Quant aux registres, ces travaux se réduisaient à la confection des tables de ceux qui n'en étaient pas encore munis. Les registres du Trésor appartenant au XIe siècle sont pourvus de tables rajoutées après coup, qui, d'après leur apparence, peuvent, à quelques exceptions près, se rattacher à deux séries. Les unes, ornées de chiffres en rouge, sont de la main d'un rubricateur qui travaillait après 1332(1), mais à une époque qui ne saurait être avancée au delà du milieu du siècle; les autres, ne portant que des chiffres noirs, proviennent d'un scribe dont l'écriture se voit encore sur des registres postérieurs à la mort de Gérard de Montaigu, à qui l'on ne saurait donc attribuer aucune des tables qui se trouvent en tête des registres. En fait, ce grand travailleur ne nous a laissé que la table d'un seul registre; et encore est-elle incomplète. Conservée sous la cote JJ 120, elle donne, sur cinq feuillets de papier, les rubriques de 280 pièces du registre JJ 26, c'està-dire les matières contenues dans les vix premiers feuillets de ce célèbre recueil, qui n'en compte pas moins de xixvIII. Il est à remarquer qu'elle est intitulée Rubrice litterarum XXV1mi libri et non xxvimi libri, ce qui nous permet d'en placer la rédaction entre celle du répertoire JJ 124, où le registre en question occupe le 27° rang, et celle du travail dont il sera parlé au paragraphe VI, travail dans lequel il est classé le 26o. Quant au grand répertoire projeté, à celui dans lequel auraient été réunies toutes les indications ainsi relevées dans les layettes et dans les registres, nous ne pensons pas que Gérard ait jamais pu l'achever et nous n'en connaissons aucun fragment. Teulet avait cru le trouver dans un répertoire alphabétique en trois volumes cotés, de son temps, JJ 512 à 514 (aujourd'hui JJ 278280) (2), offrant, disait-il, « un moyen de recherche aussi sûr que commode ». D'autres en ont également signalé d'après lui l'existence (3). Sans doute, ce vaste recueil est bien la réalisation du plan conçu par le trésorier des chartes de Charles V; il se peut même que celui qui l'a rédigé ait utilisé ses travaux préliminaires. Mais l'écriture de la partie la plus ancienne de ces gros registres, certainement postérieure à Gérard de Montaigu, doit être rapportée (1) Ch.-V. Langlois, Formulaires de lettres du XII, du XIII et du XIV' siècle, dans les Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. XXXV, 2o partie, p. 825. (*) Teulet, Layettes du Trésor des chartes, I, préface, p. xiv. (3) Langlois et Stein, Les archives de l'his toire de France, p. 17-18. aux environs de 1420, date à laquelle les fait remonter le titre moderne inscrit sur le dos. Et, d'ailleurs, on va voir que, tout pressé qu'il fût de procéder à l'exécution de son grand projet, Montaigu ne tarda pas à reconnaître la nécessité de remanier encore une fois son inventaire sommaire. VI LA DERNIÈRE RÉDACTION DU RÉPERTOIRE SOMMAIRE. (JJ 11.) Tout en préparant son grand répertoire, l'infatigable archiviste ne négligeait pas de perfectionner, chemin faisant, son répertoire sommaire; on en voit la preuve dans les additions et les corrections que porte l'exemplaire décrit au paragraphe IV, exemplaire qui, dans la pensée de l'auteur, aurait dû cependant être définitif. Pour les layettes, les corrections consistent surtout dans la suppression de certains articles; pour les registres, dans le déplacement de plusieurs volumes destiné à rendre l'ordre plus conforme au plan adopté dans le répertoire en deux livrets (JJ 124) (1). Toutes ces modifications furent alors reproduites dans une rédaction l'auteur considérait sans doute comme que vraiment définitive, car, tandis qu'il avait donné six éditions de son répertoire pendant les huit premières années de sa direction, il ne paraît pas s'ètre occupé d'en donner une nouvelle pendant les dix ou douze années qu'il vécut encore. De plus, toutes les fois qu'il faisait une nouvelle édition, Gérard avait l'habitude de prendre pour brouillon le manuscrit de l'édition précédente, qu'il chargeait de corrections et dont il biffait les pages au fur et à mesure de la transcription. Or l'exemplaire que nous allons décrire porte bien quelques rares corrections, mais on y chercherait vainement une page qui fût biffée. Cette dernière rédaction nous est parvenue sous la forme d'un élégant volume comprenant 52 feuillets de vélin (228×278 millimètres) ornés de majuscules bleues et rouges et qui, avant de recevoir aux Archives nationales