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à sa femme. - Beau caractère de Joseph.

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anglais Hamilton. Le comte Charles de Chatillon. -- La

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trahison britannique.

Le maréchal Suchet.-Le brevet.

-Apporte!— Ma conversation avec l'empereur.

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M. La

jeard de Cherval. M. de Talleyrand. Les grands vicaires de Reims. Mes ennemis. - M. et Madame Juste de Noailles. - Le comte Louis de Narbonne. - L'homme malheureux et l'homme heureux. Madame Campan. Victoires faciles en Espagne. - Revers de la médaille en allant à l'Ouest.

Dans le

peu

de momens que Junot avait passés avec le roi d'Espagne, celui-ci avait laissé voir combien il était malheureux de l'état où la guerre plongeait toute la Péninsule.

J'ai parlé à mon frère, lui dit-il; je lui ai parlé avec une force dont je me sentais toujours capable, mais que lui-même peut-être ne me soupçonnait pas, parce que, jusqu'à présent, le désir

de bien vivre avec lui l'emportait sur le plus ou moins de volonté d'action; et puis ce qui me concerne est de moins grande importance que les intérêts d'un empire. Je suis chargé du sort de tout un peuple, et certes je ne faiblirai pas devant la tâche qui m'est imposée.

Déjà, en 1810, le roi Joseph avait tenu une conduite que peut-être on ignore dans quelques parties de l'Europe, parce que l'empereur laissait peu sortir ces vérités de la boîte dans laquelle il les renfermait. Mais voici quelques mots d'une note remise par Azanza, ministre de Joseph, le 8 mars 1810, à l'ambassadeur de France à Madrid, qui était alors M. de Laforest. Cette note fut écrite à Malaga, à l'époque où l'empereur créa des gouvernemens militaires dans plusieurs provinces d'Espagne.

Le roi d'Espagne représentait à son frère dans

cette note:

Que, considérant les malheurs et le bouleversement qui résultent presque toujours d'un gouvernement purement militaire, il ne pouvait se dispenser de lui représenter que dans le moment qui paraissait le plus favorable pour organiser les provinces de la gauche de l'Ebre, conformément à la constitution, pour qu'elles servissent d'exemple aux autres, il était dou

loureux de les voir au contraire traitées avec la rigueur d'un gouvernement militaire, Sa Majesté, instruite par l'expérience, depuis que quelques généraux français, sans l'autorisation expresse qu'on leur donnait aujourd'hui, avaient voulu ordonner la perception et l'emploi des revenus publics dans les provinces où ils commandaient, était persuadé que leurs dispositions devaient rencontrer à chaque pas des difficultés insurmontables, et causer les plus grands désordres; qu'il serait facile d'imaginer l'éloignement des contribuables, lorsque ce serait une autorité étrangère qui, sans s'assujétir aux formes établies, et même sans les connaître, donnerait ses ordres pour la levée des impôts, etc., etc. Que l'on ne perde pas de vue (ajoutait cette même note du 8 mars) qu'on n'est pas parvenu sans peine à faire entendre au peuple qu'il n'était pas question de le soumettre à la France; mais bien de le rendre INDÉPENDANT, et de lui laisser la qualité d'Espagnol, comme auparavant, et que sans doute cette conviction qui commençait à s'opérer en lui, avait été l'agent le plus efficace pour l'engager à rentrer dans l'ordre,»

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A cette même époque, le gouverneur mili. taire de Biscaye publia des écrits dans lesquels on donnait à entendre que l'empereur exerçait

sa souveraineté dans cette province. Le roi Joseph était toujours en Andalousie. Il fit écrire le 17 mars 1810 par son ministre Azanza, de Grenade, où il était alors, une autre note dans laquelle il déplorait le système d'après lequel son frère lui prêtait appui et assistance, car c'était, selon lui, un secours trop chèrement acheté de le payer avec la honte de la nation.

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que

Quels résultats ensuite peut-on attendre d'opérations exécutées de cette manière ? Est-ce donc en méconnaissant l'autorité royale aux yeux de tous, en foulant aux pieds l'honneur national, en démembrant la monarchie?... En agissant ainsi, on ne peut voir qu'un sinistre et terrible effet, et que déjà l'on commence à éprouver: l'inefficacité des efforts du roi d'Espa gne pour arriver à une pacification générale, l'avilissement du caractère dont elle est revêtue, la ruine de la nation, la perte des Amériques, une émigration considérable d'Espagnols... Il est temps enfin d'arrêter cet embrasement, dont les progrès peuvent devenir épouvantables en peu de temps... faire renaître les obstacles, et finir par dévorer une nation orgueilleuse de porter un noin illustre, douée d'un caractère indomptable, et qui préfèrerait son extermination

totale à une existence précaire et dégradée, etc.1 »

Cette note, comme je l'ai dit plus haut, fut passée (pour parler en style diplomatique) au nom du roi d'Espagne, en date du 17 mars 1810, de Grenade, où il était alors, à l'ambassadeur de France... Maintenant, suivons toujours. Ceci est important; car justice doit être pour tous au monde, et combien n'ai-je pas entendu accuser le roi Joseph, par des Espagnols eux-mêmes, de lâcheté comme roi, et n'étant qu'instrument servile des volontés tyranniques de son frère!...

Eh bien! le 2 mars 1812, lorsque l'empereur ordonna la division de la Catalogne et y nomma des intendans, Azanza réclama toujours officiellement au nom du roi son maître auprès de l'empereur, et cela, non pas comme une chose purement de forme, car l'empereur lui-même a parlé bien assez haut contre ses frères lorsque les lois n'étaient pas exécutées par eux aussitôt qu'elles étaient prononcées.

1

« L'intention de Sa Majesté Impériale, dit le

1 Lorsque, en 1811, le roi d'Espagne vint à Paris pour le baptême de son neveu, l'empereur lui promit positivement que l'autorité des gouverneurs militaires marcherait toujours de concert avec les autorités du pays, et il n'en fut rien. Oh! que de causes se sont réunies pour perdre l'Espagne !...

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