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ceux du Langage ordinaire, n'eft-il pas à préfumer, que nous ramenerons également à des principes auffi fimples, & de la même nature, l'origine des mots eux-mêmes, de ces mots au moyen defquels les Hommes ont fait l'aplication de ces principes du Langage; & que ces mots n'auront pas eu moins de raport avec les idées qu'ils furent deftinés à peindre, que les principes du Langage en ont avec les objets qu'on devoit imiter par leur moyen!

Ces premiers fuccès doivent être auprès de toute personne raisonnable, une preuve de la bonté de notre méthode, & un heureux augure pour l'a

wenir.

D'ailleurs, quelle méthode peut être plus fatisfaifante pour l'efprit bumain! Peut-ils exifter une maniere plus agréable d'envisager les connoiffances humaines, qu'en les ramenant à la Nature même des chofes ? Quelle atfurance pouvoir-on avoir de leur bonté intrinféque, lorsqu'on ne voyoit en elles que l'effet de la volonté humaine, celui d'une expérience que rien ne dirigcoit, & qui ne pouvoir éclore qu'après une longue fuite de générations chez qui n'avoit jamais brillé aucune étincelle de génie, & qui avoient été constamment privées de ce qui caractérise même la plus informe des Sociétés modernes ?

Si les hommes avoient été abandonnés à eux-mêmes, s'ils n'avoient trouvé aucun fecours, aucun modèle dans la Nature, ils feroient encore tels que dans leur origine; encore aujourd'hui ils ne fauroient ni parler, ni écrire, ni se réunir en Sociétés, ni domprer la Terre, les Elémens & les Animaux: nos propres connoiffances privées d'une base immuable, ne feroient que des connoiffances précaires, & nous aurions toujours lieu de croire que des hazards plus heureux, nous faifant découvrir de nouvelles féries, une nouvelle maniere de voir, pourroient renverfer toutes nos connoiffances actuelles, & en offrir d'abfolument différentes.

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Ajoutons que cette marche est plus fatisfaisante pour l'homme & plus digne de lui, de la nobleffe de fon Etre, de l'excellence de fa raison: au lieu de ne voir par-tour que des inftitutions d'homme, que des effets d'une volonté qui agit au hazard, & qui profite plus ou moins heureusement des circonftances d'après lefquelles elle opere, au lieu d'entendre donner pour toute raison, c'est l'usage, ou un sel a dit ; n'eft-il pas plus fatisfaifant, plus flatteur, de ne reconnoître pour Maître qu'une Loi conftante & immuable, fupérieure aux hommes, née avant eux, conforme à leurs plus grands intérêts, & à laquelle

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ils doivent le foumettre, comme à une portion de ce grand ordre, fans lequel rien ne peut fubfifter?

Les Hommes feroient-ils affez déraisonnables pour fe plaindre de ce qu'on veut parler à leur raifon ; de ce qu'on veut leur faire fentir la caufe des objets qu'ils doivent étudier; leur donner pour guides, non des Etres femblables à eux, mais la Nature elle-même; leur faire connoître cet ordre auquel tout eft foumis, & fans la connoiffance duquel l'Homme lui-même eft une énigme à fes propres yeux?

Si l'on eft obligé de fuivre dans tous les Arts, dans toutes les Sciences une route fixe, connue & néceffaire, le feroit-on moins dans un Art auffi excellent, auffi agréable, auffi intéreffant, auffi utile, que l'Art de peindre fes idées ? Auroit-il éré livré au caprice du premier venu; & les objets que nous devions prendre pour modèles, ne nous auroient-ils pas dirigés néceffairement dans cette peinture ?

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Lorsqu'on réfléchira attentivement fur ces chofes, on ne comprendra pas qu'on ait jamais pû être d'une autre opinion; & l'on n'en aura que plus d'arpour fuivre avec empreffement une maniere d'étudier auffi fatisfaisante. C'étoit une méthode bien contraire aux droits de la raifon, que celle des Anciens qui ne donnoient pour toute raifon d'un précepte ou d'une opinion, fi ce n'est qu'un tel l'avoit dit. Mais qu'importoit tel ou tel qui avoit pu tromper, & qui n'étoit qu'un point pour la maffe entiere des Etres? Ce qui importoit, c'eft que ce précepte ou cette opinion fût conforme à la raifon, & que c'étoit à celle-ci qu'on obéiffoit comme à la Reine du Monde, en foutenant tel précepte, en embraffant telle opinion. Qu'étoient les noms les plus illuftres, un Ariftote, un Platon, un Socrate? que font Descartes, Leibnitz, Newton, en comparaison de cette Souveraine donnée par la Divinité même, pour éclairer & pour conduire les Hommes ? S'ils ont fait tant d'écarts, s'ils ont été expofés à tant de préjugés, à tant d'erreurs, à tant d'ignorance, c'est qu'ils ont toujours cherché à apuyer leur foibleffe fur le rofeau caffé de l'opinion, & jamais fur celui de l'ordre.

