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the Life of Charlotte Bronte by C. E. Gaskell, c'est-à-dire que l'on pourra interroger les éléments mêmes d'où sortirent Jane Eyre, Villette et Shirley, ces admirables descriptions de la jeune fille qui n'a que de l'intelligence pour lutter contre le manque de fortune et- calamité sans fond-contre l'absence de beauté. Tout cela ne pouvait être mieux rappelé que par une autre femme le biographe de Charlotte Bronte, Mme Gaskell.

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DISCOURS prononcé par l'Empereur à l'ouverture de la session du Corps Législatif, le 18 janvier.

« MESSIEURS LES SÉNATEURS, » MESSIEURS LES DÉPUTÉS, »Tous les ans, à l'époque de la réunion des Chambres, je vous rends compte de ce qui s'est fait pendant votre absence, et je demande votre concours pour les mesures à prendre. » Depuis l'année dernière, le Gouvernement a suivi sa marche progres sive et régulière, exemple de toute vaine ostentation.

>> On a souvent prétendu que, pour gouverner la France, il fallait sans cesse donner comme aliment à l'esprit public quelque grand incident théâtral. Je crois, au contraire, qu'il suffit de chercher exclusivement à faire le bien pour mériter la confiance du pays. (Applaudissements.)

» L'action du Gouvernement s'est donc simplement bornée à faire ce qu'il y avait de plus utile, suivant les circonstances, dans les branches diverses de l'administration.

» Dans l'intérêt de l'agriculture, l'exportation et la distillation des grains ont été autorisées de nouveau, et l'appui de la Banque est venu donner de la force au Crédit foncier. Les

landes commencent à se défricher.

>> Dans les travaux publics, les résultats les plus importants sont: 1,330 kilomètres de chemins de fer livrés, en 1857, à la circulation; 2,600 kilomètres nouveaux concédés; des routes nouvelles créées; le bassin à flot de Saint-Nazaire et le canal de Caen à la mer ouverts à la navigation; des études sérieuses terminées pour prévenir le fléau des inondations ; l'amélioration de nos ports, et, entre autres, du Havre, de Marseille, de Toulon, de Bayonne; au nord et à l'est de la France, l'exploitation de nouvelles richesses houillères; à Paris, l'inauguration du Louvre et de l'Asile de Vincennes; enfin, dans la capitale comme à Lyon, des quartiers ouverts, pour la première fois depuis des siè• cles, à l'air et à la lumière; et, sur toute la France, les édifices religieux se construisant à nouveau ou se relevant de leurs ruines. (Nouveaux applaudissements.)

» L'instruction donnée par l'Etat se développe à côté de l'enseignement libre, loyalement protégé. En 1857, le nombre des élèves des lycées s'est accru de 1,500. L'enseignement, redevenu plus religieux et plus moral, se relève avec une tendance vers les saines humanités et les sciences uti

les. Le Collège de France a été réorganisé; l'instruction primaire se répand avec succès.

» La volonté du Gouvernement est que le principe de la liberté des cultes soit sincèrement appliqué, sans oublier que la religion catholique est celle de la grande majorité des Français. Aussi cette religion n'a jamais été ni plus respectée, ni plus libre. Les conciles provinciaux s'assemblent sans entra ves, et les évêques jouissent en toute plénitude de l'exercice de leur saint ministère.

» Les cultes luthérien et réformé, ainsi que les israélites, participent dans une juste proportion aux subventions de l'Etat et en sont également protégés.

L'accroissement de valeur de toutes choses nous a obligés, dès l'année dernière, à augmenter les appointements attachés aux fonctions les moins rétribuées. L'ordinaire du soldat a été amélioré, et la solde des officiers de grade inférieur augmentée. Le budget de 1859 élève le traitement des desservants, celui des professeurs et des instituteurs, enfin celui des juges de paix. (Assentiment unanime.)

>> Parmi les mesures d'assistance, je signalerai la propagation des sociétés de secours mutuels; dans les campagnes, celle des médecins cantonaux; dans les villes, l'établissement des fourneaux économiques. Un million a été distribué pour venir en aide aux populations le plus gravement atteintes par l'interruption accidentelle du travail.

>> Le budget de 1859, qui vous sera présenté, se soldera par un excédant de recettes, et l'action de l'amortissement pourra être rétablie, le grandlivre fermé, la réduction de la dette flottaute assurée. (Marques de satisfaction générale.)

» Le commerce a éprouvé en dernier lieu des souffrances et un temps d'arrêt; mais la fermeté de son attitude au milieu d'une crise pour ainsi dire universelle, est, aux yeux de tous, un honneur pour la France, et justifie les principes économiques conseillés par le Gouvernement en matière de commerce, de finances et de crédit.

» L'accroissement des revenus directs et indirects pendant l'année qui vient de finir a été de 30 millions.