la cote JJ 115, avait été conservé à la Bibliothèque sous les n° 1090 du Supplément et 9834 du Fonds latin. Le répertoire des matières contenues dans les 310 layettes du Trésor (1) Voir plus haut, p. 559. née des chartes occupe les feuillets 4 à 30; il a été publié par Teulet (1). Auparavant se trouve une préface qui diffère peu de celle de JJ 12. Les mots Et hec sufficiant quoad presens, par lesquels se terminait celle-ci, sont supprimés, ainsi que quatre lignes relatives aux libri aliqualiter utiles, suppression entraipar l'omission systématique de la liste de ces volumes qui forme le trait caractéristique de cette rédaction où ne se trouve plus que l'état des libri utiles. Ceux-ci, au nombre de 115, ne dépassant pas l'année 1379, la date de la dernière rédaction du répertoire sommaire doit être rapportée à la fin de cette même année ou au début de 1380. Il est vrai que la liste a été continuée de diverses mains jusqu'au registre 171 et à l'année 1422; il est également vrai qu'il n'est parlé dans la préface que d'environ 109 registres, sunt die odierna quasi centum novem, ce qui avait autorisé M. Henri Bordier à fixer la date de rédaction à 1376 (2); mais en présence de l'expression vague quasi, il vaut mieux s'en tenir à des données positives. Or le dernier registre inscrit de la mème main que le corps du volume, le dernier dont la description soit, comme les précédentes, ornée d'une majuscule enluminée, est le 115°, portant la date de 1379. La dernière rédaction de l'inventaire des registres a, pour nous, un intérèt tout particulier; le classement qu'elle conserve, respecté par Dupuy et Godefroy tandis qu'ils en imposaient aux layettes un tout nouveau, a, par une exception malheureusement trop rare dans l'histoire de nos archives, subsisté jusqu'à nos jours. Ceux qui ont fait de la série des registres du Trésor des chartes la série d'abord intitulée des registres J, puis simplement JJ, des Archives nationales, ont eu le bon esprit de conserver la numérotation de Gérard de Montaigu au point de laisser vacants les numéros des volumes disparus. L'inventaire transcrit sur les feuillets 34 à 42 de JJ 115 peut donc rendre encore des services. Comme il n'en a été publié que des extraits, j'ai cru qu'il ne serait pas inutile d'en donner ici une édition intégrale où j'ai pris soin d'établir la concordance entre les rangs successivement occupés par chaque registre dans les classements antérieurs au classement définitif de Gérard de Montaigu, ainsi que de faire connaître les vicissitudes par lesquelles ont ensuite passé plusieurs de ces vénérables registres. (1) Layettes du Trésor des chartes, I, préface, p. xxxvIII à XLVIII. 136 et 148. (2) Les Archives de la France, Pour simplifier les renvois, j'ai désigné par A le registre JJ 121; par B, le registre JJ 16; par C, le registre JJ 126; par D, le registre JJ 124. SEQUITUR INTITULACIO LIBRORUM ET REGISTRORUM HUJUS THESAURI. PRIMUS igitur continet, in prima sui parte, repertorium magistri Petri de Stampis olim custodis hujus Thesauri, quod est modici valoris cum omnia tam per meos predecessores quam per me finaliter sint mutata pluraque registra postea sint addita et aliqua forsan omissa; postea vero continet plures bullas, litteras et instrumenta super facto Flandrie et aliqua tangentia Montempessulanum. JJ 1', 1 DC, XI BA. SECONDUS Continet in principio quoddam repertorium litterarum hujus Thesauri quod est penitus inutile, ut prefertur; deinde quasdam litteras de facto Lugdunensi, aliquas litteras tangentes monasterium Pissiaci, homagium regis Arragonum pro Montepessulano pluresque alias fidelitates cum pluribus homagiis in fine. JJ 2, x111 DC, xxxI BA. L'hommage de Montpellier et les autres pièces décrites après celles qui concernent l'abbaye de Poissy ont aujourd'hui disparu. TERCIUS Continet intitulaciones libelli sine asseribus magistri Johannis de Caleto qui videtur fuisse custos hujus Thesauri, et videtur esse repertorium suum; sed ignoro quis est ille fiber sine asseribus et ubi est, quare ipsum non inveni in presenti Thesauro. Dictum tamen repertorium est penitus inutile propter mutaciones postea factas. Continet etiam plures litteras confederacionum regis et imperatorum atque litteras regis Scocie, regis Anglie et regine et filii sui. JJ 3, ш DC, xxxv BA. Sur le registre de Jean de Caux, voir un travail de M. Ch.