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cice et à jurer à Napoléon et à Rodrigue!... Mais il vaut mieux que je les trouve aussi un peu en retard sur ce talent-là à mon arrivée, quitte à multiplier les leçons, si vraiment cela est nécessaire, etc., etc...'»

Mais la chose n'était pas nécessaire; aussi lui écrivis-je que ses fils ignoraient même le son d'un jurement. Quant à ce qu'il me disait pour son lancier, voici le fait :

Lorsque j'accouchai de Napoléon, l'aîné de mes fils, Junot m'écrivit, en apprenant que l'empereur avait nommé son fils:

« J'ai une seconde faveur à demander à l'empereur. Il faut que toi ou Duroc vous lui remettiez la lettre que je t'envoie. Duroc compren- . dra le cœur d'un père; Berthier se moquerait de moi. Quant à toi, non seulement tu me comprendras, mais tu diras comme moi. »

Il s'agissait de demander à l'empereur de faire compter mon fils comme grenadier dans la vieille garde, à dater du jour de sa naissance. Je deman

1 Jamais nous ne nous écrivions sans parler de nos enfans. Je lui en parlais longucinent, et je lui racontais toujours mes plans d'éducation, soit pour redresser le caractère, soit pour l'instruction. Je savais combien il était de bon conseil et combien il pouvait contribuer en bien à la perfection de

mon œuvre.

dai donc une audience, et je remis la lettre à l'empereur. Il se mit à rire...

-Quelle fantaisie a-t-il donc là? me demanda

t-il.

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Ma foi, sire, si Votre Majesté ne la comprend pas, ce n'est pas moi qui la lui expliquerai. Il rit encore plus haut, et me dit :

- Mais il veut que son fils soit enfant de troupes, et il n'y en a plus, entendez-vous?

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Oui, sire; car s'il y en avait, Junot ne serait pas venu ennuyer Votre Majesté de l'enrôlement d'un grenadier qui tette; il aurait fait coucher son fils sur le registre des contrôles d'un régiment, et puis le héros futur aurait grandi dans la crainte de Dieu et du sergent. C'est donc parce que la chose est de faveur qu'il faut que vous l'ordonniez, sire.

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Voilà bien une idée de femme!... C'est-àdire que pour faire une chose qui est d'égalité, il faut commencer par contrevenir à la loi... hein? Et il me tira l'oreille en me la pinçant.

Je n'avais pas songé à cela. Cette idée me fit rire à mon tour; mais l'empereur était de belle humeur, et il ajouta :

- Vous voyez bien, madame Junot, que vous ne savez ce que vous dites; mais n'importe, pour vous rendre tout-à-fait glorieuse d'avoir

fait un garçon, j'en vais faire un soldat... je ver rai cela... je parlerai à Bessières.

En effet, l'empereur ne voulant pas contrevenir à ce qu'il avait arrêté, parla au maréchal Bessières, et l'on mit mon fils dans les lanciers polonais de la garde impériale. Le maréchal Bessières lui envoya un fourniment complet, et un fourniment comme s'il s'était enrôlé à vingt ans. La lance elle-même était une lance comme celle d'un lancier polonais, avec la petite flamme à la pique. Je lui fis faire, quand il eut trois ans, un petit uniforme de lancier polonais, bien complet et bien fait, avec lequel je le fis peindre par Quaglia, l'homme qui, selon moi, a le mieux peint la miniature'. Celle qu'il fit de mon fils est une des plus belles choses en ce genre que l'on puisse voir au monde; elle était pour son père, et lui fut portée en Russie.

Maintenant voici les jours douloureux qui vont naître; les heures de souffrance qui vont sonner. La dernière lettre que je reçus de Junot, était du 20 octobre. Après celle-là je fus deux mois sans nouvelles !.... La première lettre que je reçus de lui, le malheureux, était d'Elbing.....

1

J'excepte Isabey, parce que son genre est tout autre, et tellement spécial dans son genre, que personne ne l'a encore imité lui-même.

elle me brisa le cœur... Mais il faut marcher avec plus d'ordre, et le mois d'octobre ne nous avait encore apporté que des inquiétudes. Le mois de novembre devait les confirmer, et les confirmer d'une manière terrible. Quant à présent, il faut parler d'un évènement bien extraordinaire, qui eut lieu à cette même époque du mois d'octobre, et peu de jours après mon retour d'Aix à Paris: c'est l'affaire du général Mallet.

FIN DU TOME QUATORZIÈME,

TABLE

DU QUATORZIÈME VOLUME.

CHAPITRE I.

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Aventure de deux sœurs. La jeune reli-

gieuse. Le grand maréchal. --

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L'empereur. Le

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Retraite de Portugal.

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gao.--Les trois avis.- Lettre de Junot.-Le maréchal
Ney sauve l'armée.-Sa rare et belle bravoure. -Junot
le considère comme ayant sauvé l'armée. Départ de
Ney pour la France. -Retour de l'armée. —Je revois
Junot.—Désertion des Irlandais. — Nous allons à Toro.
Encore Masséna.
Projet de mariage. — Prome-
nade à cheval.-Les brigands.- Le maréchal Clausel.
Chute de cheval. — Retour en France. - Le maré-

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·-

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chal Marmont. Le général Caffarelli. Vittoria et
l'attaque du convoi. Les têtes et les bras coupés.

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CHAPITRE II. Espoz y Mina.-Son portrait.-Las par-

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Un mot sur les chefs de guérillas. — Les pro-

vinces vascongades. - Salinas.

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déjeûner. - Le pont brulé. La Bidassoa. - Nous

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rcntrons en France. —Lettre du prince de la Paix. -
Note à lire......

CHAPITRE III. - Joie de la France.-Naissance du roi de

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