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un don fait à madame de Polignac, à M. de La Vauguyon. Louis déclare n'avoir aucune connaissance de ces pièces. 31o. Un billet signé des frères du roi. Louis déclare ne reconnaître ni l'écriture ni la signature.

32o. Une lettre de Toulongeon aux frères du roi.

33°. Une liasse relative à Choiseul-Gouffier et à ses agens. Louis déclare n'en avoir aucune connaissance.

- La si

34°. Une lettre de Louis à l'évêque de Clermont. gnature et l'écriture ne sont pas reconnues. Louis fait observer que bien des gens avaient des cachets aux armes de France. 35°. Une copie signée Desniés : un bordereau du paiement de la garde du roi, signé Desniés, commissaire.

36o. Une liasse contenant les sommes payées à Gilles, pour une compagnie de soixante hommes.

37°. Une pièce relative aux pensions.

38°. Une lettre de Dufresne de Saint-Léon.

39o. Un imprimé contre les jacobins.

Louis déclare ne reconnaître aucune de ces pièces (1).

Le président. Louis, la Convention nationale vous permet de vous retirer.

Louis se retire dans la salle des conférences. Sur la motion de Kersaint, la Convention décrète immédiatement que le commandant-général de la garde nationale parisienne reconduira sur-le-champ Louis Capet au Temple.

N° II.

Rapport fait au nom du comité de salut public sur la journée du 31 mai ei les événemens qui en ont été la suite, par Bar

rère.

Séance du 6 juin 1793.

Citoyens, le mouvement qui s'est fait à Paris, le 31 mai, n'était pas digne du regard du législateur révolutionnaire: la morale pu

(1) Les pièces du procès communiquées ensuite à Louis XVI son! beaucoup plus nombreuses. Leur recueil forme 4 volumes in-8.

blique n'avait pas à pleurer sur ses effets. La protection spéciale donnée aux personnes et aux propriétés au sein de l'anarchie, a moralisé en quelque sorte ce premier mouvement dans lequel les patriotes ont vu deux motifs : le premier, la nécessité de faire taire dans l'Assemblée des représentans la voix discordante de tous les partis, pour ne faire entendre que la voix de la patrie déchirée et malheureuse; le second de faire cesser le système qui tendait à séparer d'opinion une grande cité dépositaire des pouvoirs nationaux, et les autres départemens de la république. 4

Mais qui oserait apprécier encore les suites de ce mouvement?

Qui est-ce qui parmi nous en connaît les rapports secrets et les motifs réels? Je dirai seulement que les faits inopinés d'un jour trop mémorable ont affligé le cœur des hommes libres, sans les avoir découragés ni ébranlés. A la hauteur où la raison a placé le peuple français, il jugera sainement les objets; il distinguera bien ce qui est national de ce qui appartient aux passions particulières : il ne confondra pas ce qui est révolutionnaire avec les projets sinistres qu'on peut couvrir de ce mot imposant.

C'est en vain qu'on voudrait donner le change à l'opinion publique dans tous les partis! Les députés du peuple assureront le triomphe de la république au milieu de ces oscillations forcées ils ont été calmes dans un moment difficile; leur vertu généreuse et tranquille a conjuré l'orage; et ce calme est le signe assuré de leur courage et la caution de leurs succès.

:

Le comité de salut public a présenté à l'Assemblée une proclamation le 1er juin; il a la conscience intime qu'il a publié dans ce premier moment la vérité. Son silence, depuis cette époque, a dû être entendu par vous et par la nation entière. La journée du 2 juin a fait sur quelques esprits, et peut avoir fait sur des citoyens éloignés, une impression dont votre fermeté ne doit pas craindre les suites; mais il faut du moins les prévenir là où les amis ardens de la liberté n'ont vu qu'une

erreur de la force, les citoyens alarmés ont cru voir un dessein formel d'attaquer les droits du peuple.

;

Nous sommes encore trop près de ces événemens pour en juger l'objet, le moyen et les conséquences. La nation connaîtra toute la fermeté de ses mandataires, les opinions vraies ou fausses sur la liberté se montreront enfin ; des faits altérés par toutes les passions se dégageront bientôt de ce limon impur qui s'y mêle dans les mouvemens révolutionnaires, et au lieu d'ajouter une calamité à une calamité, votre sagesse tirera encore de cette crise imprévue des moyens de bonheur, des motifs d'union et d'indivisibilité de la république.

Le comité de salut public a dû apprécier les événemens, et se tracer une route au milieu de ces faits populaires et des projets particuliers; il a dû épier les passions, écouter les partis, surveiller les actes étrangers au mouvement révolutionnaire du peuple, pour les intérêts qui s'en rapprochaient, comme ceux qui voulaient s'en servir et profiter des circonstances.

