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DU CAMBODGE.

frappe le lotus en dépit du soleil dont les rayons sont arrêtés par la montagne1.

14. Indra et Upendra, l'un, l'aîné, ennemi de Bali [du fort 2] quand il est enchaîné 3, l'autre, le cadet, presque toujours endormi, ont été repoussés par Çri, qui les aurait aimés sans lui.

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15. Riche de mille pétales qui étaient ses vertus, avec sa situation fortunée pour pistil et ses splendeurs pour étamines, sa gloire était pareille au lotus où est né le Créateur.

16. C'est sans doute par crainte du dieu aux trois yeux que l'Amour a cherché une retraite mystérieuse dans le cœur des hommes après avoir déposé dans ce trésor de toutes les vertus les joyaux de sa beauté.

17. Sa main, habile au bien [donnant de belles dakshiņās], a tiré la Fortune d'un enfer plein de forêts dont les feuilles sont des épées 5, comme celui qui se sacrifie lui-même a tiré sa fille [du Naraka, plein de forêts d'asipattrao].

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4

Le mouvement général de la phrase serait plutôt : « C'est sans doute après avoir déposé dans ce... que l'Amour, comme par crainte... » (Observation de M. Senart.) A. B.

C'est-à-dire, a remporté la victoire dans le combat.

Jeux de mots. Allusion à la fille de Viçvakarman «qui se sacrifie lui-même », enlevée par Naraka, avec confusion du démon et de l'enfer naraka? (Cf. A, 25 et LIX, B, 9). Il y a aussi un enfer particulier nommé asipattravana. D'après le Hari

vamça, 6939 et suiv., c'est Krishna qui a délivré les épouses de Naraka. Et il en est de même partout. Le Harivamça, 6793, mentionne bien en passant une fille de Tvashtri (= Viçvakarman) parmi les captives; mais c'est là un trait isolé, et je ne connais pas de légende épique ou pou ranique de Vicvakarman délivrant sa fille de (ou du) Naraka. D'autre part, Viçvakarman s'immolant lui-même parait oublié après le Nirukta, et nijadhvara ne peut guère signifier « qui se sacrifie lui-même ». Comme nom de personne, il ne pourrait guère désigner que Vishnu, «le sacrifice en personne », sauvant les créatures » (prajām). Mais ce sens encore serait forcé. Je crois qu'il faut traduire : « Comme ses sacrifices sauvèrent son peuple [du Naraka. . . ] » ; ou « tout comme, par de con stants sacrifices, elle sauve son peuple... » Il semble que iva s'accorderait mieux avec ce dernier sens. Dans le premier, on attendrait plutôt yathā. A. B.

"

...

18. Les montagnes (bhūbhṛit), quoique éternellement brûlées par le soleil, se tiennent encore debout et le front haut; mais les rois (bhūbhṛit) de noble race, peine touchés par les rayons de ce roi, se sont inclinés.

à

19. Sa majesté, remuée [portée au loin] par sa gloire qui donnait l'illusion du mont Mandara, a ensuite produit l'amṛita [lui a assuré l'immortalité], puis a eu une Çri rouge [la couleur éclatante du sang, dans les combats] et est devenue ainsi le joyau Kaustubha de l'époux de Çrī 1.

20. Son pied reposait à l'aise sur les pointes des diadèmes des rois2, grâce sans doute à l'habitude qu'il avait prise de traverser d'effroyables combats aux épines aiguës.

21. Le monde, dans ses bras, se mouvait à l'aise pour atteindre la prospérité, comme le mont Mandara, dans les bras de Madhava, pour l'acquisition de l'amṛita.

22. Bien qu'il accrût la gloire de tous les Danavas [bien qu'il s'accrût sans cesse d'une gloire nouvelle]3, il détruisait ses ennemis par la force, faisant pleuvoir les joyaux sur la terre comme un autre Hari.

