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Ici commence l'exécution du projet infernal de Robespierre qui fit d'abord agir la commune de Paris, et mouvoir ensuite toutes les factions de cette capitale pour obtenir la proscription de ses collègues. Après avoir manqué leur coup, le 10 mars, les ennemis de la gironde ne cessèrent pas depuis de tramer sa perte. La députation de Paris, qui avait pour chefs Robespierre et Marat, n'était pas capable de souffrir la domination qui était due aux girondins, à Pétion et à Brissot. Par la supériorité du talent, les girondins avaient obtenu cette domination sous l'Assemblée législative, parce qu'ils professaient alors les principes jacobins, ce qui leur donnait la voix bruyante et l'appui terrible de leurs sociétés. Ils les conservèrent jusqu'à la Convention, époque où il fallut céder la place aux nouveaux venus, Robespierre, par qui seul juraient tous les clubs de la France. Néanmoins les girondins conservèrent leurs avantages, jusqu'à ce que Robespierre et sa montagne obtinrent, malgré leur opposition, que le roi serait jugé avant de discuter la constitution, au projet de laquelle ni Robespierre ni Couthon n'avaient coopéré.

à

Précédemment, j'ai parlé du pillage des épiciers, le 25 février, qui donna lieu à l'accusation de Marat, des meurtriers de septembre, que les girondins voulaient faire punir par une procédure en forme, ce qui n'était presque plus possible par plus d'une considération. On obtint cependant que le ministre de la justice ferait un

rapport à ce sujet. Mais Garat, qui occupait cette place après Danton, et qui voyait la toute-puissance de Robespierre qu'on aurait fort désiré comprendre dans cette poursuite, fit ce rapport de manière à laisser entrevoir que ce serait un mal plutôt qu'un bien, de rouvrir ces plaies. Il insinua que

trop de gens avaient pris part à ces attentats, et

qu'il faudrait compromettre jusqu'aux autorités; en sorte qu'il ne résulta de ce rapport, comme des déclamations et des décrets qui l'avaient précédé, qu'un plus vif désir de vengeance de la part des auteurs, des complices et des protecteurs de tous les vols et de tous ces massacres. En effet, leurs dénonciateurs furent peu de jours après dénoncés à leur tour comme des contre-révolutionnaires, ennemis de la liberté publique, eux qui en faisaient leur idole. .

Dans la séance du 15 avril 1795, parut à la barre le maire de Paris qui, avant de lire sa pétition, déclara à la Convention qu'elle avait été adoptée ou appuyée par le conseil général de la commune, alors très-lié avec Robespierre et son parti. L'orateur s'exprime ainsi :

Législateurs,

:

>> Les rois n'aiment pas la vérité leur règne >> passera; le peuple la veut partout et toujours: >> ses droits ne passeront point.

» Nous venons demander vengeance des outra»ges sanglans faits à sa liberté depuis si long

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>> temps. Les Parisiens ont commencé les premiers>> la révolution en renversant la Bastille, parce

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qu'elle dominait de plus près sur leurs têtes. C'est >> ainsi qu'ils viennent aujourd'hui attaquer la nou» velle tyrannie; et, parce qu'ils en sont les pre>> miers témoins, ils doivent jeter les premiers, » dans le sein de la France, le cri de l'indignation.

>> Ils ne viennent point faire acte exclusif de » souveraineté, comme on les en accuse tous les jours; ils viennent émettre un vœu auquel la » majorité de leurs frères des départemens donnera » force de loi : leur position seule leur donne l'ini» tiative de la vengeance.

>> Nous reconnaissons ici solennellement que la » majorité de la Convention est pure, car elle a >> frappé le tyran; ce n'est donc point la disso>>lution effrayante de la Convention, ce n'est » point la suspension de la machine politique que > nous demandons; loin de nous cette idée vrai>>ment anarchique !

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>> Nous venons, armés de la portion d'opinion publique du département de Paris tout entier, >> provoquer le cri de vengeance que va répéter » la France entière; nous allons lui indiquer les >> attentats et les noms de ses perfides manda>> taires.

>>> Les crimes de ces hommes sont connus.

>> Dans les temps où ils feignaient de combattre » la tyrannie, ils ne combattaient que pour eux; >> ils nommaient, par l'organe de Capet, leur chef

>> et leur complice, des ministres souples et doci» les à leurs volontés mercantiles.

>> Ils trafiquaient avec le tyran par Boze et » Thierry; ils voulaient lui vendre, à prix d'ar» gent et de places lucratives, la liberté et les » droits les plus chers du peuple.

» Brissot, quelques jours avant le 10 août, vou>> lait prouver que la déchéance serait un sacrilege; » et Vergniaud osait annoncer au corps législatif » que, malgré le vœu connu du peuple, il ne » proposerait jamais aucune mesure qui pût ame»> ner cette déchéance.

>> Guadet protégeait les trahisons de Narbonne. >> La mémorable journée du 10 a arraché de » leurs mains les pouvoirs qu'ils s'étaient appropriés..

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>> Ils ont voulu perpétuer leur dictature minis» térielle; ils ont présenté à l'Europe comme une » idole ce Roland, cet empoisonneur de l'opinion publique; ils ont tout fait pour précipiter ceux >> dont le courage et la vertu gênaient leur ambi» tion; ils se sont tous attachés à calomnier le

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peuple de Paris dans les départemens; ils ont » montré Paris comme usurpateur pour qu'on ou» bliåt leurs usurpations particulières; ils ont voulu >> la guerre civile pour fédéraliser la république ; >> ils ont, à l'aide de Roland, présenté les >> Parisiens à l'Europe comme des hommes de » sang!

» Après avoir par ce moyen perfide aliéné le

parti libre et populaire de l'Angleterre, ils ont » sollicité la guerre offensive.

>> Ils ont, sous le faux amour des lois, prêché » le meurtre et l'assassinat. Au moment même où » Le Pelletier venait d'expirer, où Léonard-Bour» don était percé de coups, Salles écrivait dans le » département de la Meurthe d'arrêter ses collè»gues, les députés commissaires, comme des dé>>sorganisateurs et des factieux. Gorsas, ce calom» niateur éhonté, qui ne rougissait pas, il y a » quatre jours, d'excuser publiquement Dumou»riez, au mépris d'un décret qui défend de prendre » le parti de ce scélérat sous peine de mort; ce »Gorsas, trouvé clandestinement à la tour du

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Temple quinze jours avant la mort du tyran, » était le thermomètre du traître Dumouriez et de » son perfide état - major qui, ses feuilles à la >> main, faisaient circuler le poison dans l'armée, » au lieu de laisser apercevoir aux soldats le véri» dique bulletin de la Convention.

pas

>> Cette preuve n'est la seule de leur complicité avec Dumouriez leur conduite, leur >> correspondance déposent contre eux sans répli

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» que.

>>

:

» Quand Dumouriez est venu faire à Paris son » voyage mystérieux, quels sont les hommes

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qu'il a fréquentés? Quels sont les hommes qui, » pour arracher le tyran au supplice, ont fait per» dre à la Convention trois mois d'un temps pré>> cieux et nécessaire à la confection des lois qui

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