Il a vu un mécanisme révolutionnaire semblable à celui qui avait brisé le trône le 10 août, mais ne pouvant briser la souveraineté du peuple; elle repose sur vingt-cinq millions d'hommes.

Le comité a pensé que le ressort de la souveraineté nationale, comprimé un instant, devait reprendre toute son élasticité; que l'ordre devait renaître de l'excès des maux; que le respect dû au législateur devait s'établir sur les ruines du système d'avilissement, trop long-temps toléré, et que les comités dits révolutionnaires devaient disparaître alors qu'ils cessaient d'être utiles, alors qu'ils pouvaient nuire à la liberté civile, ou attenter à la souveraineté nationale.

Dans quelques villes les comités établis pour la surveillance des étrangers et la répression des stipendiés de nos ennemis, ont servi à assouvir des haines contre des citoyens. Dans quelques cités des sections ont cassé ou supprimé de leur propre autorité ces comités révolutionnaires : dans d'autres sections de la république, ces comités ont exercé le

droit d'imposition: ils ont établi et exécuté des taxes arbitraires. Citoyens, ce n'est pas là l'objet de l'institution que vous avez faite ; ce ne sont plus là que des instrumens d'anarchie et de vengeance. C'est au législateur, qui veut ramener les citoyens à l'amour de la véritable puissance, à la retirer de ces mains dangereuses dans lesquelles elle a été trop longtemps disséminée.

Si votre commission des douze a été supprimée pour avoir fait craindre des atteintes à la liberté civile, le même sort doit être réservé aux comités de surveillance appelés révolutionnaires et qui sont établis dans toute la républiqne. Il est temps de fonder la liberté sur ses véritables bases! Nous allons faire la constitution: qu'elle trouve donc les cœurs et les volontés des citoyens, rassurés, prêts à la recevoir!

La suppression, tel est le sort réservé à ces établissemens éphémères qu'un orage a créés, et que la liberté doit détruire alors qu'elle s'établit! Où seront désormais les autorités constituées qui supporteront à côté d'elles ces comités révolutionnaires qui viennent éclipser à leur gré les volontés paisibles de la loi, pour y placer des volontés qui tendent naturellement à l'arbitraire et à la violence?

Le comité révolutionnaire de la république, c'est vous! le véritable comité révolutionnaire de France, c'est la Convention! Non cette Convention divisée en partis, se déchirant par des opinions contraires, et présentant plutôt le spectacle de gladiateurs acharnés que de législateurs sages; non cette Convention où la triste ambition du pouvoir, la soif du gouvernement et le désir des vengeances particulières a trop longtemps exaspéré les haines et multiplié les combats, fait douter si le gouvernement populaire était bon, et si la république serait établie Le véritable comité révolutionnaire, c'est cette Convention une, indivisible comme la république que nous avons fondée; cette Convention délibérant d'ensemble, n'ayant d'autres discussions que celles qui tendent à l'amélioration de la loi ou au perfectionnement de

l'ordre public; cette Convention où l'on ne se disputera plus que de moyens et de zèle pour adoucir les maux du peuple, pour lui donner des lois justes et populaires, pour diminuer la masse des assignats, pour préparer l'industrie, augmenter le commerce et encourager l'agriculture!

C'est vous qui êtes le véritable instrument révolutionnaire, et vous l'avez trop souvent oublié! C'est vous qui avez perdu de vue votre honorable et unique mission, celle de faire une guerre vive et terrible aux tyrans de tout genre, et non pas à vous-mêmes ; celle de faire une constitution et non pas des décrets et des discours; celle enfin de faire arriver à terme la plus belle des révolutions, celle qui aura pour résultat une république riche, puissante, une et indivisible et sans germe de fédéralisme !

C'est donc à la Convention à ne jamais descendre de la place éminente où la puissance nationale l'a établie, c'est à vous à diriger la force publique pour l'appliquer, non à des caprices particuliers, ou à des projets de parti, mais aux volontés nationales! Que serait-ce qu'une assemblée nationale qui, placée comme un dépôt sacré au milieu d'une des communes de la république, ne serait obéie de personne, verrait à ses côtés des autorités subordonnées se paralysant elles-mêmes par leur multiplicité ou leur discordance, ou paralysées par des mouvemens qu'elles ignorent ou qu'elles tolèrent? Que seraitce donc qu'une assemblée au milieu d'une force publique à la merci d'hommes qu'elle ne connaît pas, ou aux ordres d'un pouvoir inconnu aux lois?

Que les lois soient désormais plus fortes que les armes ! que la nation soit plus puissante que l'une de ses sections, et que, dès ce moment, la réquisition de la force armée soit placée dans vos mains! que votre réquisition, plus énergique, plus pleine que toutes les autres, les fasse cesser à l'instant. C'est à ce signe de la puissance légitime et suprême, que la France reconnaîtra ses mandataires !

En retenant tous les pouvoirs que la Convention a par l'objet

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