23. Ce n'était pas seulement par sa beauté, c'était encore par son habileté à lancer des flèches excellentes qu'il ressemblait à l'Amour : car la flèche qu'il lançait à son ennemi c'était la flèche sammohana [l'affolement].

24. Hardi dans les combats et dans l'assemblée, il baissait pourtant les yeux à la vue de la femme d'autrui : le lotus d'automne ne se ferme-t-il pas devant la lumière de la lune 4?

25. Dans ce monde où ses succès faisaient briller ses amis [où le soleil brille à son lever]5, où les larmes des femmes de ses ennemis troublaient seules la sérénité du jour, sa gloire brille comme une lune dont le disque [le domaine] a pour gazelle son ennemi en fuite.

1

26. Bien qu'il marchât au-dessus du soleil [des puissants], qu'il fût dans la

La traduction ne fait pas assez ressortir l'assimilation du roi à Vishņu, qui sont tous deux çrīpati; le premier sens de raktaçriḥ est qui fait les délices de Cri». Cette rectification est de M. Senart. A. B.

2 Des jeux de mots sont possibles sur pāda « pied » et « rayon », et bhūbhṛit « roi » et « montagne ».

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quinzaine claire [qu'il fût le soutien du bon parti], et qu'il eût son disque [son domaine] plein, il n'était pas, comme la lune, souillé par l'ombre [par la séduction] de la terre.

27. Sa main [son fisc] était une abeille faisant son miel avec les produits de la terre de toute la terre [avec les arbres de toute la terre], qui répandaient une prospérité abondante, mais rejetant la mauvaise renommée [l'arbre kurava].

C

1. Sa gloire, parfumée et sans tache, surpassait la pensée et le vent : s'ils sont toujours en marche comme elle, ils connaissent les ténèbres et la puanteur.

2. Les rayons de l'intelligence faisaient épanouir le lotus de son cœur; ceux que projettent les sages', le lotus de son visage; ceux des pierres précieuses portées sur la tête par les kshatriyas, les lotus de ses pieds.

3. Il prenait à toutes choses ce qu'elles avaient de meilleur, sans s'inquiéter du récipient : ce n'est pas seulement aux objets purs que le soleil prend l'eau qu'il pompe.

4. La fortune de son ennemi, quand il la lui avait ravie, restait la jouissance de ceux de sa race qui se montraient dévoués au vainqueur : l'abeille continue à boire sur la poitrine du lion les sucs abondants du mada de l'éléphant.

5. La réalité suivait sa pensée et exécutait ses ordres, comme un serviteur habile et infatigable qui fait sa tâche.

6. L'œuvre du créateur des mondes était répréhensible pour l'avenir2; l'acte du meurtrier de Vṛitra l'était dans le moment même; celui de Vishņu, meurtrier d'une femme, l'est toujours; mais lui n'a commis aucun acte répréhensible.

7. Il avait le désir des grandes choses [il était très passionné]; il avait un grand héroïsme [une puissante virilité]; il contentait le cœur des faibles [des femmes]; il était toujours éveillé, il était le contraire d'un paresseux [d'un eunuque]: comment donc Lakshmi a-t-elle pu renoncer à ses embrassements3 ?

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8. Pareille au disque de Vishnu, sa puissance, qui ravissait au soleil son éclat, se retrouvait dans sa main après avoir frappé ses ennemis, pareils à un fourré impénétrable.

9. Brûlés par la majesté rayonnante de ses vertus, les vices, confus, ont abandonné ses sujets pour s'enfuir avec ses ennemis dans quelque forêt.

10. Il était toujours dans son plein, quoique donnant toujours, quoique rassasiant les dieux et les autres, tandis que la lune s'amaigrit pendant une moitié du mois par la perte de l'amṛita que les dieux lui prennent.

11. Le meurtrier de Vritra a donné l'amṛita à Utañka sous forme de bouse de vache1, et lui l'a donnée au monde sous la forme de sa voix : le chemin des grands est difficile à suivre.

