(Fol. 224 c.) Il ot j. home en la contrée de Mence, molt pesme et molt cruel; si vit une vision qui rien ne li aida, mès molt profita a autrui. De la cort le roi Choerain estoit. Souvent li amonestoit li rois qu'il se confessast ainçois que Diex le tuast soudainement... (Fol. 224 d.) Uns prestres iert qui avoit non Plegiles, molt religieus, et molt volentiers chantoit sa messe a l'autel ou li cors saint Nime le confessor gisoit (2)... (Fol. 225, anc. cclviij.) Cil qui ce livre fist dit qu'il cognut un frere en une molt riche abeïe qui vivoit molt desordonneement; assez le chastïoient li seigneur de laienz qu'il s'amendast (3)... Uns miracles avint, au tens Julien, d'une ymaige que une fame, que Diex gari de l'enfermeté dou sanc quant ele atoucha a li, avoit mise en Cesaire Phelippe, une cité de Fenice qu'il apeloient Penoam... (Fol. 225 b.) Une cité avoit em Palestine qu'en apele Nichopole. Dalez cele cité avoit une vile que li sainz livres del evengile apele Emaûx... L'en conte qu'en une cité de Thebaïde, qui a non Hermopolis, a .j. arbre qu'en apele Perside, de tel vertu que quant em pent del fruit ou de la fuelle de cel arbre au col a aucun malade, il est gariz isnelement... (Fol. 225 c.) Au tens Costantin vit cil qui escrit cel livre j. evesque en Chypre qui touz crolloit de veillesce; si contoit en de lui maintes choses, et il en retint aucunes et les escrit por donner example as bonnes genz... (Rufin, Hist. ecclesiastica, 1. I, ch. v; Migne, XXI, 471.) (Fol. 225 d.) Ci coumence la vie S. Hylarion et d'autres peres. Sainz Jheromes, qui fu sainz hom et bons clers, descrit la vie de saint Hylarion et apela le Saint Esperit en aïe... (S. Jérôme; Migne, XXIII, 19.) fr. 12136). Une autre a été recueillie dans le Promptuarium exemplorum, qui fait suite aux Sermones discipuli de J. Herolt (nombreuses éditions du xv siècle et du xvr°), parmi les « exempla de P.» : « Judei vulneraverunt imaginem Jesu Christi. Apud Syriam, in civitate Berith, quidam christianus, sub annua pensione hospitium habens... » Le récit se termine par ces mots : Hec Hugo de Sancto Victore. Je n'ai pas réussi à le trouver dans les œuvres de Hugues de Saint-Victor. On rencontre assez souvent le même récit copié à part, ainsi dans le manuscrit 558 de la Bibliothèque Sainte-Gene viève, fol. 197, à la suite d'un recueil de vies de saints. (1) Perse, dans le ns. B. N. fr. 1038 (fol. 97 d); Merce, dans le ms. 773 de Lyon (fol. 99 vo). (2) Ce prêtre doutait de la vérité de l'eucharistie. Le Christ lui apparaît, sur l'autel, sous la forme d'un enfant. Un récit de ce genre se trouve dans les Verba seniorum, Migne, LXXIII, 978; mais ce n'est pas la source de notre texte. (3) Se trouve dans le Promptuarium exemplo rum; c'est le premier des exempla de F». Cet exemple a quelques rapports avec un récit de Bède, Hist. eccl., V, xu. (Fol. 229 b, anc. cclxij.) Cil qui se doivent en mer embatre si essaient premierement en la quoie mer coument il le feront en la parfonde... (Vita Malchi monachi captivi; Migne, XXIII, 53.) C'est par cette légende que se termine, à proprement parler, ce que la traduction appelle la « Vie des Pères ». Les dernières lignes de la vie de Malchus sont celles-ci, dans le manuscrit de Saint-Pétersbourg : (Fol. 229 d. Ce conta li moines a saint Jherome quant il estoit encor jouvenciaus, et il le nos conte por plus amer chasteé, et nos coumande que nos le recontons aus autres, par (1) ce que tuit saichent que chasteez n'est onques chaitive ne entre espées ne entre bestes ne en desert, et home qui s'est donnez a Dieu nc puet estre vaincuz (2). C'est par suite d'une bien grossière erreur que le pèlerinage en Terre Sainte qui suit a été attribué à saint Antoine et joint à la Vie des Pères. L'original latin est l'Itinerarium Antonini martyris, dont on