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CHAPITRE IX.

Entrevue de l'empereur avec François II. La Russie entraînée par la fatalité. Reconnaissance des Cortès d'Es

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Rovigo. Inconvenance. Sollicitude de Napoléon.

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M. de Cailhé.

-Joséphine. du Japon. Louise.

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300,000 francs. L'Ours et la Pierre. Toilette. - Vases fêlés. Porcelaines Bric-a-brac.

Mauvais goût de MarieMadame-mère. Souvenirs de la patrie.

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Avant de tirer le premier coup de canon, l'empereur voulut tenter un dernier effort afin de connaître les dispositions définitives de la Russie. M. de Narbonne, malgré toute son habitude des cours, n'avait pu rendre aucun compte lors de sa mission de Wilna. Napoléon espéra mieux d'une entrevue avec l'empereur d'Autriche, devenu son beau-père, et surtout d'une entrevue avec M. de Metternich, car l'empereur François II ne garde pour lui que le ministère du

bien à faire dans ses États... Il emmena donc l'impératrice à Dresde, pour la réunir en apparence à son père, mais bien, certainement au fond pour connaître un peu la route du labyrinthe dans lequel il allait entrer.

L'entrevue ne servit qu'a épaissir et serrer le bandeau ; la certitude de la guerre des EtatsUnis avec la Grande-Bretagne acheva l'ouvrage ; le général Bloomfield, ayant son quartier-général à New-York, proclama la guerre de son gouver nement avec l'Angleterre, et par une coïncidence assez singulière, car il ne pouvait y avoir accord en cela, l'empereur proclamait la guerre avec la Russie le même jour (22 juin 1812) à son quartier - général de Wilkowsky, près de Gumbinen (Prusse orientale)

Soldats! dit Napoléon, la seconde guerre de la Pologne est commencée... La première s'est terminée à Tilsitt; à Tilsitt la Russie a juré alliance éternelle avec la France, et guerre à l'Angleterre; elle viole aujourd'hui ses sermens... La Russie est entraînée par la fatalité!...Ses destins doivent s'accomplir... Nous croit-elle donc dégénérés?... Marchons en avant! passons le Niemen... portons la guerre sur son territoire. La seconde guerre de Pologne sera glorieuse aux armes françaises comme la première!... »

XIV.

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Et pendant qu'il annonçait ainsi par avance le destin de la plus grande nation de l'Europe, comme nombre d'hommes, elle, de son côté, opposant la résistance à l'attaque, ou plutôt continuant l'attaque sourdement commencée, la Russie signait à Weliky-Louky un traité de paix avec la régence de Cadix agissant au nom de Ferdinand VII. L'empereur Alexandre reconnaissait la légitimité de l'assemblée générale et extraordinaire des Cortès, tenue à Cadix, ainsi que sa constitution 1. Une clause spéciale du traité portait qu'on devait se secourir mutuellement dans tout ce qui pouvait accélérer la chute de leur ennemi commun... et cet ennemi, c'est Napoléon.

C'est maintenant que la trahison, qui plus tard ne craignit pas de se montrer avec impudence, entourait déjà Napoléon et l'empereur Alexandre... J'ai là-dessus des pensées qui m'appartiennent... qui sont le fruit de mes réflexions sur ce que j'ai vu et entendu. Il n'est pas possible que l'empereur Alexandre ait été subitement aussi mal pour l'empereur Napoléon sans un motif que le temps pourra faire connaître; comme

1 Cette remarque est assez utile à faire, car je ne pense pas qu en 1823 l'empereur Alexandre ait été fort tenté de donner le moindre appui aux insurgés d'Espagne.

maintenant on ne sait rien..... il faut se taire. Je dirai seulement les faits d'après lesquels j'ai formé mon opinion.

A cette époque il y eut en France un mouvement de famille, si l'on peut parler ainsi, bien important s'il eût été connu, et dont personne ne s'inquiéta, parce que les intérêts étaient tous attentifs à suivre la boussole européenne; ce mouvement fut le départ de la famille royale d'Espa gne, qui habitait Marseille depuis son départ de Bayonne, ou à peu de chose près. Mon frère, qui alors était lieutenant-général de police à Marseille, et qui avait les nobles et malheureux prisonniers en partie sous sa garde et sous sa responsabilité, fut d'autant plus ravi de les voir partir, que le roi Charles IV souffrait de cette vie sédentaire qu'il était forcé de mener; tandis qu'à Rome, Albert espérait que le bon vieillard pourrait reprendre quelques unes de ses habitudes de chasse; et puis, comme il connaissait particulièrement le général Miollis, il était tranquille sur les soins et les égards qu'il aurait pour la noble famille exilée... Mais, en parlant de cela, il me faut mettre ici une lettre bien curieuse, écrite par le duc de Rovigo, et par ordre de l'empereur, au premier écuyer de Leurs Majestés le roi et la reine d'Espagne. La voici, et je la transcris sur l'original lui

même... Je n'omets pas un mot, parce que tout

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» Je m'empresse de vous apprendre, monsieur, » que Sa Majesté l'empereur et roi vient de me > donner l'ordre de tout disposer pour le départ » du roi Charles IV et de sa famille, de Marseille » à Rome...

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» Si Sa Majesté désire voir l'escadre de Toulon, - elle sera reçue à bord des bâtimens de l'empereur, comme roi', avec les honneurs qui seraient rendus à l'empereur lui-même... et pendant son séjour à bord, l'escadre arborera le > pavillon.

» Sa Majesté devra revenir par Aix, se dirigera » sur Avignon, Grenoble, Fort-Barreau, Cham» béry, le Mont-Cenis. Les ordres seront donnés › tant par le ministre de la guerre que par le mi»nistre de l'intérieur pour les gîtes et les hon»neurs à rendre au roi, quand vous aurez fait > connaître les stations où le roi désire s'arrêter. » A Turin, le prince Borghèse, gouverneurgénéral, ira à sa rencontre, et le conduira dans

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Le secrétaire qui a pu écrire d'un semblable style aurait eu besoin de faire un cours non seulement de politesse mais de convenance.

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