12. Dans le combat, la main de son ennemi était à portée de saisir la victoire [Lakshmi] en sa présence [à son sommet], quand il apparaissait sur la tête de cet ennemi, pareil à un bouton de lotus 2.

13. Par la supériorité de ses vertus, il triomphait de tous les puissants [de tous ceux qui brillent], comme le diamant triomphe des autres pierres fines, comme le soleil triomphe du feu et des autres lumières.

14. Gagnés par son héroïsme et sa libéralité, les étrangers mêmes devenaient siens [prenaient sa nature], comme un tas de pierres a, sous le nom d'Hemādri, pris la nature de l'or, grâce à Çambhu.

15. Il savait, en l'employant en temps et lieu, se servir même de son ennėmi pour l'objet qu'il avait en vue: Çambhu doit à l'Amour, qu'il a mis dans le cœur de Gauri, la volupté dont il jouit avec elle.

16. Les besogneux qui se réfugiaient à ses pieds recevaient, en quelque sorte, une initiation au nyāya : le plaisir de servir un sage [de comprendre les savants], la satisfaction de réussir dans leurs desseins [d'avoir la claire intelligence des acceptions] et la garantie contre toute tromperie [l'exemption d'erreur].

mort? - On peut tout aussi bien traduire : a comment Lakshmi aurait-elle renoncé ». A. B.

'Cf. Mahabh., I, 761-764 et 830. A. B. * Lakshmi est sortie d'un bouton de lotus. Traduisez : « Dans le combat, face à face avec lui, il n'y avait, pour la main de

son ennemi, qu'une façon de ravir Lakshmi
[d'obtenir le succès]; c'était d'apparaitre
au front (le geste de celui qui demande
quartier) comme un bouton de lotus. » Le
lotus est la fleur favorite de Lakshmi, qui
en porte toujours un à la main. hri se dit
au figuré, comme «ravir ». A. B.

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17. Quoique placé bien loin et bien haut, dans le pur séjour du maître de la puissance [de l'époux de Çri], il était proche par ses vertus, comme la lune d'automne par ses rayons.

18. Il faisait dans un cercle un lion au corps parfaitement pur, et sa propre purification 1 lui venait [et la désignation complète de ce roi venait] d'une lune placée au loin et portant une figure de femme au lieu de gazelle.

19. Il renonçait aux entreprises héroïques quand elles étaient contraires à la loi on ne voit pas dans le livre sacré des rois 2 que la vue du Lion sur l'écliptique ait été jamais supprimée par eux.

20. Vénérable [alourdi 3], il avait dans la main une cruche qui était la terre; il l'avait tournée lui-même sur sa roue [l'avait fait entrer tout entière dans son royaume]; il l'avait fait chauffer au feu de sa puissance [de son éclat], et elle était pleine de l'amṛita de sa gloire.

21. Quand il avait écrasé son ennemi, il lui prenait ses perles, tant les sages que les héros : les perles du serpent ne sont pas les ennemies de l'ennemi des serpents.

22. Ses amis prospéraient comme fructifient les dons qu'on fait en vue du devoir ou de l'intérêt, et ses ennemis étaient perdus comme les libéralités inspirées par l'amour du plaisir.

1 Je suppose ce jeu de mots inepte à cause du rapprochement de nirmala, et je vois dans la stance entière la description d'un sceau ou d'une monnaie. Ou bien y a-t-il là des allusions astrologiques qui m'échappent?-Traduisez : « Dans ses États il faisait le rôle d'un lion aux purs exploits [il représentait le Lion brillant dans l'écliptique]; mais combien sa pureté (au propre et au figuré) l'emportait sur celle de la lune, puisqu'il amenait, mais seulement de loin, en guise de gazelle, une femme (le signe de la Vierge, qui vient après celui du Lion; tandis que la Lune porte sur elle-même sa gazelle qui est une tache)!»

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