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recherches, de l'utilité des résultats, et des aperçus toujours remarquables et quelquefois nouveaux qui seront consultés avec fruit par les écrivains qui voudront traiter spécialement de l'Histoire d'Angleterre.

Les articles contenus dans cette sous-division, ne sont guère susceptibles d'analyse; mais ils seront essentiellement utiles aux historiens futurs, parce que les historiens précédens ont trop négligé les objets que ces articles font connoître. Je regrette que les recherches des continuateurs n'aient pas réussi à découvrir l'original de la loi de Vervins qui, écrite d'abord en idiome français, devint, pour divers pays, le supplément de la loi ordinaire.

Quatrième Sous-division. On trouve dans ces deux volumes assez de chroniqueurs et de biographes; mais les historiens y sont rares. Le seuf des écrivains qui mérite ce nom, c'est Guillaume de Tyr. Dans son article on a rassemblé et fait valoir les raisons qui portent à croire que Guillaume étoit français, contre l'opinion de ceux qui l'ont dit allemand, et de ceux qui ont conjecturé qu'il naquit outre-mer. L'ouvrage de Guillaume de Tyr a toujours joui d'une estime que cet historien a méritée, soit par le choix des faits qu'il raconte, soit par le talent qu'il a mis dans la rédaction. Les éloges donnés précédemment à l'auteur ont été justement confirmés dans l'Histoire littéraire.

Je n'ai rien à dire sur les nombreux auteurs de généalogies ou d'histoires particulières de monastères, d'évêques, d'abbés, &c. : il en est plusieurs qu'on ne lira pas sans profit; ils ont exigé des soins dont on doit savoir gré aux continuateurs, et qui peuvent en épargner beaucoup aux littérateurs qui travailleront après eux.

Cinquième Sous-division. L'époque a fourni quelques poètes latins : l'auteur de l'élégie sur le mauvais succès de la croisade de Louis le Jeune, ne fait que dépeindre les malheurs de l'armée française, et excite la nation entière à les venger : pour y parvenir, il présente la comparaison de la gloire passée de la France avec son humiliation actuelle; ses vers sont quelquefois énergiques: « O France! ô fléau des Musulmans, ô »France jadis victorieuse! où est ton antique renommée, ta gloire et »ta puissance? nation invincible, tu es devenue la proie des chiens, » la pâture des vautours..... Il te reste du moins que la foi te ranime » et que l'espérance te relève. Accepter le secours de la foi, c'est piété ; » refuser celui de l'espérance, c'est crime ( 1 ). »

(1) Francia, crux Arabum, victrix alienigenarum, En ubi fama prior, nomen et imperium! Gens insuperabilis hosti,

c

On trouve encore dans le tome XIII. Pierre le Peintre et Léonius. En parlant de ce dernier, on a prouvé que ce n'est point à lui qu'il faut rapporter l'invention des rimes appelées Léonines.

Le tome XIV contient les articles concernant Luc, abbé de Montcornillon, Reinier, moine de Liége, et Jean de Hautville. Ce dernier est auteur d'un poème latin assez remarquable, intitulé: ARCHITHRÉNIUS, Archipleureur. Le héros qui porte ce nom, parvenu à l'âge viril, passe en revue toutes les actions de sa vie, et se plaint de n'avoir rien fait pour la vertu ; il cherche la Nature, et, parcourant le monde, il rencontre Vénus ou la Volupté, avec les autres passions qui entraînent et pervertissent l'homme il trouve enfin la Nature, l'implore, et elle lui conseille de prendre pour épouse une femme appelée la Modération. Dans le cours de ses voyages, Archithrénius gémit et pleure sans cesse sur les vices du genre humain; c'est cet état de deuil et de tristesse qui a fourni le nom du héros devenu le titre du poème. Cet ouvrage a été jadis l'objet des plus grands éloges. Quoique la marche en soit aussi bizarre que le sujet, je ne partage pas entièrement l'opinion sévère des rédacteurs de l'Histoire littéraire, quand ils disent que, parmi les critiques qui l'ont loué, plusieurs se sont dispensés de le lire. On y trouve des détails bien rendus, quelques images vives, et assez souvent des pensées remarquables. Il faut nécessairement nous reporter aux époques où les auteurs ont écrit, si nous voulons apprécier et les louanges qui leur ont été prodiguées, et l'estime à laquelle ils peuvent encore avoir droit.

