de faire quelque jour un répertoire un répertoire général des matières contenues dans les registres semblable à celui qu'il avait déjà fait pour les layettes; mais, auparavant, il sentait la nécessité de grouper ces registres dans un ordre logique. Telles sont les préoccupations qu'il exprime dans l'avertissement mis en tète du présent inventaire. Au lieu de constituer, comme jadis, une seule série, les registres sont divisés en trois catégories ayant chacune un numérotage particulier : 1o Ceux qui sont utiles, libri utiles; 2o Ceux qui sont inutiles, libri inutiles, mais que l'on avait cependant quelque intérêt à conserver; 3o Enfin ceux qui sont sans aucune utilité, libri penitus inutiles. La première catégorie comprenait elle-mème cinq subdivisions énumérées dans l'avertissement (fol. 1): Sequuntur intitulaciones librorum hujus Thesauri in grosso, et est verum inventarium eorumdem. Fiet autem postea et reperietur repertorium singulare predictorum librorum (1). Et primo ponuntur aliqui libri confecti super pluribus et diversis materiis nullo ordine servato. Secundo ponentur libri facientes mencionem de feudis, homagiis, serviciis et similibus. Tercio subsequentur aliqui libri confusi de partibus Tholose et lingue Occitane. Quarto subjungentur libri et registra de tempore beati Ludovici et ante et post, in quibus non servatur ordo in data quare fuerunt sub confusione confecti. Et quinto inserentur registra a tempore regis Philippi Pulchri et regum subsequentium per ordinem regum et datarum, prout fuerunt compositi et registrati usque ad annum presentem MCCCLXXI, regnante illustrissimo principe domino Karolo quem Deus ad optatum conservet; et postmodum ponentur et addentur registra sequentia vel sequentis temporis cum tradentur. Bien que, dans la liste qui suit cet avertissement, l'auteur n'ait pas pris la peine de marquer lui-même les limites des trois premières subdivisions, il n'est pas très difficile de les déterminer (2). Par suite de la séparation des libri inutiles, on n'y trouve plus que 26 volumes au lieu de 50, et, sur ce nombre, (2) Ce qui suit a été publié par H. Bordier, Archives de la France, p. 147. La première comprend 12 registres, la seconde 8, la troisième 6. ceux qui portent dans le nouveau répertoire les nos VI), XX (2) et XXV (3) ne dans le précédent. figurent pas Les huit registres numérotés XXVII à XXXIV, formant la quatrième subdivision, pouvaient, tant bien que mal, recevoir un classement chronologique; aussi lit-on dans la marge, en regard de la mention du premier de ces registres, ces mots écrits de la main de Gérard de Montaigu : Hic incipit ordo satis continuatus. Enfin au XXXVe registre, où commence la cinquième subdivision, se lit une nouvelle note marginale: Hic incipit ordo satis continuatus a tempore regis Philippi Pulchri. La séparation indiquée par cette note n'est pas sans importance. Si les registres dont elle précède l'énumération se prêtent à un ordre chronologique plus rigoureux, c'est que la composition en est toute différente. Lorsqu'on examine les plus anciens registres royaux, ceux de Philippe Auguste par exemple, on reconnait sans peine que le but poursuivi par les auteurs était d'avoir par devers eux, sous une forme maniable, un double authentique des textes nécessaires à la conservation des droits et à la fixation des obligations de la couronne, quelque chose comme des archives de poche qui pussent tenir lieu de la masse encombrante de documents que les rois trainaient jusqu'alors à leur suite et qu'une surprise du genre de celle de Fréteval risquait de faire tomber aux mains de l'ennemi (4). Aussi trouve-t-on de tout dans ces registres sur les 387 pièces qui composent le vénérable cartulaire de Philippe Auguste aujourd'hui conservé au Vatican, plus d'un quart n'émanaient du roi; ce sont en effet des actes constatant des engagements pris envers la couronne, des listes de feudataires, de redevances ou même des états de situation de forteresses, des devis de