Le désert est immense et plus d'une couleuvre Ah! faites-y passer un fleuve de chefs-d'œuvre, Gloire à l'art! Aux souffrants il faut montrer ce signe! Honorez le grabat, célébrez les outils! Vous n'atteindrez si bien à la grandeur insigne Qu'en devenant petits avec les plus petits. N'hésitez pas devant la douleur nécessaire, Qu'il soit hardi, viril, de sang seul économe, Pendant que brûlait mon rêve Comme un encensoir, Je vis au loin sur la drève Descendre le soir. Au bois plein, d'un charme étrange, Le soleil encor Laissait trainer une frange De son manteau d'or. Les fleurs fermaient leurs calices, Les enfants leurs yeux; La paix versait des délices Aux nids gracieux. Des groupes, en petit nombre, Hâtaient leur retour; D'autres s'attardaient dans l'ombre Où se plait l'amour; D'autres chantaient. Une femme, En plein horizon, Passa, suspendant leur ame Avec leur chanson. Ce n'était Phœbé, Diane, C'était une paysanne, Aux rouges bras nus; C'était la jeunesse pure, La vie en simple nature, Une pêche à chaque joue, Du bleu plein les yeux, De longs cheveux où se joue Un sein de vierge, robuste, Et des souplesses d'arbuste, Libres de corset! Telle, sachant qu'on l'admire, Puis, dans l'éclair d'un sourire, Et nous, l'âme encor penchée Dans l'enchantement, Nous la crûmes détachée D'un tableau flamand. CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 6 novembre 1879. M. le chevalier LÉON DE BURBURE, directeur. Sont présents: MM. L. Alvin, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Alph. Balat, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slingeneyer, A. Robert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, A. Pauli, G. Guffens, J. Schadde, Th. Radoux, membres; Éd. de Biefve, Alex. Pinchart, et J. Demannez, correspondants. MM. Ed. Mailly, membre de la Classe des sciences, el R. Chalon, membre de la Classe des lettres, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur soumet à l'examen de la Classe, conformément à l'article 15 du règlement général des grands concours dits prix de Rome : 1o Le septième rapport semestriel de M. F. Lauwers, lauréat du concours de gravure de 1874. Renvoi à MM. Franck, Leclercq et Pinchart; 2. Le troisième rapport semestriel de M. Julien Dillens, lauréat du concours de sculpture de 1877. - Renvoi à MM. Joseph Geefs et Fraikin; 3o Le premier rapport semestriel de M. Éd. De Jans, lauréat du concours de peinture de 1878. - Renvoi à MM. Robert, Slingeneyer, Guffens et Alvin. -M. le Ministre de l'Intérieur approuve l'élection de M. Fétis comme membre de la Commission chargée de la publication des œuvres des anciens musiciens belges. Il exprime, en même temps, le désir de connaître la composition du bureau de cette Commission. - Renvoi à la Commission précitée. -M. Alvin présente, à titre d'hommage, de la part de l'auteur, un exemplaire (format in-8°) de l'Histoire de la gravure dans l'école de Rubens, par M. Henri Hymans, conservateur des estampes à la Bibliothèque royale de Belgique, ouvrage couronné par la Classe des beaux-arts dans sa séance du 23 septembre 1878. - Remerciments. M. Raffaelo Coppola, directeur de la musique municipale de la ville de Crémone, fait savoir qu'il est l'auteur de la symphonie à grand orchestre, portant pour devise : Ars longa, vita brevis, qui a obtenu une mention honorable et un prix d'encouragement de 500 francs au dernier concours de la Classe. Pris pour notification. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1881. SUJETS LITTÉRAIRES. PREMIÈRE QUESTION. Faire l'histoire de l'architecture qui florissait en Belgique pendant le cours du XVe siècle et au commencement du XVIe, architecture qui a donné naissance à tant d'édifices civils remarquables, tels que halles, hôtels de ville, beffrois, siéges de corporations, de justices, etc. Décrire le caractère et l'origine de l'architecture de cette période. DEUXIÈME QUESTION. Faire une étude critique sur la vie et les œuvres de Grétry, étude fondée autant que possible sur des documents de première main; donner l'analyse musicale de ses ouvrages, tant publiés que restés en manuscrit; enfin, déterminer le rôle qui revient à Grétry dans l'histoire de l'art au XVIIIe siècle. TROISIÈME QUESTION. Déterminer, en s'appuyant sur des documents authentiques, quel a été,--depuis le commencement du XIV* siècle jusqu'à l'époque de Rubens inclusivement, le régime auquel était soumise la profession de peintre, tant sous le rapport |