les koça5, neuf et les saisons , fut dérobé par des hommes nés dans d'autres villes, vivant d'aliments plus horribles encore que les cadavres ?, effrayants, extrêmement noirs et maigres, terribles et méchants comme la mort, venus sur des pavires, et cette demeure du dieu & fut brûlée par eux, telle que la ville des dieux si elle était brûlée par les troupes des Daityas en armes. III. Informé de cetle ruine, le roi Cri-Satyavarman, avec ses soldats, avec ses officiers et sa police, poursuivit sur de bons navires et battit en mer les méchants à l'âme criminelle. Mais, déplorant la perte de la tête de Çiva, qu'ils avaient emportée sur leurs navires, et qui fut submergée avec toutes ses richesses, et la destruction du lingao du dieu, le roi était profondément affligé. IV. Le roi nommé Satyavarman, qui, aspirant à la royauté suprême abandonnée au roi des dieux 10, et se proposant de gagner la faveur du vénérable Seigneur des dieux", fut capable de reconstruire ce sanctuairel?, avec l'image du dieu, avec les Linga orné de la tête du dieu., Voir ordinaire d'atikashța est plus qu'horrible, ci-dessus, p. 245. très horrible ». A. B. Ou bien, simplement, « d'aspect bril « Cette » parce que l'érection du linga, lant». mentionnée dans la stance précédente, 3 D'« obscurité », l'une des trois qualités implique celle d'un temple renfermant le des êtres créés. linga. Ici, toutefois, le linga « dérobé » (cf. * Plutôt «d'Iça et de Devi». L'expli- stance 11) doit être distingué du temple cation juste de ces vocables est indiquée, « brûlés. puis abandonnée, plus loin, p. 257, note 1. C'est-à-dire du temple où était adoré Toutes ces idoles sont des ardhanārīs. A. B. • le linga. Cf. la stance précédente. • Le mot koça semble représenter le Abandonnée par les dieux mêmes à chiffre 6. Voir ci-dessus, p. 245. . Indra. Çiva. koça, en quelque sorte le « fourreau » vampires. Eux sont des anthropophages, du linga? Il ne semble pas probable que qui mangent leurs propres victimes. Cf. la le mot désigne seulement le « trésor, du seconde inscription, ci-après, p. 256. temple. Cf. la seconde inscription, st. II. L'explication est un peu cherchée. Le sens - Je crois en effet que, dans aucun des 1 8 5 10 6 11 7 12 1 INSCRIPTIONS SANSCRITES DE CAMPÅ. images de son épouse et du vénérable éléphant?, en lui donnant une richesse d'autre sur la terre. gnifie pas 2 D trois passages où ce mot revient d'une façon analogue (XXII, A, Ix; ici et XXVI, 2, 11), il ne signifie « trésor ». Mais il ne si davantage « sanctuaire », comme on le voit par XXII, A, ix, où il est question d'un koça « mobile », c'est-à-dire portatif (l'emploi, dans ce passage, de sthāpita exclut à lui seul le sens de « trésor » admis dans la traduction), et par une inscription népalaise (chez Bendall, A Journey in Nepal, p. 85, 1. 22-23), où le koça est nettement distingué du temple, devālaya. Le koça pouvait être richement décoré; celui du Népal est ratnamandita, et, en rapprochant l'un de l'autre nos trois passages, on voit qu'il pouvait avoir un « visage » (mukha, anana), comme le linga même et, probablement, aussi les attributs de la çakti femelle. D'autre part, nous ne savons absolument rien d'une enveloppe du linga à laquelle pourrait convenir la désignation de koça, laquelle convient au contraire parfaitement au linga même, où Çiva réside comme l'âme réside dans le koça du corps. Je crois donc ou bien que koca (et XXVI, 2, 11, lingakoçu) est synonyme de linga, ou que, suivant une autre de ses acceptions, il désigne la base d'une image, ici le symbole de la yoni, duquel le linga sort comme la fleur sort de son calice, koça. A.B. Ou plutôt du dieu à tète d'éléphant, Gaņeça ? Je ne vois pas d'autre manière de traduire les termes, assez impropres, TOME XXVII, 1" partie. à ce qu'il semble, ibha et nāri. Ibha n'entre pas dans le composé, qui signifie « avec un corps de femme semblable à Çri» ou a brillant de beauté ». L'idole était une ardhanāri. A. B. ? Pour un nouveau Vicitrasagara, puisqu'il a reproduit son æuvre. Cf. la seconde inscription, ligne 1o. 3 C'est-à-dire en l'an 706 de l'ère çaka. Les données de cette date ne se vérifient que si on donne å koça la valeur 3, soit pour l'année 703 révolue de l'ère çaka. La date correspond alors au 5 avril (vieux style) ou 9 avril (nouveau style) 781 de notre ère, lequel était un jeudi. A. B. * Le chiffre 7. En d'autres termes, le 7* jour lunaire. • Le jour, et non la nuit. Dans la partie de ce jour lunaire coincidant avec le jour solaire qui, en tant que jour de la semaine, est consacré à la planète Jupiter, – donc un jeudi. ? On ne voit pas comment les nominatifs des noms de planètes étaient construits dans la phrase. Ils l'étaient peut-être très librement. Voir p. 254, note 4. Une construction toute semblable, avec un ajasū. ryyo comme pendant au dvandvodlupo de la présente stance, se trouve dans l'inscription du Cambodge no XII, p. 74. Cf. aussi XI, p. 68, et XIII, p. 76. A. B. Le naud descendant. 6 . 8 33 UPRINERIE NATIONALE. : bélier?, le fils de la terre et le guru des dieux 3 dans le ..., la lune dans les gémeaux “, celui qui n'avance pas 5 et Bhrigu dans le poisson , il a érigé. .....? INSCRIPTIONS 7 I. (1) kritā vicitreņa purā mukhalingasya (2) nāmatah çrisatyamukbalingasya sthāpanā satyavarmmanā (3) çrisatyavarmmācyutasatyavarumā prāsthāpayat sadguṇakarmmaçuddhyā || 1 n'avance pas », 2 3 avec On peut encore lire chá- (chāge). D'ailleurs le soleil, pendant le mois lunaire de Vaicākba qui est à cheval sur les mois solaires de Vaicāhha et de Jyeshțla, ne peut être que dans le Bélier ou dans le Taureau, et on verra, note 13, que, d'après la position de la lune, il ne peut être encore dans le Taureau. Mangala, c'est-à-dire Mars. Brihaspati ou Jupiter. - Le mot aga (la leçon go parait à peu près sûre) ne peut désigner que Saturne, appelé d'ordinaire, non pas « celui qui », mais a celui qui avance lentement », çanaiccara. Le sens de « soleil » a été, il est vrai, si étrange que la chose doive paraître, attribué à ce mot, et on pourrait chercher plus haut, dans le composé ketvarkkacandrātmajāḥ, en faisant dépendre de ātmaja le mot arka aussi bien que le mot candra, un nom de Saturne : « le fils du soleil ». Par rapport à la position de la lune, le soleil pourrait être en effet, Bhộigu ou Vénus, dans les Poissons. Mais, dans aucun système connu, le mois solaire de Vaicākba, et à plus forte raison le mois lunaire du même nom, ne peut correspondre au signe des Poissons. * La planète Vénus. Il a érigé ce temple, probablement pour accroître ses mérites. Voir la note 7 du texte. & Absence de samdhi. Le mot kadava se trouve également avant kaluça dans l'inscription XXIII, face B, ligne 13. 7 9 |