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LES

MANUSCRITS

DE

BERNARD GUI.

(fol. 115), Carcassonne (fol. 117), Agen (fol. 121), Orthez (fol. 123), Mon-
tauban (fol. 125), Figeac (fol. 128), Castres (fol. 130), Condom (fol. 139),
Brives (fol. 141), Bergerac (fol. 144), Saint-Émilion (fol. 146), Pamiers
(fol. 148), Morlas (fol. 150), Rieux (fol. 152), Auvillars (fol. 154), Albi.
(fol. 156), Saint-Sever (fol. 158), Rodez (fol. 149), Lectoure (fol. 161),
Saint-Gaudens (fol. 163), Saint-Junien (fol. 164), Saint-Girons (fol. 169),
Saint-Pardoux (fol. 170).

Fol. 172. << Priores provinciales in provincia Provincie nova. »

Le ms. d'Agen était jadis conservé dans le couvent d'Auvillars. Cela résulte de la note qui a été ajoutée au bas du fol. 155: «Anno 1628, fuit celebratum capitulum generale Tholosæ per R. P. magistrum generalem Seraphinum Siccum, qui tandem, descendendo per fluvium Garumnæ, visitato conventu monialium de Castel Sarrasin, transivit per hune conventum Altivilarensem, penultima mensis Junii, ut se posset transferre ad regem Franciæ Ludovicum XIII, obsidentem urbem Rupellæ.

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Ce ms. est un exemplaire original, en partie autographe, de la compilation de Bernard Gui. On n'en peut douter quand on le compare aux autres manuscrits auxquels j'ai reconnu ces caractères, après les avoir minutieusement examinés, c'est-à-dire les mss. 91, 273 et 55 de Toulouse et le ms. 780 de Bordeaux. Je crois même que le ms. d'Agen l'emporte en ancienneté sur les quatre mss. qui viennent d'être cités : il doit avoir été, au moins pour une grande partie, exécuté dans le cours de l'année 1305. Voici les preuves que je puis invoquer à l'appui de mon opinion:

1° La réponse d'Aimeri, maître de l'ordre, en date du 24 juin 1305, a été ajoutée après coup, au bas du fol. 1 v°;

2o Le préambule de Bernard, dans le ms. d'Agen, fol. 1 et vo, n'annonçait primitivement que trois parties; c'est après coup, et par deux phrases ajoutées successivement dans la marge, que l'auteur a promis d'abord une quatrième partie consacrée à la nomenclature des couvents, puis une cinquième renfermant les actes des chapitres généraux et des chapitres provinciaux;

3o Le texte primitif du paragraphe concernant les cardinaux de l'ordre des Dominicains s'arrête, dans le ms. d'Agen (fol. 16 vo), au milieu de l'article IX, relatif à Gautier l'Anglais, tandis que le texte primitif du même paragraphe, dans le ms. 273 de Toulouse, va jusqu'au milieu de l'article XI,

relatif à Thomas de Jors, et dans les mss. 55 de Toulouse et 780 de Bordeaux, jusqu'à la fin du même article XI;

4° De même, la partie primitive du catalogue des prieurs provinciaux de la province de Toulouse ne dépasse pas, dans le ms. d'Agen (fol. 58 v°), l'année 1304; elle descend, dans le ms. 273 de Toulouse (fol. 72), jusqu'en 1308; dans le ms. 55 de Toulouse (fol. 26), jusqu'en 1310, et dans le ms. 91 de Toulouse (fol. 34), jusqu'en 1312;

5° L'histoire du couvent de Castres a dû être consignée dans le ms. d'Agen entre le 24 mai et le 22 juillet 1305; en effet, elle s'arrêtait d'abord (fol. 138) aux mots : «... fuit testidunatio consumpmata in crastino translationis beati Dominici patris nostri, anno Domini м° ccc v°, quo hoc scripsi. » C'est après coup que l'auteur y a ajouté la phrase: «In conventu Castrensi servivi annis quasi quatuor; fui autem absolutus in capitulo provinciali Lemovicis, in festo beate Marie Magdalene celebrato, anno Domini M° CCC° V°. >>