>> Parmi les divers projets de lois d'intérêt général qui vous seront soumis, j'indiquerai: une loi sur les patentes, qui dégrève les petits contribuables; un nouveau code militaire de la marine; une proposition d'affecter les 20 millions qui restent des emprunts à l'achèvement des travaux, destinés à mettre les villes à l'abri des inondations.

» L'Algérie, reliée à la France par le fil électrique, a vu nos troupes se couvrir d'une nouvelle gloire par la soumission de la Kabylie. Cette expédition, habilement conduite et vigoureusement exécutée, a complété notre domination. L'armée, qui n'a plus d'ennemis à combattre, aura à lutter contre des difficultés nouvelles, en ouvrant des voies ferrées, si nécessaires au développement de la prospérité de notre colonie. (Applaudissements.)

» En France, l'armée trouvera dans le camp de Châlons une grande école qui maintiendra, à la hauteur où ils se sont élevés, l'esprit et l'instruction militaires.

>> L'Empereur Napoléon avait légué à ses anciens compagnons de gloire sou domaine privé et son domaine extraordinaire; l'Etat les a absorbés sous la Restauration. C'est pour exécuter en quelque sorte ce legs pieux que vous avez voté, d'une part une somme de 8 millions, et, de l'autre, près de 3 millions de secours annuels pour les anciens militaires. Néanmoins, j'ai voulu qu'une médaille vint rappeler à tous ceux qui avaient servi dans nos armées, la dernière pensée de leur ancien chef. Plus de trois cent mille hommes, en France et à l'étranger, ont demandé cette médaille, souvenir de l'Epopée Impériale, et, en la recevant, ils ont pu se dire avec fierté: « ET MOI AUSSI JE

» FAISAIS PARTIE DE LA GRANDE AR

» MÉE, » paroles que l'Empereur à Austerlitz avait raison de leur mon. trer dans l'avenir comme un titre de noblesse. (Acclamations unanimes.)

» Notre marine, dont les arsenaux

sont occupés aux transformations si nécessaires de la flotte, maintient sur toutes les mers l'honneur de notre drapeau. En Chine, elle lutte de concert avec la flotte anglaise pour obtenir le redressement de griefs communs et pour venger le sang de nos missionnaires cruellement massacrés. (Nouveaux applaudissements.)

» Les relations de la France avec les puissances étrangères n'ont jamais été meilleures; nos anciens alliés, fidèles aux sentiments nés d'une cause commune, nous témoignent la même confiance, et les nouveaux, par leurs bons procédés, par leur concours loyal dans toutes les grandes questions, nous feraient presque regretter de les avoir combattus. (Assentiment général.) J'ai pu me convaincre, à Osborne comme à Stuttgard, que mon désir de conserver l'intimité des anciens liens, comme celui d'en former de nouveaux, était partagé également par les chefs de deux grands empires.

Si la politique de la France est appréciée comme elle le mérite en Europe, c'est que nous avons le bon esprit de ne nous mêler que des questions qui nous intéressent directement, soit comme nation, soit comme grande puissance européenne; aussi me suis-je gardé de m'immiscer dans la question des Duchés, qui agite aujourd'hui l'Allemagne; car cette question, purement allemande, restera telle tant que l'intégrité du Danemark ne sera pas menacée. Si je me suis occupé, au contraire, de l'affaire de Neufchâtel, c'est que le roi de Prusse avait réclamé mes bons offices, et j'ai été heureux, dans cette occasion, de contribuer à la conclusion définitive d'un différend qui aurait pu devenir dangereux pour le repos de l'Europe. (Applaudissements.)

A l'égard des Principautés, on s'est étonné de notre désaccord avec plusieurs de nos alliés : c'est que la France, dans sa politique désintéressée, a toujours protégé, autant que les traités le permettaient, les voeux des populations qui avaient tourné leurs regards vers elle. Néanmoins, les conférences qui vont s'ouvrir à Paris nous verront apporter un esprit de conciliation de nature à atténuer les diffi.

cultés inséparables de la divergence des opinions.

» Telle est, messieurs, en résumé, notre situation. Je pourrais donc terminer ici mon discours, mais je crois utile,au commencement d'une nouvelle législature, d'examiner avec vous ce que nous sommes et ce que nous voulons. Il n'y a que les causes bien définies, nettement formulées, qui créent des convictions profondes; il n'y a que les drapeaux hautement déployés qui inspirent des dévouements sincères. (Vives acclamations. Cris unanimes de Vive l'Empereur!)

>> Qu'est-ce que l'Empire? Est-ce un gouvernement rétrograde, ennemi des lumières, désireux de comprimer les élans généreux et d'empêcher dans le monde le rayonnement pacifique de tout ce que les grands principes de 89 ont de bon et de civilisateur?

» Non, l'Empire a inscrit ces principes en tête de sa Constitution; il adopte franchement tout ce qui peut ennoblir les cœurs et exalter les esprits pour le bien; mais aussi, ennemi de toute théorie abstraite, il veut un Pouvoir fort, capable de vaincre les obstacles qui arrêteraient sa marche, car, ne l'oublions pas, la marche de tout Pouvoir nouveau est longtemps une lutte. (Applaudissements répétés.)