construction, etc. pas Mais, bien avant la fin du XIIIe siècle, le Trésor des chartes, immobilisé depuis saint Louis dans la sacristie de la Sainte-Chapelle, ne courait plus le Ce registre, qui contenait un traité de paix avec les Flamands, est aujourd'hui en déficit; il devrait être coté JJ 15. (2) Copie ancienne du Cartulaire de Philippe Auguste, aujourd'hui cotée JJ 7 et désignée par la lettre D dans le classement de M. L. Delisle (Catalogue des actes de Philippe Auguste, Introduction, p. xIII). (*) Cartulaire de la ville de Toulouse, aujourd'hui coté JJ 21. (4) Ce caractère est particulièrement reconnaissable dans le registre JJ 27 que saint Louis paraît avoir fait faire spécialement pour l'emporter en Terre Sainte (cf. L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe Auguste, Introduction, p. xx). risque d'un nouveau Fréteval. Aussi, dès l'avènement de Philippe le Bel, vit-on disparaître des registres les actes émanés des particuliers (1); quant à ceux qui sortaient de la chancellerie royale, l'expédition en étant remise aux parties intéressées, les minutes souvent raturées et corrigées pouvant donner matière à des contestations, le plus sûr moyen d'en garder une copie facile à retrouver et à conserver devait consister à les enregistrer, au fur et à mesure, dans un volume qui ferait foi au même titre qu'un double authentique. Ainsi commença la belle série des registres dits de chancellerie, qui se continua sans interruption depuis Philippe le Bel jusqu'à Charles IX, série dont le caractère particulier avait toujours été signalé, dans les inventaires imprimés des Archives, par un intitulé spécial qui a disparu, je ne sais trop pourquoi, dans l'État sommaire de 1891. A l'époque où Gérard de Montaigu rédigeait l'inventaire dont la description a amené la digression qu'on vient de lire, le dernier registre de chancellerie numéroté IIII»XVII contenait les actes expédiés pendant les années 1368 à 1370, ce qui, à défaut d'autres indices, permettrait d'attribuer à cette forme de l'inventaire la date de 1371, les titres de deux nouveaux registres contenant des actes de cette mème année ayant été rajoutés dans des circonstances dont nous parlerons tout à l'heure. Quant aux libri inutiles, ils ne se composaient d'abord que de 34 volumes dont la liste commence au folio 5 vo. Nous n'en donnerons ici que l'intitulé, nous réservant de la publier en décrivant le registre JJ 12, où elle est reproduite avec quelques détails supplémentaires(2) : Sequntur libri inutiles positi ad partem in armariolo retro hostium a parte Camere Compotorum ubi sunt similiter repositi rotuli et scripta inutilia plurium parcium regni cum informacionibus et processibus inutilibus antiquis. Restaient encore les registres de la troisième catégorie, les libri penitus (1) Ce n'est que plus tard qu'on conçut le projet de copier dans des registres toutes les pièces du Trésor des chartes suivant l'ordre où elles étaient conservées dans les layettes; ce projet, qui ne dut être jamais complètement réalisé, a donné naissance à la série de XXXVI. registres connue sous le nom de Transcripta, aujourd'hui JJAK (2) M. Bordier a publié cette liste (Archives de la France, p. 165) en empruntant des détails aux deux inventaires qui la contiennent (JJ 126 et JJ 1). 71 inutiles; Gérard, qui n'en avait d'abord fait aucune mention, jugea sans doute qu'il devait au moins indiquer le lieu où l'on pourrait les chercher en cas de besoin, et il écrivit au bas du folio 7, tout à la fin de son état : « Libri penitus inutiles et judei sunt in armariolo inferiori et non meruerunt notari.» On verra plus loin quel fut le sort des livres hébraïques ainsi jetés au rebut. a Si le garde du Trésor avait modifié complètement l'ancien classement des registres, il n'avait pas encore touché à celui des layettes dont il était cependant le premier à reconnaître les inconvénients. La désignation de chaque layette par une lettre, ou surtout par un groupe de lettres, prêtait à des confusions