Exécuté, au moins en partie, dans le cours de l'année 1305 et antérieur aux manuscrits de Toulouse et de Bordeaux, le ms. d'Agen a reçu successivement un grand nombre d'additions, dont beaucoup sont de la main de l'auteur; mais plusieurs de ces additions n'y ont été insérées qu'à une époque où Bernard Gui les avait déjà consignées dans d'autres exemplaires. De là une distinction fort importante que j'ai déjà eu l'occasion de faire, mais avec moins de netteté, sur plusieurs copies des Fleurs des chroniques. Le ms. d'Agen est un type original de la compilation sur l'ordre des Dominicains; de ce type sont dérivées plusieurs copies, dans lesquelles l'auteur a ajouté beaucoup de paragraphes additionnels, lesquels ont été un peu plus tard reportés dans le ms. d'Agen. Pour ces parties additionnelles, le ms. d'Agen n'est plus le premier original, mais un dérivé des mêmes manuscrits auxquels il avait fourni le fond du texte. Un exemple est nécessaire pour bien faire comprendre une distinction sur laquelle il faut insister, parce qu'elle donne la clef d'un genre de difficultés qui peuvent embarrasser dans le classement des manuscrits d'un même auteur.

Ouvrons le ms. d'Agen au fol. 157. Nous y verrons que l'histoire des prieurs du couvent d'Albi y a été tracée de la main de Bernard en 1305 ou en 1306, du temps du treizième prieur Dominique « de Monte Totino. » Le dernier fait mentionné par l'auteur est l'installation de ce prieur, TOME XXVII, 2 partie. 56

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à la date du décembre 1303 : « Prima die Decembris, prima Dominica Adventus, intravit conventum.» Plus tard, l'auteur reprit la plume, et avec une encre beaucoup plus pâle it ajouta, d'abord la date anno Domini MCCCII°, qui complète la'phrase précédente et la rend beancoup plus claire puis les détails qu'il avait à donner sur l'administration de Dominique « Prior fuit annis fere tribus; fuit autem absolutus in capitulo provinciali in festo beate Marie Magdalene Figiaci celebrato anno Domini M° CCC VIo. » — Sur la même page, il a pareillement mentionné après coup, en se servant d'une autre plume et d'une autre encre, la mort du dixième prieur Faucon de Saint-Georges, arrivée le 10 janvier 1308 (n. st.): «Hic obiit Carcassone die Mercurii post octabas Epiphanie, ° ydus Januarii, anno Domini м CCC VII°. »

Quelques années après avoir arrêté la première rédaction de l'histoire du couvent d'Albi, telle que nous l'offre le ms. d'Agen, Bernard Gui voulut la compléter par un récit développé de la révolte des bourgeois d'Albi contre l'évêque et les inquisiteurs en 1302. Ce n'est point dans le ms. d'Agen qu'il faut chercher la plus ancienne forme de cet important épisode; nous la rencontrons dans le ms. 273 de Toulouse, où nous pouvons suivre les tâtonnements par lesquels passe l'auteur avant d'arriver à une rédaction à peu près définitive. Le récit de la révolte de 1302 se trouve aussi dans le ms. d'Agen, mais à l'état de supplément, copié d'après le ms. 273 de Toulouse. La place de ce morceau, vers la fin de l'histoire du couvent d'Albi, est marquée, au fol. 157, par les premiers mots du récit : « Notandum est hic presentibus et posteris incidenter etc.» suivis d'un renvoi à deux feuillets antérieurs sur lesquels l'espace nécessaire pour la transcription du morceau était resté en blanc. Le renvoi est ainsi indiqué: « Require supra tali signo +, et scribatur hic. » Une seconde note avertit le lecteur de l'endroit où il doit aller chercher le récit supplémentaire : « Immediate post annos de capitulis generalibus et provincialibus est scriptum. » En effet, au fol. 82 du ms., immédiatement après la chronologie des chapitres généraux et provinciaux, on trouve le récit des événements de 1302, précédé d'un titre pour rappeler que ce récit doit s'intercaler dans l'histoire du couvent d'Albi, dans le paragraphe relatif au onzième prieur: «Infra in conventu Albiensi, tali signo +, sub XI priore. » L'histoire du couvent d'Albi est donc complète dans le ms. 273 de Toulouse et dans le ms.

d'Agen; elle a été écrite en grande partie dans l'un et dans l'autre par Bernard Gui lui-même; mais, pour se rendre parfaitement compte des procédés de composition, il faut étudier le corps de cette histoire dans le ms. d'Agen, où il a été consigné vers l'année 1305, et les morceaux additionnels dans le ms. 273 de Toulouse, où l'auteur les a tracés un peu plus tard et d'où il les a tirés pour les recopier dans son premier manuscrit. Ainsi, le texte vraiment original du corps de cette histoire doit être demandé au ms. d'Agen, et le texte vraiment original des morceaux additionnels, au ms. 273 de Toulouse.