Sixième Sous-division. Les épistolaires ne sont pas la partie la moins curieuse ni la moins abondante de la collection. La plupart des écrivains et des grands personnages du temps ont laissé des lettres où l'on rencontre toujours quelques détails intéressans; et, comme en général elles sont datées, on sent combien les passages qui ont trait à des faits historiques ou à des hommes publics, peuvent être utiles à ceux qui rédigent nos annales.

Les auteurs de simples lettres missives, ainsi que les auteurs d'opuscules, et les agiographes, forment trois articles à part. Un article a été consacré à chaque genre. Cette méthode, dont les rédacteurs ont reconnu la nécessité et l'avantage, peut être appliquée à la collection entière, ainsi que j'en ai fait l'observation.

Il s'est trouvé des personnes qui ont blâmé, comme minutieux, le soin avec lequel les rédacteurs de l'Histoire littéraire ont toujours recueilli les

Ecce jaces volucri præda, rapina cani...
Restat ipsâ fide respires speque resurgas:
Respirare pium; surgere nolle nefas.

moindres détails concernant des écrivains peu connus, dont il ne nous reste que de simples opuscules, ou un petit nombre de lettres missives. Je suis loin d'approuver cette opinion: ces recherches ne grossissent pas considérablement le recueil, et elles ne laissent pas que d'offrir quelque utilité. Les personnes qui voudroient les exclure, ne font pas attention que le moindre opuscule, qu'une seule lettre, que même la seule indication d'un écrivain de l'époque, sert quelquefois à fixer utile- . ment et promptement une date importante, à éclaircir un doute, à corroborer une vérité. S'il existe quelque inconvénient dans la manière adoptée, il est sans doute moins considérable que ne le seroit celui de rejeter un nombre d'écrivains, sous le prétexte que leurs ouvrages ne sont pas assez importans ou pas assez étendus. D'ailleurs quel embarras pour les rédacteurs, s'ils avoient à décider quelle doit être l'importance ou l'étendue des opuscules ou des lettres pour mériter à leurs auteurs l'admission dans ce recueil ! Une observation de fait justifiera peut-être ma remarque dans le tome XIII., on trouve dix-neuf auteurs de lettres missives et dix-huit auteurs d'opuscules : ces trente-sept articles n'occupent que vingt-cinq pages dans un volume qui est de plus de 600. Dans le tome XIV, il y a neuf auteurs d'opuscules et vingt de lettres missives, en tout vingt-neuf auteurs, qui occupent seulement 20 pages; je ne crains pas d'avancer que ces articles si courts ont quelquefois coûté autant de soins et de recherches que les articles plus étendus auxquels le commun des lecteurs accorde beaucoup plus d'estime.

J'avois formé le dessein d'offrir un choix de traits et d'anecdotes qui eussent peint les mœurs, les opinions et les usages du XII. siècle; mais ce travail m'entraîneroit trop loin: je me borne à un seul trait, qui suffira peut-être pour faire juger de l'utilité même de l'ouvrage.

Nos historiens les plus accrédités, tels que Daniel, Velly, en traçant le règne de Louis le Jeune, n'ont rien dit des opinions de SaintBernard sur ce prince, sur son gouvernement, sur sa cour: on: trouve dans l'Histoire littéraire des détails précieux qui prouvent avec quelle utilité les écrivains de l'histoire pourront recourir aux indications fournies par les rédacteurs. L'abbé de Clairvaux écrit au Roi qu'il neremplit pas les espérances qu'on avoit conçues de lui. Il ajoute que le Roi accumule péché sur péché, qu'il provoque le courroux céleste; it lui applique ce verset d'un pseaume: Si videbas furem, currebas cum eo, et cum adulteris portionem tuam ponebas. Il cite ailleurs, contre le Roi, le passage où l'auteur sacré déplore la destinée d'un peuple soumis à un roi enfant Væ terræ cujus rex puer erit! Louis VII étoit cependant âgé de 25 ans en 1143, et dirigé par Suger, lorsque l'abbé de Clairvaux

disoit de ce prince : « C'est un enfant dont la conduite toujours puérile >> est souvent cruelle, qui bouleverse son royaume, dévaste l'église, pro» fane les choses sacrées, protège les impies, persécute les gens de bien, » et sacrifie les innocens. » Des assertions aussi étonnantes méritent de trouver place dans nos annales, et d'y être discutées et jugées par les écrivains impartiaux qui veulent présenter le véritable tableau du siècle dont ils tracent les événemens, et dont ils peignent les opinions et les mœurs.

