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que nous offrait le Moniteur et les diverses relations qui ne parlent du roi Joseph que comme un préfet de son frère '...Voici une autre lettre sous la même date que les deux précédentes.

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N° III.

Le roi Joseph à la reine Julie,

AU LUXEMBOURG, A PARIS.

« MA CHÈRE AMIE,

Madrid, le 23 mai 1822.

» M. Deslande, qui te remettra cette lettre, te » donnera tous les détails que tu pourras désirer » sur ma situation; je vais t'en parler moi-même, » afin que tu puisses la faire connaître à l'empereur et qu'il prenne un parti quelconque; >> TOUS me conviennent pour sortir de ma situa» tion actuelle. 1° Si l'empereur fait la guerre à » la Russie, et qu'il me croie utile ici, je reste, > avec le commandement général et l'adminis » tration générale.... s'il fait la guerre, et qu'il ne

Il était aimé d'une partie des Espagnols, et si l'empereur eût voulu, il était l'instrument le plus utile pour opérer comme l'empereur voulait le faire.

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» me donne ni le commandement ni l'adminis

,tration du pays, je désire alors rentrer en

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» Si la guerre avec la Russie n'a pas lieu, soit que l'empereur me donne le commandement, » ou ne me le donne pas, j'espère bien qu'on n'exigera rien de moi qui puisse faire croire que » je consens au démembrement de la monarchie, » que l'on me laissera assez de troupes, et que l'on m'enverra le million' de prêt mensuel que » l'on m'a promis. J'attends dans cet état tant que ⚫je peux, parce que je mets mon honneur au> tant à ne pas quitter l'Espagne trop légèrement, » qu'à la quitter dès que, durant la guerre avec l'Angleterre, on exigera de moi des sacrifices › que je ne peux ni ne dois faire qu'à la paix gé›nérale, dans le but du bien de l'Espagne, de la » France et de l'Europe: un décret de réunion » de l'Ebre qui m'arriverait à l'improviste me fe»rait partir le lendemain.

D

>Si l'empereur ajourne ses projets à la paix, » qu'il me donne les moyens d'exister pendant la ⚫ guerre.

1 On y voit aussi ce que depuis long-temps nous répétons, et que l'on ne veut jamais croire, c'est que la France a toujours envoyé bien autrement d'argent en Espagne qu'elle n'en a retiré.

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» Si l'empereur incline à ce que je quitte, ou à » l'une des mesures qui me feraient quitter, il m'importe de le savoir et surtout de rentrer en paix avec lui, et avec son consentement sincère et entier... J'avoue que la raison me dicte ce » parti, si conforme d'ailleurs à la situation de ce .malheureux pays, puisque je ne peux rien pour » lui... si conforme à mes relations domestiques, » et puis n'ayant pas d'enfant mâle... Si donc l'empereur accepte ma retraite, je désire obtenir de ⚫lui la permission d'acquérir une terre dans la > Toscane ou dans le midi; mais à 300 lieues de » Paris... je pourrai y passer une partie de l'année, » et l'autre à Morfontaine... Les évènemens et une position aussi fausse que celle où je me trouve, si éloignée de la droiture et de la loyauté de » mon caractère, ont beaucoup affaibli ma santé... Il n'y a donc que l'honneur et le devoir qui puissent me retenir ici, mes goûts m'en chas» sent... à moins que l'empereur ne se prononce » différemment qu'il ne l'a fait jusqu'ici.

Adieu, je t'embrasse ainsi que mes enfans.

> JOSEPH. »

On trouve dans cette dernière lettre; comme dans les précédentes, une force admirable et une

vertu positive. Tant de simplicité, de bons sentimens... et puis toujours cette abnégation de soi-, même !... Ensuite que pouvait faire, je vous le demande, l'homme le mieux intentionné du monde, lorsque à chaque résolution prise il trouvait une entrave pour l'exécution? Il fallait agir comme il l'a fait. Maintenant je vais ajouter une particula rité intéressante.

En 1811, l'Angleterre avait à son ministère des affaires étrangères M. Hamilton... ce M. Hamilton conçut le projet de former une alliance avec l'Espagne. C'était un plan hardi, mais excellent; et un plan à la Chatam ou à la Pitt. Il était difficile de le mettre ensuite à exé- ́ cution, parce que nulles relations n'existaient alors entre l'Espagne et la Grande-Bretagne; mais M. Hamilton se servit d'un moyen assez simple pour arriver à son but: il choisit un Français' réfugié en Angleterre. Ce Français, que je connais beaucoup, et qui m'a souvent raconté tout ce qui a rapport à cette affaire, devait aller à Madrid, et proposer à Joseph au nom de l'Angleterre, de le reconnaître comme roi des Espagnes et des In

Le comte Charles de Chatillon, aussi remarquable par son esprit et ses talens que par les excellentes qualités de son cœur et surtout sa fidélité en amitié,

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des, à la condition qu'il renverrait tout ce qu'il avait de Français dans la Péninsule, dont la Grande-Bretagne s'engageait à assurer l'entière intégrité de territoire. M. Hamilton était ce même ministre qui avait fait proposer à Lucien de former une sorte de ligue contre la France et contre l'empereur. Je ne sais pas si M. Hamilton a des sœurs et des frères... s'il en a, je suis sûre qu'il doit plaider avec eux. Cet hommelà n'a rien de fraternel dans l'âme... Ce qui empê cha cette dernière mesure d'être mise à entière exécution, fut le désastre de Moscow.

Nous n'avons plus besoin d'autre aide pour le combattre, que ses propres fautes, disaient les pygmées de Londres en parlant du colosse qui cependant leur faisait toujours peur, et qui les avait fait trembler vingt ans!... ce LUI' que notre ròi littéraire a désigné par ce seul mot, et que chacun reconnaît; et quels moyens employaientils!... la perfidie... la trahison fraternelle!...

Je crois être certaine que Joseph n'aurait pas accepté: non... il aimait trop son frère et l'hon

neur...

L'empereur avait conçu de singulières idées

Voyez la belle ode de Victor Hugo, avec ce seul titre

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