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mots qui font la même fonction que les Noms; car ils défignent comme eux les objets dont on parle.

Ils ont été apellés auffi PERSONNELS, parce qu'ils défignent les perfonnes,
JE, eft le Pronom de la premiere perfonne, ceile qui parle.

Tu, le Pronom de la feconde perfonne, celle à qui l'on parle.
IL ou ELLE, le pronom de la troifiéme perfonne; celle dont on parle.
Quelquefois ces trois Pronoms font réunis dans le même Tableau.

» J'ai vu votre Fils; & Je m'empreffe à Vous aprendre qu'il eft devenu fage.

Nous ne devons pas être furpris de la différence qui régne relativement au fexe entre les Pronoms des deux premieres perfonnes & ceux de la troifiéme. Il eût été très-inutile, que la perfonne qui parle eût indiqué fon fexe & celui de la perfonne à laquelle elle parle, puifqu'elles le favent toutes deux ; au lieu qu'on l'ignore relativement à une troifiéme perfonne qu'on ne voit pas & qui eft néceffairement de l'un ou de l'autre fexe..

Mais tous ont un pluriel comme un fingulier.

JE, fait au pluriel Nous..

Tu, fait Vous.

IL, fait Eux, ou ILS.

ELLE, fait ELLES.

§. 3.

Autres efpéces de Pronoms, & 1°, des Pronoms Actifs & Paffifs.

Ces mots figurent ainfi dans les Tableaux de la Parole; & ils y figurent comme fujets du Tableau, foit dans les Tableaux énonciatifs, comme celuici, vous etes fage, mais auffi & principalement dans les Tableaux actifs. JE fais, Tu fais, IL fait.

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JE parle, Tu parles, Il parle..

Cependant les perfonnes ne font pas toujours les fujets des Tableaux: elles: en font fouvent auffi les objets : celle qui agit, agit fouvent fur une autre ; fouvent encore elle reçoit à fon tour les impreffions des actions des autres.

Il faudra donc néceffairement alors d'autres Pronoms: car ceux qui font confacrés à représenter les perfonnes comme agiffantes & comme fujets, net peuvent fervir à les peindre comme objets ou comme paffives: ces idées étant trop opofées & trop contradictoires, pour être exprimées par les mêmes, úgnes.

Ainfi, après avoir peint la premiere perfonne comme fujet, comme ac tive dans ce Tableau, Je vous chéris, elle fe repréfentera comme objet de l'action d'une autre, comme paffive dans ce Tableau, vous ME chériffez.

Il en eft de même des autres perfonnes.

La feconde, active & fujet dans ce Tableau, Tu immoles tes paffions à la vertu, devient objet & paffive dans celui-ci, l'ambition TE berce de fes vains projets.

La troifiéme, active & fujet dans ce Tableau;

IL vainquit fes Ennemis; est passive & objet dans celui-ci, fes Ennemis LE firent prifonnier, LE lierent & LE précipiterent dans le fleuve.

Il en eft de même pour le féminin Elle, qui après avoir été actif & sujet dans cette phrase,

ELLE gagne l'amitié de tous ceux qui font fenfibles à la vertu ; devient objet & paffif dans celle-ci :

On ne peut LA voir fans LA chérir.

ME, eft donc le Pronom paffif de la premiere perfonne.
TE, eft le Pronom paffif de la feconde.

Le, eft le Pronom paffif mafculin de la troifiéme per

fonne.

LA, eft le Pronom paffif féminin de la troifiéme.

TU ME conduis.

JE TE conduis.

TU LE conduis.

JE LA conduis.

Qu'on ne foit pas étonné de la diftinction nouvelle que nous faifons des Pronoms en actifs & en paffifs. Dès que les Pronoms représentent les perfonnes, ils ont dû néceffairement fe plier à toutes les circonftances dans lesquelles fe rencontrent les perfonnes: or c'eft dans les perfonnes que fe trouvent l'activité & la paffivité exprimées par le langage: il a donc fallu des Pronoms pour peindre les perfonnes en tant qu'actives: il en a fallu pour les peindre en tant que paffives: fans cela, le difcours eût été inexact: il n'eût pas peint. Transporter ces qualités actives & paffives dans les Verbes, au lieu de les confidérer dans les perfonnes, c'étoit les dénaturer : il ne faut donc pas être furpris fi l'on avoit tant de peine à donner des idées nettes de ces objets : nous verrons dans la fuite la caufe de ces méprises; observation qui mettra ceci audeffus de toute contradiction & de tout doute.

§. 4

Des Pronoms Réciproques.

Qui peut agir fur autrui, peut agir fur foi-même ; une même perfonne peut donc être confidérée tout à la fois comme active & comme paffive, comme effet & caufe, comme étant l'objet de fes actions : c'eft dans ce fens qu'on dit: Je ME conduis le moins mal que je peux. Tu TE négliges trop.

A cet égard, les Pronoms paffifs de la premiere & de la feconde perfonne font les mêmes lorfqu'ils défignent que ces perfonnes agiffent fur ellesmêmes, ou qu'on agit fur elles; car c'est la même personne représentée dans le même état.

Il n'en eft pas de même pour la troifiéme perfonne : il a fallu nécessairement ici une autre espéce de Pronom.

En effet, lorfque je dis il LE conduit, je parle visiblement de deux perfonnes differentes, l'une qui conduit & que j'apelle il; l'autre qui eft conduite & que j'apelle LE.

Il fera donc impoffible de fe fervir de ce même LE, lorfqu'on voudra dire que c'eft IL qui eft conduit par lui-même ; puifque ce mot LE indique néceffairement une autre perfonne.