trouvera deux textes légèrement différents dans les publications de la Société de l'Orient latin (3). De cet Antonin (et non pas Antoine) on ne sait rien, sinon qu'il était de Plaisance, en Italie, qu'il vivait au vie siècle et que, s'il eut à passer par beaucoup d'épreuves lors de son voyage en Terre Sainte, il ne fut cependant pas, à proprement parler, martyr. Il est fort probable que le traducteur de cet Itinerarium est en même temps celui qui a rédigé en français, sous le titre de Vie des Pères, la compilation dont nous venons de donner une idée. Le voyage du prétendu saint Antoine fait suite, comme ici, au mème ouvrage en d'autres manuscrits, par exemple dans le manuscrit de Lyon 773 (où il est suivi de l'explicit Ci fenist la Vie des Peres, qui devrait prendre place avant le voyage) et dans le ms. B. N. fr. 1038, d'après lequel il a été publié par M. Auguste Molinier (4). (Fol. 229 d, anc. cclxij.) Cil qui ce livre fist conte le voiage de saint Antoine, cou (1) Sic, lire por avec le ms. fr. 1038 {fol. 109 d). (2) Le ms. 1038 ajoute: Encor puet il morir. (*) Itinera et descriptiones Terre Sanctæ..., edidit T. Tobler, I (1877), p. 91 et suiv. Itineraria hierosolymitana et descriptiones Terræ Sanctæ. ediderunt T. Tobler et Aug. Molinier (1880), p. 360**** et suiv.; cf. la préface de ce volume, p. xxv et suiv., et l'art. de Potthast ANTONINUS MARTYR. (4) Dans les Itineraria hierosolymitana, p. 383 et suiv. ment il ala por l'amor Jhesu Crist par touz les lieus ou il avoit alé, quant il fu en terre, et parole aussis com s'il meïsmes fust en ce voiage. De Plaisance, fait il, nos en alasmes en Constantinoble et venismes en l'ille de Chypre... V. BARLAAM ET JOSAPHAT, MISE EN PROSE D'UN POÈME FRANÇAIS. A la suite de la Vie des Pères et du Voyage de saint Antoine, le ms. B. N. fr. 1038, souvent cité dans les pages précédentes, renferme une copie de la version en prose du pieux roman de Barlaam et Josaphat). Cette version, faite directement sur le latin, n'est point celle que nous trouvons dans le manuscrit de Saint-Pétersbourg, du folio 232 au folio 247. La rédaction de ce dernier manuscrit est la mise en prose d'une version en vers octosyllabiques dont on possède trois manuscrits complets ou fragmentaires (2). De cette mise en prose on a reconnu jusqu'à présent deux copies, l'une dans le ms. 772 de Lyon, l'autre dans le ms. B. N. fr. 423 (3). (Fol. 232, auc. cclxv.) Ci coumence la vie Josaphas et Balaam. En Inde ot jadis .j. roi molt riche et molt puissant qui ot non Avenir; de grant pris estoit et de grant renon, de bel samblant et de bon aaige. Bien estoit faiz de cors et fiers de coraige. Molt avoit sa terre acreüe par granz guerres et par granz batailles. Si avoit matez et mis sous piez ses ennemis, qu'il ne s'osoient mouvoir. Ne porroie pas dire la moitié de ses granz rantes et de son grant avoir. Molt estoit riches de cors, mès povres estoit de l'ame. De nostre foi ne savoit riens, ainz vivoit selonc la loi des paiens, et, selon lor error, aoroit les ymaiges. Aus aises et aus deliz de cest monde estoit si ententis qu'il ne toloit a son cors riens qu'il volsist, mès une seule chose li ennuioit et grevoit molt, de ce qu'il n'avoit nul oir de son cors qui tenist après lui sa terre; et il fust molt liez se il peüst estre peres apelez, car c'est une chose que haut home couvoitent molt... VI. LÉGENDES DE SAINTES. Le recueil de Saint-Pétersbourg se termine par quatre légendes de saintes qui se rencontrent en mainte autre collection et qui, fait à noter, se suivent (1) J'ai donné des extraits de cette version, d'après le ms. 1038, dans Barlaam und Josaphat, französische Gedicht....., hgg. von H. Zotenberg und P. Meyer (Stuttgart, 1864), p. 347 et suiv. XXXVI. (2) A Carpentras, à Tours (voir l'ouvrage cité à la note précédente, p. 335 et suiv.) et à Besançon (no 552). (3) Voir Bulletin de la Société des anciens textes français, 1885, p. 77. 