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d'une même stance; mais la fin de chaque stance est marquée par une
sorte de fleur à quatre pétales, entre deux doubles lignes verticales,
qui sert aussi dans les circonstances où il y a lieu à ponctuation.

La stance III nous donne la date, 972, et le nom du roi, Parameç-
vara. C'est, à partir de Bhadravarman Ier 1, le seul nom royal relevé
jusqu'ici sur les inscriptions de Campă qui ne se termine pas en
-varman. On trouvera dans le numéro suivant (XXX), à la date voi-
sine de 986, un roi nommé Rudravarman, frère cadet d'un Bha-
dravarman, et appartenant à la famille d'Içvaras de Parameçvara. Ce
dernier est vraisemblablement identique à l'auteur du n° XXIX. Il
résulterait de là que celui-ci est le premier roi de sa famille, et que
ses ancêtres étaient de simples seigneurs, icvara, probablement vas-
saux des rois précédents. Ainsi s'expliquerait aussi l'absence, dans son
nom, de la terminaison -varman. Il est remarquable également que
premiers successeurs, tout en ajoutant à leur nom cette terminaison
consacrée, paraissent s'être contentés comme lui-même de la parti-
cule honorifique Çri, à laquelle leurs prédécesseurs depuis l'auteur
de l'inscription de 887 çaka sur la stèle de Po Nagar2, ajoutaient le
mot jaya3.

ses

L'objet de l'inscription est la donation, par le roi Çri-Parameçvara, de différents objets destinés au culte d'une divinité invoquée dans la stance 1. Cette divinité, d'après les termes mêmes de cette stance, paraît avoir été une ardhanārī, vraisemblablement la même que nous retrouverons dans les deux premières stances du n° XXXI sous le nom de « divinité de Yãpu-nagara », c'est-à-dire une idole représentant Çiva et son épouse unis en un seul corps, mais, selon les idées tantriques, avec prédominance de la partie femelle, qui donne son sexe à l'idole entière. La conception tantrique se trahit encore dans la

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INSCRIPTIONS

SANSCRITES

DE CAMPA.

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stance i par

l'assimilation de la çakti de Çiva à la prakṛiti, c'est-à-dire au principe matériel du monde.

L'énumération des objets donnés à la déesse a son intérêt, comme celles que nous avons trouvées dans les nos XXIII, XXVI, XXVIII, et celle que nous trouverons encore dans le n° XXX 1. Ce sont des textes dont l'archéologie fera son profit. En attendant, la traduction que nous en donnons ne peut être qu'approximative.

L'inscription est très bien conservée. L'écriture en est régulière jusqu'à l'uniformité. Cet aspect est dû en grande partie au grand développement des fleurons qui, de plus, sont doublés au-dessus de certaines lettres où l'on n'attend qu'un fleuron simple comme t, d, n. Il rend le déchiffrement laborieux malgré la netteté des traits, et le rendrait vite impossible s'ils étaient plus frustes. A part cela, les caractères sont à peu près les mêmes que dans les inscriptions précédentes. Le ç en particulier n'a pas encore pris sa forme moderne. Pour le n, on peut constater même un recul relativement à XXVI, 52. Les voyelles présentent quelques particularités dignes de remarque. L'ä et le signe correspondant de l'o sont souvent prolongés au-dessous de la ligne. La diphtongue ai n'est distinguée que par un petit trait au milieu du signe de l'e. A signaler aussi le groupe rù (ligne 11), qu'on retrouvera plus net dans le numéro suivant. Le visarga a pris un développement extraordinaire.

Les cérébrales sont distinguées avec un soin particulier. Le ta une ondulation très caractéristique. Le th est distingué du dh, même à l'état souscrit, par une ouverture de la boucle qui, en revanche, le rapproche du ph.

La langue est généralement correcte. On remarquera dans les deux premières stances la recherche des allitérations. La première surtout réalise à peu près l'idéal du genre. Dans sa première moitié, elle ne contient guère que trois mots de même racine et leurs composés, sans cesse répétés avec des sens plus ou moins différents. Comme ce style

1

Cf. les inscriptions du Cambodge, no XV, B, et XVIII, C, D. A. B. —1 Voir p. 250.

étrange est de plus employé à l'expression d'idées tantriques, on m'ex-
cusera d'avoir interprété peut-être un peu superficiellement le rébus
qui m'était proposé. J'avoue en toute humilité que je ne me suis
cru capable de faire mieux, même au prix de plus longs efforts.

(1) svasti ||

I. bhūtābhūteçabhūtā bhuvi bhavavibhavodbhāvabhāvātmabhāvā 1
(2)bhāvābhāvāsvabhāvā bhavabhavakabhavabhāvabhāvaikabhāvā
bhāvābhāvā (3)graçaktiḥ2 çacimakuṭatanor3 arddhakāyā sukāyā
kāye kāye(4)çakāyā bhagavati namato no jayeva svasiddhyā ||

II.