Il seroit difficile de faire apprécier, et même de désigner par une indication sommaire, les morceaux remarquables, nombreux et variés, que présentent les deux volumes, dans lesquels on trouve plus de deux cent cinquante articles principaux, sans compter les articles moins importans dont j'ai donné précédemment l'énumération, ni ceux qui sont consacrés aux agiographes. Mais je ne crains pas d'assurer que les personnes qui liront ces deux volumes reconnoîtront que les continuateurs ont fait à l'ouvrage de nombreuses améliorations. Le style est plus clair, plus pur et mieux approprié aux différens sujets que ne l'étoit celui des Béné- dictins, et sur-tout celui des derniers continuateurs. La méthode de la composition, les formes de l'analyse, le choix des citations et les autres parties de la rédaction, ont également beaucoup gagné; et, sous le rapport de l'érudition et de l'exactitude des recherches, ce sera sans doute louer la Commission, que d'assurer que ses travaux ne cèdent pas à ceux des précédens rédacteurs. En sorte que l'on peut dire que la Commission de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, chargée de continuer l'Histoire littéraire de la France, a dignement répondu à la confiance du Gouvernement.

Dans l'un des prochains numéros, je rendrai compte des articles relatifs aux langues et aux littératures des troubadours et des trouvères, et aux écrits en ancien idiome français.

RAYNOUARD.

ÉLÉMENS DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE ET DE BOTANIQUE; par C. F. Brisseau Mirbel, de l'Institut; deux vol. in-8.° ensemble de 924 pages, sans l'explication des planches et la table des mots techniques. A Paris, chez Magimet, libraire, rue de Thionville, n.° 9, imprimerie de Firmin Didot; année 1815.

LES végétaux, objets sur lesquels s'exerce la botanique, sont si nombreux, que, pour en faciliter l'étude, on a cru devoir établir des méthodes.

ou systèmes, par lesquels on les classe de manière qu'on puisse ne paš les confondre. A l'aide de ce moyen, un observateur, lorsqu'il a examiné des individus, est en état de les reporter à leurs places dans la chaîne des êtres vivans, et il n'a plus besoin que de sa mémoire pour se les rappeler, et retenir les noms qui leur ont été assignés. Quand la botanique ne seroit pas allée plus loin, elle auroit toujours été une science distinguée parmi les autres, parce qu'elle exigeoit et supposoit une grande application et des comparaisons multipliées; mais on l'a rendue plus attrayante en lui associant la physiologie des plantes, que Grew, Malpighi, Leuwenhoek et Duhamel du Monceau, ont developpées avec tant de sagacité. C'est ainsi qu'une autre branche d'histoire naturelle, la minéralogie, 'eût moins intéressé, sans l'analyse des substances, dont elle déterminoit les formes et les surfaces.

Les deux volumes que nous nous proposons de faire connoître, réunissent la physiologie végétale et la botanique proprement dite: ce sont des élémens destinés à l'instruction de ceux qui ont du goût pour l'étude des végétaux, et particulièrement des élèves, qui suivent le cours de M. Mirbel, professeur de botanique à la faculté des sciences à Paris.

Après avoir tracé le plan de son livre, M. Mirbel cherche à fixer les idées sur la distinction fondamentale entre les êtres qui sont du ressort de l'histoire naturelle: anciennement on les divisoit en trois règnes; savoir, l'animal, le végétal et le minéral. Au lieu de cette division, les modernes admettent deux grandes classes, celle des êtres organisés, et celle des êtres inorganisés. Cette dernière embrasse toute la nature brute, les fluides, les gaz, les minéraux. Linné les distingue de cette manière : Lapides (seu mineralia) crescunt; vegetabilia crescunt et vivunt; animalia crescunt, vivunt et sentiunt (Philos. Bot.). Les minéraux different des deux autres, parce qu'ils ne sont pas susceptibles de se contracter; c'est donc l'irritabilité qui fait le caractère distinctif entre les êtres organisés et ceux qui ne le sont pas. Il est plus difficile, ou plutôt il est impossible de déterminer le point qui sépare les animaux des végétaux: il y a si peu de différence entre les zoophytes et la sensitive! M. Mirbel conçoit toute la difficulté, la fait concevoir à ses élèves, et s'en tient là.

Il donne ensuite un aperçu des caractères extérieurs du végétal; il fait voir qu'il existe dans les végétaux, comme dans les animaux, deux ordres d'organes, les uns nécessaires à la conservation de l'individu; tels sont la racine, la tige, les feuilles; les autres nécessaires à la propagation de l'espèce, tels sont la fleur et le fruit. De-là il passe à l'examen du tissu organique, vu à l'oeil nu, et vu au microscope; il le divise en tissu cellulaire, et en tissu vasculaire, dont l'épiderme est l'enveloppe

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