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» le palais de l'empereur et roi; il lui a été écrit » en conséquence... Le roi pourra s'y reposer si bon lui semble.

Le roi prendra ensuite la route de Parme; et » des ordres sont donnés à l'intendant des palais impériaux d'Italie, pour que le palais de Parme >> et le château de Colorno soient en état de rece> voir Leurs Majestés.

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» Sa Majesté le roi se rendra de Parme à Flo»rence, où elle est également attendue par Son » Altesse Impériale madame la grande-duchesse » de Toscane.

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Leurs Majestés continueront leur route vers » Rome à leur loisir, et j'écris dès ce soir à M. le › général Miollis, pour que tout soit prêt à les ⚫ recevoir.

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» L'intention de l'empereur était de donner au » roi son palais du Quirinal, mais les réparations » considérables qui s'y exécutent cette année ne » permettent pas d'en disposer. Sa Majesté vient de me donner l'ordre d'annoncer au prince » Borghèse, à Turin, que son intention est qu'il >mette provisoirement à la disposition du gou⚫ verneur général son palais et sa villa pour » l'habitation de ville et de campagne de Sa Ma

'Le général Miollis.

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»jesté, et de toute la famille royale. Je viens d'é» crire en conséquence pour qu'aucun des meu»><bles, tableaux et objets précieux ne soient » déplacés de ces deux palais, et qu'on les dis»pose à recevoir le roi, La personne qui ira en » avant, en s'annonçant de sa part, en sera mise > en possession. Je désire, monsieur, que tout ce » qui est relatif à la conservation de ces objets » soit réglé dans les intérêts du prince Borghèse. Il serait convenable que vous pussiez accom>>pagner le roi jusqu'à Rome, et faire en sorte qu'avant son départ Sa Majesté se séparât d'une quantité d'Espagnols qui ne lui sont plus né» cessaires, et qui ne peuvent que diminuer les » agrémens de sa position par les frais considéra»bles qu'ils lui occasionent.

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L'empereur m'a chargé de faire connaître au » roi, qu'il ne s'opposait en rien à ce qu'il vit sa fille et le roi de Sardaigne, autant de fois que > cela, conviendrait à Sa Majesté : les mesures qui avaient été prises envers cette princesse cessant » en grande partie d'avoir leur effet, lorsque le » roi peut reprendre son autorité sur elle.

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» Sa Majesté m'a fait connaître son intention,

La reine d'Etrurie. Elle était dans un couvent de Rome, elle avait été compromise dans je ne sais plus quelle affaire, mais il n'importe, la formule est bizarre.

» que le roi et sa famille soient conduits par des » chevaux de poste aux frais de l'empereur. J'é» cris en conséquence au conseiller d'Etat Lavalette', avec lequel vous vous concerterez pour » tout ce détail.

> Quant à vous, monsieur, quand vous aurez » terminé tout ce qui concerne l'établissement » de Leurs Majestés à Rome, je désire que >> vous reveniez à Paris continuer d'y gérer les » affaires de Sa Majesté; la manière dont vous » avez déjà suivi ici ses relations, rend ce désir » commun à tous ceux qui ont eu à traiter avec

» vous.

» Recevez, monsieur, les assurances nouvelles » de ma considération très distinguée,

»LE DUC DE ROVIGO. »

A Monsieur le colonel Cailhé, premier écuyer de Sa Majesté le roi Charles IV.

Cette lettre est fort remarquable, en ce qu'elle montre toute la sollicitude de l'empereur pour

Le style. de cette lettre est parfois bien étrange: comment imaginer que dans une lettre aussi officielle on va ap-· peler un homme par son nom sans lui donner son titre, et surtout celui si commun de monsieur!

le roi et la reine d'Espagne; sa volonté qu'ils soient traités honorablement, et même magnifiquement. Le pavillon espagnol est de bon goût, et en général la lettre serait admirablement bien si elle était traduite autrement.

L'impératrice Joséphine avait fait une impression tout-à-fait profonde sur les souverains espagnols, et je tiens de leur premier écuyer luimême, qui était en même temps leur ami, que l'impératrice fut souvent un génie tutélaire pour la royale et malheureuse famille, lorsque, surtout en l'absence de l'empereur, les paiemens qui devaient se faire étaient lents à s'effectuer; alors l'impératrice faisait mille démarches pour qu'ils fussent payés; et lorsqu'elle ne pouvait pas changer les ordres et les dispositions de l'empereur, alors elle disait à M. Cailhé :

- Mon cher colonel, il faut aller trouver l'empereur; ce n'est pas lui qui fait ces mauvaises choses... Partez, je vais vous donner une lettre pour lui.

Et M. Cailhé montait en chaise de poste, ne s'arrêtait que pour changer de chevaux; puis arrivait auprès de l'empereur, qui en effet n'était jamais pour rien dans ces retards de paiement; il se mettait en colère, faisait faire une ordonnance. de 300,000 francs, par exemple, la remettait lui

même à M. Cailhé en souriant de ce doux et bon sourire qui lui gagnait tant de cœurs ; et puis ensuite se remettait à son travail comme si on ne lui avait parlé que des bastions ou des routes qu'il avait en ce moment sous les yeux.

Un homme d'État tout-à-fait supérieur', et du plus charmant esprit comme du plus profond mérite, étant avec moi il y a seulement quelques jours, et partageant mon émotion en parlant de l'empereur, parce que cet homme possède un cœur noble et une âme généreuse, me disait qu'il avait pu vérifier, dans la haute position où il était près de Napoléon, combien la fable de l'Ours et la Pierre avait de vérité!...

Mais, lui disais-je, sans doute l'empereur avait des amis... mais a-t-il été bien servi?

-Ah! madame! s'écria-t-il... le plus grand malheur peut-être de l'empereur, c'est d'avoir été TROP bien servi!...

Et en effet, il avait raison, lorsque l'on veut faire plus que la position ne comporte, l'extension donnée en bien comme en mal est tout aussi funeste, car elle fait également rompre.

Depuis, j'ai commenté cette idée, et je l'ai trouvée d'une justesse admirable!... Oui, l'empereur fut souvent même TROP BIEN SERVI!

1 M. le duc de Bassano.

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