III.

1

pas

sārāsāravi(5)vecanasphuṭamanā mānyo manonandanaḥ
pāpāpāpabhayapriyaḥ(6) priyakaraḥ kīrttyarjjanaikodyamaḥ
lokálokikalau ka(7)lau sati satas trātum bhavadbhāvino
bhāvodbhāvasubhāvasadguṇaganai(8)r1 ddharmmam tanoty eva [yaḥ=
veladrinavame kshmeçaḥ çriddhaḥ çrīpara(9)mecvaraḥ
svarnṇaviddhaghatan tasyah sthāpayet sthanakasthale ||

A remarquer dans ce composé le mot odbhava, déjà relevé, d'ailleurs, dans le dictionnaire de Pétersbourg (abrégé), et pris, à ce qu'il semble, dans le même sens que adbhava origine ». On le retrouve encore à la ligne 7, dans le quatrième pada de la stance II.

a

Le troisième caractère du pāda est çā sur l'estampage. Le quatrième, qui lui ressemble beaucoup sur le fac-similé, en diffère pourtant en réalité; mais il ne ressemble pas non plus à aucun des nombreux vă de cette partie de l'inscription. On le lirait tha, si le th ne paraissait pas plus loin tout autrement formé. A moins d'admettre une erreur du lapicide, je ne vois de possible que la lecture dha: bhāvāçādhāgraçaktiḥ, «l'énergie primordiale qui est la source de toute aspiration à l'existence ». A. B.

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INSCRIPTIONS
SANSCRITES

DE CAMPA.

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(10) idan tu pūjārtham uttamam makuṭabhūshaṇam1 ekum2 vicitraraçanā(11) guṇa ekaḥ3 rūpyamayabhṛingāra ekaḥ mayūracchattram ekam prithurajata(12)vitānam ekam etat sarvvam kaladhautamayais sukalaçāshṭārddhavā(13) labhajanapṛithubhājanais sākan tenāsyai prahitam iti ||

Bonheur !

I. Étant à celui qui est le seigneur de ce qui est et de ce qui n'est pas, ayant pour nature réelle d'être l'origine du développement de l'existence sur la terre, n'ayant pour nature exclusive ni l'être, ni le non-être, ne faisant qu'un avec le non-être et l'être de l'existence qui existe dans le monde, virtualité primordiale de l'être et du non-être, ayant pour corps la moitié du corps de celui qui a la lune pour diadème, ayant un beau corps, et, dans le corps, faisant partie du seigneur du corps, ô Bienheureuse, triomphe en quelque sorte par ta puissance magique de nous qui sommes prosternés devant toi 5.

II. Celui qui, ayant la clarté dans l'esprit grâce au discernement de ce qui a de la valeur et de ce qui n'en a pas, digne de respect, réjouissant le cœur, aimant la crainte non mauvaise du mal, faisant ce qu'on aime, n'ayant pour but de ses efforts que l'acquisition de la gloire, -fait régner exclusivement la Loi, par la multitude de ses bonnes qualités d'essence excellente qui ont pour origine sa nature même, afin de protéger les bons, nés et à naître, dans cet âge Kali où la Dispute règne sur le monde.

7

III. Le roi Çri-Parameçvara, brillant de prospérité, en l'année marquée par les marées, les montagnes et le chiffre neufo, a placé dans le lieu où elle fait son séjour 10 un vase incrusté d'or 11.

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į

10-13 Et il lui a donné pour le culte tout ceci : un superbe ornement de diadème, une magnifique corde pour ceinture, une aiguière d'argent, un parasol de plumes de paon, un large baldaquin d'argent, avec de beaux vases d'or, cruches, vases de la contenance de huit demi-noix de coco1, et larges 2 vases.

INSCRIPTIONS

SANSCRITES

DE CAMPA.

XXX (408, A, 2).

PO NAGAR.

Cette inscription est la seconde, en commençant par le haut, sur la face A du pilier d'entrée de gauche, tour de gauche du monument de Po Nagar.

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Elle comprend, en douze lignes, après le mot svasti, deux stances, une sragdhara et un çārdūlavikrīḍita, suivies d'une partie en prose. La ponctuation est la même que dans le n° XXIX.

La date, 986, contenue dans la stance п, est voisine de celle du numéro précédent, et le roi, Rudravarman, nommé dans cette stance et dans la stance 1, appartient, comme nous l'avons dit déjà3, à la famille d'Īçvaras de Parameçvara. C'est l'un des successeurs de Parameçvara, et il est le frère cadet d'un Çri-Bhadravarman, qui a probablement régné avant lui. On trouve dans une inscription tchame de Jaya-Indravarman II, qui fut yuvaraja en 1055 çaka, et roi en 1061, les noms de deux rois, nṛipa, qui ont dû le précéder, et qui se nomment Bhadravarman et Jaya-Sinhavarman'. Il n'est pas impossible que le premier de ces rois soit le frère aîné de Rudravarman.

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