» D'ailleurs, il est une vérité écrite à chaque page de l'histoire de la France et de l'Angleterre, c'est qu'une liberté sans entraves est impossible tant qu'il existe dans un pays une fraction obstinée à méconnaître les bases fondamentales du Gouvernement. Car, alors, la liberté, au lieu d'éclairer, de contrôler, d'améliorer, n'est plus, dans la main des partis, qu'une arme pour renverser. (Assentiment unanime.)

>> Aussi, comme je n'ai pas accepté le pouvoir de la nation dans le but d'acquérir cette popularité éphémère, prix trompeur de concessions arrachées à la faiblesse, mais afin de mériter un jour l'approbation de la postérité en fondant en l'rance quelque chose de durable, je ne crains pas de vous le déclarer aujourd'hui, le danger, quoi qu'on dise, n'est pas dans les pérogatives excessives du Pouvoir, mais plutôt dans l'absence de lois répressives. Ainsi, les dernières élections, malgré

leur résultat satisfaisant, ont offert en certains lieux un affligeant spectacle; les partis hostiles en ont profité pour agiter le pays, et on a vu quelques hommes, s'avouant hautement ennemis des institutions nationales, tromper les électeurs par de fausses promesses, et, après avoir brigué leurs suffrages, les rejeter ensuite avec dédain. Vous ne permettrez pas qu'un tel scandale se renouvelle, et vous obligerez tout éligible à prêter serment à la Constitution avant de se porter candidat. (Nouveaux applaudissements.)

» La pacification des esprits devant être le but constant de nos efforts, vous m'aiderez à rechercher les moyens de réduire au silence les oppositions extrêmes et factieuses.

» En effet, n'est-il pas pénible, dans un pays calme, prospère, respecté en Europe, de voir, d'un côté, des personnes décrier un Gouvernement auquel elles doivent la sécurité dont elles jouissent, tandis que d'autres ne profitent du libre exercice de leurs droits politiques que pour miner les institutions?

>> J'accueille avec empressement, sans m'arrêter à leurs antécédents, tous ceux qui reconnaissent la volonté nationale; quant aux provocateurs de troubles et aux organisateurs de complots, qu'ils sachent bien que leur temps est passé! (Acclamations unanimes.)

» Je ne puis terminer sans vous parler de la criminelle tentative qui vient d'avoir lieu. Je remercie le Ciel de la protection visible dont il nous a couverts, l'Impératrice et moi, et je déplore qu'on fasse tant de victimes pour attenter à la vie d'un seul. Ce pendant ces complots portent avec eux plus d'un enseignement utile : le premier, c'est que les partis qui recourent à l'assassinat prouvent par ces moyens désespérés leur faiblesse et leur impuissance; le second, c'est que jamais un assassinat, vint-il à réussir, n'a servi la cause de ceux qui avaient armé le bras des assassins. Ni le parti qui frappa César, ni celui qui frappa Henri IV, ne profitèrent de leur meurtre. Dieu permet quelquefois la mort du juste, mais il ne permet jamais le triomphe de la cause du

crime. Aussi ces tentatives ne peuvent troubler ni ma sécurité dans le présent, ni ma foi dans l'avenir : si je vis, l'Empire vit avec moi, et, si je succombais, l'Empire serait encore affermi par ma mort même, car l'indignation du peuple et de l'armée serait un nouvel appui pour le Trône de mon Fils. (Ici la salle entière retentit des plus chaleureuses acclamations.)

Envisageons donc l'avenir avec confiance, livrons-nous sans préoccupations inquiètes à nos travaux de tous les jours pour le bien et la grandeur du pays. Dieu protége la France! »

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Le sénatus-consulte du 17 juillet 1856 laisse une incertitude que je trouve utile de faire cesser dès aujourd'hui. En effet, il ne confère la Régence à l'Impératrice, ou, à son défaut, aux Princes français, que si l'Empereur n'en a autrement disposé par acte public ou secret.

Je crois satisfaire au vœu public, en même temps que j'obéis à mes sentiments de haute confiance pour l'Impératrice, en la désignant comme Régente. Mú par les mêmes sentiments, je désigne, à son défaut, pour lui succéder dans la Régence, les Princes français suivant l'ordre de l'hérédité de la Couronne.

J'ai voulu aussi prévenir les hésitations que pourraient amener, en ce qui concerne le Conseil de Régence, les alternatives laissées par l'article 18 du sénatus-consulte du 17 juillet. En conséquence, j'ai institué un Conseil privé qui, avec l'adjonction des deux Princes français les plus proches dans l'ordre d'hérédité, deviendra Conseil de Régence par le seul fait de l'avénement de l'Empereur mineur, si, à ce moment, je n'en ai pas constitué un autre par acte public. Ce Conseil privé, composé d'hommes ayant ma confiance, sera consulté sur les grandes affaires de l'Etat, et se préparera, par l'étude des devoirs et des nécessités

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