1-4 ne donnent que des mots sans relation assignable. Un nom propre ou une portion de nom propre apparaît dans le çri-Çridhară de 4. Tout ce qu'on voit par la strophe suivante, c'est que 1-4 comprenaient, outre l'invocation, la mention de deux rois. 5. Serviteur de ces deux [rois] et, grâce à ses mérites, le pur océan (où venaient affluer) leurs faveurs". .e. 6. [De la faveur] du premier, [il reçut] un parasol à pointe d'or 5 7. Cette épaisse forêt même, fréquentée par des tigres et autres (bêtes féroces) o, 8. Chef de Pasenga, [il érigea] un linga du Seigneur. 9. [De la faveur] du second, [il reçut] une aiguière et une coupe d'or”. . . . 12. Ferme dans le devoir, marchant en tête des connaisseurs du devoir... [il érigea] une image de Trailokyasāra... INSCRIPTIONS SANSCRITES DU CAMBODGE. INSCRIPTIONS SANSCRITES DU CAMBODGE. de la faveur de ses maîtres donne la science. qui possédait la science et la paix que 14. Et celui qui [viendrait à ravir] ce qui a été donné . . quil soit plongé dans l'enfer jusqu'au jour de la destruction des êtres mobiles et immobiles. Une seule ligne, consistant en une strophe trishṭubh d'une des variétés dites Upajāti3, séparée en ses pādas. Phnom Banteai Neang, d'où provient l'inscription, est un bloc de roche calcaire de 50 mètres de haut, qui s'élève à 4 kilomètres au sud d'Angkor Baurey « la ville royale ». Cette dernière localité, qui est le centre d'un grand commerce de cire, est placée par M. Aymonier à deux jours de marche à l'ouest de Battambang, le chef-lieu 4 de la province siamoise du même nom1. L'inscription est gravée sur un socle en pierre, sans doute la base du linga dont elle relate l'érection et qui a disparu. Le linga consacré à Çiva Tryambaka fut érigé et doté sur les dépouilles prises à l'ennemi par ce même roi Bhavavarman2 dont nous avons déjà trouvé des inscriptions sur les rives du bas Mekong, que nous retrouvons ici à plusieurs journées de marche à l'ouest du grand lac et que nous rencontrerons encore bien loin dans le nord. Le document confirme donc le témoignage des annales chinoises qui nous apprennent que, vers cette époque, le royaume de Cambodge avait soumis les États voisins 3. Le langage de l'inscription, bref et fier, est bien celui qui convient à un conquérant. Les caractères sont superbes, d'un beau cachet monumental, à la fois solides et élégants. Ils diffèrent de ceux de I et II non seulement par l'exécution, qui est ici parfaite, mais aussi par certains détails du tracé, notamment par le développement dans le sens vertical de plusieurs lettres, qui produit, avec leur exact alignement dans le sens horizontal, un contraste du plus heureux effet. On remarquera surtout, sous ce rapport, la forme du k, celle de l'l au troisième pāda et celle de l'r qui dépasse de beaucoup le bas de la ligne. Le a 4 sentit à én détacher l'un ou l'autre et à le 3 Voir A. Rémusat, Nouveaux Mélanges INSCRIPTIONS SANSCRITES DU CAMBODGE. INSCRIPTIONS SANSCRITES DU CAMBODGE. conservé ici une forme moins épanouie, assez semblable à celle qu'il a d'ordinaire quand il est souscrit, et qui donne à la syllabe na l'aspect de no. Pour la façon dont le signe de l'o est replié dans lo au deuxième pāda comparer V, 5, c, et IX, A, 1, d. çarāsanodyogajitārthadānai–1 traiyambakam lingam idam nṛipena niveçitam çribhavavarmmanāmnā TRADUCTION. Avec des dons (prélevés sur) les richesses conquises par l'effort de l'arc, ce linga de Tryambaka a été placé par le roi çri-Bhavavarman, qui tient les deux Sept lignes, contenant autant de çlokas anushiubh, occupant une ligne chacun et divisés en leurs pādas. Je n'ai pas d'autre renseignement sur Veal Kantel sinon que cette localité se trouve dans la province siamoise de Tonle Ropou. Cette province, encore peu connue et dont soixante-dix années de domination siamoise ont fait un désert, s'étend sur la rive droite du Mekong supérieur. Elle est traversée par la rivière du même nom, appelée aussi le Se Lompou, qui se jette dans le grand fleuve en face de Khong, par 14° 5' N. et 103° 28' E. La partie supérieure du signe de l'o dans le groupe dyo a disparu. E. Aymonier, Géographie du Cambodge, p. 58. L'inscription est gravée sur l'un des côtés d'une pierre plate, carrée, une sorte de socle, mais sans la mortaise que présentent d'ordinaire les pierres qui ont servi de base à une statue ou à un linga. La pierre provient de Prasat Ba An, à un kilomètre à l'ouest de Veal Kantel. L'inscription, un peu effacée dans certaines parties, est en somme assez bien conservée, sauf pour les trois dernières strophes, qui ont perdu chacune leur seconde moitié. Elle relate l'érection d'une image de Tribhuvaneçvara « le Seigneur des trois mondes », accompagnée d'une figure du Soleil, par un savant brāhmane du nom de Somaçarman, époux de la fille de Viravarman, laquelle était sœur de Bhavavarman, et eut pour fils Hiranyavarman. Nous avons donc ici le nom du père de Bhavavarman, et ce nom n'est pas celui du roi qui, d'après notre inscription XI, aurait été son prédécesseur. Sans en avoir la preuve bien nette, nous pouvons admettre comme probable que Viravarman n'a pas régné. La consécration est, comme d'ordinaire, accompagnée de dons faits au dieu, et, parmi ces dons, il en est un fort intéressant pour nous, celui d'un exemplaire complet du Mahabharata, plus le Rāmāyaṇa et un autre ouvrage désigné d'une façon plus vague comme le Parāṇa, On sait combien M. Weber, en quête de témoignages concernant l'histoire du Rāmāyaṇa, a eu de peine à en découvrir dont l'antiquité fût garantie1. En voici un qui vient des confins du Laos et qui est certainement des premières années du vir siècle. Dès cette époque, dans cette terre lointaine, le poème était tenu pour sacré. Somaçarman en institue des lectures quotidiennes dans un sanctuaire, il promet des bénédictions à ceux qui participeront à ces lectures, et prononce des imprécations contre ceux qui raviraient l'un ou l'autre des précieux volumes. Qui peut prévoir les surprises de ce genre que nous réserve encore l'avenir, quand le sol qui recouvre cette vieille culture aura été mieux fouillé, non seulement là où en fut le centre, mais aux extrémités, dans toutes les contrées où s'est répandu l'hindouïsme, et 1 Ueber das Rāmāyaṇa, p. 345. INSCRIPTIONS SANSCRITES DU CAMBODGE. |