'Auffi a-t-on inventé dans cette vue un troifiéme Pronom pour la troifiéme perfonne, & uniquement pour elle, puifqu'elle feule en avoit befoin. Ce Pronom eft fe: ainfi on dit il se conduit bien, il se corrige, il SE tourmente pour marquer l'action de IL fur lui-même ; tandis que le, marquoit fon action fur un autre.

Ce Pronom SE, fert pour le pluriel comme pour le fingulier: on dit ils se conduisent bien, tout comme, il se conduit bien.

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Il a une autre valeur, c'eft de défigner l'action réciproque de plufieurs perfonnes les unes envers les autres; comme dans cette phrafe; ils s'aiment vi

Bement.

5. 5.

Des Pronoms Terminatifs.

Les Acteurs du Difcours fe rencontrent fouvent dans une quatrième pofi tion: ils ont alors-le but auquel le raportent les actions dont on parle.

En effet, lorsqu'on agit, c'est souvent en faveur de quelqu'un: alors, ce

quelqu'un eft le but, le terme de cette action: il a donc fallu une autre efpéce de Pronoms pour exprimer les perfonnes qui fe trouvent dans cette pofition Ces Pronoms font, MOI, TOI & LUI.

Ainfi l'on dit :

Envoyez-Mor ce Livre, écrivez-mor, dites-mor, &c.
C'est à Toi que ce difcours s'adresse.

C'eft à Tor de bien faire, fais-TOI du bien.

Je Lurai fait préfent d'une bague.

Je lui ai dir: je lui ai envoyé. Je LUI fais du bien. Ici, Lui fert pour le féminin comme pour le mafculin.

» J'ai les plus grandes obligations à cette perfonne; je LUI en témoigne ma reconnoiffance le plus qu'il m'eft poffible.

» Cette Dame se trouva dans un danger éminent; je LUI tendis les bras "pour la fauver.

On peut apeller ces Pronoms, TERMINATIES; parce qu'ils défignent les perfonnes comme terme des actions.

Les Pronoms Terminatifs font, au pluriel,

Nous; ils NOUS ont dit.

Vous; ils vous ont dit.

LEUR; ils LEUR ont dit.

Et fi l'action de la troifiéme perfonne fe raporte à elle-même, so deviens alors le Pronom de cette perfonne.

C'est à soi-même qu'il porta ce coup fatal.

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Fonctions des Pronoms actifs dans les Tableaux paffifs.

Les Pronoms actifs fervent encore à former les Tableaux paffifs. On dit IE fuis aimé, TU es aimé, 11 eft aimé, comme on dit, l'aime, Tu aimes, IL

aime,

Ces Pronoms fervent donc à marquer l'actif & le paffif: mais, dira t-on', ils ne peuvent être tout à la fois actifs & paffifs; d'où l'on conclura qu'ils ne font ni l'un ni l'autre ; & qu'ainfi notre diftinction des Pronoms en actifs & en paffifs, eft une diftinction frivole & fans fondement.

On auroit tort cependant de tirer une pareille conclufion: ces expref

fions l'aime & on m'aime, offrent très certainement un Pronom actif dans JE & un Pronom paffif dans ME. Cette obfervation eft de la plus grande jufteffe.

Mais dans cette phrafe, JE eft en même tems le fujet du Tableau: enforte qu'il a ici deux fonctions à remplir : 19. celle de peindre la perfonne comme active: 2°. celle de la peindre comme fujet de la phrafe.

On s'en fervira donc dans ce dernier fens, toutes les fois qu'on voudra peindre la perfonne comme fujet: ainfi on dira, JE fuis grand, JE fuis habile, où JE eft fimplement fujet d'un Tableau énonciatif; & l'on dira, JE fuis aimé, JE fuis vaincu, &c. où JE eft fimplement fujet d'un Tableau paffif.

Il en eft de même des autres Pronoms : dans ces phrases,

Tu es grand, 11 eft beau; TU es aimé, IL eft vaincu; TU & IL font des fujets de Tableaux énonciatifs & de Tableaux paffifs.

Ils ne marquent aucune activité dans les perfonnes qu'ils défignent; ils énoncent fimplement que ces perfonnes exiftent avec telle qualité, ou dans un tel

état.

Auffi point de phrafe paffive de cette efpéce, qu'on ne puiffe rendre par les Pronoms que j'ai apellé paffifs: au lieu de dire,

Je fuis aimé, TU es aimé, 11 eft aimé :

nous pouvons dire,

On m'aime, on T'aime, on t'aime.

Au lieu de dire, E fuis aimé de mes Parens, de moi, de nos Chefs, on dira, mes Parens m'aiment; je m'aime; nos Chefs n'aiment.

Ce qu'on apelle mal-à-propos, LE CHANGEMENT DE PASSIF EN ACTIF ; puifqu'on fubftitue un vrai Pronom paffif à un Pronom qui ne l'eft pas par luimême & qui l'eft uniquement par les acceffoires.

Tout paffif fupofe un actif: on peut donc confidérer ces phrafes, mes Parens m'aiment, nos Chefs m'aiment, je fuis aimé, comme l'abrégé de deux phrafes telles que celles-ci, mes Parens aiment & c'est moi qu'ils aiment ; nos Chefs aiment & je fuis celui qu'ils aiment, &c.

Il n'en eft pas de même des Actifs. J'aime, je fais, &c. ne fupofent pas P'existence de deux perfonnes.

§. 7.

Le Pronom n'eft point un Nom.

Nous l'avons déja dit: des Grammairiens diftingués ont été fort embar

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