On pouvoit apeller crime de lèze-raison cette ambition finguliere des Hommes de ne voir jamais que l'arbitraire, leur caprice, leur fimple volonté dans la plûpart de leurs inftitutions: comme fi les Hommes pouvoient être mus par d'autres confidérations que par celle de l'Ordre auquel eft attaché le bonheur physique & moral de l'humanité entière, & par conféquent celui de chaque individu.

Ce raport des Hommes avec l'Ordre univerfel, démontré également par
Gramm. Univ.
G888

Panalogie de toutes les Grammaires, fera un nouveau point de comparaison à ajouter à tous ceux qu'on raffemble depuis fi long-tems pour arriver à l'Hiltoire Naturelle de l'Homme, & fans la réunion defquels il eft impoffible de completter cette Hiftoire.

En effet, fi l'on ne peut élever un fyftême que fur des faits, & si le meilleur fyftême est toujours celui qui raproche le plus grand nombre de faits, & qui les réunit de la maniere la plus naturelle, on ne fauroit le promettre de connoître parfaitement l'Hiftoire Naturelle de l'Homme, celle qui nous importe le plus, qu'en connoiffant tous les raports avec l'Ordre, jusques à quel point il s'en aproche, & à quels égards il en eft éloigné; & en étendant ces raports fur tout ce qui conftitue l'Ordre.

La Grammaire fera donc dans la Nature comme tous les autres Arts; c'estlà que nous devrons puifer également celle de tous les Peuples: mais puisque toutes nos connoiffances font dans la Nature, qu'est-ce donc que cette Nature dans laquelle nous trouvons l'origine de toutes nos idées, de toutes nos connoiffances; & qu'eft celui-là même de qui dépend la Nature entiere, & qui fit cet Ordre auquel tout obéit, & dont nos connoiffances les plus vaftes ne font que de légeres parcelles?

Ces raports du Langage, toujours conftans, toujours conformes à nos principes, toujours calculables d'après ces principes, en démontrent évidemment la bonté, & doivent donner une idée avantageufe de ce qui nous refte à dire. En effet, plus nous irons en avant, & plus nous les verrons confirmés par des raports toujours plus frapans, & d'autant plus qu'on fera mieux au fait de notre méthode, & qu'on en fentira mieux les avantages.

Mais comme les fuccès font toujours proportionnés aux moyens, plus on comprendra l'Art d'après lequel l'Homme rend fes propres idées, cet Art fans lequel il eft impoffible de faire des progrès dans l'étude des Langues, & plus ces progrès feront rapides & fatisfaifans; fur-tout fi l'on s'y habitue dès l'enfance; car déjà dans cet âge, on eft en état de faifit par la raison les vérités les plus abitraites: il eft vrai qu'elles doivent être fingulièrement fimplifiées; mais qu'on les fimplifie, & auffi-tôt que l'efprit les aura une fois goûtées, il n'y aura rien dont il ne puisse être capable.

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GRAMMAIRIENS,

Et AUTEURS cités pour la difcuffion de quelques Articles de

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BUXTORFF, Grammaire Hébraïque, CANINIUS fur les Conjonctions,

350 CHANGEUX, Bibliothéque Grammaticale, Difcours Préliminaire. CHARISIUS, fur les Supins, CICERON, fur les Cas

Sur l'arrangement des mots, 521 CONDILLAC, (M. l'Abbé de) fur la Conftruction Latine, 520 M. l'Abbé C..... Effai Synthetique fur l'origine & la formation des Langues, Difcours Prélimi

naire.

114

75

107

207

315

ERPENIUS, Grammaire Arabe. ETIENNE, (Robert) Grammaire Françoife, fur le Verbe Étre, 177

FAUVET, Grammaire Basque. FONTAINES, (Abbé des) fur le Gé→ nie de la Langue Françoile,

274

Sur l'ufage du Supofitif, 420 FOURMONT, Méditations Chinoifes, Grammaire Chinoife, 561 FRISCH, au fujer des Participes,

Diftingue le Nom de l'Adjectif,

209

441 381

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267

Combien compte de Prépositions,

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DANGEAU (Abbé de) fur les Prétérits Comparatifs,

Sur la Prépofition après, 302 DENYS d'Halicarnaffe, fur la Construc

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