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CONNU SOUS LE TITRE

ΠΕΡΙ ΚΑΤΑΣΤΑΣΕΩΣ ΑΠΛΗΚΤΟΥ

TRAITÉ DE CASTRAMÉTATION",

RÉDIGÉ, À CE QU'ON CROIT, PAR ORDRE

DE

L'EMPEREUR NICEPHORE PHOCAS,

TEXTE GREC INédit, établi d'APRÈS LES MANUSCRITS DE L'ESCURIAL, PARIS, BÂLE ET MADRID ET ANNOTÉ

PAR CHARLES GRAUX,

PRÉPARÉ POUR L'IMPRESSION ET AUGMENTÉ D'UNE PRÉFACE

PAR M. ALBERT MARTIN.

PRÉFACE.

C'est à la Bibliothèque nationale de Paris que Charles Graux découvrit ces trente-deux chapitres de tactique militaire (1). Il les jugea intéressants et il en fit le sujet de ses leçons à l'Ecole des hautes études pendant le deuxième semestre de l'année 1875-1876. Il voulait exercer les élèves à la publication d'un texte inédit. Le Traité de tactique se trouvait dans trois manuscrits de la Bibliothèque. « Sept chapitres de ce traité ont été copiés par les élèves sur l'un de ces manuscrits, puis ils ont collationné leur copie avec les deux autres. En outre, un manuscrit de la Bibliothèque de l'Escurial, postérieur d'un demisiècle au plus à la mort de Nicéphore, et dont le répétiteur avait rapporté une collation à son retour de sa mission d'Espagne, a fourni une base solide

Nous désignons ce traité par le titre du premier des trente-deux chapitres: Пepi xaτaoláσews áñàýntov, Sur la castramétation. C'est sous ce titre qu'il est généralement connu.

la constitution du texte. Les variantes de tous ces manuscrits ont été pour discutées; on s'est efforcé de corriger les endroits altérés en un mot, ces sept chapitres ont été préparés comme pour une édition (1).

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Charles Graux ne s'était pas contenté, pour constituer le texte du Traité de tactique, des trois manuscrits de la Bibliothèque nationale. Il s'était enquis de savoir s'il n'y avait pas dans d'autres bibliothèques des manuscrits contenant ce texte inédit, et il en avait trouvé.

Un manuscrit lui avait été signalé dans la Bibliothèque de l'Université de Bâle. Ch. Graux obtint que ce manuscrit fût envoyé à la Bibliothèque de l'Université, à la Sorbonne, où il put l'étudier à loisir. C'est sur ce manuscrit qu'il fit du Traité de tactique la copie qu'il en a laissée. Cette copie est en 73 pages; elle a servi plus tard à Ch. Graux pour collationner les trois manuscrits de Paris et les deux manuscrits d'Espagne. Il publiait à cette mème époque, dans l'Annuaire de l'Association pour l'encouragement des études grecques en France, un article qui donnait une description détaillée du manuscrit et qui contenait de plus, à titre de spécimen, trois chapitres du Traité de tactique encore inédit. Le texte de ces trois chapitres était accompagné d'une traduction française et de notes nombreuses (2).

En Espagne, Graux trouva le traité dans deux manuscrits, l'un à la Bibliothèque nationale de Madrid, l'autre à la Bibliothèque de l'Escurial. Ce dernier était particulièrement important. Tandis que tous les autres manuscrits ne sont guère que du xvo ou du xvrc siècle, celui de l'Escurial remonte presque à l'époque où le traité a été composé; il est de la fin du xe siècle, et l'empereur Nicéphore Phocas fut assassiné dans la nuit du 10 au 11 décembre 969. A cette ancienneté du manuscrit correspond, comme c'est souvent le cas, une meilleure conservation du texte. Aussi Graux avait-il raison de dire, on l'a vu plus haut, qu'on avait enfin, pour constituer le texte du traité, une base solide. C'était donc là une heureuse trouvaille, une véritable découverte. Elle était d'autant plus méritoire que rien ne la faisait espérer. En effet, si l'on consulte la description du manuscrit donnée dans le Catalogue des ma

(1) Rapport sur l'École pratique des hautes études, section d'histoire et de philologie, 1875-1876, p. 5; E. Lavisse, Préface des Mélanges Graux, p. XXVIII.

