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et autour duquel la foule était si pressée, qu'un moucheron n'aurait pu se poser à terre...

Et les chapeaux volaient en l'air, les mouchoirs flottaient... On courait, on s'embrassait on s'annonçait la grande nouvelle en riant, et pourtant avec des larmes, mais des larmes de joie; car les vieux soldats voyaient dans ce fils de leur général bien-aimé, de leur empereur respecté et chéri, ils voyaient tout un avenir... et cet avenir était bien assez beau pour leur payer leur sang et leurs membres laissés sur tous les champs de bataille. Les lauriers achetés à ce prix allaient enfin grandir autour du berceau d'un fils de l'empereur...

Et LUI, cependant, caché derrière un rideau, il voyait ce peuple, il entendait sa joie, ses vœux... et cette âme d'acier s'amollit sous ces accens d'amour... il pleura!... il pleura d'émotion!... Cette joie populaire fut trouver dans son âme tout ce que le ciel y avait versé de tendre, de bienveillant, et ce qui jusqu'alors ne s'était pas développé en lui...

A onze heures madame Blanchard monta en ballon, et partit de l'École-Militaire, de cette caserne de la garde impériale, de ce lieu que Napoléon avait habité comme jeune homme, et où dix ans plus tard il distribuait ses aigles à l'ar

mée française, pour aller annoncer autour de Paris la naissance du fils DE L'EMPEREUR, du fils de NAPOLEON BONAPARTE...

Le télégraphe fut aussitôt mis en mouvement; et Bruxelles, Lyon, Anvers, Brest, Bordeaux, Lille, toutes les grandes villes de l'empire furent instruites, et à quatre heures après-midi on savait que la joie des provinces était égale à celle de Paris. Des courriers, des pages, des officiers de l'empereur, furent envoyés dans les cours étrangères pour remplir le même office. Le ́ sénat d'Italie, les corps municipaux de Rome et de Milan furent également prévenus. Les places de guerre reçurent ordre de faire tirer les mêmes salves qu'à Paris; les ports de mer firent pavoiser leurs flottes... et partout, aussitôt que la nouvelle était connue, on illuminait sans ordre. Et ceux qui veulent trouver dans les démonstrations du peuple l'expression de sa pensée la plus secrète, auront pu remarquer que dans tous les faubourgs et dans les autres quartiers les derniers étages des plus pauvres maisons étaient aussi éclairés que les plus beaux hôtels de Paris; et les édifices publics, toujours resplendissans de lumières dans de pareilles fêtes, étaient à peine remarqués, tant la joie publique s'efforçait de tout effacer.

Il y eut une fête impromptu que les bateliers voulurent absolument donner ce même jour du 20 mars, et qui se prolongea fort avant dans la nuit...Eh bien, rien de tout cela ne fut ordonné... Tout venait du coeur... Et ce même peuple qui depuis trente-cinq ans avait subi tant d'émotions, avait pleuré sur tant de pertes, avait chanté sur tant de victoires, retrouvait encore des affections tout aussi vives, tout aussi fraîches qu'au matin de sa gloire, pour fêter et publier son enthousiasme.

Le roi de Rome fut ondoyé le jour même de sa naissance, à neuf heures du soir, dans la chapelle des Tuileries. Toute la famille impériale y suivit l'empereur, qui s'y rendit avec des émotions profondes. Il ne les a pas laissé voir à tout le monde; mais le voile de cette grande âme a été quelquefois soulevé, et un œil ami a pu y pénétrer. L'empereur fut donc à la chapelle, suivi de sa maison, de celle de l'impératrice, de celle de MADAME-mère et des princesses ses sœurs, ainsi que des rois ses frères. Il se plaça au milieu de la chapelle sous un dais, à son prie-dieu. On avait misun socle de granit sur un tapis de velours blanc brodé d'abeilles d'or, et sur ce tapis était un vase de vermeil destiné à servir de fonts baptismaux. L'expression de la physionomie de l'empereur

était admirable... Elle était grave et douce... Quand il s'approcha surtout pour présenter le roi de Rome à l'ondoiement... alors il y eut un moment de silence, un de ces momens uniques dans la vie... Ce silence était non seulement religieux, mais on comprenait qu'il n'était pas de parade comme il aurait pu l'être dans une pareille circonstance... Ce recueillement momentané formait aussi un contraste touchant avec le bruit joyeux des acclamations du dehors, qui faisaient vibrer les vitraux de la chapelle.

CHAPITRE IV.

Encore un mot sur la naissance du roi de Rome.

Sauvez

la mère !- Le sacrifice. - Douloureuse anxiété. — Madame de Montesquiou. - Premier cri. —Allégresse. — Gros garcon. Henri IV et Napoléon.

figure barbouillée de sauce.

ble.

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Jeux d'enfance.

Maman Quiou.

La Carac

tère de madame de Montesquiou. Sa conduite admiraRivalité. -Marie-Louise. - Bonjour!... bonjour!... -MM. Paër et Isabey.- Voyage dans le nord de la France. -Indifférence. Baptême. NAPOLÉON-FRANÇOIS-CHARLES-JOSEPH. Souvenirs. Je prie pour mon père et pour la France. Ouvrez, je suis le petit roi. Sa Majesté le roi de Rome! Son caractère. La veuve et son fils..

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Pétition recommandée. — Par qui. — Succès spontané.
-
Le Champ-de-Mars. Hudson Lowe et Sainte-Hélène.
Honte!...

Encore un mot sur la naissance du roi de Rome.

On sait combien Marie-Louise souffrit pen dant le travail; les douleurs se firent sentir à sept heures du soir le 19 mars, et ce ne fut qu'à six heures et demie, sept heures même, je crois, du matin, qu'elle fut délivrée.

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