telles que l'ordre était presque impossible à maintenir et que « pro reperiendo scrineo signato per CB vel GH, totum Thesaurum circumvolvere oportebat(1)». Après avoir pourvu au plus pressé en se mettant, par son répertoire alphabétique, en mesure de tirer le meilleur parti possible de cet ancien classement, Gérard crut le moment venu de le remplacer par un autre qui fixat irrévocablement la place de chaque article. Il s'en tint au système le plus simple : les boîtes n'étaient pas toutes de même taille ni de même aspect; il y en avait de petites .comme le scrinetum qui contenait les bulles d'or(2), de grandes comme le coffre ferré où étaient gardés les documents concernant les rapports avec l'Angleterre (3); d'autres étaient dorées, peintes de jaune et de noir ou armoriées). Sans s'occuper aucunement de leur contenu, Montaigu les fit ranger dans des armoires de manière à perdre le moins de place possible, et les munit chacune d'un numéro d'ordre. De plus, sur chaque armoire, il apposa un écriteau indiquant les numéros extrêmes des layettes qui y étaient déposées. Enfin les boites les plus importantes par le nombre ou la valeur des documents qui y étaient déposés, magni et notabiles scrinei, reçurent, outre leur numéro d'ordre, une étiquette indicative de leur contenu, telle que Dalphinatus, Flandria, Navarra (5). Cela fait, Gérard biffa sur son dernier répertoire (aujourd'hui JJ 125) les cotes par lettres pour y substituer les nouvelles cotes numérales. Quand furent achevées ces modifications au répertoire des layettes, trois nouveaux registres se trouvaient à ajouter à la série des libri utiles : l'un fut (5) JJ 17, - ( JJ 1', fol. 1. (2) JJ 16, fol. 8. (Ibid., fol. 3. fol. 3 et 4 r-v°. (4) Ibid., fol. 3 et 11. intercalé à la suite du registre IIIIX, ce qui recula d'un rang ceux qui sui vaient : IIIIXI continet registrum cartarum Normanie tempore quo dominus de Dormano fuit cancellarius domini Karoli tunc ducis Normanie, videlicet ab anno Domini MCCCLXIo, usque ad annum MCCC LXIII, quo decessit rex Johannes, pater suus, et ipse tunc suscepit regni sui regimen. Deux autres registres furent inscrits à la suite des 98 premiers : IIII"XIX continet registrum cartarum dicti regis Karoli nomine suo qu[and]o erat dux Normanie et dalphinus Viennensis ac locumtenens regis Johannis, patris sui, et nomine ipsius regis dalphinique Viennensis ab anno videlicet м CCC LXIo, quo tempore dominus de Dormano erat sive fuit cancellarius Viennensis, usque ad annum MCCCLXXI in mense februarii quo ipse fuit factus cancellarius Francie. C de tempore regis Karoli de annis M CCC LXIX, LXX et LXXI quo anno dominus de Dormano prefatus fuit creatus cancellarius ut prefertur. Et recepi precedentia registra a domino cardinali Belvacensi, fratre suo, qui tunc reddidit sigilla sua regi (1). En outre, l'œuvre d'un certain Gautier, De amoribus et questionibus amorosis, qui figurait dans le premier état sous le n° XXIII (2) et qui, par suite d'un oubli peu justifiable, était restée au milieu des libri utiles parmi lesquels elle occupait le Xe rang, y fut remplacée par un registre des services dus au roi dans la sénéchaussée de Bigorre (3) et alla prendre le XXXVa rang à la fin des libri inutiles. Cette fois, le travail lui semblant sans doute tout à fait au point, Gérard rédigea, sur quatre feuillets du mème format que les livrets contenant le répertoire des layettes et l'inventaire des registres (268 × 168 millimètres), une préface, aujourd'hui cotée JJ 17 (anciennement 1088 du Supplément et 9835 du Fonds latin à la Bibliothèque nationale), qui présente trop d'intérêt pour ne pas être reproduite intégralement. Toutefois, avant d'en transcrire le texte, on nous permettra de traduire le passage dans lequel l'auteur indique, en termes précis, l'époque à laquelle il écrivait : «Que ceux, dit-il, qui verront l'ordonnance de ce répertoire prennent en patience la faiblesse de mon intel JJ 126, fol. 5. (2) Voir plus haut, p. 551. ́3) Aujourd'hui JJ 12. |