90 IMPRIMERIE NATIONALE. dans le même ordre en quatre légendiers au moins, les mss. B. N. fr. 411 (fol. 94-103), 412 (fol. 68-75), Bruxelles 10326 (fol. 103-115), Musée Brit. Add. 6524 (fol. 66-73). Elles se trouvent aussi, mais rangées un peu autrement, dans le ms. B. N. fr. 6447, décrit antérieurement (Notices et extraits, XXXV, 2o partie). (Fol. 247 c, anc. cclxxxviij.) Ci coumence la vie sainte Agathe la beneoite virge. Au tens que sainte crestientez cressoit et essauçoit par les paroles et par les hauz miracles que Nostre Sires faisoit por les sainz homes qui por li soufroient martyre, et por les saintes virges qui lor cors livroient a grief torment et a dolereuses painnes, estoit Quinciens conceles de Cezile qui haoit les crestïens... (6447, art. 49.) (Fol. 249 c, anc. cclxxx.) Ci coumence la vie sainte Luce. Au jor que la renomée et la parole cressoit et esforçoit molt durement par plusors contrées des hauz miracles que Damediex demoustroit et faisoit en la cité de Cathenense por ma dame sainte Agathe... (6447, art. 50.) (Fol. 251 b, anc. cclxxxxij.) Ci coumence la vie sainte Agnès la beneoite virge. Tuit devons graces et loanges rendre a nostre seignor Jhesu Crist des saintes vies et des passions qu'eles souffrirent pour l'amor de Nostre Seignor et por aquerre les celestiaux co ronnes... (6447, art. 51.) (Fol. 254, anc. cclxxxxv.) La passion sainte Felice et de ses .vij. filz. Veritez est, si com l'escriture tesmoigne, que en cel tens que Antonius estoit empereres de Roume, estoient cil qui creoient Nostre Seignor molt asproié et molt grevé par ceus qui la loi Dieu haoient et despiterent, et meïsmes par les evesques de la fausse loi plus que par les autres. En cel tens estoit a Roume une dame qui Felice estoit apelée... (6447, art. 60.) Le manuscrit se termine au folio 255 par cet explicit : Explicit la vie des apostres et des martyrs et d'autres sainz et de saintes. Le verso est occupé, comme nous l'avons dit, par une table qui s'arrête à la vie de saint Georges, fol. clxxvj. La suite de cette table devait se trouver sur un feuillet qui a été coupé. TABLE DES LÉGENDES". S. Agapite, f. 110. Ste Agathe, f. 247. 'S. Alban, f. 142. *SS. Alexandre et Théodule, f. 138. S. Alexis, f. 112. 'S. Amand, f. 131. S. André, f. 48. 'Annonciation N. D., f. 133. S. Antoine, f. 83. *S. Apollinaire, f. 150. S. Babylas, f. 159. *S. Barnabé, f. 141. S. Barthélemi, f. 38. S. Benoit, f. 115. *S. Blaise, f. 131. S. Brandan, f. 187. S. Christophe, f. 95. SS. Côme et Damien, f. 166. S. Cucuphat, f. 104. *S. Cyrice et St Julite, f. 142. S. Denis, f. 162. S. Etienne, pape, f. Ste Felice, f. 254. 107. S. Félix de Nole, f. 160. 'S. Gallican, f. 143. S. Georges, f. 156. *S. Germain d'Auxerre, f. 154. SS. Gervais et Protais, f. 105. S. Gilles, f. 123. *SS. Gordien et Épimaque, f. 139. *S. Grégoire, f. 132. S. Hippolyte, f. 173. *S. Ignace, f. 130 b. *Invention de la Croix, f. 137. S. Jacques le majeur, f. 26. 'S. Jean-Baptiste, f. 143. S. Jean l'évangéliste, f. 14. *SS. Jean et Paul, f. 144. S. Jérôme, f. 114. S. Julien le pauvre ou l'hospitalier, f. 181. *S. Julien et St Basilide, f. 127. Jumeaux (Les trois frères), f. 161. S. Lambert, f. 174. S. Laurent, f. 171. S. Longin, f. 41. *S. Loup, év. de Troyes, f. 153. St Lucie, f. 249. S. Mamers, f. 93. *S. Mamertin, f. 135. S. Marc, f. 43. *Ste Marie l'Egyptienne, f. 134. S. Marius, f. 159. 'S. Martin (translation), f. 146. S. Mathieu, f. 16. S. Nazaire, f. 105. *SS. Nérée et Achillée, f. 139. S. Nicolas, f. 67. 'S. Pancrace, f. 139. *S. Pantaleon, f. 152. S. Patrice, f. 178. *S. Paul (Conversion de), f. 129. Les articles précédés d'un astérisque appartiennent au Légendier liturgique. go. |