-V. Langlois, dans les Notices et extraits......, t. XXXV, 2o partie, p. 795. Quant aux documents qui terminent le registre, ils forment, ainsi que l'a signalé M. L. Delisle (Catalogue des actes de Philippe Auguste, Introduction, p. XXVIII), un cahier distrait du registre aujourd'hui coté JJ 31, et la mention qu'en fait Montaigu prouve qu'ils étaient déjà, de son temps, réunis au présent volume. QUARTUS Continet plura instrumenta et litteras tangentes factum Flandrie et plures bullas super eodem facto litterasque facientes mencionem de rege Romanorum, ordinaciones monetarum et testamentum cujusdam regis in fine. Aujourd'hui coté par erreur JJ 43. DC, Ix BA. Ce registre, qui devrait être coté JJ 4, n'ayant pas été reconnu par Dupuy lors de son récolement, a été, depuis cette époque, considéré comme en déficit, et il est encore porté comme tel dans l'État sommaire de 1891. Il n'est cependant pas difficile de l'identifier avec le registre jusqu'à présent coté JJ 43, qui porte sur son ancienne couverture, aujourd'hui feuillet de garde, cette note, conforme à l'inventaire de Gérard de Montaigu : IIII continet plura instrumenta et litteras tangentes factum Flandrie, plures bullas super dicto facto ac de rege Romanorum facientes mencionem, necnon ordinaciones de monetis et testamentum cujusdam regis in fine. Malheureusement, en recon naissant le registre IIII dans le registre JJ 43, on ne comble un déficit qu'en en ouvrant un nouveau. Ajoutons que Dupuy avait également considéré et cette fois avec raison le registre XLIII comme étant en déficit, et que ce n'est que dans le récolement de l'an vi que nous voyons figurer à sa place le registre aujourd'hui coté JJ 43. On s'explique d'autant moins que Dupuy ait porté le registre IIII en déficit, qu'il l'a eu certainement sous les yeux; on voit en effet sur la couverture les mots : Philippe le Bel, Templiers, Flandres, écrits de sa main. QUINTUS, pulcherrime scriptus et illuminatus, continet plures litteras de facto Anglie, Lugdunensi, Flandrie et Scocie. JJ 5, II DC, xxvII BA. SEXTUS, multum bene scriptus et illuminatus, continet plures bullas tangentes factum Tholosanum, indulgencias, remissiones et privilegia concessa regibus Francie, per Innocencium, Benedictum, Gregorium, Clementem et alios summos pontifices que fuerunt personales, aliquasque alias bullas ac de pace inter reges Francie et Anglie cum pluribus aliis litteris atque bullis. Bibliothèque nationale, ms. latin 12726, vII DCBA. Voir la notice donnée par M. Auguste Molinier, dans la Bibliothèque de l'École des chartes, année 1873, p. 159. SEPTIMUS continet in principio nomina plurium feudatorum seu feudalium regis in castellaniis Meleduni, Corbolii, partium Normanie et alias plures litteras communiarum villarum de partibus Picardie ac Laudunensis et aliarum, stabilimentum assisie successionum Britannie folio lxiijo, aliqua dona quittacionesque et recogniciones cum pluribus aliis. Ce registre forme la seconde partie du volume aujourd'hui coté JJ 7-8, xv DC, v BA. Sorti on ne sait comment du Trésor, où il se trouvait lors du récolement de Dupuy, il passa dans la bibliothèque d'Achille de Harlay chez qui il était déjà relié avec le registre suivant. Restitué par Harlay en 1688, au lieu d'être rétabli à sa véritable place, il reçut le numéro XXXIV bis qui se voit encore écrit sur le feuillet de garde, et sous lequel il est désigné par Dom Carpentier (Du Cange, Glossarium aux mots CHAABLUM et ESTRIF, et dans l'édition Henschel, t. VII, p. 451, col. 1) et par Bonamy (Mémoires de l'Académie des inscriptions, t. XXX, p. 710). Sorti encore une fois du Trésor des chartes avant la fin du XVIII° siècle, il fut acquis en 1836 par la Bibliothèque du Roi, où il porta successivement les numéros 172 du Fonds des cartulaires et 9776 du Fonds latin, avant de rentrer aux Archives par l'échange de 1862. Voir la notice donnée par M. L. Delisle (Catalogue des actes de Philippe Auguste, Introduction, p. x1). OCTAVUS continet consilium pape in quadam causa divorcii, nomina quorundam Judeorum Parisius captorum, aliqua feuda in pluribus partibus regni, aliqua servicia regi debita a pluribus personis ecclesiasticis ac aliis, quasdam cartas notabiles tangentes regem et alias personas, aliquas litteras communiarum villarum regni et alias litteras de pluribus et diversis materiis que tamen sunt alibi in aliquibus libris hujus Thesauri. Ce registre forme la première partie du registre aujourd'hui coté JJ 7-8. Provenant de la Chambre des comptes, il était venu prendre dans D la place occupée dans C par un prétendu registre XXX qui n'était |