Le ms. d'Agen, dans lequel on rencontre des notes supplémentaires postérieures à l'époque de Bernard Gui1, serait donc indispensable à l'éditeur qui voudrait publier la compilation relative à l'histoire de l'ordre des Dominicains, compilation dont les manuscrits originaux examinés dans le présent mémoire resteront, je crois, classés comme il suit, par ordre d'an

cienneté :

Ms. 91
de Toulouse, copie faite en 1308 d'un exemplaire plus ancien,
n'ai pas retrouvé;

que je

Ms. d'Agen, de l'année 1305 et des années suivantes;

Ms. 273 de Toulouse, de l'année 1307 ou environ 2;
Ms. 55 de Toulouse, de l'année 1312 ou environ;
Ms. 780 de Bordeaux, de l'année 1312 ou environ.

Le ms. d'Agen ne servira pas seulement à pénétrer plus avant dans les procédés de composition de Bernard Gui. Il fournira plusieurs textes qui ne sont pas inutiles à recueillir. Ainsi, j'ai cité (§ 217) une allusion à une note autographe de Gérard de Frachet. La teneur même de la note est copiée au bas du fol. 55 du ms. d'Agen: «De manu fratris Geraldi de Fracheto inveni scriptum in quodam libro olim suo, in fine libri, quod sequitur: «Ego frater Geraldus de Fracheto, Lemovicensis dyocesis, xx annorum, Parisius ordinem Predicatorum sub priore Matheo intravi, anno Domini MCCXXV, in festo beati Martini, et in sequenti annunciacione domi

Le paragraphe de l'ouvrage d'Étienne de Salanhac relatif aux cardinaux se termine par la mention de « frater Geraldus de Daumaro alias cognominatus de Gardia, » qui fut nommé cardinal en 1342. Fol. 17 vo.

2 Il est bien entendu que je prends ici les mss. dans leur ensemble, sans tenir compte ni des portions additionnelles, ni de la collection des procès-verbaux des chapitres généraux et provinciaux.

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nica, qua videlicet die natus fui, in manu sancte memorie magistri Jordanis professionem feci. >>

1

La seconde partie du traité d'Étienne de Salanhac, intitulée : « De glorioso nomine Predicatorum, » est restée inachevée. D'après mes notes, que j'ai lieu de croire exactes, elle se termine, dans les mss. 273 et 55 de Toulouse et dans le ms. 780 de Bordeaux, par les mots : «Qui hec omnia vidit hec scripsit. » Une note marginale du ms. 55 (fol. 2 vo), que je n'ai pas retrouvée dans les deux autres mss., nous avertit qu'il y a ici une lacune: «Deficiebat aliquid in originali prima. » Le ms. d'Agen (fol. 5) contient quelques lignes de plus, avec une observation plus catégorique sur la lacune du ms. original: «Qui hec omnia vidit hec scripsit. Quorum alii heresim abjurabant, alii lapsus suos in foveam hereseos confitebantur et redibant ad ecclesie unitatem, alii alios detegebant et se detecturos tempore congruo promittebant. Et quatenus in negocio inquisicionis est processum quod... Hic deficiebat etiam in originali de manu actoris, et erat spacium vacuum dimissum. »

4. Compilation sur l'ordre des Dominicains: ms. de Barcelone.

D'après les notes qu'a bien voulu m'envoyer le révérend père François Balme, le ms. conservé à Barcelone, dans la bibliothèque de San-Juan, sous la cote Arm. I, 1, 16, est un volume grand in-quarto, d'environ 500 feuillets, qui doit contenir, en écriture du xiv° siècle :

1o Le traité d'Étienne de Salanhac, avec les traités qui y furent ajoutés par Bernard Gui;

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2o Les chapitres généraux de l'ordre des Dominicains, depuis 1220 jusqu'en 1313, avec des additions qui vont jusqu'en 1348;

3o Les ordonnances des chapitres provinciaux de la province de Provence depuis l'année 1240.

5. Compilation sur l'ordre des Dominicains: ms. de Rodez.

Du même révérend père François Balme j'ai appris que l'exemplaire de la compilation de Bernard Gui jadis conservé au couvent des Dominicains

Je n'ai pas conservé de note sur la leçon correspondante du ms. 91 de Toulouse.

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