(2) Cf. l'Annuaire de 1875, p. 76-89; l'article est reproduit dans le volume des Textes grecs publiés par Ch. Graux, édition posthume; Paris, 1886, p. 139-149.

nuscrits grecs de la Bibliothèque de l'Escurial, qui a été publié par E. Miller, on s'aperçoit que le traité n'est pas indiqué. Comme il ne porte pas de nom d'auteur, il n'a pas été distingué des traités qui précèdent (1).

Ainsi, pour constituer le texte de ce traité, Graux disposait de six manuscrits, qu'il a collationnés tous en entier ou au moins en grande partie.

1. Le Parisinus A (ancien fonds grec no 2437), manuscrit en papier, qui a été écrit en 1555, comme l'indique la souscription suivante mise au bas de page 409 : Ετελειώθη τὸ παρὸν βιβλίον ἐν ἔτει ἀπὸ Χριστοῦ γεννήσεως, αφνέ, μηνὸς ἰουνίου κ'. — Le Traité de tactique se trouve aux folios 345371 v.

la

2. Le Parisinus B (fonds du supplément grec, n° 26), en papier, écrit en 1575, de la main de Jean Rhasus, d'après la souscription mise en bas du feuillet 255 : Ετελειώθη τὸ παρὸν βιβλίον διὰ χειρὸς ἐμοῦ Ἰωάννου Ρασέου ἐκ νήσσου Κρήτης· οἱ ἀναγινώσκοντες εὔχεσθε (2).

Ώσπερ ξένοι χαίροντες ἰδεῖν πατρίδα

Οὕτω καὶ οἱ θαλαττεύοντες εὑρεῖν λιμένα (3)
Οὕτω καὶ οἱ γράφοντες ἰδεῖν (4) βιβλίου τέλος.

Mnvi paiw ia', 1575. — Le Traité de tactique se trouve aux feuillets 152169.

3. Le Parisinus C (ancien fonds grec no 2445), en papier, du xvre siècle. Au folio 298 vo, à côté d'un passage où il est question des Turcs qui sont éloignés et humbles, on lit à la marge, de première main : Deũ tñs éλλnvodvoτυχίας· οἱ ποτὲ μὲν δοῦλοι νῦν γεγόνασι κύριοι Τοῦρκοι μεμιασμένοι. Le manuscrit ne donne que les quatorze premiers chapitres du Traité, du feuillet 303 au feuillet 317.

(1) En effet, des Tactiques de l'empereur Léon, fol. 160 v°, on passe au traité IIepi παραδρομῆς πολέμου τοῦ κυροῦ Νικηφόρου, fol. 279 v°. Cf. ci-après, note 2 de la page 74. (*) Le ms. εύχεσθαι. (*) Le ms. λοιμένα.

XXXVI.

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(4) Le ms. oideiv. Nous avons conservé aux deux manuscrits de Paris, 2437 ancien fonds grec et 26 suppl. grec, les lettres A et B que leur avait attribuées C. B. Hase; cf. la préface de l'édition de Leo Diaconus; Bonn, 1828, P. XXIV.

10

IMPRIMERIE NATIONALE,

4. Le manuscrit K, de l'Université de Bâle (1), en papier, du xvo-xvio siècle; nous renvoyons à la description de Charles Graux dont nous avons parlé plus haut. Le Traité est aux feuillets 304 v°-324.

5. L'Escorialensis E, no T-III-11, in-quarto, en parchemin, de la fin du xe siècle (2). En tête du manuscrit on lit, à la marge supérieure: « Ex testamento Francisci Maturantii. Est monasterii Sancti Petri de Perusia sig. no mis. » A la marge inférieure : « Miserere mei Deus », et au-dessous : « Simon frater notarius monasterii Sancti Petri. » Ces trois inscriptions sont de la même main, c'est-à-dire de la main de Simon. Au bas de la page, la signature de don Diego de Mendoza a été atteinte par le couteau du relieur. Le Traité se trouve aux feuillets 257 v°-279 vo.

6. Le Matritensis M, no O, 42, en papier, in-folio (3), écrit en 1554, d'après la souscription mise sur le feuillet non numéroté qui suit le feuillet 390: Ετελειώθη τὸ παρὸν βιβλίον ἐν ἔτει ἀπὸ Χριστοῦ γεννήσεως, αφνδ', μηνὶ αὐ yovola y'. Au-dessous, on lit, d'une autre main : Étown tập εautoũ @pwτοτύπῳ ὡς ἦν δυνατόν. Le Traité se trouve sur les feuillets 327 vo-353 vo. Quant aux rapports qui peuvent exister entre ces manuscrits, Graux, sans avoir approfondi la question, avait indiqué () que A provenait de E, d'après la leçon que donnent ces deux manuscrits pour le titre du chapitre XXIV. On pourrait encore montrer (5) que M dérive aussi de E.

A ces manuscrits il faut ajouter l'Escorialensis

-I-3, qui est de la

main de Nicolas de la Torre et qui n'est qu'une copie (6) de E. L'Escorialensis

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2-1-19 est mentionné dans une note de l'article publié dans l'Annuaire de l'Association pour l'encouragement des études grecques). Graux a dû examiner ce manuscrit en Espagne; comme il ne dit rien des leçons qu'il contient, il est probable qu'il considérait ce texte comme sans valeur. Dans la même note sont mentionnés comme contenant le Traité de castramétation les manuscrits suivants : Palatinus 393, Monacensis 195, Neapolitanus III-C-18. «Il est probable, ajoute Graux, qu'on en reconnaîtrait l'existence dans d'autres manuscrits encore, si les notices des catalogues étaient, en général, suffisamment détaillées. »

Dans aucun de nos manuscrits, le Traité de castramétation ne porte l'attribution à l'empereur Nicéphore Phocas. Presque toujours, cet ouvrage se trouve rapproché du traité Περὶ παραδρομῆς πολέμου τοῦ κυροῦ Νικηφόρου τοῦ βαoiλéws, De velitatione bellica domini Nicephori Augusti, traité qui a été publié par C. B. Hase, dans le volume de la Byzantine de Bonn, qui contient les Histoires de Leo Diaconus. Dans la plupart de nos manuscrits, par exemple dans A, B, K, E, M, le Traité de tactique précède le De velitatione (2); au contraire, dans le Palatinus 393, le Traité de castramétation vient immédiatement après le De velitatione; et il n'est pas distingué de ce traité, il en est donné comme la suite naturelle (3). Hase attribue cependant les deux ouvrages à deux auteurs différents (4). Quoique le De velitatione porte dans nos manuscrits l'attribution à Nicéphore, on est d'accord aujourd'hui pour reconnaître que le traité n'est l'œuvre de l'empereur lui-même; il est certain cependant qu'il a été composé par son ordre, sous son inspiration, d'après ses indications, comme le reconnaît l'auteur lui-même au début de son ouvrage (5). Il est très probable

pas

(1) Cf. la note 16 de la page 142 des Textes grecs.

(2) Dans tous les manuscrits, sauf le Palatinus, le Traité de castramétation vient après les Tactiques de l'empereur Léon; nous avons vu (note 1 de la page 73) que, dans l'Escor. E, les deux traités ne sont pas distingués l'un de l'autre.

(3) Il y a quelques divergences entre le Palatinus et les manuscrits qui ont servi à établir le texte du présent traité. La plus considérable

de ces divergences est l'omission de ce qui est notre premier chapitre, περὶ καταστάσεως άпλýжтον. C. B. Hase a publié dans la préface du Leo Diaconus, p. xxv, la liste des chapitres du Traité de castramétation telle qu'elle est donnée par le Palatinus.

(4) « Postrema undetriginta capita, quae habebat unus Codex Palatinus, quod ab alio auctore ad hoc opusculum addita existimabam, in praesentia praetermisi » (p. XXIV-Xxv).

(5) Fin du Пpooípov. Cf. Fabricius-Harlès,

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